Préface:Je me souviens de cette anecdote.
Eté 2011, foyers des jeunes travailleurs de Villefranche sur Saône.
Je traine avec Sanka et Pierrot, nous sommes adossés au mur, sous la fenêtre de ma chambre à l'extérieur.
Un pillon à la main (Joint de Cannabis) que nous faisons tourner.
Pierrot ce jour-là, a dit une chose qui a résonné en moi comme un écho fracassant, qui revient me hanter régulièrement depuis:
- Les gars, vous avez pas remarqué ? les enfants, ils voient des trucs.
J'veux dire, nous on se défonce le crâne pour voyager. Mais les gamins, ils en ont pas besoins.
Ils voient les monstres sous le lit, planqués dans le placard.
J'vous le dit les gars, non seulement le sheitan, les djinns, toutes ces conneries, ça existe ! Mais le pire, c'est que quand on est gamins, on les voit, ils sont pas forcément gentils ou méchants, mais ils sont là, ils sont surement en train en ce moment même de taper des barres autours de nous.
Mais on a oublié comment les voir. Mais quand on était gamins, on le savait, qu'ils étaient là, partout autour de nous.Situation:J'ai découvert le concept d'hypermnésie vers 2015, durant la convalescence de mon hémorragie cérébrale, alors que je lisais énormément de romans pour me tenir éloigner des écrans, et que toutes ces lectures m'ont donné envie de m'essayer à mon tour à l'écriture.
Je me suis déjà lancé dans l'écriture d'une auto-biographie à cette époque, mais je n'étais pas aussi structuré qu'aujourd'hui.
Néanmoins, c'est en me rappelant de certains souvenirs remontant à ma première année de vie, et en en discutant autours de moi, que j'ai découvert que les autres eux, ne se rappellent pas.
A l'époque, je ne savais pas pourquoi, mais aujourd'hui, je vais tenter d'en expliquer les raisons avec vous.
Chapitre:Est-il raisonnable de concevoir que la prise de stupéfiants aide à ancrer des souvenirs marquants ou des traumatismes dans la mémoire ?
En effet, on le remarque ainsi à l'aide des avancées technologiques, que lors de la prise de stupéfiants, certaines connexions qui ne devraient pas se faire, se font, entre certaines parties du cerveau qui ne sont pas censée communiquer entre elles.
Certains effets secondaires de la prise médicamenteuse, ou récréative, de molécules assemblées par la main de l'homme, sont par exemple les synesthésies. La capacité contre-intuitive de mélanger les sens, de sentir une couleur, d'entendre une douleur, d'avoir le
gout d'un mot ou d'une émotion.
Quelle seraient les effets, sur la plasticité cérébrale, la construction psychiatrique... de disons... droguer un enfant ?
Les drogues, je pense clairement y avoir gouté dans le ventre de ma mère.
Très heureusement, très légèrement.
Je ne crois pas me souvenir qu'elle ai arrêté la
cigarette complètement durant la grossesse. Ou qu'elle ne se soit pas interdit un petit verre d'
alcool de temps en temps. Comme on disait à cette époque:
-C'est pas un verre qui va te faire du mal.
(oui à cette époque on pensait à la maman, mais pas au bébé dans son ventre, inexistant lui jusqu'au six - septième mois de grossesse, quand celle-ci commence à se voir).
Je suis donc un embryon complètement camé et accro à la
nicotine, qui se permet le luxe de se fabriquer en étant pompette de temps en temps.
Ce que les années 80 ont fait de mieux en matière d'ingénierie sociale et biologique.
Et je me souviens, vaguement, comme un ressenti très synesthésique justement, de certaines ballades en landau, de mes premiers bains dans la bassine orange, de la chaleur d'un biberon de verre.
Voilà pour ma première année de vie.
Je me souviens un peu mieux de ma tétine, de ce que ça fais de courir à 4 pattes sur le carrelage froid de l'appartement, de ressentir ce froid à travers le tissu rugueux de ma grenouillère bleue.
Courir à 4 pattes, le
gout succulent de la liberté et de l'indépendance.
Je peux aller ou je veux.
Et ce que je veux moi, c'est retrouver les bras de ma maman.
Car oui, je l'aime ma maman, comme tous les enfants... mais ce n'est pas que ça non.
Il y a quelque chose que j'apprécie chez elle. Qu'est-ce que c'est ? Oui, c'est l'odeur, ce poivre flottant dans l'air, il m'apaise...
Ou est maman ? Ha, elle est dans la cuisine, et voilà que mon hypermnésie reviens.
J'ai entre 12 et 18 mois, et l'appartement dans lequel nous vivons est parfaitement cartographié dans mon esprit.
Je fais énormément d'aller-retour, dans cet appartement, entre la cuisine, ou je passe prendre mon shoot de
nicotine, et le balcon, ou enivré, je viens coller mon visage sur la protection de plastique verte que mon père a installé à la balustrade.
J'ai l'impression d'être un chat camé à l'herbe à chat.
Je dois surement imiter le nôtre...
Le relief du plastique de la balustrade, ainsi que le
gout de l'arôme Maggi dans un verre d'eau, courir debout, les pieds dans le tissu de ma grenouillère, mon portique poissons en verre suspendu au-dessus de mon lit (un banc de scalaires), autant de souvenirs qui viennent s'ajouter à la collection de ma deuxième et ma troisième année.
Et chez mes grands-parents, un souvenir persistant lui aussi, le parc rempli de jouets, le parquet de celui-ci qui s'affaisse sous le poids de mon corps. Le grillage plastifié sur lequel je colle mon visage, qui me rappelle le balcon de l'appartement.
Les sensation du toucher sont très présents aussi, les plastiques, durs, mous, caoutchouteux. Je suis prêt à parier qu'à cette époque, la maison de mes grands-parents était en plastique.
C'est un outil fantastique la narration. Je m'excuse de, si soudainement, faire voler en éclat le quatrième mur... mais passer de l'appartement de mes parents à la maison de mes grands-parents m'excite énormément.
On va enfin pouvoir entamer une première escalade dans la
descente aux enfers de la prise de stupéfiants, avec la découverte d'une nouvelles molécule incroyable, et les souvenirs de mes premiers voyages psychédéliques.