Je tiens tout d'abord à m'excuser pour la longueur de mon post, qui en repoussera sans doute plus d'un, et je ne peux en vouloir à personne pour cela.
Je tenais juste à relater ma première prise de
LSD qui remonte à un an, et qui a plutot mal tourné. J'en ai repris une seule fois depuis mais par le biais de ce post je souhaiterais connaÎtre des témoignages d'expériences similaires, ou de conseils pour bien vivre une expérience sans crainte de partir en
bad trip... Merci à ceux qui iront au terme du récit
Il y a environ un an, je commençais tout juste à découvrir le monde fascinant et effrayant de la drogue. Je cotoyais de plus en plus un petit groupe ''d'habitués'' et je me sentais comme une sorte de débutante, ayant parfois peur de paraÎtre ridicule à leurs yeux quant à mon ignorance face à toutes ces drogues que eux, connaissaient bien depuis déjà un certain temps.
Lors de ma première teuf, je les cotoyais alors depuis 1 mois environ, je m'entendais bien avec chacun sans pour autant nouer d'affinités particulières avec l'un ou l'autre... Cependant il me semble qu'il est toujours important de se sentir un minimum bien entouré lors de prises de drogues.
Je me suis donc rendue à cette teuf située dans un immense hangar désaffecté, avec tout ce groupe de personnes que je qualifiais alors de simples ''potes'' voir de ''connaissances''. J'avais alors expérimenté uniquement la
md et le
speed. Je débutais, donc.
Arrivée là bas, je me retrouve quelque peu éparpillée, ne sachant pas trop vers qui rester de peur de paraÎtre trop collante, j'avais en fait une certaine impression de ne pas être tout à fait à ma place parmi eux. Ils se connaissaient et se cotoyaient tous depuis au moins 1 an, et de mon point de vue j'avais l'impression d'être ''la nouvelle''.
En temps normal, j'ai toujours tendance à trop me soucier du regard que les autres portent sur moi. Je suis de nature très réservée, mais généreuse et attentionnée, et je pense bien souvent aux autres avant de penser à moi même. Ce condensé d'émotions fait que je n'ose jamais vraiment me lâcher, de peur de ce que les gens en diront. Et ce même avec mes proches amis. Autant dire que j'appréhendais quelque peu cette soire justement pour cette raison.
Je gobe un
para de
md avant de rentrer dans la teuf, puis décide spontanément d'aller de personnes en personnes, finissant finalement par me sentir assez à l'aise parmi chacun d'entre eux. La teuf est super bien organisée, les gens sympas, le son est réparti en plusieurs scènes, bref une ambiance pour le moment propice à l'amusement. L'heure tourne, L. m'offre un second
para, et en prend un autre également. Je sens la
MD continuer son bonhomme de chemin, me monter à la tête telle une vague déferlante de douceur et d'harmonie, tout va bien. Je retrouve au détour d'un caisson un ami avec qui je partagerai plusieurs traces de
speed et de
md au cours de la soirée.
Plusieurs heures passent, je me sens bien perchée et ne ressent aucune impression d'être considérée différemment par le groupe. Nous délirons tous ensemble, dansons, profitons en somme.
Puis, L. avec qui j'ai passé le plus clair de ma soirée, arrive et me propose une goutte de
LSD. Le
LSD... je m'étais déjà bien renseignée dessus, mais n'avait encore jamais testé cette substance qui me paraissait trop imposante pour moi. J'avais pour ainsi dire, une peur aïgue de finir en
bad trip si jamais je venais à tester cela. Mais dans l'ambiance festive, avec déjà 2
paras d'
md et un certain nombre de traces de
speed en moi, je n'ai pratiquement pas réfléchi aux conséquences de ce que j'allais faire, et ai accepté sans trop me poser de questions. (Etonnant pour moi qui, d'ordinaire, m'en pose déjà beaucoup trop à mon goût).
Une heure, une heure et demie passent, L. sentait déjà les effets de la goutte, et me demandait ce que j'en pensais. Eh bien à vrai dire, pas grand chose car au delà des effets de la
MD et du
speed, je ne ressentais rien de nouveau à signaler. Nous continuons la soirée, puis j'accompagne à l'extérieur J. un autre de la bande qui avait un besoin vital d'air frais. Au moment où nous nous dirigeons vers la sortie, je commence à ressentir une grande confusion. Je me sentais trop déconnectée, le chemin nous menant à l'extérieur me donnait l'impression de signaler un ''retour à la normal'' qui m'effrayait quelque peu après ces heures passées dans l'obscurité au milieu du son et de la foule.
Plus les minutes passaient, plus je sentais la montée de la goutte m'assaillir. C'était beaucoup pour mon cerveau, qui devait encore supporter les effets du
speed et de la
MD. J finis par s'installer dans sa voiture, et j'aperçois quelques mètres plus loin une sorte d'abri ouvert sur l'extérieur, composé de quelques canapés, avec un petit ruisseau en dessous. Je décide spontanément de m'y installer. A ce moment là , il est aux environs de 8h du matin. Je m'installe en tailleur au pied des canapés, puis me met à observer toute chose aussi infime soit elle qui m'entoure. Cela passe des minuscules graviers à mes pieds, jusqu'aux roseaux ornants les bords du ruisseau, puis aux feuilles des arbres m'entourant. Tout semble beau, scintillant de lumière et harmonieux.
S'opère alors cette nouvelle vision des choses, où n'importe quelle chose prend de la valeur puisque plus rien n'a de sens. Je vois les feuilles des arbres m'entourant onduler délicatement, je perçois avec une précision effarante le bruit de l'eau qui coule à mes pieds, et j'ai cette impression d'être entourée par un son indéfinissable, celui de la nature. Le vent, les feuilles des arbres, l'eau, je ressens tout intensément. Le soleil et le calme de la nature me fait un bien fou après la nuit passée dans le noir au milieu des caissons. J'ai parfois l'impression que quelqu'un est juste derrière moi, mais je ne me retourne pas pour autant, je préfère le laisser s'en aller (hallucination ou non, je ne le saurai probablement jamais). J'entends au loin mes potes m'appeler, me dire de les rejoindre mais je ne réagis pas. Combien de temps suis-je restée assise là , 10 minutes ? 1 heure ? Aucune idée car à ce moment là je n'ai plus aucune notion du temps. Je me décide finalement à les retrouver, puis à téléphoner à une amie. Je la réveille car en effet, on est dimanche matin aux alentours de 9h. Elle ne comprend pas un mot des mes phrases qui elles même n'ont aucun sens, prise dans ma confusion, mes explications se résument à ''en fait je sais pas comment t'expliquer, je me sens... je sais pas. C'est bizarre. Tu vois, c'est... Je sais pas en fait.'' je finis par raccrocher, puis à retrouver les autres. J'essaie également de leur décrire l'état dans lequel je me trouve, sans y parvenir davantage qu'au téléphone.
Je ne sais pas exactement ce qu'a produit soudainement un changement dans mon esprit, mais j'ai soudain eu l'impression d'être trop défoncée, trop loin, par rapport à eux quand je tentais de leur expliquer comment je me sentais, et voyant que je n'y parvenais pas. Puis est apparue la certitude absolue que mes yeux aux pupilles certainement bien dillatées, étaient en fait devenus de simples spirales noires et blanches tournoyantes, et je ne voulais en aucun cas que l'on croise mon regard par peur d'effrayer les autres.
Tous ont alors commencé à venir me voir en me demandant si tout allait bien, si je ne voulais pas me poser un peu, et j'ai alors sentie une affreuse angoisse monter en moi. Plus ils parlaient, plus je paniquais, plus je pensais que je les effrayais avec mon ''regard en spirale ''(ahlala, le
lsd...) , plus je ne voulais pas qu'ils voient que j'étais trop déconnectée, plus je sentais cet apaisement du départ s'évaporer pour laisser place à une peur, une angoisse, un stress tel que je n'avais jamais ressenti auparavant. L. (qui m'avait offert la goutte) venait de nous rejoindre, et s'est alors fait incendier par tous les autres ''t'es complètement inconscient de lui avoir donner une goutte, elle a jamais pris de
lsd !'' ''regarde dans quel état elle est ! T'es vraiment un connard !'' et lui même ne comprenait pas grand chose à ces reproches, étant en plein dans son trip. Je me sentais très mal au milieu de ces ''mauvaises vibrations'', j'étais bien mieux au milieu de mes roseaux... Je ne voulais pas qu'ils s'acharnent tous ainsi contre lui, après tout je ne le considérais pas comme responsable, il ne m'avait en aucun cas forcé à en prendre.
La peur s'amplifiait, l'angoisse montait doucement mais sûrement, je n'osais plus regarder personne par crainte qu'ils ne croisent mon regard, je n'aimais pas être alors au centre des toutes les attentions dans l'état dans lequel j'étais. Il m'était impossible de concentrer mon regard sur une chose en particulier, je sentais que mes yeux vrillaient d'un sens à l'autre, ça me rendait folle. J'ai alors décidé de me couper de cette réalité qui m'angoissait de plus en plus en cachant mes yeux avec mes mains. J'ai passé en tout et pour tout 10h dans cette position, refusant d'ouvrir les yeux. Idée stupide et bifurcation diabolique vers le
bad trip en d'autres termes... fermer les yeux ne m'a non pas aidé, mais n'a fait qu'amplifier mon angoisse. Je ne pouvais qu'entendre les voix des gens, je m'imaginais des choses effrayantes, mon subconscient opérait de désastreuses perceptions, j'avais peu à peu la certitude que jamais je ne reviendrais à mon état normal. Ca m'a suivi pendant des heures et des heures, cette sensation de rester bloquée pour toujours. Il m'était impossible de marcher, de m'asseoir ou même de boire. J'etais statique, la seule chose me permettant de ne pas me perdre dans les tréfonds de mon subconscient étaient les bras de S. vers qui je me réfugiais comme dans un cocon. Lui seul me permettait de me rattacher à la réalité, alors que tous les autres autour commentaient mon état.
J'ai toujours eu tendance à avoir cet effet parano, quelle que soit la drogue que je prenne. J'ai constamment l'impression que les gens voient mon état de défonce, et ça me rend dingue. Imaginez donc à quel point j'ai ressenti ça avec le
LSD. La goutte avait ressortie du mieux qu'elle pouvait cette retenue constante dont je fais preuve, cette importance que j'ai de la manière dont les autres me perçoivent. Je tentais d'entrouvrir les yeux vers le bas, mais refusant de croiser qui que ce soit. Là encore, cette horrible certitude que tout les gens m'entourant parlaient de moi, j'entendais des ''regarde comme elle est'' ''elle va rester comme ça la pauvre'', angoissant au possible...
La peur du
bad trip s'amplifiait, la peur de ne plus contrôler mes agissements et mes pensées, je me laissais submerger par une angoisse infondée, comme dans un cercle vicieux se refermant peu à peu sur mon esprit.
Trou noir de quelques heures, puis je me retrouve dans un taxi m'éloignant de la teuf avec S. je l'entends discuter avec le chauffeur, rien de plus normal excepté le fait que pour moi, ils étaient en fait des médecins d'un hopital psychiatrique en train de commenter l'état dans lequel j'étais, et j'avais à présent l'impression que si je décidais ''maintenant'' de rester dans cet état pour toujours, j'y parviendrais. Je me sentais tiraillée entre deux mondes, avec cette impossibilité à retrouver la réalité. Et bien évidemment toujours les yeux fermés, je n'avais plus d'hallucinations hormis auditives, mais je me sentais enfermée à l'intérieur de moi, comme prisonnière d'un mal être que moi seule pouvait combattre... tout en me sentant trop faible pour y parvenir.
Arrivée chez moi avec S, je retrouvais peu à peu mon état ''normal'' mais je sentais encore cette confusion dans mes idées, cette peur d'avoir pu rester dans cet état éternellement. J'ai fini par pleurer toutes les larmes de mon corps durant une bonne heure, j'étais épuisée physiquement et mentalement. Avec déjà une nuit de concert le jour d'avant + la teuf, j'avais cumulé 55h sans dormir, et je m'étais nourri très peu durant ces instants. La chose qui m'a conduit à cette sorte d'enfermement sur moi même c'était cette idée bizarre que mes yeux en spirale risquaient d'effrayer tout le monde qui m'entourait, c'est pour cette raison que j'ai passé 10h sans les montrer, et même lorsque les effets s'atténuaient, je ne pouvais encore pas regarder S. dans les yeux. Je me sentais honteuse, coupable, idiote, folle et fatiguée.
Après quelques heures de repos, je suis allée voir des amis pour ne pas rester seule. Pendant le trajet, j'avais la certitude que la plupart des personnes que je croisais étaient présentes à la teuf la veille... Quelques restes du
lsd j'imagine. J'avais aussi l'impression que ces mêmes personnes étaient sous
MD; avec le regard typique de ceux qui sont sous prod. Ça avait quelque chose d'amusant mais d'effrayant en même temps de voir un couple de personnes âgées dans cet état.
Un trip assez violent intérieurement donc, peu d'hallucinations mis à part auditives, j'ai quand même pu profiter positivement du voyage au tout début, lorsque j'étais assise au milieu de la nature. Hormis cela, le set&setting n'étais sans doute pas des meilleurs. Depuis cette année, j'ai participé à un certain nombre de teuf et de mon point de vue, rien ne vaut une bonne teuf en extérieur, perdue au milieu de la forêt plutot que dans un hangar en périphérie d'une campagne. Important et indispensable également, le fait d'être bien entouré.
Je cotoie toujours les personnes qui m'accompagnaient à cette teuf, et ils font désormais partie de mon cercle d'ami, ce n'était pas le cas un an auparavant et je pense que ça encore pas mal du jouer sur l'angoisse que je ressentais face aux regards qu'ils avaient de moi.
Cette première prise de
LSD m'a laissé quelques séquelles sur un certain nombre de choses, m'a permis de me rendre compte que ça ne doit en aucun cas être pris à la légère, et m'a aussi fait prendre conscience que le
lsd a cette capacité à remuer les tréfonds des angoisses qui nous habitent pour les ressortir par la suite au moment où l'on s'y attend le moins... je me savais déjà assez ''fragile'' mentalement, avec quelques tendances à la dépression et c'est en partie pour cela que je n'osais pas tester.
J'ai du attendre 8 mois pour me sentir prête à retenter l'expérience. J'ai pris de nouveau une goutte, et à mon grand soulagement j'ai pu en profiter pleinement, sans aucune angoisse à nul moment du trip. Une bonne teuf en été, au soleil, avec ceux qui sont désormais de vrais amis, de bonnes rencontres, des visuels comme je n'en aurais jamais rêvé, et une redescente tout en douceur.
Je pense très sincèrement qu'il est important que la drogue nous effraie toujours un peu. À partir du moment où la drogue ne nous fait plus peur, où on pense avoir le dessus sur elle, où on pense pouvoir tout contrôler et tout gérer, c'est là qu'on finit par tomber réellement dans son jeu diabolique. Cependant mes deux seules prises de
LSD ayant été le jour et la nuit, cette substance restera pour moi intimidante et captivante à la fois.
Auriez vous des conseils à me donner pour qu'à ma troisième prise, je n'ai pas cette angoisse du
bad trip ou cela semble t'il difficile ? Est ce quelque chose de naturel ou est ce que je pourrais contourner cette peur de faire un mauvais voyage par un quelconque moyen ?