Première chose que je poste sur le site après ma présentation. Cela aura comme sujet l'accès facile aux objets de consommations dérivés du
cannabis que sont les
bangs, bongs,
douilles, et autres appellations du nom.
Petite introduction personnelle. J'ai commencé le
cannabis à 17 ans, sur un coup de tête (j'en aurai 22 en juin). J'ai demandé à un gars de ma classe de me rapporter de quoi fumer, et j'ai essayé tout seul chez moi. Ça s'est bien passé, et à l'entrée d'un Casino market près de chez moi se trouvait un vendeur de
douilles en plastiques et de grinders tape à l'oeil, feuilles et toncars. Et c'est comme ça que les shoots au
cannabis sont venus à moi.
Cela pourra en faire rire certains. Je ne me suis jamais piqué et j'appelle une
douille "un shoot". Ma seule expérience en
iv c'est 8mg de
morphine médicale, divisés en 4 injections de 2mg extrêmement peu espacées (je pèse 60 kg). Vous vous doutez bien que je n'ai pas pris cela dans un état de lucidité complète, mais plutôt dans une ambulance.
Loin de moi l'idée de me donner de l'importance ou de m'attribuer le crédit d'autres avec un lourd vécu ici, nous ne sommes pas là pour ça.
Si j'écris à ce jour, c'est pour mettre en garde, sans non plus moraliser, sur l'usage des
bangs et ce que cela peut entraîner.
Au début, les
douilles n'étaient qu'un moyen d'être un peu plus high. Ça me mettait une petite claque sympa, ça essouflait un peu et la première qu'on fait met à coup quasi sûr la tête dans les chiottes pour une bonne heure.
Puit vient le moment où des potes ont un appart' et tirent aussi des
douilles. Alors là le débit augmente. Je suis passé à une dizaine par jour très rapidement, avec des journées entières à déprimer car j'avais pas pris mon
bang. On a très vite appris que seul le
shit nous mettait vraiment une claque à nous faire perdre l'usage de nos muscles. Une décharge qui part de la tête et qui fout des fourmillements jusqu'au bout des doigts, accompagnée d'un coup de chaud et d'une violente asphyxie.
C'était toujours le même schéma. Une musique, un foyer trop rempli, et une perte de contrôle de quelques secondes. Ma bouche se remplissait de salive qui dégoulinait par terre, et j'essayais pendant une bonne minute d'agrandir mes poumons pour brasser le maximum d'air. Avec la sensation de risquer de tomber dans les pommes tout du long. Et pour moi, ceci est un shoot, aussi infime soit-il. Ce n'est pas une montée lente mais une éruption, qu'on peut se procurer dans presque n'importe quel
tabac si on a un bout de matos (du moins, ceux près de chez moi)
Le pire, c'était l'insalubrité de nos ustensiles, de nos
douilles en plastique. Nettoyage à l'eau et à la brosse à dent avec un peu de savon, même pas tous les jours. Souvent une semaine se passait avec seulement un ou deux changements d'eau. Et fumer des
joints dans tout ça ? C'était devenu inutile, enfantin. "Autant fumer une clope !", c'était ce que je me disais moi-aussi. Et une
douille trop propre ça défonce pas assez.
Je passais la semaine dans ma ville étudiante, et le weekend je rentrais chez mes parents. Mais avant de me mettre dans ce mode de vie, il a bien fallu commencer à prendre vraiment cher pour s'habituer.
Je m'en souviendrai toujours de celle-là. On s'approchait de l'hiver, et je coulais mes
douilles dehors, devant le garage, quand j'étais chez mes parents. Ça me faisait me mettre torse nu, en collant mon dos à la porte en fer du garage (à cause du coup de chaud et du manque d'air). Mais celle-là était un peu différente. En général j'étais essoufflé juste après avoir tiré, et à part me concentrer sur ma respiration super rapide, le mal-être qui détraque l'organisme et l'envie de vomir, je faisais pas grand chose. Ce coup-là j'ai pas réussi à revenir. Ma respiration était tellement forte qu'après une éternité de 3 minutes, mon père qui m'avait entendu souffler comme un porc descendit me voir. Ça m'a calmé direct, avec un gros coup de stress et une jolie galette. J'étais très peu fier.
Quelques semaines après ça, tout en tirant journalièrement mes
douilles, je suis parti à l'hosto pour une couille au cœur pendant 20 jours. Et une fois revenu, le jour de ma sorti, j'ai fumé une clope. Et le soir-même une
douille de
shit fut coulée, puis deux, puis trois.
Peu importe la cause de mon aller à l'hosto, les
bangs n'ont certainement pas arrangé l'affaire. Et 12 jours alité avec obligation de rester allongé m'ont juste fait tirer des
douilles avec davantage d'ardeurs.
Les
douilles sont dangereuse, car prendre conscience qu'elle le sont est très dur. Ce n'est pas comme un
taz, ça ne ruine pas vraiment physiquement avec un usage journalier. Ni des
champis, le risque de quitter la réalité est moins grand. Ça fait tousser, cracher noir et jaune au bout d'un moment et en 2 mois on récupère très bien (je parle toujours de mon cas et de ceux de mes amis). "J'ai déjà sucé pour de la
coke, t'as déjà sucé pour de la
weed ?!" Ce genre de phrase fait réfléchir...
Une amie de cette époque m'a dit récemment "je tuerais mon chien pour une
douille". Elle s'est ravisée juste après car elle aime son chien, bien sûr.
J'avoue ne pas avoir le recule nécessaire pour parler des drogues en général. Mais le
bang pompe toute notre énergie en échange d'un shoot factice.
En fumant des joins toute la journée on peut quand même avoir de la déter' et foutre quelque chose. Avec les
douilles, à part s'enfermer chez soi je ne vois pas trop quoi faire. Dur de fumer ça à l'aise au milieu d'un parc ou sur la plage, sauf bien sûr s'il n'y a personne. Et donc pas besoin de sortir de chez soi pour ne croiser personne. Ça amène à un état d'esprit de toxico - sans péjoration -, la vulnérabilité est très élevée. J'étais, avec tous mes potes, contre les prods dans nos usages de l'époque. Mais si on avait eu une ouverture d'esprit plus grande, on aurait pu sans mal remplacer ça par un opiacé ou un dragon bien chauffé à usage journalier. Surtout que les sous ne manquaient pas à ce moment-là.
Mon envie s'est transformée en besoin, et je n'étais pas très content de moi. Y'a un an je suis retourné à l'hosto, et là j'ai arrêté de fumer pendant 2 mois. J'ai juste pris un
taz en solo et me suis acheté une
cigarette électronique à la
nicotine. Puis j'ai repris les
joints, et après les
douilles. Et j'ai arrêté ça il y a quelques semaines. J'avais repris un
bang moins gros il faut dire. Celui qui m'avait mis cher avait un réservoir de la taille d'un bon
pamplemousse et une cheminé de 30 cm. Le tout en plastique et peu nettoyé.
Alors ça peut paraître cool de tirer des grosses
douilles sa mère avec du
tabac et du
shit. Ça fait vraiment planer ces petits gadgets made in china, le temps d'une expiration, et les premières années ça peut mettre vraiment cher niveau effet physique. Surtout avec
shit/tabac comme je vien de dire, le
tabac offrant une dimention en plus. Mais pour ce genre de chose, rien ne vaut une bonne
douille en verre bien nettoyée, et à la
weed sans
tabac (ou le
BHO, pour ceux qui peuvent).
Pour finir, un de mes amis de cette époque avait commencé les
joints à son entrée à la fac avec nous (j'avais commencé en terminale, l'année d'avant). Il avait pratiquement tout abandonné pour ces
douilles. Etudes, instrument, famille. Et pourtant il est témoin de Jéhovah et on était en musico. Quand il n'avait plus de
shit, il grattait le sol avec moi. Et quand le sol était propre, il tirait une
douille de
tabac. Il décédait quand même le temps d'expirer, ça lui convenait mieux qu'une clope ou de l'
alcool (le soucis à ce moment était des dealers réguliers). Et moi, le pire truc que j'ai pu faire est de fumer du
shit mort. Et ça, je le faisais pendant ma dernière reprise de
douilles. Je raclais ma
descente avec une sardine de tente pour la déboucher, et une matière noire restait collée dessus. J'ai pris l'habitude de me faire une
douille avec ce mélange de cendres gluant et puant, quand le
shit venait à manquer. Cette idée m'a quand même aidé à arrêter les
bangs récemment, comme je l'ai mentionné. Mais c'est parti vraiment loin je trouve pour pas grand chose, et je sais que je ne suis pas le seul à être devenu addict à ce mode de consommation.
Voilà, une petite tranche de ma vie sous forme de one shot. Je savais pas trop où mettre ça, ce n'est pas hyper poignant et avec le recule y'avait vraiment pas de quoi aller aussi loin. Mais encore fallait-il en prendre conscience !
Merci de m'avoir lu
,
Judas des oranges.