Thierry : "Hé oui ; on me l'a toujours dit..."
Les gens disent beaucoup de choses mais parfois ils feraient mieux de se taire.
Thierry, si la "vraie" vie était si "vraie" que ça, pourquoi l'aurais-tu fuie? Je ne viens pas dire que l'H c'est bien ou que tu as fait les bons choix, je m'en fous chacun fait ce qu'il peut. Mais lorsqu'on oppose de façon aussi manichéenne la vie avec drogue qui serait le mal et celle sans qui serait le bien, je me dis : voilà pourquoi ces gens sont allés droit à la dépendance : ils avaient une conception de la vie biaisée dès la
base, une conception qui n'avait aucune chance de fonctionner et ce dès le début. C'est horrible de partir ainsi avec une idée préconçue tellement fausse qu'on est assuré d'échouer malgré toute la bonne volonté du monde
Quelle tristesse! Voilà ce que je me dis et je me dis aussi :
c'est pour ça qu'ils ont eu besoin de la drogue à ce point.
Ce n'est que mon sentiment, fais-en ce que tu veux. La vraie vie est pas un truc idéal dans lequel on fait toujours comme tout le monde et où on en est fier et heureux juste parce qu'on a fait comme tout le monde et qu'on a dit "je t'aime" aux gens qu'on aimait comme dans Walt Disney. Ceux qui croient ça se mettent eux-mêmes en situation d'échec programmé et c'est précisément là qu'on se retrouve à devoir fuir par n'importe quel moyen. L'H est sans doute un des plus directs! Dans la vraie vie il faut faire face à notre ombre, à notre imperfection, sans cesse. Tu crois que ta vie "normale" idéale, soit-disant "réelle" est la solution contre la fuite, alors que cette conception fantasmée d'une prétendue vie réelle où tout va bien est
la cause même de cette fuite, parce qu'elle est moins réelle que tout en vérité! Elle n'est qu'un fantasme, et de tous les fantasmes c'est le moins réaliste qui soit! Ne vois-tu pas que c'est à cause des mensonges de ce vieux fantôme qui hante l'esprit des gens angoissés que tant de gens fuient, dans la drogue, dans la violence, dans le suicide?
La drogue bien au contraire fait partie de la
vraie vie avec ses ambiguïtés, ses mensonges, et dans laquelle chaque fois qu'on croit avoir compris, soit ça dure pas longtemps avant de se prendre une beigne, soit c'est qu'on est mort (même si on marche et qu'on respire encore). Bref pour moi tu idéalises comme le sauveur, le monstre même qui t'a jeté dans le gouffre. Il est effectivement temps à 53 ans de réaliser que ce sauveur fantôme de la "vraie vie" n'existe pas, qu'il a rendu malheureux des générations de camés. Il est temps à 53 ans d'accepter la vie telle qu'elle est, avec ses échecs, ses douleurs, ses ratages, ses vices et aussi ses plaisirs, ses beautés transcendantes, ses destins troublants. Avec ou sans drogue, peu importe, il est temps à 53 ans de vivre la vie telle qu'elle est au lieu de rêver à la chimère mortifère d'une vie prétendue "vraie" et normale qui n'existe que dans notre fiévreux délire et qui n'a toujours apporté que le malheur.