Je veux me mettre à écrire ce report, mais j'écoute un set d'un des artistes que j'ai écouté dans le
festival dont je veux parler et je ne peux m'empêcher de rentrer en transe... C'est le genre de chose qui arrive après une expérience marquante comme celle là. Dans le rythme de la musique, je vais tout de même essayer de transporter cette expérience par écrit. Peut-être que pour certains d'entre vous, ce que je vais dire va se rapporter à du vécu et connu, peut-être que pour d'autres ce sera un voyage dans un monde que vous ne connaissez pas. Mais plus particulièrement, c'est l'idée que dans plusieurs décennies voir siècles on relise ce texte et qu'une futur personne fasse un voyage dans le passé à travers lui. Tout comme il m'est personnellement passionnant d'écouter des récits des hippies des années 60 et de leurs expériences en
festival, c'est un voyage mental que j'adore faire. Bonne lecture à tous quand que ce soit que vous lisiez ce texte !
Jaillissante entre les dunes de roches nous apercevions le levée de la lune
Pas une thune en poche, nous ne pouvions pourtant qu'admirer la plus grande fortune
que nous ait été offerte, pas de temps pour les reproches, car dans le ciel était la tribune
Des accroches des dieux célestes, sans lacunes, toutes ces étoiles et leur force cachée en chacune
boom... boom... boom...Mon coeur bat. Nous sommes en juillet 2018. Je retourne au
festival.
Je suis un habitué des festoches. J'ai varié les styles: metal et rap par plusieurs reprises. La musique c'est bien, très bien même. Ca aide à créer des liens avec les gens. Non seulement quand on parle avec eux, mais aussi quand on communie ensembles au rythme des vibrations cosmiques qui nous sont balancées par les amplificateurs sonores. Car malgré l'apparence tribale du phénomène, faire un pogo ou une chenille avec plusieurs milliers de personnes, ça aide à voir plus loin que son égo. C'est une organisation spontanée qui repose sur une entente non verbale de plusieurs milliers de personnes. Et cette expérience aide à déconstruire son individualité d'après moi.
Mais ces
festivals commençaient à m'embêter. Quand le
festival dépasse les 100 000 personnes, ça commence vraiment à faire trop pour vraiment communier avec tout le monde d'après moi. On repart sur une forme d'individualisme à cette échelle...
C'est pour ça qu'en 2016, j'ai donné sa chance à un petit
festival (moins de 5000 personnes sauf erreur) au milieu des alpes grisonnais suisses. Comment le
festival se définit lui même ? "Festival psychédélique". Non pas de musique psychédélique, mais
festival psychédélique. Car le but ici est d'exprimer pleinement les multiples facettes de notre individualité dans le non-jugement.
Grosse claque, super festoche malgré beaucoup de difficulté (la météo, mauvais équipement, fatigue accumulée les dernières semaines avant). Ce texte ne parlera pas plus de cette édition, c'était ma découverte d'un
festival psychédélique et c'était comme une première fois au lit (même si dans mon cas ça a été sur le sol d'une petite forêt), ça peut être super cool mais on ne connait pas encore les possibilités. On apperçoit juste
. Je vais me concentrer sur la dernière édition pour ce qui est de ce récit.
Retour en 2018.
Je suis plus hypé que jamais pour ce
festival. Nous sommes arrivés dans la commune qui accueille la fête. Je sens que cette fois je ne vais pas vivre le fest de la même manière, beaucoup de choses ont changés depuis. Surtout au niveau de mon organisation et de la météo.
la vallée, édition 2016Le lieux est idéal. Il est situé dans une vallée si caractéristique de la Suisse. Une de ces longues vallées qui est traversée d'une rivière et d'une autoroute, avec plein de petits villages tous les 5 minutes. Les gens sont super motivés à chaque fois par ce
festival, on les sent très contents de nous donner des indications par rapport au lieu d'entrée du fest. Nous arrivons à l'entrée, et j'adore ce sentiment. J'observe les gens qui m'entourent, j'observe mon ami pour qui c'est le premier
festival. J'observe les OG qu'on reconnait, les vétérans des
festivals qui en ont fait bien plus que moi. J'écoute également, j'écoute toutes les diverses langues qui sont parlés dans un si petit
festival. Car la magie de ce
festival c'est aussi qu'une personne sur deux vient d'un autre pays. Et de toutes façons je n'ai pas besoin d'aller très loin de chez moi pour écouter des langues exotiques ("hey man ! Wie getz ?").
On arrive et évidemment l'entrée des
festival pour moi est toujours un moment délicat et sujet au stress. Car évidemment je transporte des produits
psychotropes sur moi, et j'ai déjà entendu les histoires des flics qui attendent juste avant les gros festoches pour jeter leur filet sur les bancs de poissons que nous sommes aux yeux de certains d'entre eux. Pas de police, et nous avons le droit à l'entrée du
festival à un "don't forget, if you have any alcohol... hide it!". La couleur est annoncée, nous rentrons sans difficultés et l'expérience anarchique peut commencer.
Pas beaucoup de monde pour l'instant, une centaine sans compter les bénévoles du
festival sont déjà présents. Nous avons l'embarras du choix pour poser nos tentes, et nos trouvons un endroit stratégique qui nous semble très bon. Perpendiculaire à la longue et unique route qui va de l'entrée du
festival à toutes les scènes, on se pose à la hauteur des toilettes pour se repérer et pas devoir faire un trop long voyage la nuit si on doit aller au petit coin . Nous sommes du côté de l'entrée, la scène principale se situe à l'autre bout des lieux mais elle reste à moins de 10 minutes de marche (c'est l'avantage des petits fest). Cependant, nous sommes à côté de la "Lotus Floor", une des 3 scènes du
festival, qui est cachée dans la forêt. Nous l'appelons amicalement "la scène chill". Nous montons nos tentes, c'est toujours la partie la plus embêtante et sujet à dispute des fest. Mais ma copine (fiancée désormais) et moi avons une bonne alchimie et on monte notre palace en deux-deux. C'était un cadeau de sa tante (j'ai failli écrire tente ^^) et elle est superbe, elle dispose d'une petite entrée pour poser les affaires mouillée en cas de pluie et largement assez de place pour mettre un matelas deux places gonflables dedans et avoir un petit espace personnel sur les côtés. Jamais j'avais eu une tente comme ça dans un fest et ça fait vraiment plaisir ! Le campement installé, je décide d'aller dire coucou à la cascade enchantée qui est présente dans le
festival.
la cascade, édition 2017J'y rencontre très vite des gens. Fumer de l'herbe est spécialement un bon moyen pour aller parler aux gens, même si il n'y a pas besoin de prétexte dans ce
festival pour faire ça. En 10 minutes, je rencontre quelqu'un avec qui nous parlons une bonne heure d'internet, de biologie, d'archétype, de la fête du
LSD à Bâle... bref le temps d'un
joint j'ai déjà fait une très belle rencontre, et on se sépare pour explorer de nos côtés. Direction la zone de fête, les deux grosses scènes et surtout les stands nourritures pour voir ce que le
festival nous concoctera cette année.
Les stands sont pour la grande majorité tenus par des festivaliers qui viennent en grand groupe d'autres pays. C'est donc fou car dans le stand japonais, on a des gens qui viennent du japon, dans le stand brésilien des brésiliens, dans le stand indien... Bref vous l'avez compris ! Et donc la nourriture est très différente entre les stands, ça change beaucoup des
festivals ou j'étais allé avec des stands "officiels" des sponsors et un manque d'originalité criant. On retrouve surtout un côté authentique !
Au stand brésilien, un panneau m'interpèle. Il est bien ce que je pense pourtant ! Un pur panneau de
RdR. Il donne une liste de symptômes possible et comment aider à les combattre (bon c'est pas 100% efficace mais l'idée est bonne ^^). Notamment, si on est fatigué on peut boire un bon café, si on est sous psyché et anxieux prendre un bon truc sucré... Bref c'est du bon sens et évidemment pas 100% efficace mais je trouve fou qu'ils aient fait la pancarte disant ça ! Fou mais très bien d'après moi. Je me prends un café, il est somptueux et je sais que je vais pouvoir compter sur lui pour faire la fête !
Retour au campement. Avec plusieurs personnes, on parle des consos qu'on va probablement avoir dans le
festival. Posés sur nos chaises, les marchands ambulants commence à venir, toujours très polis.
"hey guys do you need anything ?"
"of course we do !"
Mais d'abord, on compare les prix. J'avais compris dans ma première édition que ce n'était pas ça qu'il manquait évidemment, ni la difficulté de trouver car on c'est littéralement fait aborder une bonne dizaine de fois. Il faut savoir dire non , car le budget ne tient pas sinon (sans parler du corps), et la tentation de faire plus que nécessaire peut-être grande. Les vendeurs dédoublent de créativité, on a même eu le droit à un "do you guys want to see the menu of the day ?" avec une très belle pancarte avec une liste d'une dizaine de produits stupéfiants et leurs prix.
Autour de notre tente, il y a plusieurs campement avec des enfants. Et si beaucoup jugeraient le fait d'ammener sa famille en
festival, on a vraiment trouvé ça chou avec ma copine. Il faut évidemment être vigilant mais voir les enfants jouer entre eux et s'amuser au milieu de tous ces festivaliers c'était super cool. Jamais j'aurais ammené de gosses dans d'autres
festivals où je suis allé. Dans celui là, l'option ne me paraissait pas très effrayante ! Les gens se comportaient justement de manière civilisé vu qu'il y avait d'enfants, et évidemment en deux éditions de ce fest j'ai jamais vu un seul acte de violence.
Je rencontre vers la scène chill un belge très sympa, on fume un
joint ensemble et il a l'air vraiment heureux. Il me dit qu'il a pris des
champis, et forcément ça m'intéresse car on ne m'en a pas proposé. Il me dit que je reconnaitrai le vendeur qu'on pouvait pas le louper, mais il s'est trompé sur le coup car il y a une bonne centaine de personne qui rentre réellement dans ce descriptif dans ce
festival.
Le premier soir, on se repose de la nuit de la veille (j'ai fait une nuit blanche à faire la garde de mon groupe, on dormait dans la rue d'une ville proche du
festival pour arriver à l'ouverture le mardi matin). On fait la fête un peu, et je peux goûter le mélange essentiel de ce
festival pour moi: Le café brésilien, l'herbe à dominance indica que j'ai rammené pour l'occasion et un bon
shit particulièrement hallucinogène que j'ai trouvé juste avant le
festival. Je suis dans le moove, les décos de la scène principale sont vraiment exceptionnelles, et j'admire l'ambiance. J'essaie de transmettre les bonnes vibes. Je vois déjà des personnes dont l'aura rayonne et elles sortent du lot. Je me demande ce qui lie ces gens qui transmettent ces sensations. Est-ce que j'en fais parti moi-même ? Plusieurs interrogations viennent à moi. Je suis beaucoup moins timide que la première année, cela est une certitude.
Boom, boom, boomC'est la Fêeeeeeeeeeeeeeeete !
Le lendemain matin, après une première soirée à faire la fête, un mec vient à notre campement. On a trouvé le fameux vendeur de
champis. Ou plutôt il nous a trouvé. Ou ce sont les
champis qui nous ont trouvés ? Dur à dire, néanmoins notre karma nous a tous mené là et c'est l'essentiel.
Les
champis ont été poussés par le vendeur, il y a trois sortes différentes qu'il a mélangées avant de les mettre dans du chocolat péruvien. Le tout certifié vegan ce qui arrange bien mon groupe dont la moitié des personnes suivent ce régime.
3 personnes de mon groupe, dont moi, faisons la plus grosse erreur de la semaine: On décide de manger ces champignons à midi, en plein milieu du mois de juillet. Du coup, montée très difficile, j'ai l'impression qu'il fait 60 degrés. Je vois que mes potes sont aussi en difficultés. D'expérience, je sais que dans ces moments il faut que je trouve le calme au QG. J'arrive dans la tente tout seul après avoir prévenu le groupe, j'ai consommé les
champis il y a environ 30 minutes et je retrouve les paterns triptaminiques des fongus. Le vendeur nous avaient dit qu'ils étaient costauds, et c'était à quoi je m'attendais au niveau de la puissance. Mais la chaleur rend le tout vraiment insupportable. Dans ma tente, les
champis chantent dans mes oreilles et sifflent. "buifgbuidhbdifbhdifubh". Impossible de transmettre cette langue si ce n'est le brouhaha d'une bande d'enfants extra-terrestres qui parlent pour attirer mon attention. J'écoute. Mais le dialogue ne se fera pas vraiment cette fois-ci, je suis pris de nausées et cet endroit n'est pas le cadre idéal pour aller dans un trip profond.
Je sors de ma tente, et je vais aux toilettes me faire vomir. Je suis un consommateur de psychédéliques qui marche à deux temps, en hivers je trip très rarement et en été il peut m'arriver de tripper plusieurs fois dans la même semaine. Et 4 jours avant ce moment, j'avais consommé du
LSD avec un pote et le trip a été super cool mais j'ai aussi eu une grosse nausée à la fin (que j'appelais "le démon qui devait sortir") et après avoir vomi je m'étais senti vraiment mieux. C'est donc dans le but de me sentir libéré que je vais aux toilettes me mettre des doigts dans la gorge (un vieux réflexe que l'adolescent alcoolique que j'étais avait appris à faire, et ça faisait des années que j'avais pas eu à faire ça sur moi). Je les enfonce, je sens le réflexe musculaire de mon estomac qui se contracte mais rien ne sort. Je ré-essaie et toujours rien. J'ai l'impression que les
champis sont passés dans mes intestins. Je leur dis à voix haute: "Très bien, si vous voulez rester là vous pouvez mais vous avez intérêt à pas faire chier !". Et ça a marché étonnamment ! La fin du trip se fait tout en douceur, je prends une douche froide qui me fait littéralement revivre et je vais chiller dans la petite forêt à côté de la scène chill.
Des amis à moi sont sur des hamacs qu'ils ont amenés, d'autres parterre. Ma copine et une amie vont à un atelier yoga qui est organisé dans le fest, un des nombreux workshop d'ailleurs qui ont lieu juste à côté de la zone enfant car le
festival est family-friendly. Plusieurs personnes ont leur cahier de dessin, une chose que je n'ai jamais eu personnellement mais je vois que beaucoup en ont et que c'est également un moyen de communiquer, ils s'échangent les cahier et laissent un souvenir dedans tout en discutant de technique artistique ou de tout autre sujets. D'autres font des petits dolmens avec les pierres qu'ils trouvent. Plus tard dans la journée, on voit une vache se faire héliporter d'un champs à côté du
festival. C'est une situation qui a du en faire bader plus d'un et on entendait beaucoup ce sujet de conversations chez les gens le reste de la journée.
La journée se passe tranquillement et le soir je consomme du
LSD tandis que deux de nos amis et ma copine mangent les
champis à ce moment, et ils avaient vraiment raisons de le faire là. Je vois un des concerts qui m'a le plus plu de ma vie, un live de Merkaba
Un live de Merkaba dans un festival similaire au BrésilA ce moment là, j'ai une assez forte tolérance au
LSD ou plus précisément au
1P-LSD. En plus, le fait d'avoir pris les
champis le même jour atténue forcément l'effet. Mais pour être honnête c'est parfait pour l'instant, je suis pas trop loin mais j'ai quand même les fortes vibes psychédéliques. Je bois un café, je fume mon
shit qui rend clairement le trip plus intense, et je suis enfin dans le vaisseau spatial dans lequel j'étais à la première édition. Très personnellement, le mélange entre la
caféine, l'herbe et le
LSD est très bon pour rentrer dans la musique électronnique et me permettre de voyager vraiment. Quand je ferme les yeux, je suis dans une autre dimension. Quand ils sont ouverts, je suis dans le setting le plus dingue que j'ai jamais eu pour tripper. Je me sens cependant moins fonsdé que le soir d'avant quand j'ai beaucoup fumé d'
haschich. Quand je prends du
LSD, j'essaie toujours de ne pas trop abuser sur les autres produits même quand ce sont des que je consomme quotidiennement comme l'herbe et le café. Une surdose quand on est sous
LSD, bah c'est encore pire que quand on en a pas pris ^^
Tout se passe bien, et le lendemain est une journée tranquille dont la principale découverte aura été un petit champ à l'entrée du
festival, là où on entends la musique au loin mais où le calme est suffisant pour faire une sieste, discuter entre amis, poser un hamac ou encore faire des galipettes pour les plus intrépides et coquins d'entre nous. On peut rentrer dans une petite clairière à l'aube de la forêt, et honnêtement il y a une bonne vingtaine d'endroits où se mettre totalement au calme, et cet endroit m'avait échappé lors de la première édition. L'aprem on aperçoit le couple qui a le meilleur cosplay du
festival, ils se promènent à poil avec juste un chapeau et un sac de randonnée sur le dos. Et ils sont tout naturels, je crois qu'ils ont vraiment capté l'esprit du
festival.
Plus tard dans la journée, je me décide de tenter l'expérience car l'occasion s'y portait. En effet la zone des douches était inondée et c'était donc impossible de laisser ses affaires à côté, et au lieu d'y aller en maillot de bain et de l'enlever là dedans j'y suis allé à poil et je suis ressortis nus pour me changer quelques mètres plus loin. Je n'avais pas peur du jugement. Je n'ai pas à avoir honte de mon corps ! C'était ma première expérience nudiste depuis que je devais avoir 3 ans.
Le soir, on va danser et on rentre pas trop tard au campement, et on parle des heures durant de tellement de sujet très personnels par moment, d'autres plus général. C'est un des moments que j'apprécie le plus des festochs.
On en vient au lendemain, un vendredi de juillet très particulier pour moi. En effet, c'est mon 22ème anniversaire !
Peut-être que d'autres cancers ici partagent mon fardeau, mais si j'ai eu la chance de jamais être à l'école pendant mon anniversaire malheureusement j'ai souvent eu le syndrome du "personne est là pour fêter mon anniversaire avec moi", étant donné que beaucoup de Suisses partent en vacances en été. J'ai eu une période, de mes 15 à 17 ans environ, ou chaque anniversaire a été soldée d'une énorme cuite mais cette période était révolue, mes amis ayant souvent les fonds nécessaires pour partir en vacances. Moi je me suis contenté de ce
festival et je ne le regrette vraiment pas !
Cet anniversaire là est donc bien différente des autres. Je suis dans un putain de
festival avec un très bon groupe d'amis et ma partenaire de vie. Je suis hyper loin d'être seul, je suis même à l'opposé ! Évidemment avec ma personnalité histrionique, j'ai envie que tout le monde sache que c'est mon anniversaire. Nous allons dans la rivière magique, celle qui est en continuation de la cascade enchantée. C'est une longue rivière jonchée de forêt, et il faut marcher un long moment avant de trouver quelques cailloux non occupés car cet endroit a beaucoup de succès en ce matin là.
Je suis à torse nu avec mon maillot de bain multicolore comme seul accoutrement. J'exhibe volontiers mon corps sculpté, j'ai fait beaucoup de sport et ait reçu des compliments sur mon apparence tout le long du
festival. Je n'ai pas de problème à apprécier la beauté de cet aspect de moi, aussi superficiel soit-il. La forme physique est synonyme d'équilibre chimique dans mon cerveau chez moi, et plus je suis affûté et mieux je me sens dans ma peau.
Je demande à ma copine d'écrire avec sa peinture fluorescente "Birthday Boy" sur mon torse avec des petits ballons colorés. Dans le dos il y a écrit "today is my birthday". Chaque lettre a une couleur différente et je suis très touché d'être le support de l'expression artistique de certaines personnes de mon groupe (je ne suis pas quelqu'un de tatoué donc c'est neuf pour moi).
Durant la journée, j'aurai eu le droit à au moins 20 personnes qui se sont arrêtés pour me faire un calin et sûrement le double qui m'ont souhaité un bon anniversaire.
Un des moments marquants fu quand je vis une femme mûre mais avec un accent anglais envoûteur qui distribuait des Energy Balls. Elle nous en avait déjà vendu le premier jour du
festival, et elle n'était pas la seule vendeuse. Pour ceux qui ne connaissent pas, les energy balls ne sont pas des boulettes de
cocaïne mais des boules de datte pilée avec des bouts de noix de coco et d'avoine dedans. Une très bonne dose de sucre faite maison qui est particulièrement savoureuse à déguster dans ce milieu. Je la revois donc proposer ses energy balls avec un enthousiasme particulier sur la longue route qui amène aux scènes principales, et là un rasta avec l'accent jamaïcain si prononcé lui lâche un "I told you you should have put
weed on it !". Je me marre vraiment fort parce que je sais que c'était une vraie idée de business à faire dans ce
festival. J'ai tenté l'expérience à en faire chez moi pour l'anecdote et je confirme que c'est un très bon support pour utiliser de l'huile de coco au
cannabis.
Après cette scène, je me décide d'acheter une energy balls. Elle me propose de choisir dans le tas et me dis la quelle est la plus grosse, je la prends et je me prépare à lui tendre un gros sous de 5 francs mais elle me dit "Happy Birthday !", et voila le premier cadeau que je reçois ce jour là. Je suis super content de cet hasard du calendrier.
Plus tard dans la journée, on retourne au campement et là un marchant ambulant argentin vient vers nous. Il nous demande si on veut de la
changa, et je me dis "yolo !". tout le monde dans le groupe est chaud à essayer, et aucun de nous n'avions d'expérience avec DiMiTri. On a un beau rabais vu que c'est mon anniversaire ! Il faut toujours marchander
On se pose dans le champ tranquille. J'ai pris une pipe taillée dans de la labradorite avec moi, mais je ne sais pas fumer avec ce outil. Je me lance en premier, je suis seul avec ma copine à ce moment car j'avais accepté de faire le cobaye mais j'avais pas trop envie d'avoir 6/7 personnes autour de moi m'observer à ce moment. Je tire, je tire, je tire mal mais un effet arrive au bout du plusieurs bouffées. Je me sens comme propulsé dans un trip de
LSD d'intensité moyenne mais très vite. L'effet dur quelques secondes seulement, et je me dis "putain je me demande si le mec m'a pas vendu qqch de sous-dosé". Deuxième erreur du
festival pour ma part ! ^^
Je retrouve deux autres de mes amis qui sont chauds à consommer à ce moment. Je me dis que je vais rouler un
joint et que ça sera sûrement plus facile de fumer dessus. Je dois mettre beaucoup dedans, ça doit être un
joint à plusieurs dizaines de francs mais c'est pas grave il faut bien tenter le coup. Un de mes amis mets du Merkaba avec son téléphone, et c'est un vrai malade d'avoir fait ça. Ils fument à leur tour et se pose tranquillement les yeux fermés, à ce moment là j'intercepte le
joint qui est posé et me dit que cette fois j'ai envie de voir ou ça mène. Je fume comme un pompier sur ce
joint, et tout d'un coup je vois le
joint se recouvrir de patern et s'allonger (comme si je changeais la focale de mes yeux tout en reculant). Je fume encore une très grosse latte en pensant à Terence McKenna.
Boom, boom, boomJ'ai cassé les lois de la phyisque. Je tombe raide couché. Il y a énormément de soleil dans mes yeux car l'ombre des arbres s'est déplacé depuis le premier essai. C'est extrêmement lumineux même avec les yeux fermés je suis ébloui. Pendant ce temps, une musique qui semblait provenir d'un autre monde émanait du téléphone de mon ami, toujours paisiblement couché. J'ai encore une petite partie de moi qui arrive à se lever, il faut que je bouge de là car la musique et le soleil en concomitance avec le
DMT me mette dans un inconfort absolu. Je suis particulièrement clean dans ma tête, je pense comme à mon habitude. Mais le monde autour de moi est en train de s'effondrer et je suis attaqué visuellement par des paterns géométriques triangulaires qui fustigent dans tous les sens dans mon champ de vision. Je me dis une phrase que je m'étais déjà dite dans le passé, mais ça faisait longtemps que je l'avais pas fait: "Ca y est Migui, c'est celui là le trip qui va mettre fin à ta psyché". L'intensité ne cesse de monter.
Je suis debout par je ne sais quel miracle mais je n'ai plus qu'un contrôle très limité de mes aptitudes physiques. Je m'écroule à 50 cm d'un tas de crottin de cheval après avoir titubé pendant quelques secondes. Je sais que Migui ne peut rien faire dans cet univers là, et je reviens à la source de tout et la seule chose que je peux observer calmement: Le souffle. Je sais que je n'ai que ça à faire. J'entends un de mes amis ressurgire de son trip et dire, de manière inquiète: "il est ou Migui ???", et là je sens une vague d'amour et de libération en moi, je lève le bras et j'arrive à monter mon pouce de manière à signifier que ça roule et j'entends ma copine dire "il s'est juste éloigné un peu".
C'est bon, l'intensité arrête enfin d'augmenter. Tout ceci n'a duré que l'espace de 3 minutes peut-être, certainement les 3 minutes les plus intenses de ma vie (à ce moment, étant donné que j'ai rammené la
Changa chez moi j'ai pu explorer un peu plus loin mais en de meilleures conditions plus tard dans l'année). Je me relève et marche un peu et 10 minutes après avoir fumé le produit je suis de nouveau
totalement sobre et je passe les 30 minutes qui suivent à dire "WTF ???" avec les mains sur la tête. Ca faisait pourtant plusieurs années que je me renseignais sur ce produit, mais il a agit d'une manière dont je ne pouvais pas m'imaginer même en étant un psychonaute expérimenté.
Moi juste après avoir fumé la changaJ'aimerais décrire cette expérience plus en détail mais il est impossible de retransmettre cette sensation avec des mots. Après tous avoir essayé, on discute de l'effet avec le groupe. Les mots clés qui ressortent chez plusieurs personnes sont: Paterns géométrique, sensation paisible, connexion avec la nature les yeux ouverts, sensation de descendre le long d'un tobbogan pendant la phase yeux fermés.
Je recroise le vendeur, et je lui dis que j'étais clairement pas prêt. Il me répond la phrase clichée "you can't be ready for this". Je l'avais déjà entendue celle là, mais pour le coup j'avais l'expérience de dire que c'était vrai même si je faisais confiance à ceux qui me le disaient
Le soir, on prend un peu de
MDMA. Ce produit n'a clairement plus la magie qu'il entretenait en moi fusse-t'un temps, mais il permet d'avoir des conversations à coeur ouvert avec les autres membres de mon groupe. J'ai appris plus tard d'ailleurs que l'interaction entre la
Changa et le
MDMA était dangereuse donc faites très attention à ce combo, même si dans mon cas je n'ai pas mélangé et ait attendu plusieurs heures avant de consommer.
Je trouve un autre vendeur, je lui dis que c'est mon anniversaire et il m'offre une tablette de
LSD Shiva. Je la garde pour après le
festival. On danse un peu mais la connexion avec la musique est honnêtement moins bonne que les autres soirs même si elle reste supérieure à une soirée moyenne pour moi. Mais c'est comme si le
LSD était devenu plus
MDMA que le
MDMA pour moi ^^ .
Au milieu du
festival, non loin de notre tente, se trouve le stand
RdR où une des personnes de notre groupe travaille. On passe y chercher un jus-de-bonne-santé gratuit. En effet, le stand faisait gratuitement un coktail-smoothie personnalisé avec certains compléments alimentaires et aliments variés selon les consommations qu'on prévoyait. La seule contrepartie était de parler des produits qu'on a consommé pendant le fest et ceux qu'on comptait prendre. Un des mecs nous fait les rappels de
base de la
RdR et remarque que je suis bien informé (merci psycho-actif !). On discute pas mal et me dit que cette année là il y avait eu très peu d'accidents, mais que le jour le plus à risque était le dernier soir (samedi) à cause de l'accumulation de prods, fatigue et possible malnutrition pendant les 5 premiers jours. On les remercie pour le jus et la discutions et nous continuons la soirée.
On va dans la scène chill fumer quelques
joints. Le soir il y a plus de monde dans cette scène, et il y a beaucoup de couvertures parterre sous une tente pour se reposer entre amis ou faire une petite sieste au milieu de tout le monde (personne va t'emmerder si tu fais ça). Je vois beaucoup de gens faire des
K-hole à cet endroit aussi ! Le concert est franchement vraiment bien, c'est très tranquille et le DJ fais un mix de musique électronnique tout en jouant de la flute au micro. C'est vraiment transportant ! A la fin du set, on est debout dans le petit espace devant la scène, et tout le monde applaudi le DJ. Dans un de mes moments ou je prend mon cran à deux mains, je cris:
"Hey Shankra, Tonight's my birthday !!!"
Et là, un jeune avec un accent suisse-allemand s'extasie et chante "oh nice ! Happy birthday to you ! "
Quasiment tout le monde présent me chante un joyeux anniversaire y compris le DJ. C'est un moment vraiment beau et marquant pour moi, je ne peux retenir mes larmes et je remercie la vie pour me permettre de vivre ça. Après la chanson, silence général, on attend ma réponse.
"Thank you Shankra Family ! I love you aaaaaaaall !"
Et là, c'était la fête.
Techno Migui en actionDans la grande scène, on retrouve l'ami belge. Je lui dis que c'est mon anniversaire et il me dit "What man ? Wait two seconds !!!". Il va chercher un de ses potes qui vient vers moi et il me dit "It's my birthday too bro !". On crie ensemble, on se fait un calin et on se souhaite un bon anniv. Quelle coïncidence, mais c'est pas ça qui manquait à ce
festival.
La soirée finit dans le campement tranquillement, puis plus intimement dans la tente avec ma copine comme à notre habitude.
Le lendemain, c'est le dernier jour du fest. On va se reposer dans le champ, et on remarque qu'il y a un grand nombre de personnes qui arrivent encore au
festival. Je trouvais l'entrée pour juste le samedi assez chère d'ailleurs, elle était à 75% du prix qu'on a payé pour TOUT le
festival soit 6 jours. Mais je comprenais mieux pourquoi à ce moment, le but était vraiment d'avoir un maximum de personne qui étaient là dès le début et le but n'était pas d'avoir trop de monde qui venait juste pour une soirée. Et pourtant, ce dernier jour la population du
festival a facilement doublé !
Je rencontre un campement de festivalier venant de Stockholm, dont une de ces personnes dont je trouvais l'aura très spéciale. On discute et il dégage quelque chose de très particulier. On boit une bière ensembles, et il me passe un livre qu'il a écrit. "the guide to be a rainbow warrior". Il me fait un calin quand on se quitte et me dit "you're in the family now. You're a rainbow warrior too !". J'adore ce genre de rencontres.
En fin d'aprem, on entend quelqu'un au loin faire des bruits de moutons. Moi qui adore faire des bruits d'animaux, je me joins à ça. Puis vient le cri d'un loup, puis celui d'un cochon. Très vite, on est une centaine, peut-être plus, dans tout le campement à crier des bruits d'animaux en groupe à tel point qu'on entend plus la musique au loin ou très vaguement. Je sors une blague à la fin de cet état de transe collectif et je dis une phrase qui a sûrement été dite 50 fois au travers du campement au même moment "voila ce qu'il arrive quand tu laisses des hippies s'auto-gérer pendant 5 jours de suite ! xD"
Le soir, je décide de reprendre du
LSD avec quasiment toutes les personnes du groupe. C'est la 3ème fois en 7 jours que j'en prends, et j'ai donc une tolérance plus élevée que jamais. Le trip se passe bien, on navigue entre le très grand nombres de personnes, la fête est plus dingue que jamais dans la grosse scène et je décide même de re-drop une tablette. Pas de regrès, elle m'a permis d'avoir un trip "normal" et de toutes façons c'était un été ou j'avais particulièrement beaucoup d'acide et ou je pouvais me permettre ce genre de folie si mon instinc chamanique me disait que c'était une bonne idée. On passera un long moment à observer des festivaliers en transe en train de finir une fresque depuis le début du
festival. Je sors un
joint d'environ 25cm de long et énormément chargé d'herbe et de
shit, je le start et je le fais tourner à mon groupe. J'avais eu une surprise quelques temps avant avec le combo de l'acide et du
Haschich et il est vrai que ce mélange apporte des propriétés très organiques au trip de
Lucy. Le
joint aura raison de la plupart des membres de mon groupe qui étaient pas prêt à un tel mélange. Après quelques moments de doute, on arrive à garder le calme et on se promène candidement dans le
festival. On retourne à la scène chill finir cette énorme
joint qui avait pas une seule chance de survivre si j'étais dans les parages, et on finit par rentrer au campement pour une dernière nuit de sommeil au fest.
On se réveille, et la plupart des gens du campement s'en vont vers 12h dont un nouveau frère spirituel à nous que nous avons rencontré dans le train pour aller au
festival le soir avant le premier jour et que nous avons invité à rejoindre notre campement. Nous restons avec ma copine car avec mon abonnement de train, je ne paie pas le retour si je rentre à partir de 19h. La dernière journée se passe donc avec elle, dans la nostalgie du
festival et la
descente du
MD qu'on avait pris deux jours avant. On retourne dans le champ paisible, on fait une "Jamie Jones" (c'est le nom d'un DJ de techno, mais on a décidé d'appeler le fait de faire l'amour dans ce champs comme ça car un des premiers jours on a vu un sosie de ce DJ se faire plaisir avec sa copine à une quinzaine de mètres de nous) et on fume un peu de
Changa. Cette fois je médite avant sous conseille de ma copine qui a eu une première expérience beaucoup plus paisible que la mienne car elle y était allé avec beaucoup de respect et de précautions là où moi j'étais allé dans l'idée que ça n'allait pas être assez fort.
Boom, boom, boom,Pendant que la musique résonne encore dans cette vallée pour la dernière journée, je devient le Buddha.
On retourne au campement, on va dépenser les quelques sous qu'il nous reste dans le stand japonais pour acheter une soupe miso et une boulette de riz au gingembre. On mange, et il est déjà l'heure de partir pour un long voyage de retour. On fait un dernier tour du
festival, on croise plusieurs personnes qu'on a rencontré et on leur dit à l'année prochaine. On sort officiellement du
festival.
Boom, boom, boomLa nostalgie me prend. Une nouvelle vie va commencer pour moi après ce
festival. Les réalisations qui y ont été faites font parties d'une longue série d'événements qui m'ont menés à la cristallisations de qui je suis aujourd'hui et des décisions que j'ai faite pour mon avenir. Ce n'est qu'une étape sur ma route, mais définitivement une étape qui m'aura marquée. Et qui m'aura motivé plus que jamais à retourner cet été pour la 5ème édition du
festival !
Profitez tous de la vie les amis, elle a tellement de chose à nous offrir. Merci de m'avoir lu ! :)