Toi en teufeuse et ton air juvénile, moi en costume des années 40 avec ma barbe grise, nous étions comme un duo de flics immergés dans un film américain. Deux proscrites aussi peut être. Des boites à la mode où notre paire improbable se faisait refouler.
Il est 2 heures du matin, nous avons toutes deux établis quelques correspondances avec nos vies, avec les autres, comme une toile que la force de nos mots tisserait du fait même de notre rencontre. Nous avons joué avec la haine et l'amour. C'est pourquoi quelques secrets de la nuit à Paris nous ont été révélés. Quelques secrets de la drogue ont été expliqués. Des secrets de nos vies, en fait. C'est bien. Bien sûr, nous n'avons pas consommé, c'est bien. Caresser de ma main de mes yeux tes cahiers, effleurer de mon index tes taches de sang, mauves et roses comme des décalcomanies d'enfants, c'est bien. Le bruit des flots et les cris des canards, la voix de Samara dans son abri de fortune nous demandant des livres, c'est bien. C'est même merveilleux.
Mais je reste frustrée de cette soirée. Avons nous vécu les effets pleins et entiers d'une défonce à jeun ?
Il m'a manqué des sons partagés, la même musique, qui permet de rythmer la construction d'une histoire à deux. Il m'a manqué de plonger dans la profondeur de tes écritures défoncées et de les faire durer. Il m'a manqué de s'endormir dans nos bras comme quand on a tapé la
cocaïne lundi dernier déjà.