Street L 



Hier, j'ai pété un plomb.

Je l'attends, dans le siège du troisième Uber déjà  de la soirée. Il est 1h du matin, et nous devons rejoindre mes amis au Glazart. Il finit par s'asseoir à  côté de moi, un petit sourire en coin. Il l'a fait, alors – il a bien échangé quelques paras contre des buvards. En route, nous nous serrons dans les bras l'un de l'autre, essayons de déterminer de quoi la nuit sera faite. Cette dernière question devient légitime dès que nous arrivons à  l'endroit dit. La queue est colossale, et il ne vendent plus de place.
Un SMS, un 4e Uber et quelques minutes après, nous voilà  près du pont Alexandre III où nous attendent mes amis. Ils sont deux, et fument devant l'autre supposé lieu de notre sauterie nocturne. Cependant, le caractère pourri et bling qui suinte de cet endroit nous pousse à  nous rediriger. Ça tombe bien. Nous venons d'apprendre que Ken Ishii passe à  la Maison de la Culture du Japon. Tout excités, nous faisons le chemin dans un 5e Uber.

Dans la queue, je prends mon petit quart, je l'avale. Ce sera assez pour l'instant.

Et, en effet, ce sera largement assez.

Je me sens monter quelques dizaines de minutes après. Mais ce n'est pas comme d'habitude. La montée me descend. Elle me ronge. Je hais danser sur cette musique que j'aime pourtant particulièrement d'habitude. Je hais mes amis, qui ont l'air beaucoup trop défoncés. Je ne veux pas voir mon amoureux, qui m'irrite sans que je sache pourquoi. Je ne le dis à  aucun d'eux – si il y a bien une chose que je hais plus que le monde entier à  cet instant, c'est bien justement ces sentiments affreux qui m'assaillent. Chaque pore de ma peau expulse ce dégoût agressif et rance dans toute la foule.
Je danse avec les bras écartés, pour vérifier que personne n'envahisse mon espace personnel. Mon homme, sous Candy Flip, vient malgré tout danser derrière moi.  Je décide de prendre sur moi, le plus possible. D'essayer de bouger les hanches, juste un peu, pour faire semblant que tout va bien. Ça a l'air de marcher. Un peu trop bien. En effet, il me susurre un petit « Oh, tu veux être lascive.»

Très, très mauvaise idée.

Je me pétrifie, d'un coup. Je le vois se détacher soudainement, presque apeuré. Il me dit doucement « Je te laisse ton espace. », et recule.
Pourtant, je ne l'ai pas frappé, ni insulté. C'est simplement que la vague d'aversion et de colère qui s'est abattue sur moi après qu'il ait dit cette phrase, n'a pas dû être aussi discrète que je croyais.
Je me sens mal. Je ne suis pas quelqu'un d'aussi violent. Je ne suis pas quelqu'un d'aussi mal intentionné. Je ne profite même pas de la musique. Dieu, je déteste cette situation.
Je dis à  mes amis d'attendre en bas, pendant que je monte fumer une clope. Agacée, je me rends compte qu'il veulent venir. J'essaie de leur parler. Je n'y arrive pas. Je m'accoude à  la barrière et fixe la rue. Mon homme a compris. Il garde un œil sur moi, mais ne vient pas à  côté.
   
    Nous redescendons. Je me suis un peu calmée.

    Mais ! Raté. En bas, derrière les Dj, se trouve un écran. Dessus se balancent deux pendus au rythme de la techno. Tout revient en flèche.
Etudiante, moi qui fait d'habitude attention à  mes finances, décide de dépenser tout ce qu'il faut ce soir, sans peser le pour et le contre. Je verrai demain.

    La soirée se finit. Mes amis sont dans un autre monde. Moi, j'essaie désespérément de rester dans l'habituel. Nous remontons.

    C'est à  ce moment précis que ma compagne du reste de la soirée fait ses présentations. Elle s'appelle «Paranoïa».

Nous sommes 4, sur le trottoir, à  avoir des discussions de sourds, tous plus défoncés l'un que l'autre. J'ai l'impression que chaque personne autour de nous va profiter de cette situation de faiblesse pour nous voler, nous blesser – ou même, nous tuer. Je ne leur dis pas, mais j'ai des sueurs froides, j'ai peur de tout le monde, même d'eux. Je veux rentrer. Il faut que je rentre.

Un mec arrive. Il peut nous avoir des places gratuites pour le premier Samedimanche de la Concrete. Comment dire non à  Ben Klock et Rrose ? Mes amis s'empressent d'accepter. Mais moi, je commence à  douter. Je me convaincs que l'homme veut nous faire croire que nous allons en after, pour nous mettre dans sa voiture afin de nous torturer, entre autres réjouissances. J'imagine le pire, et refuse de manière véhémente. Je lui dis que je ne monterai pas dans sa voiture – il me regarde, dans l'incompréhension. Il ne nous a jamais parlé de voiture, et nous dit de prendre un Uber si nous voulons y aller. Honteuse et un peu bougonne, je finis par accepter de les accompagner.

    Nous sommes à  la Concrete, entrés comme il était prévu – l'homme ne nous avait pas menti. Je suis pourtant toujours terriblement inquiète. 24h de fête. De ce concept s'ensuit l'inévitable à  Paris - on croirait que le club entier a décidé de les tenir, les 24h, sans manger, sans boire, sans dormir. Les gens sont défoncés, violents, malpolis, irraisonnés. Je n'aurais jamais dû venir. Ma moitié se fait du souci. Il me répète qu'un para, que de l'alcool fort me ferait du bien – mais c'est hors de question. Plus AUCUNE substance psychoactive dans mon corps pour la soirée. J'essaie d'être agréable, pour mes amis, mais je n'y arrive pas. Je me sens trop mal. Au bout de quelque temps, je décide de partir. Je tente d'avoir l'air la plus clean possible, et annonce mon départ imminent au groupe. Mes deux amis, qui viennent de reprendre un taz, me souhaitent un bon retour, tandis que mon copain, qui, lui aussi, vient de retaper, affirme catégoriquement qu'il ne me laissera pas rentrer toute seule. Ayant très envie de faire le chemin seule, j'insiste sur le fait que j'ai « redescendu » (ha !) et qu'il faut qu'il s'amuse. Mes amis tentent également de manière très insistante de le convaincre de rester pendant une dizaine de minutes.

Il reste. Je pars. Je suis soulagée.

Pas pour longtemps.

Dès la sortie de la Concrete, je me fais invectiver par des hommes en rut, malgré mon état déplorable, et mes vêtements très amples sous lesquels je suis cachée. Mon côté sociopathe du début de soirée revient instantanément. Je veux les balancer dans la Seine, mais décide de respirer et de partir sans rien dire. Leurs insultes et menaces disparaissent avec la distance.

Bonne décision. Je me calme.

Je décide de ne pas rentrer en métro. Je suis encore trop sensible, j'ai encore trop peur des gens autour de moi. J'appelle un Uber. Deux Uber. Je rencontre un autre fêtard avec qui nous parlons drogues. Il part avec son Uber. J'en rappelle un troisième, toujours rien. J'essaie d'en appeler à  différents endroits dans le quartier. L'application ne veut définitivement pas marcher. Un quatrième, un cinquième. J'angoisse. Ça fait plus d'une heure que j'attends. J'appelle mon homme. J'aurais du rentrer avec lui, je regrette. Il ne répond pas. J'explose en pleurs. Tout le monde me regarde de haut, tout le monde veut me faire du mal. Si je reste encore un peu, l'homme que j'ai vu tout à  l'heure sortir de son appartement, qui m'a regardé dans les yeux plus de 5s, m'enlèvera et me tuera. J'en suis convaincue.

Je cours vers le métro. Les larmes brouillent mes yeux. Je descends, et croise le regard d'un couple qui a l'air de sortir du même endroit que moi. J'entame une petite conversation, les yeux embués, pour pouvoir leur poser la question qui me brûle les lèvres.

« Je suis désolée, je suis un peu perdue. Mais est ce que tout va bien ? Est ce que vous pouvez me dire qu'il n'y a aucun problème, que tout va bien ? »

Ils me regardent bizarrement et me répondent par l'affirmative. Je les remercie et repars. Ça ne m'a pas fait de bien. J'ai l'impression que tout le reste du quai, et maintenant eux, se moquent de moi.

Je parviens enfin à  rentrer chez moi, dans un flou déstabilisant. Une douche, une cigarette, et je m'enfouis sous mes draps. Je ne trouverai pas le sommeil de la journée.

L'envie d'aucun sommeil, et l'apparition de membres coupés, de pendus et de fleuves de sang dans ma tête lorsque mes yeux sont fermés, m'empêchent de dormir.

J'aurai mis au total un peu moins de 24h à  redescendre.

Catégorie : Trip Report - 03 mai 2017 à  20:43

#LSD



Commentaires
#1 Posté par : Syam 03 mai 2017 à  22:33
Merci pour ce TR bien écrit.

 
#2 Posté par : Bootspoppers 04 mai 2017 à  07:33
merci...
Lsd? Ou RC?
Dur en effet...

 
#3 Posté par : Gaeshea 04 mai 2017 à  11:49
Merci pour ce TR.

J'ai l'impression de voir une recrudescence de TR de bad-trips au "LSD" ces temps-ci.

C'est le printemps qui fait cet effet ?

 
#4 Posté par : Bootspoppers 04 mai 2017 à  15:48
Moi effectivement j'ai fait un très bad avec du 1p lsd. Raconté sur mon blog.... C'est pour cela que j'aimerai que sheer indique la provenance du produit....

 
#5 Posté par : sheerandsteep 04 mai 2017 à  16:15

Bootspoppers a écrit

Lsd? Ou RC?

LSD.. Ironiquement, exactement le même que celui de mon dernier TR, avec lequel tout s'était merveilleusement bien passé.. Je ne pense pas avoir de doutes sur le fait que ce soit bien du LSD, étant donné les réactions que j'ai eu dans les deux cas - et le fait que j'aie avalé les toncar direct

C'est du Hanuman qui provient des Pays-Bas


Gaesha a écrit

C'est le printemps qui fait cet effet ?

Haha dans mon cas, j'en doute fort ! je pense que c'est la faute à  mon humeur profonde - au fond de moi, je ne me sentais pas bien à  ce moment-là , même si je me faisais croire que si

Pas d'échappatoire avec le LSD. Il vient puiser au fond de toi les choses que tu évites de regarder en face, et peut devenir très cruel avec ton cerveau si tu refuses de t'abandonner totalement à  lui

Choisissez bien vos moments pour en prendre, privilégiez les environnements calmes et safe, préférablement aérés et avec lesquels vous êtes familiers... évitez au max ces erreurs que j'ai faites - les bad au LSD peuvent traumatiser et parfois avoir des conséquences difficilement réversibles


 
#6 Posté par : sud 2 france 08 mai 2017 à  14:23
perso j'ai pris une fois du lsd dans un environnement urbain: plus jamais!!!!

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