Des Nuées de Poussière
La traître obscurité qu’on a cru dissiper
En levant un matin le regard jusqu’au ciel
N’en finit plus de grandir, sans aucun rescapé;
Nos temples désormais noircissent dans son fiel.
Quel fléau nous afflige et nous affligera?
Tous ces démons rampants à la gorge rompue,
Abandonnés pour morts à la merci des rats
Gargouillent à nos pieds et ne sont pas repus.
L’ineffable érosion infligée par les ans
A effondré leurs traits sur leur corps avachis.
Sentez-vous leur venin courir sur vos enfants?
Lui ne s’affaiblit pas, de dépit en dépit!
Ce qu’on ne tuera pas de nos mains en entier
Reviendra costumé quelle que soit la saison.
Quelle est donc cette fange érigée en sentier;
Humains feriez-vous donc défaut à la raison?
Trop ivres de la science, embrumés par la foi,
Nous avons cru trop fort à la faible lumière
Qu’on allumât parfois en croyant faire loi
De nos affronts passés recouverts de poussière.
30/09/2015
Catégorie : Poèmes - 13 juillet 2022 à 09:48