Mai 2010 :Pour continuer mes petites aventures dans la défonce, depuis le mois de février j'ai laissé tomber la
Salvia qui m'a bien claqué la tête, je commence à me lasser du
DxM avec lequel j'ai assez abusé, j'avais besoin de plus de lucidité. Depuis mon premier trip au
2c-I je repense souvent à cette molécule qui m'avait mis dans un état d'esprit comme jamais auparavant, donc j'en ai commandé et me voila parti pour un trip en solo comme j'apprécie. J'étais dans ma période révélation "psychonautique", j'y croyais dure comme fer, la
méditation pour élever sa conscience, mais ce soir là ça ne c'est pas passé comme je l'avais prévu arf.
Chapitre 1 : La prise
22H je gobe un bon
para de
2c-I (environ 20mg) dans une cage d'escalier d'un immeuble Parisien, et ça pendant que mon pote roule un
joint. On sort pour le fumer, on croise un jeune cool avec qui on échange quelques phrases. 22H30 je commence à ressentir un léger effet, limite du placébo mais je me dis qu'il faudrait y aller, j'ai une petite demi heure de bécane pour rentrer chez moi quand même. Le truc c'est qu'un autre pote nous a rejoint entre temps et il me demande de le ramener chez lui à Argenteuil...je ne sais pas dire non donc je quitte Paris vers 23H pour déposer R à Argenteuil et rentrer sur Versailles en moto ensuite, ça va être short niveau temps, ma mâchoire a déjà commencé à se contracter.
Chapitre 2 : La moto
Sur le trajet pour aller à Argenteuil je commence à me sentir bizarre, comme je suis concentré sur la route je ne sens pas le trip monter, mais la perte d'équilibre dans un rond point nous rappelle qu'il faut faire gaffe quand même. Je lâche R en bas de chez lui, il m'explique rapido que l'autoroute est au bout de la rue et que je suis chez moi dans 15 minutes. Ok, je stress quand même parce que je ne connais pas le chemin et que le trip monte de plus en plus même si je reste clean pour le moment.
Putain j'ai oublié de lui récupérer mon sac, je commence à sentir les hallus monter, je me dis que si j'ai un blême je suis grave dans la merde, défoncé aux psychés sur une moto sans aucun papier...j'ai connu mieux comme situation...
Je pénètre tout seul dans de longs tunnels sur l'A86, les dimensions sont dingues, la moto et mon corps semble m'échapper de plus en plus mais je n'ai aucun problème pour conduire, je ressens juste une grosse appréhension, je sais que le moment est critique mais je fais tout pour le relativiser.
Je respecte les limitations de vitesse, en fait je ne fais que suivre les lignes blanches. Je suis tout seul dans les tunnels donc c'est niquel, mais cette sensation de solitude renforce l'aspect dingue du trip, je pourrais me croire dans une dimension futuriste, c'est ouf !
Je me reconcentre sur la bécane, ouai bon, à 90 km/h j'évite de regarder le sol défilé, j'ai l'impression d'aller super vite, en fait j'ai juste envie de rentrer chez moi. Je sors de l'autoroute et m'arrête à un feu rouge, putain le fait de me relâcher rend le bitume vivant, tout commence à onduler et à devenir très coloré, heureusement il ne me reste plus que 5 minutes de route et je suis arrivé. Plus je me rapproche de chez moi plus je claque des dents tellement je flippe, je me rassure en me disant que je conduis normalement, même plus raisonnablement qu'à la normale, et que ce stress n'est que dans ma tête..."tkt Laura, tu es chez toi dans 2 minutes, tout va bien".
Chapitre 3 : Explosion hallucinatoire
Minuit je suis enfin arrivé à destination et j'hallucine sévère, dans ma cage d'escalier j'appelle mon pote pour le rassurer, il m'a envoyé 5 ou 6 sms parce que R lui a dit que j'étais pas dans mon état normal.
En rentrant dans ma chambre j'ai froid, je me couche tout habillé dans mon lit, couette remonté jusqu'au menton, je met mes écouteurs et la musique m'expulse loin, très loin. Je claque des dents, des hallus de voitures et de cars de police traversent mon esprit les yeux fermés, je ne contrôle rien du tout, en fait tout le stress accumulé s'échappe d'un coup, je dois empêcher le
bad trip, j'ai chié mon set and setting en fin de compte, je pensais que j'aurais le temps de rentrer mais non, je suis un gros con et va falloir rattraper cette erreur !
J'ouvre les yeux, ma lampe au dessus de ma tête part en sucette, des ondes s'en échappent comme pas permis. Je me recroqueville sur moi même, j'ai maintenant chaud aux jambes, je descend mon jean jusqu'aux chevilles, puis mon slip, mais je garde mon pull. Le contact de ma couette est exquis, ça me fait du bien mais le mal être généralisé qui m'a envahit me rattrape bien vite, je traverse des phases de chaud/froid pendant encore bien 15/20 minutes minutes.
Je prend sur moi même, je me résonne, j'en ai trop pris et maintenant faut assumer. J'arrive à descendre de mon lit, faut que je sorte, que je fasse un truc sinon je suis foutu. J'appelle un pote nommé P qui est à une soirée pas loin de chez moi, il est bourré au téléphone, ça me fait rire et lui dit que j'arrive. Je me lève, m'appuie sur mon mur et dans un rictus de satisfaction me laisse tomber par terre, je parle tout seul, je rigole, je grimace....je suis juste fou hallucinant la tête couchée sur le sol et mon corps démembré qui ne répond plus de grand chose, ma chambre n'est qu'un bordel de visuels incohérents.
Je me ressaisis quelques secondes et descends mes escaliers, tout est plus profond, je suis dans une nouvelle dimension, le hall d'entrée de mon immeuble n'est plus rectangulaire mais carré. Dans la rue tout est vivant et tout ondule, je marche vite, ma trajectoire est bien droite, les visuels sont oufs, avec ou sans lunette de soleil (ouai j'étais en mode lunette de soleil à 1H30 du mat', ma vision ressemblait à la vitesse lumière dans Star Wars, tout fusait devant moi). Je retrouve mon pote, il est effectivement bien bourré arf. On pénètre dans un jardin très bien aménagé, c'est vraiment joli, la baraque est énorme, les amis de mon pote sont aussi arrachés que lui...ça va être stylé cette soirée !
Chapitre 4 : The party
Je salue les gens, il y a des particules visuelles de je ne sais quoi partout dans l'air, les couleurs varient beaucoup, les gens hésitent en me regardant, ouai faut dire mes pupilles doivent avoir passer le centimètre de diamètre...et hésitant moi même ça créé comme un blanc, en mode psyché quoi.
J'observe les gens plus que je ne socialise, leur comportement alcoolisé m'amuse beaucoup. On me parle, je répond des phrases précises et profonde (enfin j'ai l'impression). Les gens sont étonnés, c'est marrant de les voir réfléchir. Quand t'es bourrés tu dis "de la merde" et l'interlocuteur rigole, là je voyais dans leur regard qu'il leur fallait quelques secondes pour analyser mes phrases..:
Un mec : -"mais ça t'a apporté quoi la fac si t'y restes qu'un an ?"
Moi : -" ça m'a enrichi culturellement"
le mec : -"heu comment ça ?"
Moi :-"ba j'ai découvert la fac, je me suis remis à dessiner, j'ai rencontré P(qui est un sacré personnage), et puis je t'ai rencontré toi là ..."
(là ya un blanc)
Le mec : -"ah ouai ok"
Bon en fait ce n'est pas très profond mais c'est très précis arf, le
2c-I c'est quand même super fluide, ça fait plaisir de choisir les bons mots et d'avoir les idées claires même si les idées sont simples, c'est comme redevenir un enfant, on comprend mieux des choses qui nous paraissaient futiles sobres, la prise de recul nous fait adopter un nouveau point de vue que j'apprécie.
La soirée continue, je tire 3 ou 4 lattes sur un
joint, ça m'embrouille l'esprit, les hallus s'accentuent, j'ai aussi l'impression que le temps passe au ralenti.
Mon pote se met à jouer du saxophone, il m'achève psychologiquement, je sens le bad arriver, je lui dis d'arrêter avec l'aide des autres qui lui crient "ta gueule" depuis 2 minutes. Le son m'agresse l'esprit et me fait perdre tous mes moyens, jusqu'ici tout se passait bien mais là je sombre.
Je vais aux toilettes, je me cale sur les wc et regarde le carrelage se mouver, des dragons et des serpents apparaissent et se tortillent dans tous les sens, je pissote vite fait et vais retrouver le groupe (j'aurais pu rester des heures à regarder le carrelage). On me propose une bière, je me surprend à la boire en entière (ouai d'habitude je ne suis pas trop bière quand je suis défoncé).
Arrive le moment où toutes les personnes présentent doivent boire une gorgée de Cointreau, je suis réticent mais j'accepte en fin de compte. Wahou ! tous les gens tiraient une sale gueule en avalant leur gorgée alors que moi je déguste la mienne. Impression de boire un miel d'oranger très liquide et fort en goût, c'est bon ça !
Je me cale avec un mec pour rouler un
joint, je galère car j'ai l'impression que le
joint fond. On fume en dansant, enfin je bouge sur place en me dandinant et j'observe mon pull marin vivre, le kiffe. La soirée continue avec des hauts et des bas, je sens bien que le bad n'est pas loin mais je m'autogère, j'évite tout ce qui peut m'être nuisible, faut que je retrouve un objectif, une activité qui m'occupe l'esprit en m'intéressant.
Je retourne au wc où je commence à sortir mon portable pour filmer le carrelage et ma tête dans le miroir, mon pote m'appelle, je décroche et lui dis que j'arrive. Je retrouve le groupe, je me sens bien et vaillant alors que les autres sont tous affalés dans des fauteuils. L'
alcool a eu raison de tout le monde mais moi je suis encore bien lancé, là je commence à écrire et dessiner les pensées que j'ai eu au wc.
Je libère mon côté artistique, N commence à dessiner avec moi, il gribouille vite fait des trucs et s'arrête, il hésite : "euh...je sais pas trop quoi dessiner là ". Je récupère le crayon, vu comment mon esprit est "open" je n'ai aucun mal à transformer une feuille de papier parsemer de trait en un dessin psychédélique bien dément. Pendant que je dessinais N a éternué à côté de moi, il se mouche et moi j'ai l'impression d'avoir de la morve sur mon doigt, le crayon dégouline, ça devient difficile de dessiner...
Ensuite je rigole beaucoup, la soirée se termine avec des
joints devant l'exorciste, je rentre chez moi au bout de 30 minutes de film, j'ai un besoin de musique et de déconnexion important, et puis l'exorciste ce n'est pas trop mon délire.
Chapitre 5 : Chez moi
5H du mat' je suis dans ma cage d'escalier, les marches me paraissent infini, d'un coup j'ai l'impression qu'il y a quelqu'un devant moi, un flash émotionnel me déstabilise violemment, c'est plus qu'une baffe dans mon esprit, c'est comme si un poids lourd me percutait à pleine vitesse (ouai je suis un peu con de monter mes escaliers dans le noir avec en plus des lunettes de soleil...faut pas avoir peur du noir ahah).
Enfin dans ma chambre je m'allonge sur le parquet, les Pink Floyd sature ma conscience, je perds pieds, la réalité n'existe plus, mon corps n'existe plus, il n'y a plus que ma conscience livrée aux envolées lyriques du final de Confortumbly Numb en live, comme si deux fluides de musique sortaient de mes 2 orbites pour se perdre dans un trou noir sans fin ---> l'hyperespace, en fait je m'exorcise à ma manière, pas besoin de prêtre, juste d'artiste qui ont tout compris à la fuite de l'esprit.
J'ai faim, je n'ai pas mangé depuis bientôt 13H et mon ventre me le fait sentir. je me relève difficilement (ah oui je suis parti loin quand même là ), j'enlève mon manteau et me fait des pâtes. Ce sont mes spaghettis, je les prépare amoureusement, je vais leur donner vie en 10 minutes. Bon en fait c'est dégueu, ce sont des pâtes très pâteuses mais je les mange quand même, enfin non, je me rempli la bouche abondamment, des spaghettis ressortent et pendent sur mon menton, je rigole comme un con, ça m'amuse...:)
J'enchaine sur le pc, je phase quelques minutes puis vais rouler un blunt. Je fume la moitié en regardant le lever de soleil, c'est juste beau. J'arrête la musique et écoute le chant des oiseaux, là c'est magnifique, leurs piaillements saturent toute ma rue, tout mon quartier et surtout ma tête.
J'ai mal au crâne ---> allez I go dodo. Un petit
lexomil et je me réveil encore un peu explosé vers 14H30.
Putain de soirée trip de ouf !