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5-meo-mipt - Présent à la Présence 



Sujet : homme, 49 ans. 1,84m. 102 kg.
Set : assez bon mindset, expérience abordée avec curiosité, sans appréhension particulière. À un moment de ma vie où sans aller jusqu'à dire que tout va bien, tout étant perfectible, il n'y a en tout cas pas de grande crise ni de grand drame à l'horizon.
Setting : rassemblement informel d'un groupe de psychonautes expérimentés, dans le cadre rêvé pour ce type d'expérience : un propriété assez isolée, disposant d'un immense et très beau terrain à la végétation luxuriante, au bord d'un petit cours d'eau. Je ne connais pas tout le monde mais je sais être entouré de personnes rompues aux expériences psychédéliques, difficile d'imaginer un setting plus approprié.
Substance : 5-meo-mipt
Dosage : 5mg selon la dose annoncée par le vendeur.

Je m'étais procuré récemment sur un site de RC du 5-meo-mipt, une molécule qui m'attirait depuis quelques temps, sans que je me l'explique trop. Quelques trip-reports lus ici ou ailleurs avaient attisé ma curiosité, sans réussir à me donner une idée claire des effets de cette substance. Bref j'étais intrigué et j'ai fini par me dire que la meilleure manière d'être fixé c'était d'essayer.

Les petits comprimés sécables bleus reçus la semaine précédente sont annoncés à 10mg, pour une première expérience je décide de la jouer RdR et de commencer par un demi-comprimé. Un des amis avec qui je suis venu à cette rencontre prendra l'autre moitié. Avant de dropper, nous avons bu l'apéritif : un peu de sangria, une bière, quelques lattes sur un vaporisateur de weed et une petite trace de kétamine offerte en cadeau de bienvenue par une des personnes présentes. Puis nous avons pris un léger repas.

J'attends patiemment que les effets de la trace de se dissipent avant d'avaler mon demi-comprimé, de manière à appréhender le plus nettement possible les effets du 5-meo-mipt. Puis je vais m'installer sur un plaid en compagnie des autres psychonautes qui sont tous lancés dans une expérience avec telle ou telle substance. Moi-même j'ai offert du LSD à un ami, nous voyageons tous ensemble mais pas forcément sur le même véhicule. Sur une enceinte bluetooth résonne une sorte de trance psychédélique lente.

Au bout d'une trentaine de minutes je commence à éprouver une indéniable confusion mentale, accompagné d'une vraie pesanteur au niveau de l'estomac. Je comprends immédiatement que nous avons fait une petite erreur en mangeant avant le trip, même un repas léger : je me sens assez proche de la nausée, mais aussi très ballonné, le body-load est fort et la situation devient nettement incorfortable pour moi. D'autant que le mindfuck s'intensifie, les sons et les bribes de conversation semblant se déformer, ralentir puis accélérer tout en se fondant les uns dans les autres. Penser clairement demande un effort, j'ai du mal à évaluer où j'en suis.

Je ressens à cet instant le besoin de m'isoler, et j'annonce donc à mes compagnons de voyage que le moment est venu pour moi d'aller explorer le vaste terrain. On me répond en riant, "ok à dans deux heures". Je pars donc marcher sous les arbres le long de la petite rivière qui borde le terrain. Au même moment je commence à ressentir une sorte de rush de lumière intérieure, comme si on m'insufflait un vent lumineux, vecteur d'une intense énergie, et qu'il fallait que j'accueille cette puissance, que je la laisse me traverser. Familier de ce type de lâcher-prise avec les psychédéliques, je ne lutte pas, je respire profondément, je fais quelques mouvements amples, je crie "wouhouuu !!!", bref j'essaye d'élargir mon espace pour me laisser visiter par la substance.

De toute évidence (et sans surprise puisque c'est une tryptamine), l'effet du 5-meo-mipt est très psychédélique. À la dose de 5mg, il n'y a pas à proprement parler de "visuels", mais tout apparaît avec une intensité vraiment spectaculaire. Les couleurs sont plus chaudes, la lumière plus vive, le moindre détail provoque une montée d'émotion presque bouleversante. Quelque chose en moi lutte contre cette puissance, comme si c'était trop, comme on se protège les yeux des rayons du soleil. Mais simultanément je désire profondément cette présence, parce que je la sens bienveillante, parce que je sens qu'elle est mon alliée et que l'accueillir va me faire énormément de bien. Je continue donc mes petits exercice de lâcher-prise, j'accueille, j'accueille autant que je peux, je me fais accueil. Je me sens minuscule devant la force qui pousse en moi, tellement minuscule qu'en fermant les yeux il me semble presque disparaître, me fondre complètement dans cette puissance qui me dépasse infiniment.

Mais je n'ai pas peur. Je n'ai pas peur parce que je ne cesse de ressentir la profonde bienveillance de la substance. C'est très étrange de parler ainsi d'une drogue, mais je sens qu'elle me veut du bien, je sens qu'elle me soigne, je sens qu'elle agit sur mes résistances pour me rendre plus souple, plus présent.
Le 5-meo-mipt, au fond c'est la présence. Autour de moi tout est incroyablement présent. C'est même difficile de décrire l'énormité de cette présence, mais il y a une certitude : on ne devrait pas se permettre de vivre à un niveau de présence moindre. Et tout en réalisant cela, je prends conscience, mais sans brutalité, de toutes mes stratégies d'évitement de la présence, de toutes mes combines pour ne pas être présent. L'alcool, les écrans, les réseaux sociaux et tout ce qui permet d'esquiver le moment présent, de s'absenter du monde, de ne pas être là, ou du moins de juguler ma conscience d'être ici et maintenant...

Le bodyload s'est bien adouci, je ne ressens maintenant plus aucune pesanteur abdominale, au contraire même, je me sens léger et fluide. C'est un peu comme si après l'avoir combattue, mon corps avait accepté d'accueillir la tryptamine et l'avait assimilée. C'est comme une alliance, j'ai accepté d'être dans cette hyper-présence et maintenant je réalise à quel point elle n'est pas contraire à moi, à quel point elle m'assume en fait, à quel point en elle je puis être exactement qui je suis. C'est une sensation extrêmement satisfaisante, je commence à énormément apprécier mon trip, je suis à la fois euphorique, émerveillé, et respectueux. Car elle est puissante, la substance qui offre une pareille expérience.

À ce moment du voyage surviennent quelques légers visuels, les surfaces se fractalisent un peu, les nuages ondulent, mais ça n'a pas beaucoup d'importance, un simple constat. L'essentiel de l'expérience est ailleurs : dans cette joie extraordinaire et profondément contemplative de la Présence. C'est quasiment une expérience religieuse en fait. Je m'assois sur un talus pour contempler la nature environnante. Elle m'évoque la campagne lozérienne où j'ai grandi, et je ressens un profond sentiment de proximité, de familiarité même, et de gratitude. Près d'une petite cascade à l'ombre des arbres, je me sens comme dans un cocon protecteur, presque un ventre où je suis à l'abri, soigné et reconstruit. Il y a quelque chose de profondément maternel dans cette expérience.

Il se met à pleuvoir, ne souhaitant pas à cet instant rejoindre le groupe je cours m'abriter dans ma tente, je me sens là encore comme dans une grotte protectrice...L'averse se calme, l'un des amis avec lesquels je suis venu (celui à qui j'ai donné du LSD), lui aussi en train d'explorer l'immense terrain, vient un moment se poser avec moi, nous échangeons paisiblement sur nos expériences respectives, étonnamment assez similaires. Un arc-en-ciel se forme, un double arc-en-ciel ! C'est un signe d'alliance, je sens que la substance reflue doucement et éprouve l'envie de retrouver mes camarades psychonautes, éparpillés un peu partout dans le jardin, chacun livré à son expérience intérieure. S'ensuivent quelques conversations mi-surréalistes mi-philosophiques comme les perchés en ont le secret.

Je redescend doucement, alternant entre les moments où j'ai envie d'être avec le groupe et les instants où l'isolement s'impose et où je retourne à ma tente. Fatigué, je décide alors que la nuit tombe d'aller me coucher tandis que les autres continuent la bringue : la puissance de mon expérience me met un peu en décalage par rapport au groupe, du moins c'est mon ressenti. Cependant peu après, un violent orage éclate et m'oblige à fuir ma tente inondée pour rejoindre la maison où la fête bat son plein. J'étais allé m'allonger dans l'optique de ne pas reprendre de produits et de laisser le 5-meo-mipt me tenir doucement la main jusqu'à ce que je m'endorme, mais replongé dans l'ambiance de la soirée je ne parviens pas à refuser les propositions qu'on me fait : un petit peu de 2cb par-ci, une trace de par là, une petite bière, ce qui me fait malheureusement perdre le sentiment de présence propre à la tryptamine dont l'effet est vraiment sur la fin, pour me plonger dans un trip plus dissociatif, que je ressens comme beaucoup moins profond et moins authentique. Cependant je sens que ce n'est pas si grave, je reste sur des petites doses...et je termine donc la soirée avec mes potes, complètement défoncés eux. Beaucoup de discussions absurdes, de distorsions kétaminiennes, de tendresse et de rire aussi, on a connu pire fin de trip. L'effet anesthésiant de la finit par l'emporter sur son côté dissociatif, et, tandis que tout le monde va se coucher, vautré dans un gros canapé bien moëlleux, je finis par m'endormir comme un bébé.

Au réveil je suis complètement redescendu, aucune gueule de bois car j'ai bu très peu d'alcool, une légère fatigue mais surtout le sentiment de renaissance caractéristique des lendemains d'expérience psychédélique. Je ne taris pas d'éloge pour le 5-meo-mipt, ce qui semble amuser un peu mes camarades bien conscients de la puissance de mon expérience. Puissance confirmée par l'ami avec qui j'avais partagé le comprimé bleu : il a lui aussi vécu une expérience intérieure qui l'a surpris par son intensité, alors que c'est un psychonaute plus que confirmé.

En conclusion
: le 5-meo-mipt est un psychédélique de très grande classe, un véritable coup de coeur pour ma part, un extraordinaire outil d'introspection qui permet d'affronter en douceur ses blocages et tout ce qui amoindrit notre présence à l'ici et maintenant. On reconnaît bien l'aspect organique bienveillant propre aux tryptamines, une douceur associée à une puissance assez phénoménale...J'ai un peu de mal à imaginer utiliser cette substance comme une party-drug, mais comme outil d'exploration psychologique, philosophique et même spirituelle (soyons fous), elle se pose un peu là. La relative brièveté de ses effets (environ 1h de montée, 2 ou 3h de plateau et 1h de descente) la rend maniable, et la profondeur de l'expérience en fait un sérieux concurrent à de grands classiques comme le LSD ou la psilocybine. Pour tout dire j'ai hâte de retenter l'expérience !

Catégorie : Trip Report - Hier à  22:59

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