J'ai beaucoup partagé mes tristesses et peu mes joies.
Alors je vais me rattraper.
Là où je suis maintenant, mon smartphone à la main, les jambes dans l'eau salée et tiède, j'entends le clapotis des vagues sur les rochers.
Des mouettes et des goélands se manifestent bruyamment parfois.
Les bâtisses blanc et ocre rythment une côte encore un peu sauvage, montagneuse et aride.
J'aime cet endroit, notre endroit, parsemé d'oursins qui rendent les baignades périlleuses, le fond vert de la mer, le fond bleuté de l'horizon. Et j'aime même le bruit des moteurs de bateaux au loin qui bourdonnent régulièrement.
La vie pourrait ressembler à ça, paisible, un peu sauvage mais pas totalement.
Ici c'est un peu comme si la liberté existait, que les mauvaises nouvelles, les contraintes et les autres ne pouvaient pas m'atteindre.
Ici, c'est maintenant, c'est l'instant présent, c'est les poissons qui nagent, les crabes qui se bastonnent pour un morceau de moule et les oursins immobiles et piquants.
Et même si les aspérités des rochers me gratouillent les fesses, c'est pas très grave, c'est pas très grave.
J'emballe précieusement, chaque année, ces moments et je les range dans mon coffre à souvenirs, c'est le seul endroit qui soit en ordre et quand je vais très mal je m'enferme dedans, je me baigne à nouveau.
J'emporterai cette année, encore, un morceau d'ici, j'oublierai mes angoisses, mes craintes, mes peines, du moment que j'ai encore cet endroit où s'allongent mes jambes.