Voilà trois ans que j'observe le Dry January.
C'est assez troublant pour moi car je n'ai pas tellement d'affinité naturelle avec la démarche. Je déteste les injonctions à l'abstinence, je trouve les instigateurs du Dry January très inconséquents dans leur démarche, notamment en terme de
RdR : ils transmettent très peu d'info sur le fait que cette "cure" n'est pas adaptée à tous les profils de buveurs, voire qu'elle peut s'avérer dangereuse...Et quasiment rien non plus sur le problème de la baisse importante de tolérance à l'
alcool qu'implique un mois d'abstinence, et sur les risques induits par une reprise de conso dès le 1er février, en fanfare et pour fêter ça...
Bref initialement ce mois sec n'avait pas grand chose pour me séduire, à ceci près que j'en suis arrivé à un stade de mon rapport à l'
alcool, où j'éprouve sérieusement le besoin de reprendre le contrôle sur une consommation prétendûment occasionnelle et mondaine, mais qui tendait à devenir très régulière et importante en quantité. Je me sentais glisser, et il m'est venu à l'esprit que le Dry January pourrait être une opportunité de reprendre la main sur cette conso problématique.
Dès la première année de mise en pratique j'ai très vite ressenti le bénéfice de la démarche. Mais cette année, particulièrement. L'automne a été difficile, entre soucis familiaux, covid, décès de copains, désillusion politique, actu internationale épouvantable, et difficulté à accepter la cinquantaine qui arrive à grands pas. Je me traînais une solide déprime, voire un début de dépression. J'étais tombé dans un évident abus d'
alcool, de stimulants et de psychés consommés de façon pas très
RdR, et, le sommeil devenant difficile à trouver, de benzos. Bref, une sale passe. Dès la mi-décembre j'ai commencé à éprouver une sorte de hâte. Comme si mon corps et mon psychisme, se souvenant du bénéfice de mes précédents Dry Januaries, s'impatientaient de voir venir le début d'année et la détox associée. J'ai réveillonné comme il se doit, en organisant une rave où j'ai pris de la
MDMA associée à du
2cb-Fly et picolé pas mal de bières. Histoire de bien calciner 2023. Mais à partir du 1er janvier au matin : plus une goutte d'
alcool. La première semaine a été rude, je me suis rendu compte qu'un vrai début de dépendance physique s'était installée. Je venais, durant le mois de décembre, de me sevrer également des
benzodiazépines, j'ai donc enchaîné deux
sevrages à la dure (en restant attentif toutefois à mes ressentis, si ça avait pris une tournure trop difficile j'aurais repris une conso modérée, je ne suis pas non plus un forcené du
sevrage sec). Mais passée cette première semaine difficile (irritabilité, anxiété, difficulté à de concentration, légers frissons...) : une libération.
J'ai associé au Dry January une cure de magnésium, vitamine D3, et mélatonine pour tenter de retrouver un sommeil correct. J'en suis maintenant à la fin de ma troisième semaine sans
alcool, et c'est le jour et la nuit : mon niveau d'anxiété à diminué de 8/10 à, disons, 2/10. Je dors comme un bébé depuis deux semaines, de bonnes, vraies longues nuits de 8h voire plus le week-end. Je retrouve des sensations corporelles qui s'étaient clairement engourdies, un bien être : je me sens bien dans ma peau. Beaucoup mieux que cet automne en tout cas. Je retrouve l'envie de prendre soin de moi, de reprendre une activité physique (j'ai bien zappé le sport depuis plusieurs mois). La libido revient. Je ne voudrais pas donner l'impression de vouloir à tout prix chanter les louanges du Dry January. C'est vraiment mon expérience individuelle et je n'incite personne à faire comme moi, ce sont des choix très personnels...Mais je ne peux que constater l'impressionnant mieux-être que me procure ce janvier sec. J'en suis à un stade où je réfléchis aux stratégies possibles pour prolonger l'expérience, sachant que j'évolue dans le milieu de la fête et de la nuit où l'
alcool est omniprésent.
Cette abstinence d'
alcool a aussi un effet sur mes autres consos. Idéalement, je n'envisage pas de cesser de consommer les molécules que j'aime, notamment
tryptamines et phénéthylamines, mais mes dernières expériences étaient tellement associées à la prise d'
alcool, que j'éprouve également le besoin d'une mise à distance provisoire de ces substances. Le message c'est : "ce n'est pas le moment de prendre un trip, tu es en train de faire un travail sur toi pas compatible avec une prise de
LSD ou autres psychés". Donc là aussi, petite restriction, même si en soi je ne considère pas ces usages comme très problématiques. À terme j'aimerais évacuer au maximum l'
alcool du champ de mes consos, et user du reste avec discernement, ce que j'avais un peu perdu de vue ces derniers mois.
Sur ce chemin un peu déroutant, j'ai gardé une alliée assez précieuse : la
weed. Je dis "alliée", car j'ai réalisé qu'un usage quotidien mais modéré de
cannabis vaporisé ou ingéré en quantité réduite, m'avait aidé, dans un premier temps, à encaisser le manque d'
alcool, et une fois le
sevrage fait, accentuait les sensations agréables liées à l'arrêt de l'
alcool. Pour faire simple : je me sens de meilleure humeur depuis que j'ai arrêté de picoler ? La
weed me met d'excellente humeur, alors que cet automne elle avait tendance à me faire paranoïer. J'ai retrouvé un bon sommeil ? Avec la
weed, je dors comme un bébé, alors que lorsque je la consommais combinée à l'
alcool elle me tenait plutôt éveillé et anxieux. J'ai bien sûr conscience qu'il y a un phénomène de compensation, et que je consomme plus de
weed pour palier à l'absence d'
alcool, mais sincèrement j'estime l'apport bénéfique du
cannabis plus important que la légère intensification de mon usage. Sur la balance bénéfice-risque, le bénéfice l'emporte et la
weed m'aide à passer un excellent Dry January. Étonnamment, c'est particulièrement intense cette année, comme si la détox était plus complète, et je ne comprends pas pourquoi. Mais je me sens bien, et j'ai envie de changer durablement mes habitudes de conso. Pas envie de perdre ce bien-être.
Pour conclure...je vois venir la fin du mois avec une pointe d'appréhension, parce que j'ai peur de retomber dans une conso d'
alcool pas maîtrisée et préjudiciable. Mais j'ai aussi l'impression que le bénéfice de mon Dry January 2024 est tel que ça pourrait vraiment impacter mes habitudes, positivement, et pas simplement demeurer une petite détox passagère. Je n'exclus pas de me faire une expérience psychédélique full blown, peut-être aux champignons, à la fin du cycle, pour visiter en profondeur les zones traversées durant ce mois de janvier austère mais joyeux. Ha et aussi : je commence à prendre un meilleur teint et à être un peu beau gosse, comme si mon foie me récompensait. Ça aussi c'est une motivation