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Demain rendez vous d'induction à la methadone et stabilisation familiale 



Bonjour à tous !
Je ne sais pas trop à quoi m'attendre mais j'ai été pas mal baladée à stras, la le csapa me propose direct un rendez vous infirmier + médecin pour induction methadone avec mes test pipi bien positif. Serait ce la fin du calvere, pour moi qui suis trop amoureuse de l'héroïne pour m'en défaire ? Je ne sais pas trop. Je vais en faire un texte plus travaillé sur mon autre blog que je partagerais ici sans doute pour m'occuper. En tous cas au fond du tunnel un peu de lumière. C'est con mais je sais qu'avec la metha j'ai l'opportunité de rechuter si j'ai envie et même si maintenant j'ai désespérément besoin de stabilité et d'économies financières c'est rassurant cette idée même si je tiens à me tenir au traitement. C'est paradoxal quand même ?

Pas glam, mais je vais penser à demander le médicament sous ordonnance pour les constipations liées aux opi si c'est possible.

Aussi retournement de situation depuis que je suis retournée chez mes parents. Pour ceux qui ne se rappellent pas car ça fait des années, la relation autour des opi pour ma mère c'était marche ou crève, après mon od elle était tellement traumatisée qu'elle m'a refusé le narcan sous peur que je fasse "n'importe quoi" et me retrouve encore à l'hosto. Pour elle il valait mieux que j'ai peur de mourir, que je reste à subir, qu'une solution pour augmenter mes chances de survie.

M'éloigner à permis à nous deux de guérir. J'en ai reparlé à ma mère. Je lui ai dit que je pouvais pas toujours rester clean, que je rechutais tout le temps, et que j'avais besoin de pouvoir consommer pour avoir l'aide et la substitution dont j'ai besoin, car ne rien avoir me donnait envie de me mutiler ou de me flinguer. Elle a pleuré. Je l'ai consolée. Je l'ai écoutée. Je lui dis ce que je commande, où, en combien de lettres, et en quelle quantité. Elle manage un peu un mais pas trop, juste ce qu'il faut pour qu'elle reste à l'aise. Si je fais un écart je lui dis. Elle se doute que j'ai continué mes conso en étant loin. Mais même si ça fait du mal ça fait du bien que chacun puisse s'exprimer sur les difficultés liées au sujet sans se disputer, car c'est min addiction mais elle vit quand même avec et je sais que c'est dur pour elle en tant que mère. Que j'ai pas osé lui en parlé, puis même si elle comprend elle me dit "je peux pas m'empêcher de me demander si j'aurais pu faire quelque chose pour t'éviter de tomber". J'aime pas trop l'allégorie mais je mais de l'eau dans mon vin, je lui fais un câlin et je lui dis que maintenant elle peut m'aider à remonter. Que je vais faire ce qu'il faut pour être digne de confiance, même en ayant des consos. Elle est tellement comprehensive que je n' aurais jamais imaginé ça possible.

Bien sûr des fois elle me dit que je suis défoncée alors que je le suis pas mais j'ai appris que j'avais pas à m'énerver, parce qu'après tout j'avais tellement menti la dessus que je pouvais lui laisser le bénéfice du doute à condition qu'elle me croit. J'ai l'impression qu'on s'accompagne un peu toutes les deux.

J'angoisse pour demain, j'ai peur de ce qu'il va se passer. De n'avoir encore pour un mois droit à rien, ou en même temps d'avoir le traitement tant attendu. J'ai vécu comme "junkie" (auto proclamée, je déteste quand les autres utilisent ce mot comme insulte, y'a que ma famille qui a le droit de l' utiliser pour blaguer, ailleurs c'est non, c'est hypocrite je sais) qu'il va falloir que je me reconstruise une identité. Une identité de consommatrice peut être, mais pas d'addict. Mais les années de galère m'ont rendu polymorphe, je suis un chat de gouttière, je me glisse partout, j'obtiens ce que je veux généralement et je retombe sur mes pattes. Alors ça va aller.

J'ai commencé à fréquenter les cercles artistiques de ma mère. J'écris des textes, des slams, j'ai changé de sujet, je me dédie plus juste à la dope, mais être scotchée ça m'a fait prendre du retard et même si c'était super je réalise que je commence à en avoir marre, surtout quand on me dit connaître un éditeur, que il faut absolument qu'on me mentionne quand je les verrais même si ce que je fais est médiocre à mon sens. J'aime trop la came pour avoir l'impression d'être son esclave; mais j'aimerais que ça reste un plaisir et je m'en cache pas.

J'espère à tous que vous allez bien. Merci de m'avoir lu !

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Catégorie : Carnet de bord - Aujourd'hui à  14:28

#CSAPA #famille #héroïne #méthadone #TSO



Commentaires
#1 Posté par : cependant Aujourd'hui à  15:42
Salut,

Je te comprends et je partage.
Pour moi la came c'est la vie, c'est une partie de ma vie. Une vie où il y a bien plus que ça, mais qui ne pourrait pas être sans.

Je me suis construite à l'appui et grâce aux molécules, c'est par leur biais que j'ai eu accès à des instants inexperés. Même si tout ne se réduit pas à la chimie et je sais que ça vient de moi, que ça révèle juste ce que je suis. Et je ne pourrais pas l'être sans.
Les pires années que j'ai traversées ont été celles où le désert de l'absence de conso me renfermait sur moi même. Une enfance où j'ai très peu rigolé, embourbée dans mon angoisse de neurones et les difficultés relationnelles d'être différente.
Les meilleurs moments étaient ceux partagés, de solidarités et luttes contre les injustices, l'ennui et le vide existentiel. Et les produits ont toujours été là, à éclaircir les horizons, colorer les ombres.

Je ne peux que revendiquer l'utilisation que j'en fais.
Dépendante aujourd'hui, comme je peux l'être à l'air, l'eau, la liberté et l'amour. Certes en lutte aussi contre le contrôle normatif du pouvoir médical, que comme pour la santé sexuelle et reproductive s'arroge le dernier mots sur nos plaisirs. Mais je n'ai aucunement besoin d'être soignée, c'est ce monde qui est malade et non pas moi. Et je comprends l'angoisse de l'instant où l'addicto fige avec son stilo mes états des prochains 28 jours. Mais ça ne dépend pas que de lui, même si c'est un outils comme un autre dont je ne me prive pas.

Par moments juste je me préoccupé des fossés que ça créé parmi les proches qui ne comprends pas. Et puis je comprends que c'est sur ma peur du jugement qu'il faut que je joue. Balayer d'un revers d'une manche l'angoisse de ne pas être acceptée, car je ne l'ai pas été pendant bien trop d'années. Mais j'ai trouvé ma place, pas tout le temps confortable dans ce train en marche vers l'infini des possibilités. J'assume que par moment les jugements des personnes que j'aime, mais je vois bien que dans la vaine tentative de vouloir m'y conformer je ne perd que leurs confiance et la confiance en moi même. Je vais y tacher d'y croire alors !

Force et courage
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Texte mis dans les morceaux choisis de Psychoactif. (pierre)
 
Merci ça me touche up

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