Je me reconnais beaucoup dans ton texte. Tous mes amis sont sobres, que je me revendique ou je me cache je ne peux pas m'empêcher de sentir la différence dans nos vies, surtout celle de ma sœur jumelle. Ça me fait peur, mais de ces mots, c'est aussi par le jugement que je me porte à moi même. Comme quoi ça se rejoint. Je pense que j'ai besoin de
substitution pour regagner mon indépendance financière et gérer. Quand je pourrais vraiment me déclarer indépendante, je pense que je m'en servirai comme un outil pour pouvoir gérer mes consos et donc ne pas me retrouver dans la merde financièrement vu que j'ai plus d'économies et que je dépend de l'aah et lors de ses manquements, de mes proches.
Je me reconnais tellement dans ce que tu dis là. Pour moi la drogue c'est un échappatoire, un plaisir, mais aussi un domaine de ma vie infiniment personnel qui m'apporte une sorte de contrôle dans la "perte de contrôle", avec les doses, les drogues de choix, le mode de vie qui me chante. Devoir déléguer ce contrôle et en plus le laisser faire par l'institution médicale alors que j'ai déjà tant de haine pour l'institution psychiatrique, c'est compliqué. Pour moi ça fait partie de qui je suis, si je devais le refaire je le referais car devoir gérer le fait de ne pas correspondre aux normes ça m'a étrangement poussé à faire quelque chose que je n'avais pas osé faire jusque là : m'affirmer. Tout mon entourage le sais, ce n'est un secret pour personne, mon identité de consommatrice c'est quelque chose que je revendique. Je reconnais le besoin de ce contrôle maintenant, mais j'aime bien l'idée de pouvoir continuer à faire ce qui me chante. J'ai découvert que j'attirais plus de gens en étant une consommatrice décalée et heureuse qu'une personne se confirmant aux normes sociales et malheureuse. De toute façon je suis déjà autiste/tdah alors ce n'est pas comme si j'avais un jour fait partie de la chorégraphie sociale acceptée, avec du harcèlement à l'école, des épisodes dépressifs et des burn out à répétition... J'aime ce côté de fleurir dans les marges. Pour le moment, j'ai tous les aspects de ma vie qui sont contrôlés, j'ai droit à d'autres substances dont je ne me prive pas. J'avoue que je ne serais pas en vie sans l'
héroïne. J'aurais pas tenu ma dépression. C'est avec un espèce de rire jaunâtre que j'admets que la
substitution me paraît plus prometteuse therapeutiquement que les antidépresseurs et les anxiolitiques qu'on me donne pour dormir en cas de crise comme pour ramener un chien à sa niche.
Je ne comprends moi même pas ce rejet de mes proches, malgré le traumatisme, car ma mère elle même me dit que ça m'a nourri et que mon art est meilleur depuis. Là j'abuse, c'est contre productif. Mais je me souviens le cœur chaud de mes meilleures soirées à jouer du piano avec juste une pointe d'
hero, je n'avais jamais progressé aussi vite. L'avantage, c'est que ça va me permettre de retrouver plus vite une indépendance financière, rembourser mes dettes et me faire des économies pour pouvoir regagner une vraie autonomie que je n'ai pas à mendier. J'ai déjà des projets, et je prévois de consommer. Je vais demander une petite dose. J'ai juste besoin d'un garde fou, d'une protection, parce que 200e à 300e par mois, c'est ce que ça finissait par me coûter et je ne peux pas me le permettre. Réduire ce chiffre à 75/100e ça paraît déjà beaucoup plus faisable et viable. J'ai aussi besoin de thérapie, et on m' impose d'être clean. Contrôle social et hygiéniste toujours, j'aimerais tellement qu'on ait de meilleures solutions.
Pour le moment je n'ai pas d'autre choix que de jouer le jeu et en espérer le meilleur ; des finances redressés (ma mère regarde pour le moment mes comptes, le but serait qu'elle arrête quand je lui aurai remboursé mes dettes et montré patte blanche en mettant de côté, je ne le mens pas. J'ai accumulé 5800e de dettes par ci par la (je dois rembourser mes économies même si c'est la caf qui a merde, giga seum, +un proche avant que la caf vienne) et après je veux qu'on me foute la paix.
En vérité t'as dit un truc que je pense depuis le début : je le vois pas consommer. Je sais que ça va paraître comme un putain de cliché, mais j'ai toujours intrinsèquement sub que j'allais taper dans des trucs parce que j'ai toujours su que c'était une option. Je me vois pas arrêter définitivement.
Certes je l'ai déjà dit j'ai besoin d'aide pour moduler, mais j'ai du mal à comprendre pourquoi à côté on ne me dit rien pour mes dix clopes par jour, on me suggère de boire ou on tolère/me suggère le
cannabis. Qu'à côté ce serait OK si je tapais dans de la
coke et que le
speed ou la
md c'est OK aussi. Je déteste que les clichés me foutent en bas de la hiérarchie des consommateurs, où même des alcooliques cocainomanes se permettent de m'insulter de "sale junkie" dans mon dos comme si on était pas tous dans le même bateau. Je déteste le fait que je vais devoir changer de psy parce que pour elle la
substitution c'est toujours me droguer, ou les psys de ville qui disent qu'ils vont me prendre que si je montre une attestation de suivi. Comme si c'était forcément quelque chose à éradiquer totalement, finalement merci pour ton commentaire parce que je comprends mieux pourquoi je suis partagée dans cette situation. C'est comme si quelque part j'étais obligé de gommer une partie de mon identité parce qu'elle est jugée non conforme. Par les mêmes proches qui me disent que le fait que je sois normale ou pas ça veut rien dire parce que le normal n'existe pas. A priori si un peu quand même. Je suis contente des avantages c'est sûr; mais se référer à un médecin pour le jugement, les analyses, les jugements que j'entends sur les vieilles connaissances "perdues" parce qu'elles n'ont pas choisi la sobriété totale alors qu'elles manquent juste d'aide, le tout la clope au bec et l'alcoolisme non suivi revendiqué et nourri, bha j'avoue que ça me fou le seum. J'entends mes propres parents me dire qu'ils se sont jamais fait autant chier que totalement sobres et de l'autre on attend de moi cette chose précise parce que c'est pas acceptable. Désolé de la plainte, j'espère retrouver une indépendance qui me permettra de gérer totalement également notamment en terme de conso même avec un filet parce que c'est rassurant et ça va m'éviter de pomper tout mon argent, mais déjà quand t'es psy et quand plus tu consommes, plus mon qttente d'aides à cause d'un couac, j'ai l'impression que c'est en permanence toute ma vie qui est documentée, millimétrée, passée au peigne fin. J'ai lu "les gens qui n'ont pas eu ton intelligence", mais perso je peux comprendre ce refus quand on sait tout ce que ça implique. Franchement je pense que l'aah ça va être régime sec:tout rembourser, tout mettre de côté, et espérer retrouver ma liberté d'exister, parce que j'ai l'impression que c'est demander la lune alors que je devrais juste pouvoir respirer.