Ça faisait seulement quelques jours que l'on était arrivés à Mocéron, une petite ville agricole à la frontière de l’Andalousie. Le couple d'amis avec lequel j'étais descendu occupait une petite chambre situé à l'entrée de la ville. Ils y restaient cloîtrés là pendant des heures à l'abri des piqûres d'insectes
et des trop fortes chaleurs de l’après-midi.
Ce jour-là j'avais décider de profitais de ce moment de creux pour aller faire quelques courses en ville. je devais encore m'équiper en matos pour assurer la récolte qui venais. La chaleur était suffocante et les rues désertes donnaient à voir un paysage aride et désaffecté de toutes activités industrielles suffisamment importantes pour ne pas cracher sur l'affluence des junkies venus d’Europe claquer leurs sous dans les rares commerce de la ville encore ouvert.
C'est en arrivant à l'angle de la boutique du bazar que je les est aperçu,
Un petit couple en sortait hilare dans un vacarme incohérent et désordonné troublant l'apparente morbidité du village. Visiblement ils avaient l'air complètement satisfaits de leurs trouvailles :
deux magnifiques chapeaux de paysan extra large qui leur donnaient un air comique et décalé et qui m'invitait simplement à les suivre dans leurs improbable déambulations.
On c'est tout de suite reconnues.
On échange une banane puis quelques informations sur la récolte. C'est une bonne année, à priori, il y a beaucoup de
pavot dans le coin.
Le bonhomme est suédois, grand, avec une voix de personnage de cartoon américain complètement débile et s’exprime avec de grand geste théâtrale. Ça petite amie elle, est petite et douce, brune assez poilue avec de jolies lèvres et un regard d'enfant sauvage qui en a vu beaucoup. Son accent chantant est terrible, et son sourire me donne la chaire de poule en un éclaire. Ils m'invitent tout deux à les suivre.
J'apprends que c'est l'anniversaire du suédois, on rigole, on picole, passent d'un bar à l'autre, enchaînants bières et tapas en se racontant histoires et anecdotes des plus bizarres au plus poilantes. Au fur et à mesure des tournées générales la température se refroidi un peux.
Quelques heures avant la tombée de la nuit, profitant du rafraîchissait dans un éclaire de lucidité offert par l'
alcool je me dit que c'est le moment idéal pour aller bosser un peux dans le champ. On c'était donne rendez-vous à leur campement de l'autre coté de la ville à la tombée de la nuit pour finir de fêter ça en beauté.
Un peu bourré, j'entame quelques lignes de récolte, me gratte le nez et décide, voyant qu'il commençait à faire nuit à me mettre en route directement.
La soirée s'annoncé douce et joyeuse entres bonne gents de bonne compagnies mais je pouvais m’empêcher de frisonner de peur ou de plaisir face à l'inconnue que ma nouvel vie de vagabond du rien me laisser apercevoir.
Les chemins agricoles qu'ils m'ont indiqués se mélangeait dans ma tête pour donner aux champs qui s'étendent à pertes de vue, l'image mentale d'un grand labyrinthe désertique.
Entre châteaux d'eau désaffecté, cabanons en ruines, silo à grain tagué et des milliard de cailloux sur lequel le soleil venais rendre ses derniers rayons..
À ce moment la je titube, je suis complètement raide,
les herbes mortes qui craquent sous mes pieds, et mes yeux qui lute contre la somnolence se perdent dans l’hypnotique respiration géométriques qu'offre les épines des quelques chardons cramés qui bordent le chemins.
L’atmosphère semble de plus en plus s'affaisser jusqu'à peser milles tonnes au dessus de ma tête, rendant le paysage presque huileux ou minuscule, ondulant à chacune des respirations.
Je sais que je me perds de plus en plus dans ce dédale de champs et de chemins.
Mon t-shirt colle de sueur et l'
opium et les épines des chardons me grattent.
Je m'entends penser comme les fourmis que je balaie titubant sur mes chaussures éclatées. Le soleil couchant accentue la sensation de vertige qui m'accompagne. Le sol, lui, se perd à des km des mes yeux qui ne voient plus qu'en noir et jaune comme une abeille dégueulasse.
Une légère brise me caresse la crasse depuis le haut du crane à mes mains gonflées par la coagulation du sang. Elles ont du mal à se refermer totalement et je me met à racler avec les premières plaies de mes doigts la résine de
pavot qui est rester collé.
J'en fais des petites boulettes et les glissent sous mes ongles. L'
opium est tout son loisir m'offrira une diffusion longue et progressive dans l'organisme jusqu'à ce soir tard dans la nuit.
Je me remémore les paroles de mon très chaleureux ami Carlos, un grand punk portugais d'une quarantaine d'années, au sourire aussi grand que le cœur, et avec de grandes lunettes noires posées sur le nez. Ayant toujours vécu une vie à son image, bohème, grandiose et libre, malgré la mort, malgré l’héroïne, jusqu'à son arrêt net un jour de juillet.
Non, il n'y a rien qui soit un système plus idéal que celui-ci, la vie à la belle étoile, à même le sol sous les pins. Vivant d'un peu de récup' et partageant naturellement avec le premier étranger venu.Travaillant pour soi-même, cultivant les fruits de la terre que les industriels ne peuvent asservir. Et quels fruits... les fleurs du diable en personne, vous enivrant de leur suave mélodie au point de vous faire aimer le goût de la
poussière et contempler les astres comme si vous étiez un des leurs.
Chacune des vagues de
morphine, le coup cassé et la gorge sèche, étant comme des coups de reins qu'aimerait donner, fiévreuse, la déesse des putes asservie.
L'air s'emplissant de sonorités perses et de parfums d'ailleurs,
je sentais sur la boussole de mon cœur devenu brûlant comme une aiguille m'indiquant que j'étais au bon endroit là ou j'allais.
La nuit était tombée, les abords du chemins en spirales dessinaient à la lumière de la lune, les motifs du théâtre des ombres du petit peuple que dessinaient sur les pierres du chemin.
Ça faisait bien une heure que je me perdais, arpentant des kilomètres de pistes et ne tombant que sur quelques campements en pleine préparation du repas. Italiens, Espagnols, Français : des discutions, des murmures se dévoilé sous chaque pont, dans chaque petit renfoncement, que ce soit entre les camping-cars, et les camions des cris, des râles et des éclats de joie ponctuaient par écho la longue
lamentation silencieuse de la nuit.
Je demanda au passage aux uns et aux autres le lieu probable du campement de mes amis, mais apparemment ici personne ne semblais vouloir comprendre de qui je pouvais bien parler.
Une belle punkette du haut de son regard perché sur les marches de son vieux coucou me proposa, voyant la gueule de l’aiguille et la gueule de la botte, de rester avec eux boire et manger comme je l'entendais.
Je la remercia chaleureusement et décida de reprendre ma route.
C'était un de mon anniversaire ce soir et je serais des leurs.
Au bout d'un certain temps je finis par tomber au détour d'un chemin sur un tout petit campement silencieux et désert.
Trois camions formaient une sorte de demi carré abrités juste sous un pont en béton pâle. La lumière spectral et silencieuse de la lune se réverbérait sur les pare-brises et les taules presque blanches dessinaient des ombres grotesque et inquiétante à mesure que j'avancer sans bruit. Je prenant bien soin d'écraser chacun de mes pas, me laissant complètement submerger par l'ombre
que former l'abri.
Il ne semblait y avoir aucun mouvement, ni grognement. J'était rassuré, aucun chien ne me sauterai à la gorge dans ce campement désert.
Une très légère raie de lumière très blanche semblait laisser apparaître l'encadrement d'une porte entre-ouverte, flottant là à quelques mètre au dessus du sole.
Il en émanait un son trop étouffé pour discerné quoi que ce soit, mais ça ressemblant à quelques choses comme des chuchotements ou des sanglots.
J'entrepris de grimper le marche pied du camion jusqu'à pouvoir y toquer .
La lumière qui apparu apparu soudain était glaciale et aveuglante.
Une fois les yeux réouvert je vis un long et maigre jeune homme vêtu en noir.
Visiblement venu m'ouvrir, il se rassit bruyamment sur la banquette près de la table centrale. Me tournant le dos, la silhouette d'une jeune femme apeurée s'y trouvait accoudée. Elle se frottait anxieusement les mains comme si elle était habité par des toques. Je ne la reconnu pas tout de suite.
- qu'est ce qu'il se passe ? je demande un peu hébété par le choc de cette lumière très blanche,
ils continuèrent à chuchoter sans m'accorder la moindre attention.
La jeune femme tourna son visage tuméfié et humide vers moi avec la grimace que forme les douleurs les plus viscérales.
Un long silence s'ensuivie, puis elle me répondis que rien, que je ne devais pas m'inquiéter. Elle envoie une phrase en italien au type assis en face qui semble en avoir complètement rien à foutre, complètement stone et dépassé par les événements, Et me saisit le bras pour m'entrainaient en dehors de ce camion glacial. Je comprends qu'il se passe quelque chose à ce moment là. Elle est complètement paniquée, apeurée, sous le choc.
Je me rapproche d'elle, du haut de ma haute carcasse en essayant d'être
rassurant. De la manière la plus calme possible j'entreprend d'essayer de lui demande de m’expliquer ce qu'il se passe.
– Psychopharma ! Elle répète ce mot sans cesse entre deux amas de sanglots français, espagnols et italiens.
Je ne comprends pas. Elle commence alors à m’expliquer que c'est son mec qui lui a fait ça, puis en continuant machinalement à se gratter, me montre les marques, bleu et rouge, sur son corps en pleurs.
On prend la décision d'aller récup' ses affaires à son campement. J'imagine que je vais devoir affronter un type d'une trentaine d'années, de deux mètres, complètement maboule. Je cherche discrètement mon couteau dans le fond de ma poche.
Je vois déjà la scène où je vais arriver chez lui avec sa meuf pour lui expliquer... lui expliquer quoi d'ailleurs ? j'en ai aucune idée, qu'est ce qu'on peut bien avoir à dire à un mec qui vient de tabasser sa femme sans raison.
En discutant un peu avec elle le long des chemins devenant de plus en plus menaçants, elle m'explique qu'ils avaient fait des courses après m'avoir quitté et qu'au coucher du soleil, ne trouvant pas le bidon de vin fraîchement acquis avec les sous de sa copine, le mec s'était déchaîné contre elle.
– on était là... on s'embrassait.. tout était bien, on s'embrassait, y avait le coucher du soleil, tu voulais le vin mais je sais pas où il est le vin ! je l'avais posé là...elle dit ça entre deux sanglots..
– mais tu le connais depuis longtemps... voulant la faire parler en essayant de me préparer mentalement à ce qui allait suivre.
– oui mais il a reçu les sous de sa pension... depuis le début c'est moi qui paye tout... ah... tu voulais du vin, et bien oui allons acheter du vin...tu voulais ci, tu voulais ça, bah allez paye
paye..
Je sers le couteau dans ma main, c'est un couteau avec une lame assez longue, le bout suffisamment perçant si ça devait mal tourner. Elle est complètement surexcitée. En me guidant à travers les champs de nuit elle m'explique qu'il est psychotique ou quelque chose comme ça. Je la fais parler et j'apprends qu'elle a eu un cancer du sein, qu'elle attendait un ami et que le bonhomme attendait une pension depuis un mois. C'était elle qui le prenait en charge jusqu'ici. Le gars l'aurait alors utilisé jusque là pour ensuite la tabasser en lui prenant ses affaires et faire sa petite récolte tranquillement.
Ça n'avait aucun sens.
Les sentiers semblaient de plus en plus escarpés, et la lune brillait à maintenant des années lumières, loin aux dessus de nos têtes.
Tous les deux en stress, on croise soudain une large et longue silhouette qui s’avance vers nous en silence. Automatiquement, comme si l'on venait de rentrer dans une dimension qui ne tolérait qu'un seul langage, nous nous sommes mis à parler dans un espagnol presque parfait. Je nous observais maintenant, elle, l'italienne, et moi, le français, avoir une discussion dans une langue qui m'était
totalement étrangère comme si tout cela était bien le contraire. Mon homologue me fit part de sa surprise de voir arriver quelqu'un au bout du chemin, et tout en le dépassant tout naturellement je déclamais d'un ton tout à fait éloquent :
– es solo una persona que viene
Nous croisâmes le mystérieux individu et le saluâmes poliment, son visage semblait être fait de milliers de bouts de visages différents, entremêlés de quelques coutures faites d'un mélange de dents et de matière noir.
Le couteau toujours bien serré dans ma mains droite, l'italienne me serra le bras.
A peine dépassé, la jeune italienne se met à bondir devant moi en mimant des hurlement.
– c'est luiiiiiiii !!!! regarde c'est lui, je le reconnais !!
Son visage était terrifié, elle se contorsionna dans tous les sens en le montrant du doigt. Je n'arrive pourtant pas à la considérer gravement ; à la lumière de la lune je cherche à distinguer le bonhomme pour savoir si c’était bien lui, mais il ne me semblait toujours pas le reconnaître... soudain comme s'il sentait nos regards dans son dos, il laissa apparaître l'énorme bâton avec lequel il attendait sa femme.
Il devait faire presque sa taille, il fit un mouvement avec jusqu'au sol et le replaçât le long de son corps comme un avertissement.
Nous restions là, glacés, le regardant entamer un détour du chemin emprunté quelques minutes avant. Nos pas, boostés par l’adrénaline, se firent plus rapide et plus intenses jusqu'au campement. La nuit était maintenant fraîche et la lune éclairait la plaine avec une intensité démentielle.
L'odeur de l’herbe humide et fraîche emplissait mes narines par grande bouffée. Je m'assura qu'elle avait bien avec elle l'ensemble de toutes ses affaires. La vision de mon amie se débâtant là, quelques heures avant, contre le bâton d'un fou furieux me laissait perplexe quand à la sensation de calme et de vacuité que respirait l'air ambiant, silencieux, calme, perdu, loin de tout,
sous l’apparente douceur des choses.
Nous allions emprunter à nouveau les mêmes chemins que lui et risquions encore de le croiser L'angoisse baragouiner des histoires de meurtre et de bruit du sang sous la lune comme les cris d'un oiseau moqueurs.
Nous ne le recroisions pas. Et en arrivant à Mocéron, l'italienne m’indiquât un peu joyeuse qu'elle voulais encore boire de la bière. On prit quelques bouteilles puis on s'installa dans le parc à jeux sur la place du village. On but, on rie beaucoup, l'air était à nouveau doux, et le temps redevenait une huile fluide et silencieuse. La lumière des réverbères semblait faire couler des tâches d'encre jaunes sur les façades, on bues encore et on re bues, fatigués de la journée.
Sous le regard amicale des étoiles, on prit tard dans la nuit la longue route jusqu'à la sortit de la ville, jusqu'à mon campement au bord de la petite voie rapide, sous le pin parasol qui embrassait le ciel.
Il faisait frais hors des duvets, alors on colla nos corps pour se réchauffer.
PS : textes écrit il y as quelques années...