Catégorie : No comment - 07 mars 2024 à 10:56
#anxiété #benzodiazépine #bromazepam #chien #crise
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thuthur59 a écrit
Salut Orpha,
Je suis vraiment désolé d'entendre ce qui t'est arrivé. Il est tout à fait compréhensible que tu te sentes choquée et bouleversée.
Dans une situation comme celle-ci, où tu as été confrontée à une réaction hostile, il est important de prioriser ta sécurité et ton bien-être.
Si devrais envisager de faire un rapport à la direction du magasin mais aussi de contacter une organisation qui défend les droits des personnes handicapées. (Je ne sais pas si c'est ton cas) Explique ce qui s'est passé, en fournissant des détails et en mettant en avant tes justificatifs pour prouver que ton chien est un chien d'assistance.
Il y a vraiment des gens horribles sur terre...et il recommencera tant qu'il ne sera pas inquiété...Tu n'es surement pas la première ni la dernière à qui il s'est permis de faire cela.
Pensées positives pour toi !
Coucou, merci beaucoup pour ce message.
J'ai une reconnaissance auprès de la MDPH pour stress post traumatique sévère et gros troubles anxieux en effet et c'est en ce sens là que je pourrai effectivement contacter des associations mais j'ai un peu peur des conséquences j'avoue...
Je me dis que personne ne prendra au sérieux ma parole face à ce responsable de magasin...
Merci encore en tout cas.
Kalei a écrit
Salut .
Vraiment désolé également d’apprendre ce qui t’es arrivé .
Perso je n’aurais pas mieux fait que toi. Dans une situation où tu craques tu n’as pas le temps pour t’engueuler avec un bouffon.
La priorité est de se mettre à l’abris pour se calmer . Du coup malgré les envies de remettre le gars à sa place je pense que j’aurais fait comme toi: le laisser me sortir du magasin pour reprendre mon calme si possible à l’extérieur.
Maintenant, une fois ceci fait, comme dit plus haut ça vaudrait le coup de contacter une association de défense des usagers ou qqchose comme ça pour signaler le magasin et son responsable .
Par contre ça peut prendre du temps et de l’énergie que tu n’as peut être pas ??
En tout cas chapeau de pas t’être emportée. Avec un chien ca peut vite mal tourné surtout si la personne en face capte pas et prend peur du chien.
J’espère que ça ne t’arrivera plus même si c’est un vœux pieux dans cet environnement de monde qui peine à faire preuve d’empathie….
Salut, en fait j'étais totalement incapable de m'emporter, j'étais totalement paralysée par ma crise de panique et surtout quand il s'est permis de m'attrapper par le bras, j'ai vraiment perçu ça comme un acte de violence et ayant déjà un énorme passif à ce niveau, ça m'a fait plonger dans un état d'anxiété tellement fort...
Même si il n'en avait pas le droit au vu de la reconnaissance de mon chien en tant que chien d'assistance, il aurait aussi pu me dire simplement de sortir, sans en venir à un geste physique en me traînant ainsi dans tout le magasin...
J'étais comme dans un état second, totalement spectatrice comme de l'extérieur de ce qui été en train de se passer. Comme si mon cerveau avait beuguer à ce moment précis.
En tout cas, comme dit précédemment j'ai pas mal peur des conséquences mais je vais essayer de faire des démarches pour signaler cette attitude...
A défaut de le faire pour moi, je me dis que ça pourra peut-être éviter que d'autres personnes subissent ses accès de colère...
Plus ça va, plus je trouve notre monde effrayant...
Merci infiniment pour ton message.
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Cette bienveillance dans vos messages, me touche et étant très seule et isolée, je n'en ai pas vraiment au quotidien ! Alors Merci vraiment !
Orpha ♡
Salut Orpha
Ca m'a vraiment touché de lire ton message. Ca m'a rappelé un souvenir un peu similaire que j'ai vécu quand j'allais très mal. Un souvenir marquant pour moi. Et un souvenir en entraîne un autre, et... comme souvent sur le fofo, je vais parler de moi, et faire un pavé. Pardonne-moi pour ça, j'ai souvent du mal à m'exprimer autrement. J'espère que ça fera un peu écho à ce que tu as écrit, et que ça t'apportera un peu de soutien. Comme dit Plotch, honte à eux !
J'ai hésité avant de poster ça. C'est trop long, mais j'ai envie de parler de moi en ce moment. Si tu trouves que c'est trop perso pour figurer sur ton blog, si tu te sens envahi par tout mon blabla, si tu as l'impression que je squatte ton "chez-toi ", n'hésite pas à me le dire, je ne le prendrais pas mal, et on l'enlèvera pour que je le mette sur le mien. Je le mets ici parce que c'est ton message qui m'a inspiré ça.
J'étais vraiment plus bas que terre à l'époque. Depuis plusieurs années, mes symptômes se déchaînaient, une angoisse existentielle totale se répandait à l'intérieur de moi, comme un feu dévastateur. J'avais tout plaqué, lycée, avenir, parents, maison, confort, certitudes, identité... Je ne voulais pas de l'avenir en toc que d'autres avaient choisi pour moi. Mais je n'étais pas capable d'imaginer quoi que ce soit d'autre. Je doutais de tout, j'étais totalement perdu. Même la femme que j'aimais de tout mon coeur, je voyais combien elle tenait à moi, mais je voyais aussi son impuissance à m'aider. Je n'étais pas seul comme tu l'es, mais c'était terrible de voir que ça ne m'aidait pas, alors qu'elle faisait tout ce qu'il fallait pour être le plus solide soutien qui soit ! Je me sentais désespéré que personne ne puisse m'aider. Dans mon esprit, c'était vraiment un champ de ruine, la désolation absolue.
Ce jour-là, j'étais assis sur les escaliers devant chez mon psy. Il me faisait plein de séances dans la journée, gratis en plus, parce j'avais pas un rond, et pas de sécu à mon nom. Un mec formidable, un traître à l'ordre médical, au contrôle social, et au biopouvoir. Entre les séances, je sortais fumer sur les escaliers au pied de l'immeuble, dans la cour intérieure où il avait son cabinet. Et ce jour-là, je pleurais en silence, toutes les larmes de mon corps. Sentir toute cette aide autour de moi, et être incapable de m'en saisir, ça me faisait énormément culpabiliser, je me sentais vraiment la dernière des merdes. Je ne savais plus quoi faire... Et je pleurais, je pleurais...
Dans l'immeuble de mon psy, il y avait d'autres médecins que je ne connaissais pas. Et donc, leurs patients passaient à côté de moi qui étais en piteux état. J'étais si mal, je ne faisais même pas attention à eux. Personne n'osait m'adresser ne serait-ce qu'un regard, de toute façon. Comme un mendiant, on évitait de me regarder.
Et je ne sais pas, ils ont dû en parler à leur médecin, leur dire qu'il y avait un gars qui chialait sur les escaliers devant la porte. Je pense pas que ça se voyait que j'étais à balle de Tranxène, puisque personne ne me parlait. Je pense que c'était mes larmes le problème. Au bout d'un moment, il y a un docteur qui est sorti, et qui s'est adressé à moi d'un air sévère. Il n'a pas vociféré ni menacé comme dans ton histoire. Il m'a juste dit ces quelques mots, fermement, le ton dur, et en fronçant les sourcils :
"Monsieur, s'il vous plait, partez !".
J'ai essayé de bredouiller quelque chose pour dire que j'attendais ma prochaine séance chez le psy.
Il a semblé réfléchir le temps d'une courte pause, et il a ajouté, toujours aussi sec :
"Allez ailleurs, quelque part où on ne vous voit pas".
C'était formulé poliment, mais c'était sans appel. Ca m'a sidéré. Je n'ai rien trouvé à répondre (c'était avant que je devienne verbeux comme maintenant^^). Le docteur savait pourtant qu'il y avait un psy dans le bâtiment. Mais ça ne lui semblait pas possible d'accepter que quelqu'un pleure au pied de son cabinet. J'ai mis du temps à admettre que ça faisait tache, et que la tache, c'était moi. Ca me paraissait tellement gros, tellement inhumain, que je n'arrivais pas à y croire, à admettre cette évidence. Ma souffrance dérangeait, elle était angoissante pour les autres. De la part d'un médecin, comment était-ce possible ? Pendant des mois et des mois, ça m'a travaillé, et j'en parlais avec mon psy.
Il ne m'arrivait que des histoires du même genre. Un jour, j'ai fait une crise d'angoisse en allant chez le psy, et j'ai demandé à une dame qui passait par là si elle voulait bien m'accompagner jusqu'à son cabinet au bout de la rue. Elle paraissait paniquée de ma demande, alors j'ai cru la rassurer en lui disant que c'était juste une crise d'angoisse et que je n’étais pas dangereux du tout. Elle est partie en courant haha Aujourd'hui ça me fait marrer de repenser à la scène, mais à l'époque, je peux te dire que ça ne m'a pas donné envie de rire du tout. T'imagines l'effet que ça fait ? Faut croire que je faisais vraiment peur à voir et à entendre...
Quand j'allais en HP pour rechercher un milieu protégé, c'était pire. Je voyais des personnes encore plus vulnérables que moi, qui étaient maltraitées et incomprises par les soignants. L'histoire de t'attraper brutalement par le poignet comme tu racontes, j'ai déjà vu des soignants faire ça, déclencher des crises de panique, et sangler les personnes sur leur lit ensuite, pour gérer la crise qu'ils avaient eux-mêmes provoquée. Et quand j'arrivais à faire mieux qu'eux, juste en parlant à la personne et en m'intéressant à elle, ils me punissaient, et me renvoyaient à mon illégitimité. Je ne comprenais plus rien au monde dans lequel je vivais. Je me demandais si c'était moi qui étais fou, ou s’il n’y avait pas, quand même, quelque chose qui déconne profondément dans le rapport social en général, et dans le soin de la souffrance psychique en particulier.
On me disait "d'accepter la réalité", de ne pas chercher à la fuir dans la drogue et la marginalité, on moquait ma sensibilité, on me demandait de m'adapter au monde et de l'accepter tel qu'il était, et même, d'en demander ma part, de vouloir y participer. Et moi, je ne pouvais pas. Et je sentais qu'au fond de moi je n’en avais pas envie. Tout en moi s'y opposait avec force, malgré moi. J'aurai bien voulu en avoir envie, mais je n'arrivais vraiment pas. Et je me sentais coupable de tout ça. Pourtant, c'est pas forcément un signe de bonne santé mentale d'être heureux de s'intégrer et de s'épanouir dans un monde malade.
J'arrivais plus à nouer des liens avec les autres. Tout me semblait faux, hypocrite, creux. Je ne me sentais le bienvenu nulle part, sauf en teuf. Mais je me disais que quand même, c'est moi qui avais des symptômes graves, c'est moi qui étais fragile, c'est moi qui gobais une demi-boite de Tranxène par jour, c'est moi qui demandais de l'aide, donc je me disais que je ne pouvais pas avoir raison, que c'était juste moi qui étais anormal, et j'avais honte. Je me gavais de Benzo pour supporter, mais ça n'était jamais suffisant pour combler le vide en moi. Il y a une période, je n'osais plus sortir de chez moi, même pour aller jusqu'à chez mon psy. Je me sentais vraiment Pesteux.
Un jour, après une TS, aux urgences, ils m'ont hospitalisé sous contrainte, et ils m'ont arrêté toutes mes Benzos du jour au lendemain, de force. Le psychiatre des urgences a dit à mon père "c'est un manipulateur, il faut le court-circuiter" et mon père a signé l'hospi sous contrainte. Je sais toujours pas ce que je manipulais, mais bon... Je crois surtout que le médecin des urgences psy, ben ça lui faisait peur de me voir revenir aussi souvent, qu'il se sentait impuissant, alors il s'est offert un petit peu de sérénité psychique en me bouclant quelques semaines.
Je prenais vraiment beaucoup de Benzo, ça a été une torture d'arrêter sec, j'ai vécu l'enfer (j'ai appris plus tard avec ASUD que j'aurai pu en mourir). Après ça, j'ai repris les Benzos aussi sec, mais je n'ai plus jamais osé appeler les urgences après une TS. J'ai fini par trouver une infirmière, une amie de ma mère, qui acceptait de me recoudre et de me donner les soins pour pas que ça s'infecte, etc. Elle faisait ça chez elle, totalement hors cadre, sans en parler à mes parents ni à qui que ce soit. Elle avait un putain de cran, elle prenait de gros risques en faisant ça. Tu te rends compte ? Il fallait me faire recoudre "en cachette", pour ne pas subir la violence des institutions. Ca m'a super aidé ce qu'elle a fait, je lui serai éternellement reconnaissant.
Ca m'a protégé de l'angoisse que je faisais naître chez un peu tout le monde. Ca a calmé le jeu avec mes parents, qu'ils ne soient pas au courant de mes TS (qui étaient devenus des automutilations). Je n'habitais plus chez eux, garder le secret m'a aidé à maintenir un lien avec eux quand même, en faisant semblant d'aller pas si mal. Ca m'a fait gagner du temps pour sortir de la spirale infernale dans laquelle j'étais enfermé. Je trouve ça dingue d'avoir dû me cacher comme ça, c'était quand même moi le plus fragile dans cette histoire, merde !
Et aujourd'hui, je sais que je ne suis pas fou de trouver ça dingue. J'ai appris chèrement combien nos souffrances psychiques et nos consommations à risque angoissaient les gens, et à quel point les portes du monde peuvent se refermer sur ta gueule au moment où tu as le plus besoin d'aide.
Je ne peux pas te dire ce que je ferais à ta place. Mais moi, ce que j'ai fait, c'est que j'ai continué de me laisser travailler par les questions que ça me posait sur mon rapport aux autres, et sur le rapport social en général. Et j'ai continué de travailler là-dessus avec mon psy, même après, même quand ça allait beaucoup mieux.
D'ailleurs, je le vois toujours mon psy. C'est un vieil homme aujourd'hui, mais il ne prendra jamais sa retraite, il continuera jusqu'à la mort, il l'a dit. Et moi je vais le suivre jusqu'au bout, parce que quand tu trouves quelqu'un comme ça, tu ne le lâches plus
Aujourd'hui, ça me travaille encore, et de près ou de loin, toutes mes discussions avec mon psy tournent autour de ça. Autour du rapport à l'autre, autour du lien social, autour de la dimension psychique, autour de l'imaginaire et des représentations dans lesquels ont enferme les autres, mais aussi nous même, autour de ce qui nous emprisonne, autour des violences symboliques, celles qu'on subit, mais aussi celles qu'on perpétue, sans le vouloir, comme une malédiction.
Et ce que je fais sur PA, c'est dans la même veine. Je parle de ça tout le temps, parce que je pense que c'est important, que j'ai des choses à dire là-dessus, et qu'elles collent bien aux valeurs de PsychoACTIF il me semble. Et c'est une des raisons qui m'ont fait choisir ce pseudo. Il y a aussi mon enfance traumatique. Je me suis toujours senti un peu Pesteux.
Pour moi, la rdr ne peut pas s'arrêter à la dimension purement technique et médicale. Evidemment que cette dimension est précieuse et incontournable, mais sur PA, je trouve quelque chose en plus. Une recherche d'empathie, avec une dimension sociale et politique. La construction d'un savoir que nous avons sur notre condition, qui s'élabore progressivement, qui tente de se faire entendre, et qui cherche à se mettre en oeuvre. Les mécanismes de la stigmatisation, des violences symboliques, et de leur intériorisation, c'est quelque chose d'abstrait, mais qui a des effets tout ce qu'il y a de plus réel sur nos vies !
Aujourd'hui tu as la tête dans le guidon, tu ne vois pas forcément le savoir que tu as déjà, ni celui que tu es en train d'accumuler, tu sens surtout la souffrance. Sois sûre qu'il y a quelque chose à prendre dans ce que tu vis. Un savoir précieux. Quelque chose apprendre pour te reconstruire. Petit à petit, tu vas arriver à savoir t'y prendre avec tes symptômes, avec ce "quelque chose à prendre". A l'échelle d'une vie, c'est amusant à regarder : ce qui était au départ un rapport au monde tourmenté et encombrant, ça devient une force par la suite. C'est un peu de l'alchimie, de transformer en or ce qui nous plombait avant.
Dis-toi que dans la salle d'attente de mon psychiatre, j'ai souvent rencontré des psychologues qui venaient le consulter. Dans le lot, il y a une personne que je connais bien parce qu'on se voit toutes les semaines depuis plus de 25 ans. Elle a commencé de consulter pendant ses études de psy, à l'époque, elle me voyait chialer sur les escaliers. Au moins elle, elle me disait bonjour, et je ne lisais pas de mépris dans ses yeux, seulement de la gène, un malaise de voir la souffrance et de ne pas savoir comment y répondre. Mais je n'osais pas trop lui parler, il y avait tant de distance entre elle et moi. En plus, elle était belle femme, elle m'impressionnait.
Au fil des années, et de mes progrès, on a fait connaissance. Au départ, elle consultait parce qu'elle ne voyait pas du tout comment passer de ce qu'elle apprenait à l'université à une pratique sur le terrain, ce décalage entre la théorie et la pratique, ça la paniquait complètement. Elle disait, et elle n'est pas la seule psychologue à le dire, qu'on n'est pas du tout outillé pour travailler sur la souffrance psychique en sortant de la fac. Ensuite, elle a aussi été très encombrée par ses désaccords avec son équipe de travail.
Et ben, aujourd'hui, elle jalouse un peu mon savoir, et la façon dont je m'y prends avec les personnes qui angoisses/décompensent/délirent dans la salle d'attente. Et elle me demande mon avis quand elle n'arrive pas à suivre le séminaire de mon psy où certains textes compliqués. Nananère ! Elle, elle n'ose pas abandonner son taf et ses collègues violents qui ne respectent pas les patients (c'est elle qui le dit). Elle ne se sent pas de taille à ouvrir son cabinet. Au-delà de l'aspect financier, elle doute de son savoir, elle ne se sent pas légitime.
Je te dis ça pour faire écho à tes doutes sur ta légitimité dans un autre message. Tu vois, même elle, avec sa bonne intégration sociale, avec ses études, son diplôme, et bientôt 20 ans d'expérience, ben elle ne se sent pas légitime. Parce que ce qu'elle ressent, parce que son savoir, son experience, ben ça ne va pas dans le sens des représentations établies. Mais elle n'ose pas essayer des trucs pour construire sa propre pratique. Elle a tort bien sûr, elle a un savoir énorme à travers sa propre expérience. Mais comme tout le monde, elle ne le voit pas.
C'est carrément prétentieux de ma part de te raconter ça, mais oui, je suis content d'impressionner un peu cette femme-là, d'autant plus que c'est pas une psy qui n'y connaît rien, très loin de là.
J'ai envie de t'encourager à être sûre de ta légitimité, et à ne jamais douter de ton savoir. Tout ce que tu vis touche à des problèmes super profonds, en toi, et dans notre société toute entière. Ca n'est pas juste toi toute seule qui souffre, ça se passe à l'intersection entre l'infiniment toi et le monde social. Même si tu n'en as pas conscience, même si tu ne sais pas complètement les mobiliser pour le moment, tes expériences de vie impriment un savoir en toi. Un savoir précieux ! Dès que tu écris sur PA, dès que tu en parles à quelqu'un qui s'intéresse un peu à ce que tu racontes, tu mobilises ce savoir, tu le fais travailler, tu avances ! C'est un savoir qui se construit en essayant d'en parler. C'est jamais fixé une fois pour toutes.
Ne te laisse pas trop capturer par les images angoissantes que beaucoup de gens ont de toi. Ils n'y comprennent rien, ça ne les intéresse même pas, et ils ne font que réagir à leurs propres représentations toxiques. Toi, ils ne te voient pas, ils sont aveuglés par leur préjugés. Leur soleil est trop bas, voilà tout. Certes, tu pourrais les attaquer en justice ou autre, mais ça ne résoudra pas ton problème de faire face à toute une série de situations du même genre. Honte à eux ! Je crois qu'il faut surtout te protéger de leur violence.
A mon avis, tu as fait face à un responsable mort d'angoisse, hyper emmerdé par la situation, et qui s'est défoulé sur toi, sans le moindre scrupule, sans faire le moins du monde attention à toi. Il a juste réglé son problème à lui. Cachez-moi cette souffrance que je ne saurais voir ! Et surtout, ne dérangez pas les autres clients hein ! C'est dégueulasse, c'est dingue que ça soit les angoisses du mec qui priment sur les tiennes, mais c'est toujours comme ça. Lui, il est du bon côté du manche...
Si ça se reproduit trop fréquemment ce genre d'histoire, si ça t'empêche de faire tes courses, si tu fait souvent des crises d'angoisse paralysantes avec des tremblements comme ce que tu décris, tu peux payer une aide pour faire les courses pour toi, c'est sûrement finançable par la PCH. C'est quelque chose dont tu peux parler avec ton psychiatre et avec la MDPH.
Ca ne serait pas une défaite, c'est juste d'adapter à l'adversité, et avancer progressivement, à ton rythme, en commençant par sortir avec ton chien dans des situations plus faciles pour toi. Il vaut mieux y aller petit à petit pour te réadapter. Même si c'est moche, tu seras forcément de nouveau confronté à l'angoisse que tu suscites, il faut s'y préparer.
Des angoisses avec des tremblements comme ce que tu vis, la plupart des gens ne savent pas ce que c'est, et ne comprennent pas. Ca leur fait peur, et ils préfèrent se rassurer en se racontant que c'est "des caprices puérils". C'est hyper insultant et violent de te dire ça, mais ça les réconforte plutôt que d'admettre que ça existe vraiment, et qu'ils vont sortir une personne qui souffre de leur magasin, parce que c'est pas vendeur, que le chiffre d'affaire prime sur l'humanité, et surtout, parce que l'inconnu fait peur. C'est une lâcheté intellectuelle et morale qui est courante. A tes dépens... Honte à eux !
Je te conseille d'apprendre à en tenir compte, pour prendre le temps de te reconstruire à l'abri des violences du monde. Un peu comme j'ai fait en me faisant recoudre "en cachette".
De meilleurs jours viendront Orpha, et tout ce que tu vies aujourd'hui, tu pourras le transformer en force, en savoir sur lequel t'appuyer, en pouvoir d'agir pour aller vers de futures victoires. Et pour aller mieux, tout simplement. D'ailleurs, tu as déjà commencé !
Pardon pour toute cette longueur, j'espère que ça t'inspirera quelque chose quand même.
Amicalement.
Pesteux a écrit
Salut Orpha
Ca m'a vraiment touché de lire ton message. Ca m'a rappelé un souvenir un peu similaire que j'ai vécu quand j'allais très mal. Un souvenir marquant pour moi. Et un souvenir en entraîne un autre, et... comme souvent sur le fofo, je vais parler de moi, et faire un pavé. Pardonne-moi pour ça, j'ai souvent du mal à m'exprimer autrement. J'espère que ça fera un peu écho à ce que tu as écrit, et que ça t'apportera un peu de soutien. Comme dit Plotch, honte à eux !
J'ai hésité avant de poster ça. C'est trop long, mais j'ai envie de parler de moi en ce moment. Si tu trouves que c'est trop perso pour figurer sur ton blog, si tu te sens envahi par tout mon blabla, si tu as l'impression que je squatte ton "chez-toi ", n'hésite pas à me le dire, je ne le prendrais pas mal, et on l'enlèvera pour que je le mette sur le mien. Je le mets ici parce que c'est ton message qui m'a inspiré ça.
J'étais vraiment plus bas que terre à l'époque. Depuis plusieurs années, mes symptômes se déchaînaient, une angoisse existentielle totale se répandait à l'intérieur de moi, comme un feu dévastateur. J'avais tout plaqué, lycée, avenir, parents, maison, confort, certitudes, identité... Je ne voulais pas de l'avenir en toc que d'autres avaient choisi pour moi. Mais je n'étais pas capable d'imaginer quoi que ce soit d'autre. Je doutais de tout, j'étais totalement perdu. Même la femme que j'aimais de tout mon coeur, je voyais combien elle tenait à moi, mais je voyais aussi son impuissance à m'aider. Je n'étais pas seul comme tu l'es, mais c'était terrible de voir que ça ne m'aidait pas, alors qu'elle faisait tout ce qu'il fallait pour être le plus solide soutien qui soit ! Je me sentais désespéré que personne ne puisse m'aider. Dans mon esprit, c'était vraiment un champ de ruine, la désolation absolue.
Ce jour-là, j'étais assis sur les escaliers devant chez mon psy. Il me faisait plein de séances dans la journée, gratis en plus, parce j'avais pas un rond, et pas de sécu à mon nom. Un mec formidable, un traître à l'ordre médical, au contrôle social, et au biopouvoir. Entre les séances, je sortais fumer sur les escaliers au pied de l'immeuble, dans la cour intérieure où il avait son cabinet. Et ce jour-là, je pleurais en silence, toutes les larmes de mon corps. Sentir toute cette aide autour de moi, et être incapable de m'en saisir, ça me faisait énormément culpabiliser, je me sentais vraiment la dernière des merdes. Je ne savais plus quoi faire... Et je pleurais, je pleurais...
Dans l'immeuble de mon psy, il y avait d'autres médecins que je ne connaissais pas. Et donc, leurs patients passaient à côté de moi qui étais en piteux état. J'étais si mal, je ne faisais même pas attention à eux. Personne n'osait m'adresser ne serait-ce qu'un regard, de toute façon. Comme un mendiant, on évitait de me regarder.
Et je ne sais pas, ils ont dû en parler à leur médecin, leur dire qu'il y avait un gars qui chialait sur les escaliers devant la porte. Je pense pas que ça se voyait que j'étais à balle de Tranxène, puisque personne ne me parlait. Je pense que c'était mes larmes le problème. Au bout d'un moment, il y a un docteur qui est sorti, et qui s'est adressé à moi d'un air sévère. Il n'a pas vociféré ni menacé comme dans ton histoire. Il m'a juste dit ces quelques mots, fermement, le ton dur, et en fronçant les sourcils :
"Monsieur, s'il vous plait, partez !".
J'ai essayé de bredouiller quelque chose pour dire que j'attendais ma prochaine séance chez le psy.
Il a semblé réfléchir le temps d'une courte pause, et il a ajouté, toujours aussi sec :
"Allez ailleurs, quelque part où on ne vous voit pas".
C'était formulé poliment, mais c'était sans appel. Ca m'a sidéré. Je n'ai rien trouvé à répondre (c'était avant que je devienne verbeux comme maintenant^^). Le docteur savait pourtant qu'il y avait un psy dans le bâtiment. Mais ça ne lui semblait pas possible d'accepter que quelqu'un pleure au pied de son cabinet. J'ai mis du temps à admettre que ça faisait tache, et que la tache, c'était moi. Ca me paraissait tellement gros, tellement inhumain, que je n'arrivais pas à y croire, à admettre cette évidence. Ma souffrance dérangeait, elle était angoissante pour les autres. De la part d'un médecin, comment était-ce possible ? Pendant des mois et des mois, ça m'a travaillé, et j'en parlais avec mon psy.
Il ne m'arrivait que des histoires du même genre. Un jour, j'ai fait une crise d'angoisse en allant chez le psy, et j'ai demandé à une dame qui passait par là si elle voulait bien m'accompagner jusqu'à son cabinet au bout de la rue. Elle paraissait paniquée de ma demande, alors j'ai cru la rassurer en lui disant que c'était juste une crise d'angoisse et que je n’étais pas dangereux du tout. Elle est partie en courant haha Aujourd'hui ça me fait marrer de repenser à la scène, mais à l'époque, je peux te dire que ça ne m'a pas donné envie de rire du tout. T'imagines l'effet que ça fait ? Faut croire que je faisais vraiment peur à voir et à entendre...
Quand j'allais en HP pour rechercher un milieu protégé, c'était pire. Je voyais des personnes encore plus vulnérables que moi, qui étaient maltraitées et incomprises par les soignants. L'histoire de t'attraper brutalement par le poignet comme tu racontes, j'ai déjà vu des soignants faire ça, déclencher des crises de panique, et sangler les personnes sur leur lit ensuite, pour gérer la crise qu'ils avaient eux-mêmes provoquée. Et quand j'arrivais à faire mieux qu'eux, juste en parlant à la personne et en m'intéressant à elle, ils me punissaient, et me renvoyaient à mon illégitimité. Je ne comprenais plus rien au monde dans lequel je vivais. Je me demandais si c'était moi qui étais fou, ou s’il n’y avait pas, quand même, quelque chose qui déconne profondément dans le rapport social en général, et dans le soin de la souffrance psychique en particulier.
On me disait "d'accepter la réalité", de ne pas chercher à la fuir dans la drogue et la marginalité, on moquait ma sensibilité, on me demandait de m'adapter au monde et de l'accepter tel qu'il était, et même, d'en demander ma part, de vouloir y participer. Et moi, je ne pouvais pas. Et je sentais qu'au fond de moi je n’en avais pas envie. Tout en moi s'y opposait avec force, malgré moi. J'aurai bien voulu en avoir envie, mais je n'arrivais vraiment pas. Et je me sentais coupable de tout ça. Pourtant, c'est pas forcément un signe de bonne santé mentale d'être heureux de s'intégrer et de s'épanouir dans un monde malade.
J'arrivais plus à nouer des liens avec les autres. Tout me semblait faux, hypocrite, creux. Je ne me sentais le bienvenu nulle part, sauf en teuf. Mais je me disais que quand même, c'est moi qui avais des symptômes graves, c'est moi qui étais fragile, c'est moi qui gobais une demi-boite de Tranxène par jour, c'est moi qui demandais de l'aide, donc je me disais que je ne pouvais pas avoir raison, que c'était juste moi qui étais anormal, et j'avais honte. Je me gavais de Benzo pour supporter, mais ça n'était jamais suffisant pour combler le vide en moi. Il y a une période, je n'osais plus sortir de chez moi, même pour aller jusqu'à chez mon psy. Je me sentais vraiment Pesteux.
Un jour, après une TS, aux urgences, ils m'ont hospitalisé sous contrainte, et ils m'ont arrêté toutes mes Benzos du jour au lendemain, de force. Le psychiatre des urgences a dit à mon père "c'est un manipulateur, il faut le court-circuiter" et mon père a signé l'hospi sous contrainte. Je sais toujours pas ce que je manipulais, mais bon... Je crois surtout que le médecin des urgences psy, ben ça lui faisait peur de me voir revenir aussi souvent, qu'il se sentait impuissant, alors il s'est offert un petit peu de sérénité psychique en me bouclant quelques semaines.
Je prenais vraiment beaucoup de Benzo, ça a été une torture d'arrêter sec, j'ai vécu l'enfer (j'ai appris plus tard avec ASUD que j'aurai pu en mourir). Après ça, j'ai repris les Benzos aussi sec, mais je n'ai plus jamais osé appeler les urgences après une TS. J'ai fini par trouver une infirmière, une amie de ma mère, qui acceptait de me recoudre et de me donner les soins pour pas que ça s'infecte, etc. Elle faisait ça chez elle, totalement hors cadre, sans en parler à mes parents ni à qui que ce soit. Elle avait un putain de cran, elle prenait de gros risques en faisant ça. Tu te rends compte ? Il fallait me faire recoudre "en cachette", pour ne pas subir la violence des institutions. Ca m'a super aidé ce qu'elle a fait, je lui serai éternellement reconnaissant.
Ca m'a protégé de l'angoisse que je faisais naître chez un peu tout le monde. Ca a calmé le jeu avec mes parents, qu'ils ne soient pas au courant de mes TS (qui étaient devenus des automutilations). Je n'habitais plus chez eux, garder le secret m'a aidé à maintenir un lien avec eux quand même, en faisant semblant d'aller pas si mal. Ca m'a fait gagner du temps pour sortir de la spirale infernale dans laquelle j'étais enfermé. Je trouve ça dingue d'avoir dû me cacher comme ça, c'était quand même moi le plus fragile dans cette histoire, merde !
Et aujourd'hui, je sais que je ne suis pas fou de trouver ça dingue. J'ai appris chèrement combien nos souffrances psychiques et nos consommations à risque angoissaient les gens, et à quel point les portes du monde peuvent se refermer sur ta gueule au moment où tu as le plus besoin d'aide.
Je ne peux pas te dire ce que je ferais à ta place. Mais moi, ce que j'ai fait, c'est que j'ai continué de me laisser travailler par les questions que ça me posait sur mon rapport aux autres, et sur le rapport social en général. Et j'ai continué de travailler là-dessus avec mon psy, même après, même quand ça allait beaucoup mieux.
D'ailleurs, je le vois toujours mon psy. C'est un vieil homme aujourd'hui, mais il ne prendra jamais sa retraite, il continuera jusqu'à la mort, il l'a dit. Et moi je vais le suivre jusqu'au bout, parce que quand tu trouves quelqu'un comme ça, tu ne le lâches plus
Aujourd'hui, ça me travaille encore, et de près ou de loin, toutes mes discussions avec mon psy tournent autour de ça. Autour du rapport à l'autre, autour du lien social, autour de la dimension psychique, autour de l'imaginaire et des représentations dans lesquels ont enferme les autres, mais aussi nous même, autour de ce qui nous emprisonne, autour des violences symboliques, celles qu'on subit, mais aussi celles qu'on perpétue, sans le vouloir, comme une malédiction.
Et ce que je fais sur PA, c'est dans la même veine. Je parle de ça tout le temps, parce que je pense que c'est important, que j'ai des choses à dire là-dessus, et qu'elles collent bien aux valeurs de PsychoACTIF il me semble. Et c'est une des raisons qui m'ont fait choisir ce pseudo. Il y a aussi mon enfance traumatique. Je me suis toujours senti un peu Pesteux.
Pour moi, la rdr ne peut pas s'arrêter à la dimension purement technique et médicale. Evidemment que cette dimension est précieuse et incontournable, mais sur PA, je trouve quelque chose en plus. Une recherche d'empathie, avec une dimension sociale et politique. La construction d'un savoir que nous avons sur notre condition, qui s'élabore progressivement, qui tente de se faire entendre, et qui cherche à se mettre en oeuvre. Les mécanismes de la stigmatisation, des violences symboliques, et de leur intériorisation, c'est quelque chose d'abstrait, mais qui a des effets tout ce qu'il y a de plus réel sur nos vies !
Aujourd'hui tu as la tête dans le guidon, tu ne vois pas forcément le savoir que tu as déjà, ni celui que tu es en train d'accumuler, tu sens surtout la souffrance. Sois sûre qu'il y a quelque chose à prendre dans ce que tu vis. Un savoir précieux. Quelque chose apprendre pour te reconstruire. Petit à petit, tu vas arriver à savoir t'y prendre avec tes symptômes, avec ce "quelque chose à prendre". A l'échelle d'une vie, c'est amusant à regarder : ce qui était au départ un rapport au monde tourmenté et encombrant, ça devient une force par la suite. C'est un peu de l'alchimie, de transformer en or ce qui nous plombait avant.
Dis-toi que dans la salle d'attente de mon psychiatre, j'ai souvent rencontré des psychologues qui venaient le consulter. Dans le lot, il y a une personne que je connais bien parce qu'on se voit toutes les semaines depuis plus de 25 ans. Elle a commencé de consulter pendant ses études de psy, à l'époque, elle me voyait chialer sur les escaliers. Au moins elle, elle me disait bonjour, et je ne lisais pas de mépris dans ses yeux, seulement de la gène, un malaise de voir la souffrance et de ne pas savoir comment y répondre. Mais je n'osais pas trop lui parler, il y avait tant de distance entre elle et moi. En plus, elle était belle femme, elle m'impressionnait.
Au fil des années, et de mes progrès, on a fait connaissance. Au départ, elle consultait parce qu'elle ne voyait pas du tout comment passer de ce qu'elle apprenait à l'université à une pratique sur le terrain, ce décalage entre la théorie et la pratique, ça la paniquait complètement. Elle disait, et elle n'est pas la seule psychologue à le dire, qu'on n'est pas du tout outillé pour travailler sur la souffrance psychique en sortant de la fac. Ensuite, elle a aussi été très encombrée par ses désaccords avec son équipe de travail.
Et ben, aujourd'hui, elle jalouse un peu mon savoir, et la façon dont je m'y prends avec les personnes qui angoisses/décompensent/délirent dans la salle d'attente. Et elle me demande mon avis quand elle n'arrive pas à suivre le séminaire de mon psy où certains textes compliqués. Nananère ! Elle, elle n'ose pas abandonner son taf et ses collègues violents qui ne respectent pas les patients (c'est elle qui le dit). Elle ne se sent pas de taille à ouvrir son cabinet. Au-delà de l'aspect financier, elle doute de son savoir, elle ne se sent pas légitime.
Je te dis ça pour faire écho à tes doutes sur ta légitimité dans un autre message. Tu vois, même elle, avec sa bonne intégration sociale, avec ses études, son diplôme, et bientôt 20 ans d'expérience, ben elle ne se sent pas légitime. Parce que ce qu'elle ressent, parce que son savoir, son experience, ben ça ne va pas dans le sens des représentations établies. Mais elle n'ose pas essayer des trucs pour construire sa propre pratique. Elle a tort bien sûr, elle a un savoir énorme à travers sa propre expérience. Mais comme tout le monde, elle ne le voit pas.
C'est carrément prétentieux de ma part de te raconter ça, mais oui, je suis content d'impressionner un peu cette femme-là, d'autant plus que c'est pas une psy qui n'y connaît rien, très loin de là.
J'ai envie de t'encourager à être sûre de ta légitimité, et à ne jamais douter de ton savoir. Tout ce que tu vis touche à des problèmes super profonds, en toi, et dans notre société toute entière. Ca n'est pas juste toi toute seule qui souffre, ça se passe à l'intersection entre l'infiniment toi et le monde social. Même si tu n'en as pas conscience, même si tu ne sais pas complètement les mobiliser pour le moment, tes expériences de vie impriment un savoir en toi. Un savoir précieux ! Dès que tu écris sur PA, dès que tu en parles à quelqu'un qui s'intéresse un peu à ce que tu racontes, tu mobilises ce savoir, tu le fais travailler, tu avances ! C'est un savoir qui se construit en essayant d'en parler. C'est jamais fixé une fois pour toutes.
Ne te laisse pas trop capturer par les images angoissantes que beaucoup de gens ont de toi. Ils n'y comprennent rien, ça ne les intéresse même pas, et ils ne font que réagir à leurs propres représentations toxiques. Toi, ils ne te voient pas, ils sont aveuglés par leur préjugés. Leur soleil est trop bas, voilà tout. Certes, tu pourrais les attaquer en justice ou autre, mais ça ne résoudra pas ton problème de faire face à toute une série de situations du même genre. Honte à eux ! Je crois qu'il faut surtout te protéger de leur violence.
A mon avis, tu as fait face à un responsable mort d'angoisse, hyper emmerdé par la situation, et qui s'est défoulé sur toi, sans le moindre scrupule, sans faire le moins du monde attention à toi. Il a juste réglé son problème à lui. Cachez-moi cette souffrance que je ne saurais voir ! Et surtout, ne dérangez pas les autres clients hein ! C'est dégueulasse, c'est dingue que ça soit les angoisses du mec qui priment sur les tiennes, mais c'est toujours comme ça. Lui, il est du bon côté du manche...
Si ça se reproduit trop fréquemment ce genre d'histoire, si ça t'empêche de faire tes courses, si tu fait souvent des crises d'angoisse paralysantes avec des tremblements comme ce que tu décris, tu peux payer une aide pour faire les courses pour toi, c'est sûrement finançable par la PCH. C'est quelque chose dont tu peux parler avec ton psychiatre et avec la MDPH.
Ca ne serait pas une défaite, c'est juste d'adapter à l'adversité, et avancer progressivement, à ton rythme, en commençant par sortir avec ton chien dans des situations plus faciles pour toi. Il vaut mieux y aller petit à petit pour te réadapter. Même si c'est moche, tu seras forcément de nouveau confronté à l'angoisse que tu suscites, il faut s'y préparer.
Des angoisses avec des tremblements comme ce que tu vis, la plupart des gens ne savent pas ce que c'est, et ne comprennent pas. Ca leur fait peur, et ils préfèrent se rassurer en se racontant que c'est "des caprices puérils". C'est hyper insultant et violent de te dire ça, mais ça les réconforte plutôt que d'admettre que ça existe vraiment, et qu'ils vont sortir une personne qui souffre de leur magasin, parce que c'est pas vendeur, que le chiffre d'affaire prime sur l'humanité, et surtout, parce que l'inconnu fait peur. C'est une lâcheté intellectuelle et morale qui est courante. A tes dépens... Honte à eux !
Je te conseille d'apprendre à en tenir compte, pour prendre le temps de te reconstruire à l'abri des violences du monde. Un peu comme j'ai fait en me faisant recoudre "en cachette".
De meilleurs jours viendront Orpha, et tout ce que tu vies aujourd'hui, tu pourras le transformer en force, en savoir sur lequel t'appuyer, en pouvoir d'agir pour aller vers de futures victoires. Et pour aller mieux, tout simplement. D'ailleurs, tu as déjà commencé !
Pardon pour toute cette longueur, j'espère que ça t'inspirera quelque chose quand même.
Amicalement.
Coucou
Pour commencer je te remercie de tout cœur pour ton message que j'ai attentivement lu plusieurs fois et qui est très loin de me déranger, AU CONTRAIRE ! Tes partages d'expériences sont précieux, d'ailleurs tout les partages le sont à mon sens.
Ça me touche d'ailleurs que tu ai pu prendre le temps de m'écrire tout ça. Merci !
Je suis contente que mon message ai pu t'inspirer d'écrire à ton tour un souvenir que tu as eu car c'est tout à fait le but des échanges humains je crois, les échanges, les partages et la bienveillance (Qui a dit que c'est illusoire dans notre monde ...)
Je suis à la fois choquée et très émue par ton expérience avec un "médecin" , ce qui me choque profondément c'est évidemment sa réaction, mon Dieu cette violence ! Mais je suis aussi très émue dans le sens de la compassion extrême, par le manque d'humanité des personnes que tu as croisé à ce moment là -Excuse-moi si le terme ne te paraît pas adapté mais pour moi, je ne trouve pas ça très humain de passer devant quelqu'un en souffrance, sans même un regard, sans même un mot, sans même demander si la personne a besoin d'aide ?- ce qui m'a beaucoup émue c'est que je me suis beaucoup reconnue dans cette situation, l'impression d'être de trop et que ma souffrance dérange en effet. L'impression de faire tâche dans un monde où les taches, on les caches...
Et encore ! Étant une femme c'est particulier parce que, soit les gens ignorent totalement (avec de bons regards méprisants en prime), soit ça arrive que ce soit des hommes qui viennent mais avec des intentions tout sauf saines...
Je crois que notre monde est partagé en deux catégories, ceux qui rejete la souffrance car elle fait peur et ceux qui en profitent car c'est plus facile de profiter d'une personne fragile et vulnérable...
Y a t-il une troisième catégorie dans la vraie vie ?
Bref je m'égare pardon !
Je comprends totalement ton sentiment à ne pouvoir être aider par personne malgré la bonne volonté des personnes présentes dans ces moments là.
Je ne l'ai pas vraiment vécue ainsi car j'ai personnellement été le problème qu'on a rejeter sans se poser de questions, mais je crois que je peux comprendre ce sentiment.
En même temps, est-ce que des personnes peuvent réellement nous aider dans des étapes aussi profondes de souffrances ?
Je ne sais pas...
Pour ma part je n'ai pas de relations familiales et aucune relation amicale. La raison ? Je fais tâche pour ma "famille" et mes dits "ami(e)s" m'ont vite laissée tomber quand j'ai commencer a dégringoler...
D'autant que j'ai une extrêmement grave affaire judiciaire en cours et donc mes "proches" ont été interrogés et certains mis en cause pour ne pas m'avoir aider dans certaines abominables périodes donc, plutôt que de se remettre en cause, ils ont couper les ponts.
Victime et coupable à la fois.
Victime du monde et coupable d'exister.
Tu n'es pas le seul à me dire que les personnes hostiles ne font que répercuter leurs propres angoisses sur moi mais j'ai toujours du mal à le réaliser sur le moment. Les situations sont tellement "sans appels" que je finis indéniablement par culpabiliser et parfois même m'excuser....
J'ai toujours refuser les hospit en HP justement car j'ai eu bons nombres de mauvais échos. On m'a proposer de m'envoyer vers des centres spécialisés dans le stress post traumatique mais je n'ai pas relever cette proposition pour l'instant.
Je ne supporterai pas de "perdre mes repères" seule dans un lieu inconnu, avec des personnes inconnus autour de moi. Mon pire cauchemar...
D'autant que j'ai une peur panique des hommes d'une manière générale, donc ça n'aide pas une éventuelle prise en charge.
En tout cas je suis désolée des expériences que tu as eu aux urgences et en HP...
Sincèrement désolée !
J'ai aussi fait plusieurs TS mais j'ai toujours réussi à éviter le passage en HP (heureusement ?)
Puis étant seule, personne ne pouvait s'inquiéter de toutes façons de ce que j'allais bien pouvoir devenir.
Une fois j'ai vécue une scène où j'ai vraiment pris conscience que ma vie n'avait aucune importance pour personne...
Je n'en ai jamais parlé mais comme tu t'es livré, je vais le faire aussi...
Un soir vers 3h du matin j'ai pris beaucoup de médicaments, je me suis réveillée par terre dans mon salon... seule évidemment.
15h plus tard... dans un état totalement second et malade comme jamais...
Ce jour là, j'ai pris conscience que ma vie ne valait rien pour personne. Pas un message, pas un appel, pas une personne inquiète. RIEN.
Juste un psychiatre le sait, un Saint homme qui m'a beaucoup aidé et m'a toujours fait confiance pour accepter mon refus d'hospit.
Il me voyait en visio tout les 3 jours dans les phases les plus critiques et il a pris de gros risques aussi car d'un point de vue médical, c'était un peu Light mais c'est à ce jour le seul en qui j'ai vraiment confiance même si je ne le voit jamais en présentiel et si il est en retraite.
L'infirmière qui t'a aider est vraiment une femme en or j'en suis convaincue. Heureusement que tu as croisé sa route.
Je comprends ce que tu m'explique par rapport à la psychologue que tu as rencontré et je pense que c'est vrai, personne n'est vraiment préparé à affronter la souffrance des autres... Je crois qu'il faut vraiment vivre la souffrance pour la comprendre.
En tout cas je ne peux que comprendre ce sentiment de ne pas être légitime, je n'arrive toujours pas à me sentir moi-même légitime. Même pas légitime de vivre c'est pour dire !
J'ai le sentiment que toute ma vie est un échec, ma propre personne également. Au final tout le monde s'en fou alors bon... Pourquoi se battre pour rien ?
Il n'y a étrangement que ici sur PA que je trouve de la bienveillance et surtout pas de jugements...
Sinon les jours défilent avec beaucoup de benzos, des opiacés et mes questions sans réponses.
A mon tour, je te demande pardon si ma réponse est trop longue et surtout très en désordre. Désolée aussi si j'ai oublier des éléments de réponses.
Merci encore vraiment.
Ton message a un gros impact pour moi. Que tu ai pris le temps de me répondre ça me touche beaucoup. Merci.
Orpha