Herbert le drogué Saint Esprit (chapitre 1) 

C'est l'histoire de Herbert le pauvre qui un jour comme tous ses frères fini par mourir et alors il monte au royaume de Dieu.

"Je l'ai toujours su, c'était comme ça sous mon nez mais je n'osais y croire. C'est donc celà  la mort, le même monde que la vie, juste que la matière a disparu et que nous voilà  dans le royaume des nuages (enfin en fait c'est le royaume de Dieu et de jésus Christ, c'est écrit sur l'écriteau)."

Il retrouva son vieux pote Hanz, avec qui, pendant son existence vivante, a fumé au moins 30 kilos de haschisch, assit à  la terrasse d'un bistrot. Il s'assoit en face de lui.

"franchement, j'imaginais pas qu'il y aurait des bistrots au Paradis !
_ C'est comme ça, c'est la vie.. et la mort, répond en souriant son vieux pote.
_ Ouais mais de là  à  apprécier autant le moment, l'instant présent, mate un peu ce soleil qui tape, ce marbre, tout est parfait, non pas parfait, tout est mieux !
_ Qu'est-ce que tu crois, on rigole pas ici et quand faut se mettre au boulot ça peut même être vachement crevant
_ Quoi ?! Tu veux dire qu'il faudra encore se taper l'usine, putain me dit pas qu'il faut encore se lever le matin !!
_ Et si malheureusement, c'est la communauté qui décide et il semble que se lever le matin soit un aspect de la vie fort apprécié même après
_ Putain les cons il faudrait les foutre en enfer ceux-là  !
_ Dis pas ça, sans ces braves morts il y aurait pas de bistrot ici !!
Un moine s'approche de la table marbré de vert, capuche sur la tête, avec un calepin format A5 plaqué or.
_ Qu'est-ce que vous prenez messeigneurs ? dit le moine
_ La vache, la seigneurerie rien que ça ?! J'pensais pas être aussi bon ! s'exclamait Herbert
_ Tous le monde a ce titre, rétorqua Hanz, Jésus Christ a dit que tous le monde serait à  son niveau comme il l'était quand il était vivant
_ Ah bon?! Jésus Christ était vivant, j'en savais rien, ça doit faire un baille non ?
_ Oui .. et non, ça n'a plus d'importance maintenant qu'on est là 
_ Messieur ! Si vous croyez que j'ai que ça à  faire, vous n'êtes pas tout seul, s'énnerve le moine
_ Un sirop à  la cerise glacée, avec une paille, s'inclinait Hanz
_ Pour moi un café, sortait joyeusement de la bouche de Herbert
Le moine fronça les sourcils et adressa un regard soucieux à  Herbert :
_ Pas de drogue, monseigneur
_ Comment ça pas de drogue ? le café c'est sacré, on t'a pas appris ça ?
_ Désolé monseigneur, c'est comme ça, les drogues n'entrent pas en ligne de compte dans l'inventaire vital mortuaire
_ Même le café, attendez il y a un grave problème là  !! Une mort sans café, ça ne peut pas être une mort !
_ Je regrette, si lorsque vous étiez en vie, vous pouviez effectivement vous infligez des réactions biochimique, ici dans la mort il n'y a aucune réaction biochimique, ce genre de chose ne peut pas marcher

Le moine finit par lui donner un décaféiné, Herbert analyse la sensation de toucher de la boisson, le goût, et conclu que l'on était assez conscient dans la mort pour y ressentir l'effet d'une drogue. Il déposa une requête officielle à  Jésus Christ afin que les drogues puissent rentrer en compte dans la mort.
Jésus Christ s'énerve et lui rappelle à  son serment de dieu, herbert signale qu'on ne lui a jamais appris mais que Dieu lui a parlé à  travers les drogues qu'il a consommé dans sa vie et que même si grand nombre de ces drogues n'ont rien à  faire dans la mort, un verre de pinard, de pastis, une cigarette, un joint, et ce que réclame Herbert plus que tout, le droit de faire pousser de la coca et du pavot.
Pour ces trois derniers points Jésus Christ lui signale que c'est possible mais qu'il ne tolèrerait jamais que ces plantes fassent partie du paradis, et qu'il n'était pas le premier drogué à  venir au paradis.. que ceux-ci en général étaient heureux de ne plus être en manque de substance, et que le manque d'amour ne les tracassait plus, et qu'il ne ferait pas une exception.
Herbert semble différent des autres morts et commence à  comprendre qu'il ne se fera jamais à  ce paradis et entame d'oeuvrer pour que le néant domine la mort au nom de Dieu.

Vexé, Herbert rejoint Hanz à  la table marbrée de vert.
_ Alors convaincu ?
_ Ce sourd d'oreille a l'habitude de ce genre de chose, j'ai cru qu'il allait me crucifier
_ Tu devrais te détendre et apprécier simplement d'être là , fais comme tout le monde, tourne une page !
_ Pas question
_ Tu sais, ici j'ai besoin de rien, pourquoi tu t'obstines ?
_ C'est juste une question de principe
_ Les principes tu sais, c'est comme les bonnes femmes, va prendre un cours d'ascension avec Marie, tu te sentiras.. régénéré.
_ Elle est sexy ?
_ Mieux que ça, divine
_ Tu exagères !
Herbert commanda un Perrier au moine à  distance, les mains jointes, et il ajoute :
_ Comment veux-tu que je prenne du gallon, j'ai toutes ces choses collées à  mon âme, pourquoi accepter maintenant ce que j'ai rejeté tout au cours de l'existence ?
"Ecoute, je me sens vraiment différent, j'ai l'impression que j'ai une mission à  remplir, ça peut te paraÎtre décevant mais les choses sont très curieuse ici, c'est trop réel tout ça.
On nous sert de la Vittel et Dieu sait qu'elle a le même goût que la vrai et en même temps je ne sens pas de contrainte particulière à  m'opposer comme au bon vieux temps, à  semer la pagaille. Tout ça c'est vrai, ça nous faisait passer le temps mais là  je vois pas trop le temps, alors quelle importance d'avancer vers moins de sens. Regarde tous ces illuminés qui font la file d'attente vers le grand portail .."
Devant la file incessante des nouvelles âmes, se dressait un long escalier et au sommet l'ange Kabbale contrôle si les convictions de chaque âme est assez pure pour qu'elle puisse franchir le grand portail et monter le rang suivant au royaume céleste.
Les yeux de Hanz paraissait attirer pour une première fois son attention :
_ C'est ça que j'essai de t'expliquer, si tu vas au portail maintenant, tu risques de te prendre un savon sévère. Laisse moi t'expliquer, tu n'es pas obligé de vouloir prendre une décision qui ne te donnera rien de ce que tu peux obtenir.
J'ai tenté de passer une centaine de fois à  ce portail, mais à  chaque fois je me retrouve ici à  cette table à  me demander ce qu'il peut bien y avoir en dessous.
Et au moment ou j'ai voulu descendre par le portail sombre, tu es arrivé. Je crois que c'est un signe de Dieu, à  deux nous pourrons réfléchir plus intelligemment."
_ Ce portail sombre n'était pas là  tout à  l'heure
_ C'est normal, je viens de t'en parler
Herbert fronça les sourcils puis finalement préféra vider de moitié le verre que le moine venait de lui apporter.

Les cloches de l'Eglise Notre-Dame sonnaient.
"C'est le moment de se mettre au boulot" chuchotait Hanz avec un sourire narquois"
Tandis que les nuages se dispersaient, des cris bien humains jaillissaient des cieux par le royaume d'en bas, comme si des milliers de vie hurlaient en même temps synchronisées, des cris alarmants hurlants la pitié, mais avec une impressionnante douceur.
"Il faut aller les chercher, c'est ça le boulot"
Hébété, Herbert contemplait la scène qui semblait être tiré d'un roman fantastique de toute pièce, élaboré avec une telle précision qu'elle semblait cette fois irréelle. Les âmes qui faisaient la file d'attente se dispersaient et plongeait dans le ciel illuminé sauf que cette fois la lumière venait d'en bas.
Les cris que Herbert entendait s'avéraient être des millions de mains suppliant qu'on les emmènent vers le haut, exactement là  où ils étaient.
_ Je me sens pas trop de descendre là  bas, c'est flippant quand même !
_ Je t'avais dit que ça rigole pas ici, mais je te rassure c'est pas compliqué
Hanz éclatait de rire, un rire qui le glaçait d'effroi.
_ Non je descend pas, un de plus ou un de moins !
Et tandis que Hanz avait déjà  plongé dans les abymes, Herbert se mis à  son devoir et allait tout de même chercher son âme suppliante, avec la même ardeur et la même impressionnante neutralité sur la circonstance que tous les autres. Sa main l'appelait, et ses cris l'horrifiait chaque fois qu'il s'en approchait un peu plus. Il pouvait maintenant y voir la terreur que subissait la main tendu, le temps pris une autre tournure progressive, ressentant chaque seconde comme si ils étaient liés, maintenant il était presque persuadé d'être la main, insoutenable supplice hurlant pour voir le jour comme pour la première fois. Il sentit presque son cœur s'arrêter et il voyait l'âme qui s'attendait à  entrer dans des ténèbres seul et désespérer, sans lumière, sans espoir, avec pour seul sentiment la déception d'une terrible existence ayant perdu tout son sens et qui grandissait, qui grandissait.. Maintenant Herbert se trouvait juste devant elle, terrorisé, il se surprit à  ne pas trembler, et il se surprit encore être capable de lui tendre sa main d'ectoplasme et de la refermer sur l'âme suppliante.
Tout allait mieux ensuite.


Fin premier épisode