" IF YOU WANT A LOVER
I'LL DO ANYTHING YOU ASK ME TO "
La dope a trouvé en moi un sacré "lover". Leonard Cohen parlait sûrement d'une nana dans sa chanson mais on peut facilement transposer le truc avec la
came. Je volerais pour toi, je me battrais pour toi, je ferais tout et n'importe quoi pour toi. Il avait le chic pour parler de la vie d'une façon qui me touche particulièrement. Bref.
Je suis tombé sur des vieilleries que j'avais écrites il y a un peu moins d'un an et je disais déjà des trucs du style "oula je devrais freiner mes consos en
IV parce-que j'ai tendance à faire n'importe quoi".
Résultat me voilà dans le présent avec le constat suivant : j'avais beau avoir conscience de la nécessité urgente d'arrêter, j'ai continué de creuser mon trou. Et des trous on peut dire que j'en ai creusé. J'ai les bras en compote, les veines éclatées, une cicatrice de dix centimètres à la jambe dont j'ai héritée après une énorme infection...
Donc quoi en fait ? Qu'est-ce qu'on fait de tout ça ? On s'agenouille et on pleure en espérant que ces saletés disparaissent et que tout aille pour le mieux demain matin ? Même si cette méthode fonctionnait je crois pas que c'est celle vers laquelle je me tournerais pour solutionner ces conneries. ALORS QUOI CONNARD ???
Alors je fais ce qu'jpeux merde oh !!! C'est la foutue torture en vérité. L'arrêt des stims est un enfer pas possible. L'arrêt des stims en
IV est un enfer dans l'enfer dans l'enfer. Une plongée dans les abysses de l'obscurité mentale. Je n'arrête pas de faire deux pas en avant trois pas en arrière un petit en avant un micro en arrière trois en avant quatre en arrière...
On avance on recule on avance on recule et on sait même plus où on en est. Y'a des semaines où j'ai l'impression de faire des supers progrès et de me détacher de ce schéma pulsion de conso-consommation-craving-dépression-craving-conso. Y'a des jours où le
craving n'existe bizarrement plus et où je me sens super bien et d'autres où le vide absolu règne et où la seule solution envisageable pour le combler est bien évidemment de consommer. En tout cas seule la consommation chasse la dépression totale.
Parce-que oui, là où avant voir des amis ou me bouger pouvait chasser les envies de conso, aujourd'hui il est extrêmement difficile de penser à autre chose et de se sentir vivant sans être sous emprise. Je relativise cependant : il y a bien des moments où les choses roulent sans accroc sans que j'ai consommé quoi que ce soit, mais ces moments sont plutôt rares comparés à ceux où je me sens moins que rien parce-que sobre.
La chose que je ne capte pas du tout, c'est le fonctionnement de ces envies ou pulsions de conso. Pourquoi y'a des semaines où j'arrive à passer huit jours sans shooter sans difficulté et d'autres où passer trois heures sans
IV est une épreuve où je sue sang et larmes ?? POUrqUOi POURQUOI ???
Je n'ai pas la réponse à cette foutue question, mais je devrais peut-être plus me préoccuper de comment arriver à rester dans une mentalité de guerrier non consommateur. Parce-que l'autre problème est la facilité avec laquelle je m'autorise des écarts qui bien souvent ruinent tous mes efforts et tous les bienfaits de la sobriété. Me droguer est devenu un acte totalement anodin et qui paraît absolument inoffensif. Contrairement à ce qu'on aurait pu imaginer, m'être tapé cinq ou six infections ultra douloureuses et pleines de désagréments ne m'a pas incité à être plus sobre et j'ai vite fait de foutre aux oubliettes mes bonnes résolutions quand l'occasion de consommer pointe son nez.
Et dieu sait qu'elle arrive vite cette occasion, je peux me procurer de la dope en deux temps trois mouvements quel que soit l'endroit où je me trouve, et même si mon compte en banque est vide j'arrive toujours à trouver un truc à refourguer pour un petit billet. DONC QUOI EN FAIT ???
Donc je rame je rame je raaaaaaame et c'est fatiguant. FAAAATIGUAAANT. La prochaine étape est un
sevrage du côté de Villejuif. Mais des
sevrages j'en ai fait, des hospitalisations j'en ai fait, et même si je garde la foi en cette méthode je peux pas m'empêcher de craindre une rechute rapide si je change pas en profondeur ma façon d'aborder les choses. La seule véritable solution je crois consiste en une rééducation mentale. Une refonte totale de mes habitudes.
Mais qu'est ce que c'est foutrement compliqué quand on aaaadooooore ça, parce-que j'adooooore la défonce, j'adoooore être raide, j'adooore être à balle, ça je suis sûr et certain que ça me plaît, peu importe ce qu'on peut en dire. C'est pas un hobby, c'est une passion. Les produits me passionnent tout simplement. Et une passion ça fait vibrer, ça fait se lever le matin etc. Mais je suis tombé sur une passion qui tue, parfois lentement parfois très vite, et ça c'est un peu problématique. Surtout que mourir pour ce qu'on aime ça peut être sexy, mais mourir à cause de la défonce c'est quand même putain de dommage.
Je finirai sur les mots magnifiques de Jason Pierce, chanteur de Spiritualized :
" All I want in Life is just a little bit of love to take the Pain away getting strong today A Giant Step Each Daaay "
QUI A AUSSI DIT A L'ÉPOQUE DES SPACEMEN 3 CES MOTS SACRÉS :
" TAKING DRUGS TO TAKE MUSIC TO TAKE DRUGS TO "
ou qui a porté des tee shirts avec de belles paroles du style " DRUGS NOT JOBS".
Un vrai prophète à prendre au mot donc. Pour moi Jason Pierce Lou Reed et Kurdt Cobain c'est un peu la sainte trinité. On peut pas y toucher, c'est les meilleurs, ceux qui ont produit les morceaux les plus magnifiques et les plus touchants. En tout cas ceux qui m'ont le plus touché de ma courte existence. Peut-être que je changerai de goûts un de ces jours, mais je crois pas que ce soit près d'arriver. Ils ont vraiment participé à façonner ma vision du monde et ça va être compliqué de bouger mes considérations sur "les choses". On peut pas dire que ce soit de grands optimistes ou des "bons vivants" pleins de bonheur et de joie de vivre, mais il s'avère que ce sont ces mecs-là qui m'ont touché et pas Elton John par exemple. Je n'ai rien contre les fans d'Elton John, je suis juste en train de parler de ce qui m'a touché et fait vibrer comme un enfoiré.
Pourquoi certaines choses nous plaisent et d'autres non ? J'en sais rien et franchement je m'en branle un peu, même si j'avoue que parfois je me demande pourquoi j'ai un gros penchant pour tout ce qui annihile et que je tends grossièrement et de façon presque grotesque vers l'autodestruction. Je vais naturellement vers l'autosabotage. Encore une fois mais pourquoi ??? Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour vouloir à ce point me niquer la vie ?? Très franchement j'en ai quasiment AUCUNE IDÉE et je sais encore moins COMMENT inverser ne serait-ce qu'un peu la balance pour aller vers des choses plus douces, confortables, agréables, qui me caresseraient la joue sans me foutre une patate dix secondes après.
Mais je suis quasi certain que je trouverai une solution à ces merdes, de toute façon j'ai que ça à faire, me soigner, alors autant le faire, c'est une grosse partie de ma "raison de vivre" :') etttt je suis quand même bien plus content qu'avant d'ouvrir les yeux le matin et de respirer. C'est paradoxal de se sentir mieux qu'il y a quelques années alors que physiquement c'est bien plus la cata et que la situation est bien plus préoccupante. Les paradoxes, c'est passionnant. C'est ce qui fait le sel de "tout ça là" non ??
J'excelle dans l'art de débiter tout un tas de choses sur moi moi moi, j'admets avoir un ego surdimensionné qui prend beaucoup de place, c'est peut-être pour ça que je le trouve gênant. Je crois que j'ai fini.