Lieu sinistre, immense et brûlant, bâtiment gris noirci par le temps. Sans fenêtre. Des gens aux discussions légères dans une lourde atmosphère. Odeur âpre chimique, boucan à vous en crever les tympans. La trotteuse déjà a de l’avance, d’aller pisser j’ai perdu ma chance, je fonce vers ma cage il le faut bien, parce que le temps c’est de l’argent… mais pas le mien.
La machine tourne, je dois accélérer.
Neuf-cent pièces en huit heures, cinq-mille fois le même mouvement. Cette cadence personne ne la tient, mais faudrait pas qu’on en fasse moins demain. Campée sur mes jambes, protections anti-bruit à mes frais, je demeure là, statique, comme si ma bouffe en dépendait. Formelle interdiction de s’asseoir, effrayés qu’ils sont d’un hypothétique retard.
Au début je prends sur moi, ça semble plutôt facile. Mais demain, dans deux semaines, dix, douze mois… Le dos noué, je ne pensais pas une nuque si fragile, je ne sens plus mes jambes, je souffre, tout mon corps est fébrile. Le vacarme de la bécane me tanne le crâne, pneumatique, les particules plastique la poitrine m’irritent, je crache mes tripes, mécanique.
La machine tourne, je dois accélérer.
A la longue le temps alanguit s’effiloche et s’étiole, je ne me sens plus dans la vie, putain, qu’est-ce que c’est que cette bestiole ? Plus rien n’existe que mon automate et son roulis, un hole de kétamine, oui, quelque chose de ressemblant. Je me perds, boucle spatio-temporelle infinie, ce trip est un bad, il n’a vraiment rien d’élégant. Serait-ce donc cela, que ressent un hamster dans sa roue ? Y penser je ne préfère pas, il doit devenir fou !
Par les seules ouvertures levant les yeux, j’aperçois un oiseau courir sur le ciel bleu. M’évader par cette lucarne, rejoindre cet heureux, chérir sa liberté : en cet instant mon vœu le plus pieux.
Trait de poudre, sniff rapide, discret. Mon joker, ma morphine, mon secret. Mes membres enfin se décrispent, quel soulagement ; en échange ce soir l’inquiétude, le flip : dépendance approchant. Mais combien de temps tiendrais-je, sans ?…
La machine tourne, je dois accélérer.
Les inserts qu’on clippe coupent, cassent la pulpe des mains, dont le jus parfois coule, je vois du vermillon sur mon voisin.
Ils sont tous là à deux pas de moi, dans leur propre cage, blaguant et souriant, serait-ce un mirage ?! Nous sommes aussi nombreux qu’une armée, assez pour renverser ce système dépravé. Pourtant trop peu osent se lever, on s’est laissé anesthésier. Faut dire que ce travail est une lobotomie, comment alors conserver de l’autonomie ? Comble de l’ironie, parlons écologie : moi qui voudrais préserver la vie, voilà que je la détruis avec énergie !
Par réchauffement au moins s’allongera l’été, mais jamais n’aurais-je cru un jour tant le détester. Debout, entre deux immenses presses d’un hangar métallisé, par moments en plein soleil, putain de toit vitré. Un aprèm’, ils ont enregistré cinquante degrés. Les uns les autres on s’est dévisagés, ce serait à qui tomberait le premier.
La machine tourne, je dois accélérer.
Sinon c’est sûr, je serais remplacée. Vulgaire outil bon à jeter quand usagé, sans un au revoir un merci, pas même après toute une année. On nous narre une société juste, où chacun a à y gagner. Loin du moyen-âge, des comtes, de l’esclavage. Mais des millions contre un millier, ce n’est pas ce que j’appelle du partage. La chaîne permet d’augmenter la productivité, cette sur-fabrication de biens dont le besoin, l’utilité, par des gens avides a de toutes pièces été créé. La publicité.
« C’est pas moi qui fixe les règles », récite seul celui asservissant ses semblables. Sourire faussement contrit et cigare aux commissures des lèvres, vrai scélérat qui jamais la vraie Justice n’affrontera. Oui, c’est tout ce qu’on est ! On est des roues des rouages, des objets loués et employés. Pour faire tourner LEUR business. LEUR bonheur. Leur vie. Leur… monde.
On est des oubliés.
Dire qu’à l’autre bout du globe un gamin vit deux fois plus lourd, au péril de sa vie car sans protections, tout ça pour moins d’un dollar par jour, lui c’est sur, est né en prison. Ce gamin, c’est la moitié de la population. Dont plus d’un milliard vit dans des villes bidons. En mon cœur quel choc de comprendre que dans mon propre malheur, je reste sur cette Terre un des plus heureux serviteurs. Comment font-ils, comment font-ils ? Comment sont-ils parvenus à adopter cette résignation, de vivre toute une vie de robot, de sujétion ? De mensonges on nous a bercés, et par reproduction sociale nous avons intégré notre place comme étant méritée, et leur domination légitimée. Manipulés. Mais ces réflexions, je dois les laisser…
La machine tourne, je dois accélérer.
Prendre une pièce. La poser sous le capteur. Ajouter des inserts. Presser le commutateur.
Prendre une pièce. La poser sous le capteur. Ajouter des inserts. Presser le commutateur.
Prendre une pièce. La poser sous le capteur. Ajouter des inserts. Presser le commutateur.
Prendre une pièce. La poser sous le capteur. Ajouter des inserts. Presser le commutateur.
Il est tard ça y est, le soir tant attendu, la délivrance. On va pouvoir rentrer chez nous, d’autant diront que c’est une chance ! Mais pas d’illusion pas d’espoir, non. Demain… tout recommence.
C’est à ce prix que vous autres vivez de sérénité. Ici certains s’y feront, d’autres seront aliénés.
A la fin, j’aimerais pouvoir crier que ma vie aura compté, que j’aurai été heureuse, épanouie et sans reproches. Que j’aurai rendu fiers mes proches. Que les nouveaux pourront considérer comme un cadeau le lègue de la génération passée. Voir si j’osais, que mon empreinte sur le monde l’aura un tant soi peu… amélioré ? Mais on n’est pas dans un monde de fées.
Pour que cette société tourne, il faut des sacrifiés.
Catégorie : Tranche de vie - 06 décembre 2020 à 16:26
1
Anonyme813 a écrit
Quand on est heureux d'aller au travail le besoin de consommer s'évapore
je te trouve bien optimiste
Mais, l'inverse est vrai aussi : je ne peux pas arrêter avec un taf de merde.
Cet automne dans les recoltes, je n'aurais pas pu tenir sans opiacés...Et encore j'avais le ciel au dessous de ma tête (même quand il pleuvait, mais bref).
Par contre ça m'arrive aussi de bosser très mal payé pour des trucs plus passionnants que remplir un pallocks de pommes, même si c'est plus facile et intéressant, c'est dur de complètement se passer d'opis pour moi. Et si ce n'est pas pour bosser c'est au moins pour décompresser après.
Mais à la chaine sans opiacés c'est surhumain...c'est pas pour rien qui qui dit Révolution Indutrielle dit opium et laudanum (ou, alcool ++), ça n'aurait pas pu être possible de bosser pour moi dans ces conditons atroces sans avoir un truc pour tenir.
Bref...encore du courage, c'est quand qui finit ton contrat ?
T'auras droit au chomage ?
Malaparte a écrit
Texte excellent et très inspiré, j'ai particulièrement apprécié le choix du titre aussi.
Ça m'a rappelé mon père, ouvrier depuis l'âge de 16 ans dans une sidérurgie et certaines de ces réflexions sur l'aliénation qui y découle.
Wouuuh merci pour ta réponse, en plus je voyais le thread enseveli avant d'avoir pu être un peu lu lol, jsuis happy ^_^
Force à ton père alors, j'espère qu'il a pu trouver d'autres choses plus intéressantes même à côté de son taff ><
Lolla a écrit
Si dur mais tellement vrai...
Merci pour ce témoignage qui nous rappelle combien certaines conditions de la vie humaine ont tellement besoin de stimulants et d'anesthésiants tant elles sont plus que difficiles à supporter.
Merci beaucoup pour ton retour :) En vrai la plupart des gens ne consomment pas autre chose que de la clope à ma connaissance dans celleux que j'ai croisés (par contre ça y va presque tout le monde fume, une jeune mère nouvellement arrivée a augmenté sa conso jusqu'à 300€/mois, presque le tiers du salaire>< Même moi non fumeuse, j'ai fini par m'y mettre et pour arrêter c'était limite). Certaines étaient même à faire des messes basses contre quelqu'un qui apparemment une fois aurait picolé un peu. C'est des gens je sais pas, je pense que par reproduction sociale ils doivent avoir intégré que c'était ça la vie et que ça leur allait... Je sais pas. Des gens qui ne se posent pas trop de questions sûrement. Mais moi je comprends pas du tout comment la plupart fait pour sourire blaguer et tout, moi avec les antideps je les suis pour faire bonne figure mais c'est une façade tu vois, pour certains d'entre eux j'arrive pas à dire si s'en est une ou pas.
Krakra a écrit
Tà consommation d’opiace à l’air d'être lié à un travail toxique,
tu n’a pas un projet de formation?
Quand on est heureux d'aller au travail le besoin de consommer s'évapore
Yep en effet c'est un peu plus compliqué malheureusement. A la base j'ai un niveau bac+4, mais j'ai des problèmes de santé qui font que trouver une orientation qui me plaise... C'est impossible. Dépression chronique résistante et phobie sociale carabinée (un peu plus complexe que ça en vrai mais bref), tu aimes quasi rien, tout est fade, tu as peur de l'ombre de tout inconnu qu'il faudrait aborder, surtout dans une situation où on attend quelque chose de toi, est ton supérieur etc...
Déjà plus dur dans ces conditions hein? Donc je suis arrivée à l'usine, parce que faut de l'argent et c'est ce qu'on attend de moi, que je travaille peu importe que ce soit en adéquation avec mes valeurs, que j'en sois réellement capable ou autre. De la survie^^" Du coup ouai sur 8h de taff y en a bien 6 de pensées suicidaires pour parler crûment, j'espère moins avec mes multiples antidépresseurs quand je reprendrais.
Comme je suis du coup AAAABSOLUMENT PAS débrouillarde, ni dégourdie, ni aventurière, ni vaillante, ni friponne, ni futée, trouver un autre truc comme simplement cueillir des pommes comme Cependant c'est chaud x) Je suis pas adaptée à ce monde ^^"
Cependant a écrit
Et encore j'avais le ciel au dessous de ma tête (même quand il pleuvait, mais bref).
T'avais la tête à l'envers?
ça n'aurait pas pu être possible de bosser pour moi dans ces conditons atroces sans avoir un truc pour tenir.
Ha je savais pas que tu étais passée par là aussi, contente que tu t'en sois sortie!
Bref...encore du courage, c'est quand qui finit ton contrat ?
T'auras droit au chomage
C'est même pas un CDD, c'est de l'interim^^ J'ai déjà eu droit au chômage heureusement j'ai pas bossé plus de quatre mois d'affilés du coup, et déjà comme ça c'était chaud l'année dernière >_> Parce qu'en rentrant avec ma dépré, j'avais plus aucune énergie nada, même le week-end bref. Je faisais plus que bosser: parfois jdormais 12h donc à peine le temps de manger douche re-bosser xD, même la nuit je rêvais de l'usine, un truc de taré jte jure je la quittais jamais, jamaaaaiiiiis! O___O"
Mais le chomage ça me stresse faut chercher activement du taff et ils peuvent vérifier... Du coup je me sens obligée de relancer les interims en mode jveuxuntaaaff, eux se disent "hum, quelle petite ouvrière motivée!" et jfinis par en décrocher un
Apparemment vu mon parcours je devrais avoir droit à des allocs type AAH d'après une psychiatre et psychologue, mais pas d'après une assistante sociale, c'est flou, bon jvais essayer hein... Ca changerait genre toute ma vie, moins de pression financière pour survivre => moins de stress => possibilité de bosser moins => plus de temps et moins fatiguée => re-moins de stress => possibilité de bosser dans l'associatif *_*
J'essaye de pas me faire de faux espoir mais ce serait vraiment un énorme poids en moins dans ma vie.
krakra a écrit
Tà consommation d’opiace à l’air d'être lié à un travail toxique,
tu n’a pas un projet de formation?
Quand on est heureux d'aller au travail le besoin de consommer s'évapore
Certes, mais le problème est que c'est pas si facile malheureusement. Perso ça fait 8 ans que j'essaye de sortir d'un taf guère épanouissant. J'ai même repris des études universitaires en parallèle, moi qui n'avait même pas le bac (grâce à la VAE). Mais force est de constater que l'envie, l'obtention d'un diplôme, de l'expérience (bénévole) et une certaine expertise ne suffisent pas. Dans le même temps, j'ai vu des portes s'ouvrir pour des personnes bien moins compétentes dans mon domaine spécifique...la différence se résume en 6 lettres : piston.
Et tu peux rien faire contre ça. Quand t'as pas d'appuis politiques ou autres, c'est mort. Et ce pays est gangréné par ce genre de pratiques, c'était d'ailleurs aussi un des ras le bol exprimé (la corruption) dans les mouvements sociaux de fin 2018/ 2019.
Et les stimulants ! Comme le suggère Terrence Mc Kenna, les propriétés
stimulantes du thé et surtout du café en faisaient des
drogues idéales pour la révolution industrielle : ils fournissent une poussée d'énergie, permettant aux gens de continuer à travailler à des tâches répétitives qui exigent de la concentration. En effet, la pause thé et café sont les seuls "rituels de drogues" qui n'ont jamais été critiqués par ceux qui profitent de l'état industriel moderne.
Morning Glory a écrit
Je suis pas adaptée à ce monde ^^"
T'es pas la seule ^^
En même temps, je crois que c'est Krishnamurti qui disait que "ce n’est pas un signe de bonne santé mentale que d’être adapté à une société malade"...
krakra a écrit
Tà consommation d’opiace à l’air d'être lié à un travail toxique,
tu n’a pas un projet de formation?
Quand on est heureux d'aller au travail le besoin de consommer s'évapore
Ben là où le texte est percutant, c'est qu'il montre bien (MG corrige moi si je me plante :)) que c'est pas seulement un problème individuel; étant donné l'organisation actuelle du travail, tout le monde ne peut pas échapper à ça et trouver un job épanouissant, justement... :)
Abraca a écrit
Avec un doc compatissant tu pourrais éventuellement avoir un arrêt de travail sur une longue duree.
Au bout de 3 ans d'arrêt maladie la sécu regarde si tu peux avoir une pension d'invalidité correspondant à 1/3 de la moyenne de tes 10 meilleurs années de salaire, cumulable avec un mi temps.
Il veut pas, snif... ouai ptetre voir avec un autre mais bouarf... Ca va être vraiment compliqué, en tout cas pour l'instant.
Lise a écrit
En parallèle si tu veux, je peux tenter une recherche : mais pour ça il faut que je sache quel(s) est/sont le(s) intitulé(s) exact(s) du/des DU que tu souhaites intégrer, et dans quel(s) coin(s) ?
Te casse pas trop la tête va, ce sont vraiment des DUs... 'tin j'ai presque 700€ de CPF et jpeux pas les utiliser je suis archi deg xD
Université Grenoble Alpes: Santé solidarité précarité
Université Grenoble Alpes: diplôme inter-universitaire Pratiques addictives
Université Claude Bernard Lyon 1: diplôme inter-universitaire Parcours pratiques addictives
Université Paris 8: Prise en charge des addictions
La première serait classe car j'ai déjà de relatives bonnes bases en addicto, tandis qu'en social pfuit, pas grand chose...
Maiiiis bon.
Franchement si je peux pas toucher le RSA tout en apprenant... Non mais... Ils sont débiles c'est pas vraiii ToT Comment on fait pour s'instruire à l'âge adulte dans ce cas, bande d'enfoirééés è__é
Je demanderai à mes conseillers mais là je suis en train d'être redirigée sur une branche de Pole emploi avec un psychologue du travail et tout, ma conseillère très sympa préfère ça que continuer à me suivre elle-même en personne ""normale"" donc j'attends patiemment qu'on me recontacte.
« graves troubles de la personnalité limite avec conduites auto-destructrices et addictives auxquelles s’ajoute un syndrome anxio-dépressif présent depuis plus de 15 ans »
Ouai ba on est à peu près dans le même délire Juste moi ça fait onze ans pas quinze, et je suis pas vraiment état limite, enfin si maiiiis c'est compliqué, je suis à cheval entre trois troubles de la personnalité différents, les médecins s'accordent pas sur lequel prédomine xD Du coup le diagnostic est pas clair -_-' Ca va pas aider pour la demande.
Tant pis pour sa saleté de réforme à manu', le RSA c'est déjà bien ><
Moi aussi j'ai deux parents profs, c'est marrant :3
Ouaip je pense que je vais essayer d'avoir l'AAH même si mon médecin ne la mentionne pas dans sa partie du formulaire alors... Amha j'ai vraiment très peu de chances de l'avoir si le médecin ne la demande pas mais bon. Sait-on jamais.
Mais si c'est refusé une fois, je peux la redemander genre deux ans plus tard ou c'est un refus définitif? Si c'est définitif je vais avoir pas mal de scrupules à me lancer
Je suis désolée pour ton amie J'espère ne pas finir comme elle... On verra. Allez, je suis sur une bonne pente en vrai, ça devrait aller...
J'espère que l'AAH t'aide toi en tout cas, et que tu réussis à sortir la tête de l'eau de manière générale <3 Tu peux pas récupérer ce taff d'accompagnante maintenant que tu as la RQTH? Enfin si tu en as trouvé un nouveau et que tu penses qu'il va te plaire, c'est super nice, fonce! J'avoue que c'est vachement ironique ce qu'il s'est passé n'empêche, même pour l'image donnée aux mômes ouai tu m'étonnes ça fait tâche...
J'ai guetté le DU Santé Solidarité Précarité, tu as vu que c'était principalement destiné à des professionnels, de la santé en particulier....? hmm
Je pense que c'est pour ça que y a que 88 heures de cours sur 6 mois...
Yes mais je me disais que soit en tant que bénévole, soit en tant que pro (plus tard quand je me serais décidée à postuler), ça pourrait passer. Pis j'ai une licence de psycho aussi :)
Après l'AAH c'est à la place du RSA par exemple ou en plus? Parce que tu dis 400€ mais le RSA est à 450 je crois donc...
Morning Glory a écrit
Moi il me va bien mon habitus en vrai (pour une fois qu'un truc me va dans ma vie alors là franchement jsuis happy xD)
Tant pis pour les études universitaires alors... Après en travail à temps plein (et sans personne à charge) y a toujours moyen de mettre de l'argent de côté pour se payer une licence plus tard, même si ça prend du temps. C'est toujours ça je me dis.J'ai guetté le DU Santé Solidarité Précarité, tu as vu que c'était principalement destiné à des professionnels, de la santé en particulier....? hmm
Je pense que c'est pour ça que y a que 88 heures de cours sur 6 mois...Yes mais je me disais que soit en tant que bénévole, soit en tant que pro (plus tard quand je me serais décidée à postuler), ça pourrait passer. Pis j'ai une licence de psycho aussi :)
Après l'AAH c'est à la place du RSA par exemple ou en plus? Parce que tu dis 400€ mais le RSA est à 450 je crois donc...
Je charriais, pour l'habitus Je me suis juste émue de mon aptitude à identifier mes congénères simplement à travers leur vocabulaire !
Effectivement, si un projet te tient à coeur, peu importe le temps pour y arriver : avoir un objectif c'est déjà un putain de bon point. C'est la p'tite lueur qui vacille au bout du tunnel, et ça donne envie d'avancer - genre vraiment.
Et du coup, je me dis, pourquoi ne pas tout simplement envoyer un mail au responsable du DU ? Au moins tu serais fixée ! Non ? :)
Ah l'AAH à 400€ c'est parce que j'avais un job à côté (tu peux cumuler AAH et autre revenu, dans une certaine mesure, et selon un calcul excessivement chelou que la CAF n'a jamais su me détailler...) ! Sinon, si tu bosses pas du tout, c'est 900€ !
- Impossible de vivre en couple. En tout cas, pas avec un SMICard.
A croire que dès que tu te poses avec quelqu’un, d’emblée tu partages tout y compris les thunes. Aussi l’allocataire de l’AAH doit-il inclure dans « ses » revenus trimestriellement déclarés à la CAF ceux de son conjoint, et ce même s’ils ne sont pas mariés. Dès lors, son allocation va être recalculée en fonction du revenu des deux personnes. Et si les revenus annuels dépassent un certain montant, l’AAH peut être tout bonnement sucrée.
La personne est non seulement handicapée (par sa santé), mais aussi handicapante car devient une charge financière. Comme si on était d'éternels mineurs aux yeux de l'Etat... Comme si l’amoureux(se) accomplissait un acte social en daignant s’enticher d’une personne à la santé défaillante ! « T’as pécho une gonzesse qui a une sclérose en plaques ? Tu tringles un séropo? Assume ta déviance, pauvre bougre, à toi d’assumer sa subsistance. »
Ce passage est particulièrement choquant. Du coup si tu vis sous le même toit que quelqu'un d'autre ça fait forcément ça? Comment ils savent que t'es en couple si t'es pas mariée, ça peut aussi bien être une simple coloc
"Aors eeeuh oui, techniquement oui, il y a eu faute, ils ne vous ont pas fait passer de visite médicale à temps en plus.. Mais vous voulez vraiment vous mettre le maire à dos, mademoiselle ?"
Quant à ça ba tu avais déjà la amairie à dos concrètement, c'était pas toi qui l'attaquais...
Concenrnant le fait de dire ou pas qu'on a la RQTH lors d'un entretient, une fois que tu es prise tu es prise, ils ont un moyen eux de le savoir sans que tu le leur dise? Si tu veux le cacher de A à Z ils ne risquent pas de mal le prendre en théorie, comme ils sauront jamais? Mais oui du coup ça sert à rien d'avoir la RQTH à ce niveau, big lol quoi. J'avoue que je sais même pas si j'oserais le dire en postulant dans l'associatif, où ils devraient être normalement compréhensifs mais comme tu l'as dit pour toi, des fois on pense être dans un milieu open et en fait...
T'es trop cool encore encore merci! ^_^/
Savez-vous qu’une personne handicapée vivant en couple doit demander l’accord et le financement de son conjoint pour payer chacune de ses dépenses de la vie quotidienne ? En effet, une loi française calcule le versement de l’Allocation Adulte Handicapée (AAH) sur les revenus du ménage.
Ainsi, si le plafond des revenus du couple dépasse 19 607 euros, en 2020, l’AAH n’est plus versée à la personne conjointe handicapée. (...) Dès le dépassement de ce seuil, la personne conjointe handicapée n’apporte plus au revenu mensuel du couple ses 902,70 € d'AAH.
Comme elle a reçu le nombre de signatures demandées (108 627 sur les 100 000 demandées), ce qui se nomme désormais "Projet de déconjugalisation de l'AAH" fait actuellement la navette législative entre le Sénat et l'Assemblée, et ce depuis le 9 mars 2021, alors affaire à suivre.
Mais je sais pas pourquoi, je pressens que si c'est accepté, on va nous retirer quelque chose d'autre en contrepartie...
---
Partie 2 : petit aparté sur les aides dans le cadre d'une colocation & la famosa "fraude aux prestations sociales"
C'est vrai qu'on peut toujours se déclarer en coloc. Sauf qu'une "colocation entre personnes de sexe opposé vivant dans un studio de 25m²" ça attire tout de suite l'attention de la CAF, de l'aveu même de ma voisine qui y est conseillère...
Etant donné que c'est, en fonction des situations, parfois plus avantageux d'être en coloc (pour les APL ou l'AAH en l'occurrence) que d'être en couple...
Et dès qu'on soupçonne des situations "un peu trop idéales pour être crédibles", ça accroît le risque de se faire contrôler. Et si tu ne parviens pas à démonter que vous ne vivez pas en couple (même si ce n'est effectivement pas le cas ! Genre colocs de précaires en studio avec 1 seul lit, ça c'est considéré comme pas hyper recevable aux yeux de la CAF) tu peux te retrouver :
- débouté de tes droits CAF
- devant rembourser le trop-perçu des aides touchées "illégalement"
- voir être contraint de payer une amende, puisqu'il s'agit d'un délit de fraudes aux prestations sociales
Parce que c'est bien plus simple de sanctionner les pauvres qui grugent le RSA que de récupérer les millions d'euros qui dorment dans les paradis fiscaux....
Lise-Ergique a écrit
Surtout si on met ça en perspective avec les autres réformes de merde qui se trament :
- Flicage des ménages les plus précaires + réforme de l'Unedic + loi de sécurité globale + plan Arthuis sur la dette + remise sur le tapis de la réforme des retraites...
2021, on aura tellement faim qu'on va finir par manger du bourgeois.
C'est bientôt le 1er mai au fait (un bon moment pour contester toutes ces réformes merdiques). Et les vendredis de la colère contre la réforme de l'assurance chômage...
Ma chère "Ipomée bleue" je suis décidément navrée de pourrir la section com de ton si bel article... roll )
non t'inquiète tu l'enrichies je trouve^^
Je sais pas exactement à quoi correspondent toutes les nouvelles lois auxquelles vous faites allusion, j'hévite de trop mettre mon nez dans la politique pour pas finir complètement déprimée^^'
Et ouai la fraude au fisc je savais ça, truc de fou, mais eux risquent rien c'est eux les puissants donc c'est ceux qui ont déjà rien qu'on va oppresser. Je les hais. Non mais ce monde, quoi...
J'espère que la pétition pour l'AAH portera ses fruits ouai. Après dans le contexte économique actuel... Mais bon, soyons positifs au moins c'est déjà pris au sérieux.
Morning Glory a écrit
Je sais pas exactement à quoi correspondent toutes les nouvelles lois auxquelles vous faites allusion, j'hévite de trop mettre mon nez dans la politique pour pas finir complètement déprimée^^'
Tu connais l'adage :
"si tu ne t'occupes pas de politique...la politique s'occupe de toi !"
Mais en fait, si t'es adhérente de PA, c'est déjà de la politique...(car les lois actuelles qui régissent les drogues SONT une décision politique, donc militer contre c'est un acte politique).
Ces nouvelles lois vont en gros, réduire l'allocation des chômeurs d'1/3 (quel ministre ou même smicard accepterait ça ? ) et refonder ce principe même, du jamais vu depuis 1948 ; précariser encore plus ceux qui sont déjà précaires, continuer de détruire le système de retraite et permettre un pouvoir de contrôle inédit avec les lois de sécurité globale...
Pour cette dernière, un bon reportage à voir pour se faire une idée :
anonyme784532 a écrit
Ils pensaient à Bruxelle qu'ouvir l'électricité par-exemple au privé allait faire déscendre les prix et bah ça n'a pas été le cas en fin de compte x).
La casse est en cours depuis belle lurette, casse des droits chômage, RSA, casse des droits des fonctionnaires, toujours plus de contractuel en lieu et place des fonctionnaires dans l'avenir et ainsi de suite.
A mon avis, il y a surtout eu du lobbying à Bruxelles pour l'ouverture au privé...de toute façon, tout est privatisé à tour de bras (un moyen pour les états de se désengager).
Et oui, la casse a déjà commencé y'a un moment, mais là ça s'accélère à vitesse grand V (et la pandémie a bon dos pour empêcher les gens de manifester - en plein air avec des masques où est le problème ? C'est pas pire que dans le métro)...