La rotation 

Il tourne, il ne fait que ça, tourner. Souvent en rond, parfois il exécute un écart, ça me donne le mal de mer, le mal de soi. Sa course folle continue, la vitesse est un détail, les couleurs ce mélangent, s'entremêlent, s'enlacent.
L'univers environnant est en mouvement, ça ce balance, ça s'élance, et ne s'arrête pas, il est devenu fou.
Plus rien n'a de sens, tout est décousus, un fil l'entraîne dans cette folle voltige, cette course contre le temps et l'espace. Ce tourbillon perpétuel, cette oscillation infinie, ne semble pas avoir de commencement, c'est un tout et un rien à la fois. La longue chute vers le vide, dans un élan
d'une amplitude qui met en branle toute ma conscience. J'observe cette révolution et je suis subjuguée, submergée d'interrogation.
D'ailleurs, lui même, ne semble pas en avoir. Il ne combat pas, n'essaie pas d'arrêter son long voyage, il est juste là et ce laisse porter par la dynamique stellaire de son microcosme environnant.
Il est comme aspiré par la galaxie, il n'a plus de soucis, plus de tracas. Tout a disparu, plus rien n'existe, tout ce qui l'entoure n'est qu'images et sensations. Des images de lui, des images des
autres immobiles, qui ne bouge pas et s'effacent au fur et à mesure qu'il parcourt son étrange rêves.
Des sensations de froid, de chaud, de fourmillements l'exigent de revenir à lui, de reprendre conscience mais ça ne le touche pas. Il est comme enveloppé d'un voile flou d'incompréhension et en même temps de bien être intérieur profond.
Tout le paradoxe de la situation apparaît ici. Lui même en est un, un organe vivant mais aussi un espace de connaissances, doté d'une cognition hors du commun.
Cette chose qui virevolte, danse, s'emballe, travaille, et aime, c'est mon cerveau. Cette machine incroyable qui peut transmettre au corps des sentiments, des peurs, des douleurs.

Jamais il ne s'arrêtera de tourner.