Lors de mes nombreuses réflexions, une me revient inlassablement et depuis des lustres :
Devrais-je être fière de mon parcours et en remercier la vie (si, tant soit peu, qu'il y est quelqu'un à remercier autre que moi-même) !
Lorsque je parle à certaines personnes de mon entourage, je m'aperçois du manque d'empathie et d'ouverture d'esprit de ces dernières. Le jugement et les opinions fusent dans les conversations sans que personne n'en soit choqué ou même juste étonné.
Et c'est avec effarement que j'entends en voyant une femme obèse que, si elle ne veut pas être grosse, il existe des régimes. D'une mère qui vient de perdre son enfant que, si elle voulait le garder près d'elle, elle n'avait qu'à mieux le surveiller et que cette même mère n'avait même pas pleuré pour l'enterrement… (Comme si le chagrin se pesait au nombre de larmes) et d'autres horreurs du même genre. Et je ne parle même pas des discours homophobes qui me font gerber !
Alors autant dire que, ce qui doit être dit sur les tox quand je ne suis pas là , ne doit pas être bien joli, joli.
Effarement, aussi, lorsque je vois, souvent les mêmes personnes, jeter sans état d'âme leur déchets par la fenêtre de leur voiture ou faire couler l'eau de leur robinet comme les chutes du Niagara…
Ou pire prendre des animaux pour les laisser dans des conditions déplorables…
Mauvaises ces personnes? Non. Juste incapables de se relier aux autres ou à la nature. La vie semble s'arrêter pour elles, à elles-mêmes, dans l'espace et dans le temps !
C'est dans ces moments-là que je me sens quelque peu différente, peut-être même un peu spéciale. Toutes les souffrances que j'ai dû surmonter m'ont permis de voir la vie sous un angle différent.
Plus que la douleur du manque, de la fatigue et tous les soucis physiques que la
came peut donner, j'ai dû combattre l'exclusion, la détestation et le dégoût de centaine de personnes.
Etre toxico c'est pire qu'être lépreux. Alors être une femme toxico n'en parlons pas !
Pourquoi ?
Tout simplement parce que ce « fardeau » (comme pour le sida) a été « attrapé » dans le bonheur, dans la jouissance… et ça c'est insupportable pour tout être qui a grandi dans les restes d'une société judéo chrétienne….
C'est au tour de la maladie d'entrer en jeu. Une polyarthrite qui ronge mes articulations depuis la naissance de ma petite fleur. Et là encore j'ai pu entendre que ce n'était que le résultat de ces années de défonces. Et, pour beaucoup, je n'avais que ce que je méritais… Tu as cherché le bonheur éphémère et intense, et bien paye maintenant !
Alors vient s'ajouter à la détestation et au dégoût, l'isolation et la solitude.
Voilà . Ça fait mal, c'est sûr, mais c'est ce qui nous rend authentiques car nous savons. Nous savons ce qu'est la souffrance nous savons ce qu'est la douleur physique et comme dit l'expression, « ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse ».
Ce que j'essaie de dire c'est que, étrangement, tous ces sentiments néfastes ou pas m'ont permis d'être en phase avec les émotions des autres. Je peux les sentir, je peux les vivre.. Plus que de les comprendre, je ressens leurs peines, leurs joies, leurs peurs. Et je réalise que tout ça est juste …merveilleux !
Mais je n'ai pas envie de relier la drogue qu'à la souffrance car, comme me l'a si souvent dit ma psychologue, que serais-je devenu sans l'
héro ? Qu'aurais-je fait de tout ce que je ressentais ? J'aurais certainement perdu la tête ou pire…. Je serais comme les autres ! A chercher un boulot qui m'épuise pour ne pas regarder en face la réalité de ma piteuse vie ! Je me satisferais d'un mari violent en pensant que je ne vaux pas mieux….
J'ai déjà entendu (et à plusieurs reprises, je le jure), lorsque je racontais mon passé, que j'avais de la chance, que moi, au moins, j'avais vécu. Alors je ne suis pas fière de tout ça, c'est sûr, mais je me dis qu'ils ont peut-être raison et que tout ça m'a rendu plus forte. J'ai au moins l'avantage de vouloir aller plus loin dans ma quête du bonheur. Alors que d'autres se satisfont d'une petite vie routinière et sans risque. Moi, je cherche quelque chose de différent, de plus profond… bien mieux qu'avoir une belle bagnole, une grande maison, je suis en quête de moi-même, du plus profond de moi-même!
Pourtant, c'est avec acharnement que je m'évertue, depuis des années, à fuir tout ça. Effrayée par toutes ces émotions qui me frappent dans tout le corps.
Je pensais, comme beaucoup, que la force venait du manque de ressenti, que celui qui pleurait était faible… Quelle erreur !
Je sais, dorénavant, que ces émotions font peur et qu'elles sont très perturbantes, mais, qu'une fois comprises et apprivoisées, elles donnent une force phénoménale et qu'elles nous rendent, comme je le disais, spéciaux.
Il suffit de venir sur ce site pour s'en rendre compte.
Qui peut prétendre vouloir aider comme ça gratuitement d'autres hommes et femmes sans les connaitre et à une époque où tout se paie, même le temps ?
Je ne suis pas étonnée de voir nombres de toxicos vouloir devenir éducateurs spé, psychologues ou autres métiers en lien avec autrui, juste pour venir en aide.
Pour finir, je dirais que rien n'est figé et que j'espère pouvoir mettre en pratique ce que j'ai appris de ces années et venir en aide aux autres.
C'est mon vœu le plus sincère …