Un miroir, une lame de rasoir, et un petit sachet en plastic.
Tac tac tac... et le
caillou floconneux cède sous la lame. Tac tac tac, et la poudre s'étale sur la glace. Le reflet des yeux barré par ces barres de neige longues, fines et séduisantes. Prologue coupable d'un désire péché, habitué au "vivons heureux, vivons cachés". Ai-je le droit de me l'autoriser ? Ne suis-je pas indigne de la confiance que l'on m'accorde ? Non. Oui. Mais... Je n'ai jamais su réprimer mes pulsions, mes envies avant tout, mon bonheur au dessus du reste. Même factice, même passager, je le prends, je l'étreins et je danse dans ses bras.
Première trace qui passe, poudre magique qui connaît son chemin.
Dopamine, noradrénaline,
sérotonine, elle va droit au but. Rush dans les veines, le sang qui s'active pour laisser la chaleur m'envelopper, pour dérouler le tapis rouge à l'euphorie. Présente, consciente, vivante, sur la lune et plus loin. Une deuxième trace pour lui tenir compagnie, pour ouvrir le bal de valses que nous danserons toute la nuit, parfois compulsivement. Je profite de ces moments de tendresse légère, sans fioritures. Moi, le produit et mes pensées, le trio de toujours. Avec Dame Mary, elles s'entremêlent au point de ne plus exister, avec Blanche Neige, elles m'entourent, se juxtaposant pour former une passerelle lisse, dont on voit le bout. Dans nos orgies nocturnes qui me faisaient oublier le sommeil pendant 36 heures, 48 heures, nous valsions à trois en ode à la vie.
Rien de tout ça n'est vrai me direz-vous. Que reste-il de ces moments de bonheur quand il n'y'en a plus dans le pochon ? Que ressentirai-je quand la musique s'arrêtera et qu'il n'y aura plus que le battement de mon coeur pour accompagner les flots de pensées négatives qui resurgissent ? Du mépris, de la culpabilité, de la honte, retour à la case départ. Je compose le numéro magique et attend impatiemment ce Saint Graal dont je suis tombée amoureuse sans le voir venir. Relation destructrice me dit mon cerveau, relation violente me dit mon corps, relation immortelle inopinément. Je ne maîtrise rien, je me laisse maîtriser. Soumise consentante à sa dictature royale, moi qui la savais capricieuse et possessive, j'accepte d'être sa captive. Que va-t-il en ressortir ? Je n'en sais rien. Vais-je m'en sortir ? Je l'espère bien. Je sais seulement que je choisis aujourd'hui de continuer dedans, par manque d'envie de m'en sortir, par peur de ce que je pourrais être sans. En quelques mois elle aura réussi à m'envoûter au point que même lorsqu'elle me révulse je retourne vers elle, chaque heure, toute la nuit. Peut-être qu'un jour, au détour d'un voyage révélateur, saurais-je dépasser mon addiction.
En attendant, je vis dans la passion. Tout ou rien c'est mon credo. Jusqu'au bout corps et âme. Jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que des cendres grises tintées de blanc.