Un autre lecteur de Hard Rock Magazine des années 80-90... Voici l'article du MOnde qui parle de sa vie.
Lemmy Kilmister, fondateur de Motörhead, adepte du jouer vite et fort
LE MONDE | 29.12.2015 à 16h44 • Mis à jour le 29.12.2015 à 18h07 | Par Sylvain Siclier
A l’été 2013, l’annonce du report d’une tournée de Motörhead en raison de problèmes de santé de son bassiste et chanteur, Lemmy Kilmister, avait laissé abasourdis les amateurs du trio de heavy metal britannique fondé en 1975. Lemmy, comme ses fans avaient pris l’habitude de l’appeler, malade et contraint au repos, cela paraissait impossible pour tous ceux qui voyaient en lui un indestructible en dépit d’une vie quotidienne cumulant depuis des dizaines d’années une consommation d’alcool fort – en particulier du whisky – et de drogues les plus diverses,
LSD,
amphétamines et
cocaïne, mais « jamais d’héroïne », insistait-il.
Sur les scènes du monde entier, Lemmy Kilmister avait à c œur, soir après soir, de mener au plus loin toute la puissance de son groupe. Atteint d’un cancer, qui lui avait été annoncé samedi 26 décembre, deux jours après l’anniversaire de ses 70 ans, Lemmy Kilmister est mort lundi 28 décembre, à son domicile de Los Angeles, a annoncé un court message diffusé mardi 29 sur la page Facebook du groupe, sans plus de précisions sur la nature de ce cancer foudroyant. Le meilleur moyen de lui rendre hommage, ajoute ce communiqué, sera d’écouter la musique de « Motörhead à plein volume, d’Hawkwind à plein volume, de Lemmy À PLEIN VOLUME. Et de boire quelques verres ».
De groupe en groupe
Né le 24 décembre 1945 à Stoke-on-Trent, en Angleterre, Ian Fraser Kilmister était le fils d’un aumônier de la Royal Air Force, parti peu après sa naissance. Il est élevé par sa grand-mère et sa mère, qui se remariera un peu plus tard. La famille s’installe au Pays de Galles. Mis en pension, c’est là qu’il est surnommé Lemmy. A 17 ans, il commence à travailler, part à Stockport, au sud de Manchester, joue de la guitare dans divers groupes au début des années 1960. Parti vivre à Londres en 1967, il sera un temps roadie (chargé du matériel des musiciens lors des tournées) pour The Jimi Hendrix Experience et The Move. Il passe de groupe en groupe, dont les formations de rock psychédélique Sam Gopal’s Dream et Opal Butterfly, où joue notamment le batteur Simon King.
A l’automne 1971, il rejoint, bientôt suivi par Simon King, le groupe britannique de space-rock Hawkwind, mené par le guitariste Dave Brock et le saxophoniste Nik Turner, dont vient d’être publié l’album In Search of Space. La formation mêle au psychédélisme des éléments de hard-rock et commence à être remarquée pour les effets visuels et les longues parties improvisées lors de ses concerts. Avec Hawkwind, Lemmy Kilmister se met à la basse. Il en joue plutôt comme un guitariste rythmique, avec des réglages de tonalité qui mettent en avant un son grave, très présent, le volume d’amplification poussé au maximum. Il est aussi le chanteur sur quelques compositions de la formation, voix rauque et grondante. Autant d’éléments qui seront développés au sein de Motörhead.
Vidéoclip de « Silver Machine » (1972), par Hawkwind, avec Lemmy Kilmister à la basse et au chant.
Abus de drogues
Lemmy Kilmister restera avec Hawkwind jusqu’à l’été 1975, durant une période souvent considérée comme l’âge d’or du groupe, avec les albums Doremi Fasol Latido (1972), Hall of The Moutain Grill (1974) et Warrior on The Edge of Time (1975) et ces fameux concerts hallucinés dont rendent compte notamment les disques The Space Ritual Alive in Liverpool and London (1973) et The 1999 Party (enregistré en 1974, publié en 1997). Au sein du groupe naissent des tensions, sur des questions de direction artistique, l’épuisement des tournées et les abus de drogues. Arrêté au début de l’été 1975 pour possession d’amphétamines à un poste de frontière entre le Canada et les Etats-Unis, Lemmy Kilmister est laissé sur place par le groupe, qui aurait pris ce prétexte pour lui signifier son congé.
Revenu à Londres, Lemmy Kilmister est décidé à devenir le leader de son groupe « dont personne ne pourra me virer », déclarait-il régulièrement. Constitué très vite avec le guitariste Larry Wallis et le batteur Lucas Fox, il prend le nom de Motörhead, titre d’une chanson enregistrée avec Hawkwind, en face B d’un 45-tours publié en mars 1975. Le trio commence à enregistrer et déjà fait de la scène son lieu de vie. Mais le succès se fait attendre. Fox s’en va, remplacé par le batteur Phil Taylor (1954-2015). Avec l’arrivée d’Eddie Clarke à la guitare, à la place de Wallis, est constituée, jusqu’au début des années 1980, la formation historique de Motörhead. Celle qui va connaître, après des périodes de doutes et de ruptures, la consécration avec l’album Overkill (mars 1979), son deuxième en studio, Bomber (octobre 1979) et Ace of Spades (novembre 1980).
Vidéoclip d’« Ace of Spades » (1980), par Motörhead.
Jouer vite et fort, avec le souci que cela conserve un aspect non mécanique, détendu, telle est la volonté de Lemmy avec Motörhead. Les amateurs du rock le plus efficace s’y retrouvent, ceux du punk comme du hard-rock. Les blousons de cuir, les cheveux longs et les imposantes rouflaquettes de Lemmy attirent les regards, comme sa manière de chanter, tête levée vers un micro haut perché. Il arbore aussi volontiers des insignes militaires de la seconde guerre mondiale, dont il est un collectionneur. Un intérêt « esthétique » pour les uniformes et non pour l’idéologie nazie comme il s’en était expliqué dans son autobiographie White Line Fever : The Autobiography (La Fièvre de la ligne blanche, traduction française en 2004, éd. Camion blanc).
De notoires colères
Homme de spectacle, Lemmy Kilmister savait jouer avec son image d’affreux et de méchant, exagérée à dessein, lui qui, dans le privé, selon ses proches, se montrait attentif à la politesse et aux bonnes manières. Ce qui ne l’empêchera pas, lorsque Motörhead ne fonctionne pas comme il le souhaite, de piquer de notoires colères. Pour Motörhead, Lemmy ne tolère ni demi-mesure ni relâchement. En 1981, paraît l’album enregistré en public No Sleep’Til Hammersmith, impeccable témoignage du jeu du groupe lors des concerts.
Vidéoclip de « Killed by Death » (1984), par Motörhead.
Eddie Clarke quitte le groupe en 1983, un temps remplacé par Brian Robertson, puis par Phil Campbell à partir de 1984, toujours au sein de Motörhead jusqu’aux récents derniers concerts. Les changements de batteurs sont plus fréquents jusqu’à l’arrivée, en 1993, de Mikkey Dee. Le propos et la force de Motörhead, eux, restent stables (le groupe jouera un moment avec deux guitaristes). Avec régularité, Motörhead enregistre de nouveaux albums (sa discographie en studio en compte plus d’une vingtaine, dont le dernier en date, Bad Magic, sorti en août), précédés ou suivis d’une longue tournée, qui, certaines années, affichent jusqu’à 200 concerts. Celle de l’année 2016 devait commencer le 23 janvier à Newcastle, en Angleterre.
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