Catégorie : Opinion - 27 novembre 2021 à 01:46
#passé #tatouage
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Dernière modification par ImNobody (27 novembre 2021 à 11:38)
Figuration a écrit
Je suis fan d'Alice au pays des merveilles, que je regarde chaque année (le Disney), sans compter le livre bien sûr et autres. Ma fille s'appelle... je vous laisse deviner...
Pour ma part, j'aime les tatouages sans être fan absolu, mais je m'en étais fait faire un, au pire de ma période de dépendance alcoolique. Il symbolisait plusieurs choses assez fortes pour moi (le signe pi). Beaucoup trop visible (partie visible du poignet).
Cette période de ma vie ayant été très sombre, presque léthale, j'en suis sorti et ce tatouage trop voyant ne me correspondait plus. Je l'ai donc fait enlever. On devine clairement la cicatrice cependant car le premier centre laser où j'ai commencé les séances n'était pas top apparemment.
S'il avait été à un autre endroit je pense que je l'aurais gardé. Je ne renie pas cette période, au contraire, je la regarde avec une sorte de fierté quand je vois ce que je suis devenu depuis et ce dont j'ai réussi à me sortir.
Mais là c'était trop voyant, trop moche -il deviait vers la gauche du poignet avec l'age (et pas top professionnellement). J'ai toujours la cicatrice comme souvenir
Je pense comprendre également. Il y a une différence entre le fait de référer de temps à autre un souvenir et le fait de vivre à travers lui. J'imagine aussi qu'à force on ne fait plus autant attention au dessin ? Est-ce que tu remarques ta cicatrise à chaque fois tu passes tes yeux devant ou c'est devenu normal voir presque invisible ?
Anonyme813 a écrit
Si je m'étais fait tatouer ce que je voulais quand j'avais 20 ans (typiquement l'âge où tu n'as pas forcement conscience du fait que tu vas évoluer tout au long de ta vie) je pense qu'effectivement aujourd'hui j'aurais tendance à me sentir soit un peu con de l'avoir fait soit je me serais enfermé dans cette symbolique/philosophie à cause de mon égo et donc j'aurais eu bien plus de mal à avancer.
Aussi les moments marquant de ma vie restent de ma tête (c'est le principe) donc je n'ai jamais ressenti le besoin de l'encrer sur ma peau, surtout que généralement c'est des trucs assez perso.
Du coup j'ai toujours envie de ma faire tatouer
Je pense exactement la même chose ! Du coup je suis de nouveau perdu. J'imagine qu'il n'y pas une seule réponse, ça doit certainement dépendre des personnes tout simplement.
Parce que cette phrase résume littéralement mot pour mot la raison pour laquelle je ne me fait pas tatouer (même si comme toi j'en ai envie depuis ado) "je me serais enfermé dans cette symbolique/philosophie à cause de mon égo et donc j'aurais eu bien plus de mal à avancer."
Zopi7.5 a écrit
Les tatouages nous bloquent ils dans le passé ?
Non il nous bloquent pas mais y contribue, c’est comme quand t’écoute une musique à un moment marquant de ta vie, et que tu la réécoute après ça va te rappeler ce moment sauf que une musique c’est éphémère tandis que le tatouage est aussi éphémère mais jusqu’à à la mort en théorie, donc si tu te tatou un truc pendant une phase Breson de ta vie y’a de forte chance à parier que ce tatouage pourra te mettre mal à l’idée de le voir tant que tu n’aura pas fais un travail de résilience sur toi même et où cela ne t’importe plus mais t’évoque au contraire une force.
+ 1
Anonyme813 a écrit
Regarde moi je me suis fais opérer, et pour moi les cicatrices sont les vrais tatouages de la vie, et elle me rappelle sans cesse ce moment où j’ai merder avec les opiacés mais aujourd’hui je regarde les cicatrices et j’en suis fière car j’ai réussis a passer au delà de ceci et je regarde en avant en étant fière de la merde dans laquelle j’étais et comment j’ai sus m’en sortir
Je trouve que c'est pas tout à fait la même chose. La cicatrice que tu as eu à cause du moment ou tu as merdé a été j'imagine (involontaire). Or un tatouage est (généralement) volontaire. Je pense avoir saisie l'idée pour laquelle se faire tatouer peut nous aider à nos remémorer nos erreurs, d'en faire une force tout comme de ne pas les reproduire. Personnellement je penche plus vers la théorie de Cobe mais je viens de me rendre en répondant à Figuration qu'il n'y a pas probablement pas une seule réponse. Merci à tous de m'avoir aiguillé, profitez à fond de la vie ^^
Paul Ricœur (1913-2005) analyse dans nombre de ses textes le grand détour que doit entreprendre le sujet pour revenir à soi. Avec cette démarche se trouve mis au jour un sujet qui représente davantage un point d'arrivée de l'effort philosophique que son point de départ. Mais qui est le sujet s'il n'est pas une vérité purement formelle ? Qui est celui qui se trouve en se comprenant et en s'interprétant ? Qui suis-je, moi qui dis « je » ?
À cette question, nous répondons spontanément en mettant en avant nos traits de caractère, nos façons d'être, bref, ce qui demeure fixe et nous identifie comme étant la même personne malgré les changements. Or cette forme d'identité a ses limites. Car, à strictement parler, la permanence dans le temps de ce que je suis ne permet pas de répondre à la question « qui suis-je ? », mais plutôt « que suis-je ? ». Ricœur, pour parer à ce glissement, propose de distinguer deux types d'identité : la première au sens de l'idem ou « mêmeté » (idem signifie « le même » en latin), et l'autre au sens de l'ipse ou du soi-même (on parlera alors d'« ipséité »). L'identité-mêmeté vaut pour tout objet qui subsiste dans le temps. Mais si tant est que le sujet n'existe pas simplement à la façon d'une chaise ou d'une pierre, son identité ne saurait se réduire à celle de l'idem. Elle renvoie plutôt à la dimension de l'ipséité qui se manifeste concrètement par le maintien volontaire de soi devant autrui, par la manière qu'a une personne de se comporter telle qu'« autrui peut compter sur elle ». Ce qu'illustre pour Ricœur la figure emblématique de la promesse dans laquelle j'engage d'abord qui je suis et non ce que je suis (c'est précisément au-delà de ce que je suis aujourd'hui que je m'engage à tenir parole).
Deux bouts de la chaîne
L'ipséité ne se substitue pas pour autant à la mêmeté du sujet, mais la complète. Et c'est ici qu'intervient l'identité narrative, c'est-à-dire ce qui déploie la relation dialectique unissant les pôles de l'idem et de l'ipse. Cette notion, qui apparaît pour la première fois chez Ricœur dans la conclusion de Temps et récit (Seuil, 1983-1985), repose sur l'idée que tout individu s'approprie, voire se constitue, dans une narration de soi sans cesse renouvelée. Il ne s'agit pas d'une histoire objective, mais de celle que, scripteur et lecteur de ma propre vie, « je » me raconte sur moi-même. L'identité personnelle se constitue ainsi au fil des narrations qu'elle produit et de celles qu'elle intègre continuellement. Ce faisant, loin de se figer dans un noyau dur, le « je » se transforme à travers ses récits propres mais aussi à travers ceux qui sont transmis par la tradition ou la littérature qui s'y greffent, ne cessant de restructurer l'ensemble de l'histoire personnelle.
Anonyme813 a écrit
Le tattoo est paradoxalement un trait unaire indélébile qui vient rappeler le trait d'union invisible entre soi et l'existence, trait d'union dont la peau est la première pelure et la plus importante. C'est pour ça qu'il n'a aucune valeur propre (il ne circule pas sauf dans le temps et le corps en mouvement, ne change pas de propriétaire, ne "dit" rien en somme que l'image qu'on en voit même s'il peut se prêter à l'équivocité, il ne fait pas oeuvre mais "moi-peau", il est donc, si on suit cette logique, toujours identique à qui on est, n'importe quand, n'importe où). Le tattoo ne rappelle pas la différence mais l'équivalence de soi à soi, équivalence autrement signifiée que par le truchement du langage habituel; aucune valeur donc sauf peut-être sentimentale (si on tient vraiment à "donner du sens-t'y-mental" ?). Pour botter en touche, carré noir sur fond blanc aurait dit Malévitch...
Amicalement,
J
C'est si bien exprimé, ça me fait plaisir de lire cela ici.
Psilosophia a écrit
Anonyme813 a écrit
Le tattoo est paradoxalement un trait unaire indélébile qui vient rappeler le trait d'union invisible entre soi et l'existence, trait d'union dont la peau est la première pelure et la plus importante. C'est pour ça qu'il n'a aucune valeur propre (il ne circule pas sauf dans le temps et le corps en mouvement, ne change pas de propriétaire, ne "dit" rien en somme que l'image qu'on en voit même s'il peut se prêter à l'équivocité, il ne fait pas oeuvre mais "moi-peau", il est donc, si on suit cette logique, toujours identique à qui on est, n'importe quand, n'importe où). Le tattoo ne rappelle pas la différence mais l'équivalence de soi à soi, équivalence autrement signifiée que par le truchement du langage habituel; aucune valeur donc sauf peut-être sentimentale (si on tient vraiment à "donner du sens-t'y-mental" ?). Pour botter en touche, carré noir sur fond blanc aurait dit Malévitch...
Amicalement,
JC'est si bien exprimé, ça me fait plaisir de lire cela ici.
Merci Psilosophia !