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Ma première fois dans un four 



J'ai obtenu mon concours infirmier l'année dernière, mais la première injection que j'ai faite était un fix' de coke. Un mec ne savait pas se piquer tout seul alors je m'y suis collé.
Après quelques essais infructueux, je trouve enfin la veine. Dans un mélange d'excitation et d'emballement Clém me presse de piquer; Il dessère son garrot et me dit d'y aller doucement.
Trop tard.. le gros est déjà injecté,
Je me souviendrai toujours de son regard après le flash, ses pupilles d'un noir profond s'étaient soudainement dilatées à l'extrême, prêtent à me dévorer tout cru.

Ce fut un moment de flottement qui parut une éternité, les yeux grands écarquillées et le regard vide, il resta dans un état de stupéfaction les yeux fixés sur moi.
Ses pupilles d'un noir si abyssal qu'aucune âme n'y reflétait.
Je fis pris d'une peur panique, venue du plus profond de mon instinct, je n'reconnus pas l'individu en face de moi. L'espace d'une seconde il était un autre homme.

Clém ne tarda pas à nous parler d'un plan came à quelques bornes d'ici, un four au huitième étage d'une tour.
Il insiste, le produit est vraiment bon. Ma colloc' n'est pas convaincue mais moi ça me tente. De toute façon y'a rien à faire ici, on s'emmerde comme des rats morts.

 
Dans le métro Clém reste silencieux , la redescente du fix' a transformer le moulin à parole habituel en monolithe insondable, et les traits de son visage traduisaient la déprime intense qu'il traversait.

On apercevait les gigantesque tours qui dominaient le ciel, s'agrandissent à mesure qu'on se rapprochait.
À l'entrée de la cité deux chaises trônent de part et d'autre de la route, des jeunes capuchés nous surplombent
l'entrée ressemble à un checkpoint militaire. Si ils voulaient instaurer un péage ils pourraient.
Je range mes mains dans ma veste tandis que mon esprit s'efforce refouler mon stress pour laisser transparaitre à la place une indifférence maquillée.
Devant le hall un jeune nous demande ce que l'on vient chercher, avant de nous ouvrir la lourde porte métallique dont la peinture toute craquelée trahissait la vétusté du lieu.

    J'entame la montée de ces huit étages, sans savoir vraiment dans quoi je m'embarque. L'immeuble suinte une odeur de tabac et de came, Les murs sont délabrés.
Je passe les marches deux par deux, mes quadriceps brûlent. Des inscriptions jonchent les murs: des tarifs, des numéros de plaque d'immatriculation sont gratés par dizaines.
Je monte mais mon esprit descend.
L'angoisse grandie au fur et à mesure que j'avale les marches. Que vais-je trouver en haut ?
Un sentiment d'oppression emmerge en moi, entre ces quatre murs je me sens pris au piège comme un lièvre, j'aimerais abandonner, redescendre, mais c'est trop tard.

Clém s'arrête soudain. Devant, une queue d'une dizaine de personnes sonne le sommet de cette ascencion tortueuse.
Je lève la tête et decouvre des visages marqués au teint pâle, leurs jeans troués contrastent avec ma veste neuve. Je n'avais jamais vu autant de misère au mètre carré.
Je ne suis pas des leurs; pas encore..

La voix grave du dealeur casse le silence qui régnait. Il s'exprime avec quelques mots à peine articulées, le strict minimum.
Il est affaissé à une table devant lui qui bloque l'escalier, dessus une pesette électronique, des sacs plastiques par dizaines et deux sacs transparents de plusieurs kilos, remplis. Il pioche dans cette océan de poudre avec le bout d'une carte, avant de peser et d'emballer le pochon. Les gestes sont froids, exécutés machinalement comme un automate.
L'attente est longue, le rythme est lent. Je fit connaissance ici pour la première fois d'une règle essentielle : c'est le dealeur qui impose son tempo, Il est le chef d'orchestre du lieu.

Quand vint notre tour je n'avais plus qu'une envie: me tirer. L'atmosphère glauque était devenue irrespirable, j'étouffais, il me démangeait de sortir d'ici.
Clém récupéra la came.


    Alors qu'on redescendait les marches de cette escalier infernal quatre par quatre, on croisa un homme assis en plein milieu de l'escalier, préparant une trace sur un carton posé au sol, dans une frénésie addictive qui ne pouvait attendre une seconde de plus.

Catégorie : Tranche de vie - 14 septembre 2019 à  15:05



Commentaires
#1 Posté par : AJasAndAHalf 14 septembre 2019 à  15:43
exactement comme le four vers chez moi, j'y suis allée quelques mois avant d'en avoir marre de leur coupe de merde et trouver mieux ^^ très bien écrit, c'est haletant !

 
#2 Posté par : ismael77 16 septembre 2019 à  11:39
TRès bien écrit! Super billet!
Punaise, mon rêve aurait été d'avoir une infirmière pour trouver mes veines et épargner mon capital veineux.
Gâcher tous ses shoots à côté, frustrant, pour de la C, où le seul intérêt est de mettre dedans pour le flash.
Mais après le premier, toujours réussi, ou prex, les veines sont rétractées, mes yeux aveuglés.
Donc si c'était la bonne dose et la bonne came, tant mieux, on a son coup de flip, car quand ça monte vraiment, on est très près de "ça va trop haut".
Et les shoots manqués, répétés, accumulent tout de même le produit, ce qui fait que 2g y passent, on risque l'OD, autant qu'avec un trop gros d'un coup, ou quasi. Là où, un demi, aurait dû en faire trois, de bons taquets à la sonnerie métallique...Moins dangereux que les ratages en boucherie.
Cap charcuterie recherche diplôme infirmier, pour échange de bons procédés...
Non c'est étonnant, car je dirais 90% des infirmiers ne savent pas me piquer, seuls ceux qui ont de l'aplomb, ou l'expérience, voire les deux, et du doigté, ou ne font que ça, comme à l'hosto (ils tapent dans l'artère du poignet, avec une très longue aiguille, radical mais on ne peut pas se le faire, enfin je n'essaierais pas!) ou celles et ceux, qui ne font que ça, le matin à jeun, à domicile, ou à l'hosto.  Le nombre d'infirmiers qui refusent cet acte (et de dentistes qui n'arrachent pas les dents, je vous jure!).

L'IV c'est balaise
, alors sur soi, en manque, et cabossé, revenu de dix phlébites, veines indurées, bras niqués... Les miennes sont fines et non apparentes et se cachent, dès que je sors une pompe... la première fois? J'ai pleuré!  Je ne trouvais pas l'égout, mis tout à côté pour ne pas être en manque... Il faut mettre la substance active, qui est dans cette poudre dégueu, dans mon cerveau le plus vite possible, en passant par...se trouer la peau! Quand tu en es là c'est que le produit et son effet l'emportent sur le stigmate. Et c'est une barrière qui saute. Mais c'est bon, avant de se transformer en une banalité, puis un problème en soi.

Tu as peut-être vu mes bras en photo à l'école, ils y sont comme exemple de gâchis...dans une banque d'images, thrombose, abcès, popeye hands,  etc...
Pour la H? Pompe. Pour la C ? cathéter...
Pour la vie, un ami, quelqu'un qui tient à que tu sois bien quand il l'est et t'aide à l'être moins en se laissant à tes bons soins en cas inverse, réciproque...Nada.

Vivement le Kit humain, tu me piques je te shoote, on se surveille...L'amitié et la came, je n'ai jamais trouvé...

J'ai essayé en pensant qu'à plusieurs on serait plus forts...tu parles, tous ont profité, pourtant il doit bien y avoir d'autres partageurs comme moi, fifty-fifty chacun son tour, et pas "tiens un peu" ou "je te donne..." et "désolé j'ai rien" de l'autre côté. Je voulais qu'on s'entraide, mutualiser les risques, jouer la solidarité...
On y gagnerait, en tout cas tous ceux qui ont trainé avec moi ont vu que j'étais trop généreux et qu'en échange personne n'arrivait à m'aider à ne pas me charcuter alors, que moi, je shootais qui voulait...et offrais souvent le produit. Une fois j'ai trouvé une meuf qui ne savait pas se piquer mais le faisait bien aux autres (comme moi, pas défoncé), moralité elle m'a fait tourner...en bourrique.
..enfin, je me suis fait piquer dans la veine, ça oui, mais je me suis, aussi, tout fait piquer, pas de veine...

PS j'ai encore les marques de mon BCG 1987, alors que ce n'était qu'une intra musculaire, qui m'a fait mal pendant des mois, alors que quand je les faisais les injections (les 10000 d'après) je n'avais pas mal.

Très bon billet, merci, on visualise et on y est!
Merci!

 
#3 Posté par : Junon 19 septembre 2019 à  21:04

ismael77 a écrit

Non c'est étonnant, car je dirais 90% des infirmiers ne savent pas me piquer, seuls ceux qui ont de l'aplomb, ou l'expérience, voire les deux, et du doigté, ou ne font que ça, comme à l'.

Tu as peut-être vu mes bras en photo à l'école, ils y sont comme exemple de gâchis...dans une banque d'images, thrombose, abcès, popeye hands,  i!

Oh si tu savais c'qui se dit des toxicomanes en formation.. décriés comme des délinquants, manipulateurs, mesquin, mauvais.
Quand venait les cours sur les toxicomanie c'était amusant de les écouter déballer leur laïus sans savoir qu'ils avaient un cocaïnomane/heroinomane dans la salle.
De cette logorrhée stigmatisante pouvait sortir entre autre que l'héroïne vous rend accro en une seule prise ou qu'il ne faut avoir aucun état d'âme avec les toxicomanes car ils vous font du chantage aux médicaments à la première occasion.
Et c'est ce discours remplis de clichés qui produit des soignants méprisants en fin de parcours


 
#4 Posté par : ismael77 28 septembre 2019 à  08:53

Anonyme813 a écrit

du chantage aux médicaments à la première occasion.

Bonjour
Oui?! Ca m'étonne pas au vu des réactions.
On m'a par négligence, et par dogme (on ne prend 2 benzo ça ne se fait pas, par contre vous allez me prendre votre depakote ou votre lithium, arrêter de travailler à cause des effets secondaires, arrêter d'ailer à cause des effets induits, et continuer à souffrir mais nous on vous préfère comme ça qu'en UP" "je suis pas UP je suis comme ça, je suis un mec speeeeed!!!!"
Donc au fur et à mesure que j'ai tout foutu ma vie en l'air car je ne ressentais plus que peur et angoisse (nouveautés avant c'était pour des raisons affectives, maintenat je suis bipolaire, certes, mais sans mes phases up consistent à parler vite, y a pire...). Par contre la dépression ne s'exprime plus en larmes mais elle est là, disons 5 montées de chagrin très gros, par jour.
Mais mes pieds commencent à "buller" ce ne serait pas le Lamictal"
Le xeroquel? Je cours le marathon, jambes sans repos et agitation. On rajoute, on confine, il souffre, on entend Monsieur mais vous devriez être en trein de dormir avec cette dose, oui, je suis le seul qui ne supporte aucun neuroleptique ni antipsychotique? Les autres sont calmés et tellement qu'ils le jettent leur xéroquel ou loxapac (le moins pire si t'as rien à faire dans les prochaines semaines).
Bref (c pas mon fort d'être bref), il se passe que je découvre, seul bien sur, que le tranxène enlève, comme par magie mes angoisses insuportables. Très bien, on y va une semaine valium 4 x 10mg et 4 x 20mg Tranxène 150mg méthadone
oui je s


 
#5 Posté par : ismael77 28 septembre 2019 à  09:01
oui je sais ça peut sembler beaucoup, et bien il faut du théralène pour dormir si j'en enlève trop (j'essaie de diviser par deux les posologies, et non le nombre de prises de benzo).
Mais vous savez, c'est dangereux de prendre autant de dépresseurs et les demies vies se superposent tatatata.
OUI, si j'étais à votre place Docteur je dirais pareil. Mais je ne suis pas un patient lambda, ça n'existe pas, mais je suis unique, je ne connais personne comme moi, et 'ai enterré quaatre médecins...
Donc niet, si tranxène pas valium.
Après 5 ans de diazepam, on passe à 0. Pourtant le médecin traitant addicto du csapa, qui me connaît, a accepté. Pourquoi? Car elle sait que je ne suis pas un baratineur, que je ne veux pas de cachets au contraire, simplement j'en ai besoin. Et non d'aller 180 fois aux wc et me faire engueuler parce qu'il n'y a pas de test urinaire "mettez moi une sonde, ou faites une prise de sang...Pisser debout en une minute est mon rêve, merci de me faire, en plus de m'envoyer aux urgences pour vider par la tuyauterie, culpabiliser..."
Bon, l'angoisse disparu, reste le stress et l'agitation. Le tranxène, stupéfiant (quel idiotie) ne me fait

 
#6 Posté par : ismael77 28 septembre 2019 à  09:32
aucun effet négatif (mince j'envoie sans faire exprès ni corriger).
Personne ne m'a jamais vu piquer du nez avec tout ce que j'ai énuméré multiplié par 3...Oui c'est rare peut-être d'avoir deux heures de demie vie pour 150 mg de métha...Mais c'est comme ça, depuis 17 ans on est passé de 40 à 160 depuis hier, et je suis loin des 240 qui me rendent encore plus speed, piquer du nez, oui, avec de l'héroïne, métha pour moi, gros speed.
Je me retrouve sans mon valium, qui fait antiépileptique, et anti craving d'alcool et cocaïne (vite fait), de 40mg à 0 en un jour. Malgré le tranxène, fièvre, courbature sevrage etc. Puis speed, impatience. Je ne pouvais plus continuer à écrire, travailler, qu'au prix de contorsions continues sur ma chaise.
Je vais 3 fois au csapa comme ça et je leur crie dessus comme c'est pas permis.
Diagnostic des infirmiers (oui les infirmiers font des diagnostics...) et du psychiatre (seuls ceux qui me connaissent savent que mes manies ne ressembles pas du tout à ça, je suis exalté et c'est type 2 donc je ne fais rien que je ne ferais, seulement plus vite). C'est normal je n'ai plus de valium.
Je m'en procure, arrête le traitement lithium et lamictal qui m'en a fait tant voir (NYC c'était lui, c'est la dépression qui crée les conso, et le manque d'affect(ion), il faut les deux pour une bonne rechute, sinon ça reste anecdotique.)
Voilà, je leur ai expliqué, et je me suis aperçu que je ne fais que leur dire tout sans exeption et que je ne leur cache absolument rien. Depuis trente ans, j'ai cru qu'en me connaissant ils s'adapteraient à moi. Non. J'en ai chié car les traitements ne fonctionnaient pas (de fond) et qu'on me changeait/enlevait les benzo à tout bout de champ. Résultat on ne s'est pas occupé du problème de mal être "nous savons mieux que les patients s'ils vont bien ou non" disent-ils. Refus de dialoguer pour un traitement avec des objectifs comportementaux, un mieux être chimique, et surtout, permis par cela, social. Quand je m'en sors c'est toujours "contre avis médical". Je suis désolé mais le patient vient parce qu'il souffre, et qu'alléger sa douleur, que j'ai la chance de savoir mettre en mots, pour partie, car ils n'impriment pas (passe une minute en manque et on reparle de douleur)...En fait trop content de ne pas être mort, on donne les clefs, maintenant si je rate un virage je préfère ne pas être à la place du mort. Remettons la subjectivité du patient u centre c'est la demande initiale, Docteur j'ai mal! Non vous pensez ressentir de la douleur, mais vous dormez avec tout ce que vous prenez, ou alors...vous stoquez! Désolé c'est long! Je ferai un brouillon la prochaine fois, et couperait au moins en trois. C'est la métha du matin "j'ai l'impression que ça me speede" oui, ils ne me croient pas que cela me speede, c'est pas une impression sinon je pourrais fractionner, et dormir...La logique? La psychiatrisation de l'addictologie, mais certains produits comme le depakote coupent de sa propre "âme" ou "petit vélo", celui qui dit barrons-nous et qui fait agir et souffrir nous fait aussi moteur.
En bombardant de "rayons" on coupe le snc du "moi". La psychanalyse n'est pas out. Revenons aux afffects, arrêtons la torture ou camisole chimique. En attendant soulagez moi, que je puisse écrire...

C'est bon j'ai le traitement et je vais pouvoir arrêter ma bière du midi, et je garde le joint du soir, qui, lui me pose, en mode passif, le valium me pose, mais en mode j'écris, je parle je cuisine je cueille des fleurs et je fais du sport..
. Désolé pour cette graphomanie (oui il paraît que je parle trop alors que je suis seul 99 % du temps...que j'écris trop, oui c'est une passion), Junon (j'ai relu ton billet, et j'adore, avaler les marches du four, en sentant monter l'angoisse etc, super, j'attends le prochain! Ah tu es lu par du monde? M'a-t-on dit, ah oui mais ce sont des drogués!!!!
Des humains qui lisent et pensent, et on est nombreux j'espère.
Merci Junon continuuuuuue!!!

 
#7 Posté par : Junon 28 septembre 2019 à  20:05

ismael77 a écrit

. Désolé pour cette graphomanie (oui il paraît que je parle trop alors que je suis seul 99 % du temps...que j'écris trop, oui c'est une passion), Junon (j'ai relu ton billet, et j'adore, avaler les marches du four, en sentant monter l'angoisse etc, super, j'attends le prochain! Ah tu es lu par du monde? M'a-t-on dit, ah oui mais ce sont des drogués!!!!
Des humains qui lisent et pensent, et on est nombreux j'espère.
Merci Junon continuuuuuue!!!

Merci beaucoup. Avec moi tu peux écrire autant que tu veux pas de problème.
J'ai commencé l'écriture quand je me suis mis à coucher sur papier ma relation à la drogue, et j'y ai découvert l'effet thérapeutique que ça procure ainsi que la poésie qui émane parfois de certains écrits

Du coup je profite pleinement de cet espace safe.
Peu importe le lectorat, je cherche pas spécialement à être lu (même si je commence à avoir mon public ici big_smile)


 
#8 Posté par : ismael77 28 septembre 2019 à  23:00

Anonyme813 a écrit

Du coup je profite pleinement de cet espace safe.
Peu importe le lectorat, je ne cherche pas spécialement à être lu (même commence à avoir mon public ici )

pareil
mais pour moi j'ai toujours écrit, et le fait d'avoir des lecteurs, impose une production et un cadre, un format.

Après, même quand on écrit sans lecteurs, on en imagine un, soi-même, quand c'est un journal. Parce qu'on choisit une langue, par exemple j'écris en français ici, et même en verlan. Sur mon autre blog, je ne peux pas avoir les mêmes références.

Mais je peux aller dans la réflexion.
Donc j'écris pour moi, c'est-à-dire que j'écris ce que je pense, et clarifie, pose mon questionnement. Quel plaisir, outre le témoignage, d'arriver à dompter une pensée qui fuse en tous sens, pour en profiter pour explorer les sujets à ma façon.
Quelle joie d'être compris, quel aboutissement de voir son travail approprié par le lecteur, qui colle ses propres images, sur le chemin où tu l'entraines!

Avec ta façon d'agencer les briques, on fait un mur, plus ou moins beau, solide. Mais on reconnaît vite le style. Le mien, le tien.

J'aime bien cette histoire, Ibn Ezra ami du grand Maïmonide, tous deux auteurs arabisants du 15ème, dit à son ami : si tu veux lire un livre, écris-le!

Bon ils n'avaient pas Google...et la BNF ni même Alexandrie...Un manuscrit coutait, 20 peaux de bêtes par rouleau (une page, grande), le prix une grande maison avec des esclaves...pour un codex. L'objet si prestigieux ne provient pas moins d'une denrée gratuite, mais chère au cœur, la parole.
Qui précède l'écrit, quand tu écris est-ce que tu as un rythme et comme une poésie qui s'harmonise? Ou se démène laborieusement, mais musicalement? 
L'expression des émotions, le récit et la discussion me semblent tellement important. J'ai été marié à une Américaine, qui n'avait pas la culture du débat contradictoire, et enflammé, je m'ennuyais un peu, même si nous regardions dans la même direction et que cela en valait "grave" la peine...

Premier repas de famille, je lui dis, "c'était bien non?" "quoi? Vous n'avez pas arrêté de vous engueuler, de crier, de quitter la table, avant de revenir tremblant la clope au bec, "parce que d'abord il y avait urgence à libérer les territoires occupés", ou "à prendre en considération le rôle du libre arbitre et de l'épigénétique"...je dis n'importe quoi, mais pour dire, purement intello, purement passionné, rien de plus barbant que l'intello triste!

Mais rien de plus attirant qu'une conversation intelligente, feu pris, bien attisée argumentée, et avec les tripes, se chamailler sur des sujets plus hauts que "elle est bonne la soupe" même si, elle est bonne la soupe!

Et exister par ces touches sur les quelles j'appuie, j'ai envoyé un message. Je peux l'effacer (j'efface mes posts une fois sur deux, pas mes billets, je les fais sur open office), cela m'aura profité quand même. Mais à deux c'est mieux comme pour l'amour, par contre plus seulement pour la lecture, en ce qui me concerne.
D'ailleurs, je vais le faire, un jour, ce blog lecture, avec des infos sur des livres pas trop connus ou que j'ai adoré.


Bien sûr cela ne vaut que si l'on a lu et se pense capable d'apporter ne serait-ce qu'une lecture différente, d'ajouter quelque chose.

Mais je garde ça en tête : écris ce que tu aurais aimé lire.

Et, hors témoignages, compile les réflexions que ton expérience a accumulées et que tu aurais tant aimé avoir d'emblée.
Surtout quand j'ai commencé, j'avais fait le tour de certains genres. Après l'humour c'est bien aussi, mais faut qu'il y ait au moins une personne qui le partage! Ou pas...

Bonne soirée!


 
#9 Posté par : Bootspoppers 29 septembre 2019 à  02:45

junon a écrit

Avec moi tu peux écrire autant que tu veux pas de problème.
J'ai commencé l'écriture quand je me suis mis à coucher sur papier ma relation à la drogue, et j'y ai découvert l'effet thérapeutique que ça procure ainsi que la poésie qui émane parfois de certains écrits

Du coup je profite pleinement de cet espace safe.
Peu importe le lectorat, je cherche pas spécialement à être lu (même si je commence à avoir mon public ici )

Excellent ton blog que je découvre.
C était quand?


 
#10 Posté par : ismael77 29 septembre 2019 à  10:15

Anonyme813 a écrit

Excellent ton blog que je découvre.

Tu trouves aussi?
Avec club 3000 et Cependant plus un qui n'est plus là, ça fait mon podium des plus réussis. Dans ce style bien sur, je lis peu les débriefes ou les monitorings.
mERCI Junon


 
#11 Posté par : Junon 29 septembre 2019 à  13:16

Bootspoppers a écrit

junon a écrit

Avec moi tu peux écrire autant que tu veux pas de problème.
J'ai commencé l'écriture quand je me suis mis à coucher sur papier ma relation à la drogue, et j'y ai découvert l'effet thérapeutique que ça procure ainsi que la poésie qui émane parfois de certains écrits

Du coup je profite pleinement de cet espace safe.
Peu importe le lectorat, je cherche pas spécialement à être lu (même si je commence à avoir mon public ici )

Excellent ton blog que je découvre.
C était quand?

Merci, c'était il y a deux ans


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