Si il y a une chose que j'apprécie autant que la coke 

Le toxicomane que j'étais connaissait toutes les chiottes de tous les bars et resto de Lille, il les sélectionnait exclusivement en fonction de la praticabilité des toilettes.


Je pousse la porte des toilettes, une petite fille se lave les mains au lavabo.
Je m'enferme, la pression redescend, je m'accroupille et débale mon matos sur la cuvette, la petite fille étant loin de se douter qu'un mec va se shooter juste à côté.
Si il y a une chose que j'apprécie autant que la coke, c'est travailler la poudre.
Les préparatifs qui font passer un caillou pure en un trace poudrée.  comme la baise, les préliminaires du sniff sont tout aussi importants, prenant la forme d'une danse ritualisée.
Ça commence toujours par écraser la caillasse, qui se fracasse en morceaux dures ou poudreux selon le produit.
S'en suit une découpe de la coke, un va et vient frénétique des deux cartes, celles ci semblables à deux lames tranchantes.
Les gestes sont fluides, la chorégraphie parfaitement exécutée, laissant l'esprit jubiler, monter crescendo en excitation.


Je prend soin de tirer la chasse avant de sniffer le rail dans le brouhaha qui s'estompe.
Ma tête bascule sur le mur, les yeux fermés, je profite un instant de cette bulle impénétrable.
Je plie bagage et déverrouille la porte, mon plus beau masque sur le visage.