Cette nuit très tard nous nous sommes faits refouler d'un bar gay. L'âpreté d'un contact verbal.
Puis je t'ai raccompagnée sur le quai de la gare. J'aime les départs, ce sont de beaux souvenirs, une vague promesse, de la souffrance à venir. J'ai vu ta fine silhouette disparaître longeant les wagons dans le soleil sous la verrière. Tu partais avec nos frustrations sur le dos, tes cicatrices en tête, dans un grand sac noir. Les douanes ne s'y sont pas trompées, qui t'ont arrêtée.
Un pianiste jouait dans la gare joyeuse et lumineuse. Je suis allé écouter un peu, avant le départ. J'avais la nostalgie de tes musiques avortées, d'une étreinte à peine commencée, de nos jambes enlacées, de ces mains nouées, des lèvres effleurées.
Etant sous prod, j'avais envie de tout, mais je ne désirais rien.
Tu as été stone pendant tout ton trajet.
Tu as laissé chez moi un très joli haut noir.