5 mai 201, samedi.
Pascal vient me chercher à la gare, il m'apprend qu'il vient de se faire cambrioler.
Mais miracle. Nous allons chez lui. Sa femme a le sourire aux lèvres : les voleurs ont laissé dans le jardin ce qu'ils ont emporté. On en est quitte pour un peu de rangement.
Le destin veille sur Pascal comme Pascal veille sur nous.
Voilà, nous sommes là 5, 4 stars de PA, en chair et en os. Et moi.
Je me faisais une tout autre idée des personnages. Les pseudos présentent, de façon onirique ou parfois un peu réductrice, comme des personnages de B.D. À côté d'eux, je suis un grand agité. Tous sont extrêmement calmes et posés. Dreamyn me parle de Howard Becker, entre autres choses liées à la vie et à la mort. D'abord d'autres sujets de politique publique, très important. J'aurai du boulot pour quelques mois devant moi.
Tout d'un coup, dans cette grande salle lumineuse, le calme s'intensifie. Z sort un énorme cabas de courses d'un hypermarché. On nous a parlé d'un atelier, une séance de
réduction des risques.
Mais c'est bien autre chose que je vais vivre.
Z déploie sur la table une nappe bleue qui brille à la lumière. Il sort une coupelle, de l'eau, des petits grains blancs d'une gélule, ainsi qu'une aiguille acérée, une lancette, avec une seringue. Z commence par faire devant notre silence recueilli une toilette approfondie de ses mains et de ses avant-bras. Il parle doucement, il nous a remis le rituel imprimé sur un papier en couleur pour que nous puissions suivre. Je bois ses paroles. Devant nous, il broie la poudre pour en faire une fine farine au milieu d'un papier, la dispose dans la
coupe avec l'eau pure qu'il chauffe légèrement au feu d'un briquet. Il filtre le mélange dans la seringue après avoir préalablement humecté la toupie. C'est la fin de la préparation de la cérémonie. Tout cela dure longtemps, un petit quart d'heure. Il n'y a pas de musique, il n'y en a pas besoin, on entendrait les mouches voler.
La partie publique arrive à son terme. Publique est un bien grand mot, puisque nous ne sommes qu'en réalité que quatre assistants à être initiés.
Z se lève.
Le reste sera intime, voire secret. J'ai le privilège de l'accompagner dans un bureau à côté. Z me parle, tout en douceur. Je vois de nombreuses plaies à ses mains. Il a un corps maigre, peut-être a-t-il une légère barbe ? Peut-être a-t-il des cheveux longs?
Il se pose un garrot.
Et là, à mon regard émerveillé, les larmes à mes yeux, il m'offre la vision de la seringue qui s'illumine au flamboiement du sang.