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Mes plus grosses galères 



J'ai le souvenir de quelques mésaventures parfois cocasses , parfois drôles , parfois tristes , et même certaines un peu délirantes . Certaines scènes me reviennent ponctuées de souvenirs mémorables , tant il est vrai que la came peut nous faire vivre des choses incroyables presque irréelles . Rétrospectivement je me dis que bien des fois je suis passe a deux doigts de la cata....D'autres images en revanche me dérangent tant elles me rappellent que la dope a aussi son cortège de conséquences plus glauques ,voir genantes et déstabilisantes .

Maurice début des années 2000 . Je suis a l'aéroport sir Ramgoulam machin chouette prêt a repartir pour la reunion . Je me présente devant le portique qui sert a la détection des métaux . Un gros flic mauricien a l'air patibulaire me fait signe de passer . J'ai les mains dans les poches de mon Jean et je sens 2 ou 3 petits paquets en aluminium . Merde les doses que j'ai oublie de cacher . Mon cœur bat a tout rompre ,je me dis que l'allu c'est du métal et que ça va sonner . J'imagine le gros flic en train de me fouiller et trouver ces misérables petits paquets d'heroine . Tout se bouscule dans ma tête . Je m'engage sous le portique et.........rien . Le truc ne sonne pas .je crois que cette fois la j'ai remercie Dieu (s'il existe) au moins 1000 fois .

Même époque ,même pays , je sors de chez mon dealer avec un copain rencontre sur place au cours de mes pérégrinations . On a shote sur place . Patrick était en manque et il a insiste pour faire son taquet tout de suite . La came est super bonne ,de la blanche . Je marche devant lui en direction de ma voiture garée pas très loin , presse de quitter ce quartier ou les touristes n'ont rien a faire. Je me dis que si une patrouille de flics me voit , ils vont s'interroger sur les raisons de ma présence . J'arrive a la voiture soulage et la d'un coup je m'aperçois que Patrick n'est pas a cote de moi . Je me retourne et merde il est allonge 10 m derrière , blanc comme un linge , il respire difficilement . Putain il est en train de faire une OD en pleine rue . Je panique ,je sais plus quoi faire . Je pense a Patrick , a la voiture trop visible , aux patrouilles de flics . Heureusement il y a 3 gars ,des toxicos assis au pied d'un arbre , ils ont tout vu , ils se lèvent et viennent m'aider . Ils me disent d'aller planquer la voiture dans une petite rue juste a cote le temps qu'ils s'occupent de lui .quant je reviens Patrick est assis il a rouvert les yeux mais il n'est pas frais . On l'embarque dans la voiture et je fonce a mon hôtel . Il y une bonne trentaine de km durant lesquels j'ai du conduire en m'efforcant de le garder réveiller.
Même lieu , je viens d'arriver . Mon dealer n'aura rien avant le soir . Quelle merde ,je suis en cum . A force de venir je commence a connaitre pas mal de monde . Je tombe sur un copain de Patrick qui m'emmène vers un plan de dépannage ,en attendant le soir . C'est dans un immeuble au 3eme et dernier étage . Le vendeur nous fait rentrer et tout debsuite nous apporte 2 doses . On tape ,j'ai ma pompe sur moi . Une fois fait le copain en question s'en va mais je décide de rester a l'invitation du vendeur . On discute un bon moment puis 2 ou 3 heures apres je décide de partir . Il me dit de me méfier car les junks du quartier savent que quand je viens j'achete une dizaine de g . Effectivement quand je descends les escaliers j 'entends du monde dans le hall . J'hesite mais trop tard 2 gars se jettent sur moi . Bousculade , cri , mais les types insistent . Les mecs sont malades , l'un d'eux tiens a peine debout . Je l'expedie par terre sans trop de difficulté mais,l 'autre me frappe dans le dos . Puis je leur dis d'arrêter en leur proposant de leur payer une dose chacun . Ils acceptent .je suis quitte pour une vingtaine d'euros . Du coup je remonte chez le vendeur , il est surpris de me revoir et je lui explique ce qui s'est passe . Il rentre dans une colère folle ,me fait rentrer , et ressort . Il revient 10 mn apres me rend mes 20 euros . Je lui dis que ma foi je pouvais leur laisser , et que les mecs étaient  en manque.il insiste en m'expliquant que c'est une honte pour l'hospitalité Mauricienne . En plus il me dit que j'ai eu de la chance car normalement ils ont toujours une lame sur eux . C'est vrai qu'est ce que j'ai été foutre dans ce quartier de merde dans un pays qui n'est pas le mien . En y repensant c'etait effectivement stupide .

Gare de Lyon début des années 80 : le super marche de la drogue. Incroyable de penser que cela a existe en France. Tout le quartier est occupe par des sénégalais , africains de l'ouest, maghrébins , tous dealers d'heroine . Les rues sont pleines de mecs qui dealent ouvertement les uns a cote des autres . On ne sait même plus auquel s'adresser ,tellement il y a l'embarras du choix . Même les immeubles sont squattes .il doit y avoir près d'un millier de dealers . Toute la journée c'est le défile de toxicos venus s'approvisionner en toute impunité. Les descentes de flics sont quotidiennes ,des centaines de flics qui bloquent tous le quartier et arrêtent tous ceux qui s'y trouvent . C'est le sauve qui peut . Les dealers balancent leurs keps par terre ,certains essayent de les cacher dans des recoins . Vers la fin c'était devenu un rituel.les clients venus acheter se planquent dans la gare et attendent que les flics repartent . Puis ils reviennent et récupèrent les paquets caches ça et la par les dealers . Une véritable chasse au trésor .
Certains passaient leur journée dans la rue a se shooter. J'en ai vu ramasser l'eau par terre et même certains se bricoler un cathéter de fortune, vraiment sordide quand j'y pense .
Ils ont fini par raser tout le quartier .

C'est vrai qu'en terme de RDR et même de prise en charge psychomedicale les choses ont énormément change . J'ai presque envie de dire que les UD d'aujourd'hui sont des enfants gates . Tout le contexte social , même si les mentalités évoluent lentement a change . Tous ceux qui ont connu le début des années 80 le confirmeront notamment avec l'émergence du sida . Je me rappelle avoir connu un jeune couple avec un enfant tous deux séropositifs et toxicos ,complètement livres a eux même . J'ai assiste a leur début dans la maladie. Lui il avait déjà  pas mal  morfle , elle a peine 18 ans ,un enfant sur les bras,dépendante de l' héro et malade . Une longue descente aux enfers . Laches par leur famille sans aide sociale ,tous les deux chômeurs bref un tableau noir . Pourtant Fred c'était un mec sympa et intelligent. Ils vivaient dans un petit appartement a Bordeaux . Les dernières fois ou  je les ai vus on ne pouvait plus mettre un pied devant l'autre tellement il y avait de bordel dans leur appart. Le peu de force qu'il leur restait était consacre a la recherche de leur dose . On osait a peine bouger de peur de se piquer a une seringue usagée . Et au milieu de tout ça leur gamin qui les regardait se shoter . Plus d'une fois j'ai eu envie de prévenir les services sociaux ,au moins pour leur fils , car un enfant ne devrait jamais assister a une telle déchéance . Peu de temps apres j'ai décroche et je suis parti pour la reunion. Je n'ai plus jamais eu de leur nouvelles . Je pense que le virus a eu raison de leur vie . Pour ma part je crois que cet épisode m'a convaincu qu'il fallait que je décroche et que je quitte ce milieu .

Catégorie : Témoignages - 31 octobre 2015 à  06:34



Commentaires
#1 Posté par : Mascarpone 31 octobre 2015 à  18:58
C'est clair! On a vécu des trucs avec ce milieu qu'on était bon gré, malgré obligé de fréquenter.....Rétrospectivement, et aussi sûrement parce que je ne suis plus addict depuis longtemps, pour moi se dégagent plus des bons souvenirs que des mauvais et même quand il s'agit de trucs vraiment glauques sur le moment.

J'ai vécu des trucs de dingue, rencontré des phénomènes que je n'aurais même jamais imaginés réels si je n'avais pas vécu cette vie.

Et, quand tu parles "d'enfants gâtés", c'est vrai que même si chaque époque amène ses nouvelles galères, je doute que ceux qui n'ont jamais connu la triste et mortelle époque antérieure aux TSO et aux shooteuses en vente libre puissent imaginer ce que c'était....

Courir après un plan, trouver le pognon (la came coutait bien plus cher en comparaison du niveau de vie moyen de l'époque),mais une fois le kepa en poche, c'était pas fini, il fallait encore trouver une pompe (d'où les ribomunil et autres vaccins anti tetanique utilisés des dizaines de fois et le partage de la shooteuse entre 5 ou 6 personnes parfois, dont des mecs que tu n'avais rencontrés que 10 mn plus tôt et dont tu ne savais rien....) Quand j'y repense, le cul bordé de nouilles que j'ai eu de ne choper qu'une hépatite b qui s'est vite guérie....Surtout si je fais le compte de tous les gens qui ont vécu cette époque autour de moi et qui sont quasi tous morts du sida ou d'une hepatite.....

Et quand tu n'avais pas de blé ou pas de plan, la seule solution pour pas (trop)pleurer ta mère c'était courir les pharmacies pour pechô des boites de néo codion que tu gerbais parfois et que tu ramassais dans ton vomis pour les bouffer à  nouveau.....Car les toubibs et leur sacro sainte ordo : rohypnol,tranxene50,visceralgine forte et immodium perso, plutôt se gaver de néo en picolant dessus....Pas de meth ni de sub ni de sken ni même de temgesic au début des années 80.....
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Tout a fait vrai. Aujourd'hui c'est presque trop facile.

 
#2 Posté par : Mascarpone 01 novembre 2015 à  16:06
Et un "détail" aussi qui arrivait souvent, surtout aux alentours des lieux de deal connus .....

Les keufs en général, ne trouvaient rien de plus facile que d'attendre que les mecs aillent essayer de choper une pompe dans les pharmacies des environs, pour les cueillir gentiment à  la sortie....Résultat: T'avais le droit de te faire piquer ta came (après tout ce que t'avais galéré pour l'avoir), d'être toujours en manque et d'aller faire un pti séjour de 72h en GAV si ils avaient vraiment décidé d'être chiants.......Le dur quotidien des usagers de l'époque......

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