Un simple jeu de mot dédicacé à la Bretagne, une terre et mer où je me sens bien. Rien d'alarmant. Voici un mois que j'habite un lieu où cette amie m'a embarqué. Ancien hameau, perdu dans les bois, avec des maisons bien retapées, d'autres en chantier. Il y a suffisamment d'espace pour avoir la paix, suffisamment de monde pour se marrer, se faire des bouffes tous ensemble. Bien que je ne commence qu'apprendre à connaître les habitants, j'apprécie cette ambiance de musique expérimentale, d'esprits débridés, de voisins qui passent dire bonjour avec un pack sur l'épaule, les chevaux, les poules, les chats.. J'apprends à tempérer ma frustration de ne pas pouvoir participer aux tâches collectives trop physique. A me retenir, à m'écouter et à m'allonger lorsque la douleur se signale un peu trop. Cette dernière évolue, positivement j'ai l'impression.
On m'a fait passé une IRM, le résultat n'est pas super funky, un radiologue est passé en coup de vent me balancer en pleine gueule "Ben va falloir opérer, hein", avant d'enchaîner sur un prochain patient. Je l'aurai sûrement tarté si je n'avais pas été aussi fatigué et abasourdi. Heureusement, une amie a pu gérer le trajet en voiture, car si j'avais conduit .. Mais finalement, trois jours après, une visite chez le
doc m'a rassuré. Pas de de signes neuronaux qui s'aggravent. Une infiltration serait conseillée, mais pas d'opération urgente pour le moment, je me remets à respirer.
De plus, grâce au réseau de la bande d'ici, j'ai rencontré un type super, ancien coach de sportif de haut niveau qui s'est reconverti pour les convalescents comme moi. Déjà quelques séances et je sens un réel progrès. J'arrive à marcher droit la plupart du temps, je passe beaucoup moins de temps allongé à attendre que 'ça' passe. Il m'apprend à me servir de mon corps, moi qui croyais si bien le connaître. De relaxation au renforcement, je reprends petit à petit les commandes.
C'est pas la grosse teuf non plus hein, mais il y a des petites victoires, comme réussir à ramener les poubelles à 400m de là, de faire des bouffes pour une dizaine de personnes (même si parfois je n'ai même plus la force de manger après l'effort). Tout le monde a pris l'habitude de me voir me balader avec mon tapis de sol, ma bouillotte et une balle de mobilité pour m'auto-masser. Et puis souvent une bière aussi. J'arrive à m'en marrer maintenant, et eux se sont habitués à m'entendre râler et pester quand ça
douille vraiment.
Je m'impose une discipline impartiale concernant les exercices. J'essaie de veiller à chacun de mes mouvements. Gainer, rétroverser, prendre son temps, sentir son intérieur, son bassin, ses hanches, ses tendons, détendre les muscles de la jambe, qui s'associent parfois pour une crampe générale. Je ne pense pas qu'on puisse vraiment s'habituer à ce genre de mal, mais on apprend à l'anticiper, à s'y adapter, à y répondre de manière douce. Même si parfois je regarde si y a pas une jambe neuve à vendre sur le bon coin.
Parallèlement, et sans surprise, le traitement prescrit a vite cessé de fonctionner ( 2x30 de
skenan, 3x5 de
valium et 30 de duloxétine). Cette dernière a l'air de jouer sur le moral, sûrement l'effet
ISRS qui commence à faire effet. Le
valium me semble peu utile (mais j'imagine que ce serait pire sans) et la morph' ... Ben j'ai vite commencer à utiliser le kit MAD puis à plugger. Nouvelle pratique, méthode glanée sur PA et très bons conseils d'un infirmier
SAFE (merci à toi su tu me lis).
Malgré ça, je me sentais sous dosé, largement, alors j'ai entamé les stocks de réserve, en prévenant mon toubib. Et ce matin, après un rendez-vous préventif assez compréhensif, je ressors de là avec 42 gélules d'actiskenan de 10mg. Et un rendez vous lundi, pour refaire le point et adapter la posologie. J'avoue que j'en attendais pas tant, mais tant mieux.
Même si j'ai l'impression d'un 'mieux' général, je me vois pas sans "rien", ayant trop abusé de la
ké (qui me met en danger lors de mes déplacements et une tolérance qui ne me plaît pas) qui n'a quasi plus d'effet antalgique. Il m’arrive encore d'en chier des ronds de chapeaux.
je me réveille souvent vert 6h, avale vite mes cachets avec 2 ou 3 bières et quelques clopes en espérant pouvoir retourner au dodo au plus vite. Mais ce rythme ne me plaît pas. La douleur est une information (même si j'ai bien bien compris le message) et l'endormir m'expose à des risques en faisant le foufou avec mon corps.
Je prends déjà goût au
skenan LI, en plus du
plug des 30mg de LP (j'ai d'ailleurs tenté un mix ce soir en
plug 10 d'acti plus 30 de lp, ça plane un peu plus) mais j'aimerais trouver ma dose de 'confort', qui me permette d'avoir une vie décente.
J'ai un rencard au
CSAPA après demain, j'ai beaucoup de choses à raconter, notamment sur cette dépendance affective qui m'amène à chercher toujours plus loin dans la déglingue, pour oublier.
De ce côté, comme viscéralement anticipé, plus de nouvelles, à part un texto maladroit il y a déjà 3 semaines au moins.
Mais j'essaie de ne pas perdre les objectifs que je me suis fixé. Aimer sans attente, tout en s'éloignant. Ne pas glisser dans la rancune et la colère. Et se rouvrir au reste du monde.
Il y en a du beau par ici, j’intègre délicatement un réseau qui me plaît. Des idées germent, des projets progressent. Je pense faire un dernier hiver à la montagne (si mon corps continue sur cette voie) et revenir zoner vers l'océan. Enfin non, pas zoner, reconstruire.