J'ai mal.
Presque 6 mois de diminution progressive du
Skénan, Le médecin me répète sans cesse que je suis courageuse, certains d'entre vous m'ont dit des choses allant dans ce sens.
Alors, je me dits que je peux être fière, que j'ai été capable d'endurer la souffrance pendant des mois, que je suis forte.
Mais ça sonne faux ! Je suis mal, et j'ai honte de moi.
Avec cette diminution progressive, j'en arrive aujourd'hui au dosage qui a été mien pendant toute la période de mon premier taquet jusqu'au
sevrage que j'avais fait au printemps 2012.
Et ce
sevrage, brutal, aidé uniquement d'anxiolytiques et d'ibuprofène, me laisse un souvenir d'une souffrance indescriptible, enfin, souvenir, c'est surtout ma chair qui se souvient.
J'ai pris mon dernier taquet dans un bain, avec bougies, bain moussant, encens, musique, et mon amoureux, un lundi soir. C'est le mardi soir que ça a vraiment commencer à monter. Et quand j'ai senti que ça allait commencer, j'ai roulé un pétard de 15 cm, on 'a fumé, et je me suis bestialement jetée sur mon homme. Rien ne sert d'être pudique ici, si on peut parler de drogues, on peut parler de sexe. On sait tous que c'est un élément important dans un
sevrage, mis à part le côté sentimental et intime plus qu'agréable, l'orgasme libère des endorphines, ça aide à gérer le manque et les pulsions.
Ensuite, là , ma mémoire s'arrête, mon cerveau fuit mon corps je ne suis plus qu'un animal, je n'ai plus d'humanité. Je ne me souviens pas ce qui s'est passé. Ce que je sais, c'est parce que j'ai demandé à (donnons lui un nom, ce sera plus simple) donc mon amoureux P de me raconter le plus en détail possible. Il a été le seul à prendre soin de moi (mis à part la visite quotidienne du médecin), il na pas dormi une minute pendant trois jours, et pas beaucoup encore après. A force d'en parler, j'ai quelques bribes de souvenir, surtout des sensations, douleur, colère, mort omniprésente.
La première nuit, je n'ai fait que hurler ou gémir, et frapper. Il n'y avait que ça pour gérer la souffrance, taper (enfin, c'était pas miraculeux, ça passait le temps en occupant les bras). Et pas moyen de dormir. Apparemment, j'ai cassé pas mal de choses, brisé des verres, … Alors, il m'entourait de ses bras, sans me contraindre, sans forcer, et je tapais sur son torse. Il encaissait et restant tendre.
Toute la journée du lendemain a été pareille, atroce. J'ai juste eu la chance de réussir à dormir deux heures le matin. Et après, je réclamais toujours du café/gnôle et des sticks que je ne finissais pas et qui s'entassaient dans le cendrier. J'oubliais qu'ils étaient là et je demandais tout le temps à P d'en rouler. Il me le racontait tout le temps, ça le faisait rire. Apparemment, j'étais drôle à voir par moments, défoncée comme ça. La nuit, idem, sans le café/gnôle, et surtout sans sommeil. Par contre, quelques vomissements, mais(enfin, c'était pas miraculeux, ça passait le temps en occupant les bras) sans plus. A ce niveau là , ça a été pas trop pire.
C'est à partir du jeudi matin que j'ai peu à peu repris conscience. J'ai réussi à me lever, profitant d'une absence de P parti faire le café . Je suis allée me voir dans une glace. J'avais un visage pire que celui d'un mort (je dis ça en ayant déjà vu des morts), complètement ravagé par l'épuisement et le combat mené par mon corps. Et là , en plus, mon cerveau était revenu, donc ça a fait mal de me voir avec la tête d'une junkie qui aurait fait une OD. Je ne suis pas restée debout bien longtemps.
J'avais retrouvé mon cerveau, la souffrance qui faisais hurler à la mort n'était plus là , mais je n'aurais toujours pas été capable de tenir quelque chose sans le faire tomber, ou de rouler une
cigarette ? Et les douleurs étaient encore puissantes. J'ai continué le régime pétard/café gnôle/séresta, et j'ai fait une découverte formidable : la baignoire. J'ai pris un bain, et, miracle, ça a soulagé la douleur. Pendant plusieurs jours, je suis restée dans le bain jusqu'à 6 heures d'affilée, ça a été salvateur.
Je suis restée incapable de ne rien faire pendant quelques jours. Mais j'en ai eu assez vite marre, et j'ai repris quelques activités tranquilles, j'avais besoin de bouger malgré mon corps qui n'étais pas prêt.. Mais il y avait aussi le beau temps, les journées allongée, avec le soleil qui chauffe la peau et détend les muscles.
Je pense que je vais m'arrêter là pour aujourd'hui. Il me restera donc l'aspect psychologique à vous raconter. Ce n'est pas le plus facile à écrire, et c'est la raison de l'échec quelques semaines plus tard, alors que physiquement j'étais guérie. Quel gâchis ! Là , je suis loin d'être fière de moi.