Je suis trop clean, on peut le voir à mes yeux leur couleur verte autrefois cachée par mes pupilles, mes dents sont clairsemées de carries, et chaque inspiration d’oxygène qui manque de
coke. Plus aucune substance, sauf le
shit bien sûr mais celle là ne compte pas. Bref, rien le vide, le néant, de nouveau moi meme… Comme je n’avais plus de raison de me plaindre de ma misérable existence, j’ai décidé de laisser mon corps mourir de faim, et je le ferais jusqu’à ce que mes os saillants deviennent insupportables à la vue des autres. Pourtant les réserves de nourritures de ma mère baissent dangereusement à chacun de mes repas. Manger vomir boire fumer dormir, manger pour dix, manger comme si l’on n’avait pas mangé depuis des siècles, peu importe la nourriture, à en faire craquer son ventre, se plier sous la douleur, manger, que dis-je, engouffrer, se remplir, combler, penser que c’est mal, qu’on va devenir obèse à cause de tout ça et que personne ne nous aimera, qu’on mourra donc seule, et enfin vomir. Et quand je vomis… c’est tout mes cauchemars, toutes mes peurs, tout ces moments où j’aurai pu ou j’aurai du, ces espoirs brisés, ces larmes injustement versées et en vain, ces étreintes au soir et levés seule pleurant le matin, ces cris de jouissances et ceux de souffrances, tous les mots, toutes les promesses, les rêves qui se sont discrédités, ces trompes l’œil, ces mensonges sous l’emprise de violence, c’est mon âme qui s’échappe de ma gorge, esquintant les parois de mon œsophage. Puis le silence, mon regard qui se pose sur mon reflet, une inconnue, étrangère, qui semble morte la peau terne, les traits tirés, le visage pâle, et aucune étincelle à déceler dans ce vert, plus rien. Le néant. Plus rien du tout.