(à suivre)
Catégorie : Témoignages - 07 février 2016 à 08:39
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bighorsse a écrit
Je suis assez hermétique à la géométrie ...désolé... Mais si je comprends tu es sur D prime...ce qui signifie qu il existe son corollaire en D ..l autre étant une projection de la première....c est une façon de parler de tes deux vies ?
Comme deux droites ne se croisent jamais ça me parait peu juste...car en D tu subis obligatoirement les effets de G ...non ? Enfin...je m égaré sûrement ...
Bonjour Bighorsse.
Non, non tu ne t'égares pas, c'est moi qui ne suis pas clair, et pour cause : j'ai toujours été archinul en géométrie, depuis mon plus jeune âge... ^^ Mon raisonnement n'allait donc pas aussi loin que le tien : il s'agissait juste d'un jeu de mots pourri. Du genre Point G et Déprime, quoi.
Cela dit deux droites finissent toujours bien par se croiser, du moment qu'elles ne sont pas parallèles ? Non ? o_O
Syam a écrit
Mon cher ami si tu penses qu'il faut être drogué pour mentir dans ce qu'on montre de soi-même, tu es très naïf. Ce que tu racontes-là est la vie de tout le monde, déchiré entre une image imaginaire qu'on veut afficher et une autre image imaginaire qu'on pense "être vraiment" et qui n'a pas plus de sens que l'autre. Les deux sont des délires. Le problème est qu'on a tellement emmerdé les consommateurs qu'ils ne supportent pas ce mensonge et qu'à force de s'entendre voués aux Gémonies, ils finissent par passer leur temps à s'imaginer que sans la drogue tout irait mieux. Mais c'est rien d'autre qu'un écran de fumée, à la fin tu es exactement comme n'importe qui, et te mensonge, OSEF (on s'en fout). Juste les mêmes êtres humains, ces différences sont juste imaginaire et leur gravité aussi.
[...] Met d'abord fin à cette culpabilité imaginaire implantée là par des discours intolérants, ensuite seulement si tu as envie d'arrêter (d'arrêter de te droguer ou d'arrêter de mentir) tu sauras comment faire car la fièvre du délire entre ces identités imaginaires sera retombée.
Bonsoir Syam,
Je vais d'abord te répondre sur la forme, parce que ça me parait important. Je suis nouveau sur PA et je ne sais pas quel est ton "statut" sur ce site, ni de quelle aura tu jouis ici, mais je vais être franc et te dire d'emblée que je n'aime pas du tout ce ton professoral et condescendant que tu emploies. Rien que ta première phrase... Sérieusement. Relis-toi. Et tous tes posts sont dans la même veine.
En fait, ce ton me dérange beaucoup car il laisse transparaître un certain complexe de supériorité, et une plus grande promptitude au jugement qu'à l'empathie. Car tes conseils ne sont rien d'autre que des jugements déguisés. On y perçoit ta certitude de penser juste là où les autres, qui pensent différemment, pensent faux. Beaucoup plus gênant, tu as tendance aussi à juger ce que ressentent les autres. C'est limite.
Tout cela est peut-être involontaire ou inconscient de ta part, mais tu t'exprimes comme si tu était drapé dans la sagesse, le savoir, la sapience... De fait, tu donnes beaucoup de leçons et de conseils alors que personne dans ce fil ne demande à être instruit ou conseillé. Ni même rassuré. Tu n'as pas à faire à des gosses demeurés et incultes mais à des adultes à peu près aussi éclairés, lucides et intelligents que toi.
Bon, voilà pour la mise au point formelle. Je le dis sans aucune animosité, et je suis désolé d'être aussi direct, mais ça m'a vraiment démangé en te lisant.
Pour le reste, je n'ai pas grand chose à répondre. Sinon que je ne suis pas naïf, loin s'en faut. J'ai envie de dire : hélas. J'aimerais l'être, ce serait sans doute plus simple.
Je n'ai écrit nulle part que le mensonge était le propre des toxicos. Néanmoins, les gens qui s'alcoolisent et se défoncent en cachette sont plus nombreux que ceux qui mangent du chocolat en cachette. Et même si manger du chocolat est socialement admis, je ne pense pourtant pas que la société soit seule responsable de la clandestinité dans laquelle agissent les drogués et les alcooliques. Il y a autre chose. Car sinon, comment expliquer qu'il y ait aussi des gens qui boivent et se défoncent en public, alors que d'autres mangent du chocolat en cachette ? Peut-être tout simplement parce qu'ils sont boulimiques et qu'ils mangent de façon morbide et compulsive, d'une manière qu'ils savent nuisible et dangereuse pour eux-mêmes. D'une manière dont ils ont honte parce qu'ils sont aussi dépendants à la bouffe que moi à la codéine.
Le problème, c'est la morbidité de la démarche de celui qui se drogue. Quelle que soit sa drogue. Le problème, c'est de sentir que quelque chose qu'on ne maîtrise pas du tout domine l'âme et le corps. La dépendance porte bien son nom. Dépendre de. Et quand la (sur)vie dépend d'un produit, il y a de quoi déprimer. La société n'a rien à voir là -dedans. Le problème du mensonge se situe sur un autre plan. Ma culpabilité n'a rien d'imaginaire. Elle ne m'a pas été inculquée par la norme sociale. Elle est le fruit de mon aliénation radicale à la codéine. Elle est le résultat de ma défaite.
Le mensonge et la dissimulation sont avant tout des stratégies inconscientes qui ne sont pas motivées nécessairement ou entièrement par le seul respect des usages sociaux. Chez moi, il y a l'aspect familial plus que social au sens large. Mais se cacher, c'est aussi un moyen de ne pas donner "corps" à l'addiction, de ne pas accorder d'importance à la dépendance. De faire comme si ça n'existait pas. Illusoire, certes, mais tellement humain.
Alors non, mon cher ami, ce n'est pas une idée qu'on m'a mis dans le crâne : je suis certain que tout irait beaucoup mieux sans la drogue et sans l'alcool. Je vivrais tellement mieux et tellement plus tranquille. J'aurais plus d'argent, j'aurais toute ma tête et ma disponibilité d'esprit, et j'aurais un foie en bon état. Alors que là , plus je continue, et plus tout ça se dégrade.
Et je ne suis pas fier de ce que je suis, non plus. Par contre, je vois autour de moi des gens fiers d'un type sensé avoir arrêté la défonce et l'alcool depuis 2008. Moi... Des gens persuadés que je suis clean. Des gens que j'aime. Tu vois bien que ce n'est pas juste un problème abstrait d'ordre social ou ontologique. C'est très concret. Et c'est ma vie. Et c'est ce que je ressens au plus profond.
Bien à toi.
bighorsse a écrit
Polytox
Que comptes tu faire ? Quel rapport entretiens tu avec tes addictions ? As tu envie de rompre avec elle ou n y parviens tu pas ?
J'ai rendez-vous dans un CSAPA mardi, avec un psy. Je verrai un addicto dans la foulée. J'ai envie de décrocher, mais en même temps, j'ai pas envie de vivre sans, ou plutôt, je ne m'en sens pas capable. C'est aussi pour ça que je culpabilise. Alors je ne sais pas trop qu'on me proposera, cure dégressive de Dicodin jusqu'à l'arrêt, ou TSO. J'ai lu un paquet de témoignages... Honnêtement, je suis un peu paumé pour l'instant. Je sais que je vais en chier, dans tous les cas, et je fais pas le malin... o_O
polytoks a écrit
J'ai lu un paquet de témoignages... Honnêtement, je suis un peu paumé pour l'instant. Je sais que je vais en chier, dans tous les cas, et je fais pas le malin... o_O
Franchement c'est normal d'avoir un peu d'appréhension, après des années de conso et d'habitudes. Parceque même si la décision de consulter en CSAPA vient de toi, il y a quand même d'autres personnes qui vont intervenir dans ton parcours de soin (pas évident, quand on s'est planqué en gérant seul pendant longtemps).
Néanmoins y'a des certitudes que tu peux avoir, comme le fait que tu peux toujours refuser ce qu'on te proposera. En fait, une bonne chose c'est d'y aller en s'étant renseigné un max, pour pouvoir formuler des demandes éclairées et adaptées (quitte à ce que ce soit réajusté). On te laissera d'ailleurs probablement l'initiative de formuler les raisons de ta présence, et je pense que si tu démêle un peu le tout (soucis physiques, psychologiques, socio, financiers... évaluer les risques liés à tes pratiques...), ça aidera à trouver la bonne direction plus rapidement.
Par exemple, même sans envisager de sevrage, rien que passer de la codé au sub (ou méthadone, même si pour une primo prescription de TSO chez un non-injecteur, beaucoup vont être réticents...) aurait de bonnes chances de te soulager sur certains aspect (ne plus avoir à vivre la tournée des pharmacies, ne pas avoir à t'inquiéter du stock, du manque ; claquer considérablement moins de fric, avoir l'occasion de consulter des professionnels de santé gratuitement et régulièrement... en plus d'autres bénéfices qui te sont propres).
YourLatestTrick a écrit
Par exemple, même sans envisager de sevrage, rien que passer de la codé au sub (ou méthadone, même si pour une primo prescription de TSO chez un non-injecteur, beaucoup vont être réticents...) aurait de bonnes chances de te soulager sur certains aspect (ne plus avoir à vivre la tournée des pharmacies, ne pas avoir à t'inquiéter du stock, du manque ; claquer considérablement moins de fric, avoir l'occasion de consulter des professionnels de santé gratuitement et régulièrement... en plus d'autres bénéfices qui te sont propres).
Oui, peu importe ce qu'on retiendra comme méthode, je crois que l'envie de gagner en tranquillité et en sérénité, c'est vraiment ça qui m'a décidé à reprendre contact avec eux. Faire en sorte, dans un premier temps, que ça cesse déjà d'être un problème matériel pour se concentrer sur le reste.
J'ai déjà été suivi dans ce CSAPA pour d'autres addictions, il y a plusieurs années. Je me souviens d'un équipe vraiment sympa.
Plus que deux jours...
menez luc'h a écrit
il y a une part de bonheur à aller chercher.
Du bonheur ?! N'emploie pas des gros mots comme ça, s'il te plait.
Je plaisante, bien sûr.
Oui, j'ai dû parler de défaite je ne sais plus où, tellement je cause depuis quelques jours... Tout sort un peu en vrac.
J'ai souvenir d'une période, il y a sept-huit ans, où j'ai été clean. Puis j'ai replongé progressivement à la faveur d'évènements difficiles. Je pense que j'ai vécu ça comme une défaite, oui, même si ma démarche actuelle montre que je ne m'avoue pas (encore) (totalement) vaincu.
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