Je suis morte de peur.
Je sais qu'il y a autant de manières de devenir un consommateur que de personnes qui consomment, qu'il est possible de consommer sans devenir accro, pour rester dans le cadre du festif. Mais purée moi je me sens glisser, j'ai le vertige, je vis depuis des mois en sentant le sol s'effondrer sous mes pieds. Pourtant, je consomme très peu, je n'ai pas de dépendance physique : mais chaque jour qui passe, la plupart de mes pensées et de mon temps en ligne est occupée par la drogue. Je me sens tellement seule face à moi même; vouloir mourir semblait à la limite plus compréhensible.
Dépressive, anxieuse, je vole des médicaments à mamie (pardon). Après tout, je ne tiendrai pas l'année : ça tombe bien, les morts n'ont pas de problème de dépendance. Mes grands parents et ma mère sont ravis : jamais je n'ai l'air aussi heureuse d'habitude. Couchée dans l'herbe du jardin, je suis en communion avec les oiseaux dans le ciel, la chaleur du soleil se mêle à celle des
opiacés.
Soudain, le confinement. Un jour où ma mère n'est pas là, je check ses armoires : bingo, de la
codéine. Je me sers une fois, deux fois, trois fois, puis n'y touche plus pendant des mois. Pendant ces mois, j'y pense quotidiennement. Je vois un psy, j'établis un traitement, je me sens presque bien. L'existence de la petite boite se fait moins présente, le sol sous mes pieds est ferme à nouveau, le vol des oiseaux est loin. Je rentre dans ma cité u, je commence à travailler, à avoir cours. Le retour à la réalité est trop dur, j'encaisse pas le coup. Je tiens un mois avant d'être renvoyée chez mes parents, retour à la case psychiatre, arrêt, tout le tralala. Le sol s'est dérobé sous mes pieds, mais pas encore assez pour que je finisse six pieds sous-terre. Je recommence à penser aux
opiacés, je commande du
kratom. Aucun effet, mis à part le stress de commander des substances illicites à l'étranger. J'en parle à ma psy, j'établis des mécanisme sains. Je commence à faire du sport, une semaine. Je commence à écrire dans mon journal au lieu de me mutiler, je tiens trois jours. Je finis par me mutiler entre deux session d'écriture. On change mon traitement, on ajoute un
neuroleptique. C'est trop dur. La boite de codé est presque vide, j'ai peur d'en commander pour moi. Si je saute le pas, alors qui pourra me retenir de sombrer, puisque je ne suis pas fiable ? J'ai peur qu'on me refuse mon
xanax, ou qu'on m'interne en hp si je craque ; je sais que je n'arriverais pas à avoir une consommation raisonnée. Alors je regarde d'autres choses, je me dis que des
rc proche de la
ké, c'est peut être pas si mal........ Mais au final, je sais que mon coeur va aux
opiacés, parce que mes parents ont chacun leur addiction à une substance (cannabis,
alcool,
tabac) et que je vois bien le genre d'affection qu'ils ont pour elle. Parfois, je les envie un petit peu; j'aimerais bien pouvoir juste faire pousser un pied, aller au bureau de
tabac ou au supermarché, ou pencher pour des choses acceptées par la société. Peut-être n'est-ce pas tant l'idée de finir dans la dépendance, mais celle de l'incompréhension des gens, qui m'angoisse le plus.