Bonsoir
Inquiet, un esprit entre vite dans un cycle fermé où chaque souci renvoit constamment à un autre. D'une certaine façon, nous essayons tant bien que mal de résoudre un problème en prenant en compte tous ses tracas, ce qui amène à un souci final : une vigilance exacerbée comme lors d'un danger potentiel.
L'évolution de l'Homme a sans doute voulu qu'il puisse se concentrer en présence d'une menace imminente en se représentant le risque qui le guette et qu'il trouve une solution rapide à cela. A la
base nous avons un mécanisme issu de notre évolution qui nous pousse vers la survie.
La perte de contrôle évoquée dans le post précédent a aussi sa place ici : le cycle limbique peut nous enfermer dans une vision des choses unique, générant de l'anxiété permanente. Trop prolongée, la perte de contrôle du cerveau rationnel se transforme en compulsion, panique le tout injustifié. Remarquez pour ceux qui êtes confrontés au TAG que si vous êtes phobique, la situation ressortira probablement, si vous êtes dans l'obsession vous êtes en prévision physique du risque redouté, mais si vous paniquez une peur réelle et intense peut se manifester.
Dur de trouver la cause du trouble qui est parfois issu de peurs sous-jacentes comme par exemple l'a priori concernant l'insecte donnant lieu à un rituel d'aseptisation de plus en plus violent dans nos sociétés, avec un virus en liberté n'en parlons plus, c'est la meilleure façon de faire émerger une psychonévrose.
Un anxieux a souvent tendance à aborder le côté négatif de différents sujets en passant rapidement de l'un à l'autre, on remarque comme une sorte d'expression de ses préoccupations qu'il veut à tout prix qu'elles soient entendues. C'est sur le plan auditif et non visuel que l'anxiété se maîtrise le plus facilement.
L'insomnie ... en quelques pas on comprend ce qui a amené ce rapprochement chez les psychologues (dont Borkovec) qui montrent que l'insomnie se caractérise à la fois par une forme cognitive impliquant les idées d'inquiétude et une forme somatique étant la réaction physique à ces idées anxieuses. On peut être amené à redéfinir l'insomniaque chronique comme tel : c'est un anxieux qui ne peut empêcher les idées tracassantes de passer en dessous de l'envie de dormir. La relaxation est la technique à privilégier afin de porter son attention ailleurs, en particulier sur les sensations liées au détachement. Mais la relaxation ou la
méditation sont très difficiles à mettre en oeuvre pour un inquiet.
Pour certains psychologues on pourrait tirer un bénéfice de toutes ces représentations de dangers créées pour mieux les parer mais en réalité leurs probabilités sont minces. L'anxieux reste tout de même persuadé d'une utilité à son comportement.
La réponse chimique est finalement du côté émotionnel :
le cerveau limbique créé un état de dépendance à l'anxiété en y attribuant un mérite de prevenir le danger.Le mécanisme du trouble anxieux généralisé a trouvé recherche après recherche le schéma suivant : la personne pense de façon inquiète et en tire un bénéfice, ce qui commence à créer des réactions physiologiques que la personne ne remarque pas car toujours concentrée sur des pensées du même type et tant que le cercle vicieux perdure il est comme son propre antidote. Là où cela devient problématique c'est lorsque la concentration sur l'idée est brisée par une circonstance. L'amygdale sera excitée à tout signal s'opposant à l'anxiété qu'elle génère comme un conseil amical détesté de tout anxieux "arrête de t'inquiéter, vois les choses du bon côté", comme si c'était possible quel andouille.
Résoudre le problème de l'anxiété, et je confirme cette thèse de Borkovec, moi-même ayant un TAG diagnostiqué, consiste par se rendre compte de la naissance de son état anxieux et de pouvoir identifier ce qui provoque cet état. L'individu est alors plus facilement apte à être plus relaxé, mais dans le cas où c'est insuffisant il faut s'attaquer à la pensée et y porter une critique. Est-elle justifiée ? Si importante ? En générant alors ce type d'introspection on a une inhibition de l'excitation générant l'anxiété au niveau limbique. L'auto-persuasion fonctionne comme un relaxant, mais quand résiste encore et toujours l'anxiété dans des cas sévères, la mise en place d'une médication de dernier recours comme je le fais (personnellement
diazépam ou
lorazépam couplé à de l'amisulpride) s'avère efficace.
Parfois le traitement medical reste la solution dans l'attente d'une amélioration.
Courage à nous !