Quel discours différent d'il y a deux ans, quand j'ai découvert ce médicament!
Pour ceux qui découvrent mon histoire par ce post, je fais un rapide résumé:
J'ai découvert le
Tramadol en juillet 2014, suite à une intervention chirurgicale, et ai commencé à en prendre régulièrement en octobre 2014.
Je l'ai adoré pour 3 raisons: 1/ ça calmait un problème intestinal qui me pourraisait la vie depuis 2 ans et demi
2/ ça me faisait perdre du poids
3/ je ressentais du plaisir, le plaisir des
opiacés.
Et effectivement, c'est à ce jour, le seul traitement efficace pour mon souci intestinal, je ne peux pas vivre, aller travailler, sortir de chez moi tout simplement, sans
Tramadol. Ma seule solution pendant plus de 2 ans était de ne pas manger de la journée, ce qui menait à des grosses bouffes le soir et surtout les weekends et vacances.
Aussi, j'étais largement en surpoids, et j'ai perdu plus de 25 kg, et j'en suis très heureuse. Est-ce que ça valait le coup cela dit?
De toute façon, j'ai très vite cessé de perdre du poids grâce à ça, puisque les pertes de poids étaient liées au fait d'être défoncée.
Et le plaisir aujourd'hui n'existe plus.
Cela fait longtemps que je ne ressentais quasi plus jamais de plaisir, et depuis presque un an, depuis octobre/ novembre 2015 je dirais, non seulement je ne ressens plus de plaisir, mais je me sens vraiment mal quand je dépasse les 400 mg/ jour.
D'ailleurs, dans la mesure du possible, je ne dépasse pas les 300 mg/ jour, et quand je rajoute une pilule, je le sens immédiatement. Toutefois, ma tolérance augmente en 2 jours jusqu'à 400 mg/ jour.
Je n'ai plus du tout essayé d'aller plus haut, donc je ne sais pas si je réagirais pareil en augmentant plus, mais je pense que oui.
Aujourd'hui, je voudrais me débarrasser de ce médicament pour plusieurs raisons:
1/ j'ai développé des céphalées chroniques: j'ai tout le temps mal à la tête, plus ou moins, mais j'ai tout le temps un fond, et ça augmente selon certains paramètres.
Et aussi, ça a augmenté mon mal de transport. Dorénavant, à chaque fois que je monte dans un transport en tant que passagère, je vomis au bout d'un moment.
2/ Je ne veux pas être sous médicaments. J'ai déjà bien pourri mon corps, j'aimerais cesser d'ingérer quelque chose d'aussi fort, déjà que je m'envoie les hormones contenues dans la pilule contraceptive.
3/ Je compte aller vivre à l'étranger, je n'ai pas envie de me galérer à trouver mon traitement où à devoir le faire passer en avion, avec le risque qu'on me le réquisitionne à l'aéroport
Mais le problème, c'est que si je l'arrête, je vais être repartie pour une vie misérable, avec mon souci intestinal.
Vous connaissez le symptôme de
sevrage qui est les diarrhées. Eh bien moi, c'était ma vie AVANT le
Tramadol.
Comme une gastro permanente.
Etre réveillée entre 3 et 5 fois par nuit, avec un réveil de 30 mn à chaque fois pour aller aux toilettes, ne jamais savoir quand je vais devoir y aller, ce qui n'est pas vivable au boulot, surtout que je suis la personne qui gère tout le monde et que je ne peux pas sortir de la pièce où tout le monde se trouve pendant les plages de travail, seulement à l'heure du repas.
Et si vous avez déjà eu la gastro, vous savez qu'il y a une notion d'impériosité.
Donc quand ça me prend, c'est tout de suite, ou alors catastrophe devant tout le monde.
Vous imaginez ce que ça peut donner quand je veux rentrer voir mes parents à l'autre bout de la France...
Et ça, c'est entre 8 et 14 fois par jour.
Et bien sûr, je peux aussi parler d'un conséquence très glamour... Aller autant aux toilettes = saignement de la partie qui est essuyée maintes fois, même si c'est avec du papier humide, donc devoir prendre une douche à chaque fois, et aller de nouveau aux toilettes X fois par-dessus une peau qui saigne et n'a jamais le temps de cicatriser...
Et la douleur. Insupportable douleur, qui me prend du ventre jusqu'en bas des cuisses et dans le dos, qui me laisse pantelante pendant au moins 10 mn après chaque passage, et très souvent, quand un passage est terminé, je dois y retourner immédiatement après, bref, invivable.
On a tout essayé avec les médecins, tous les anti-diarrhéiques, un seul a été efficace, mais le probème est qu'il me bloquait, et donc la douleur était encore pire, parce que si je n'évacue pas, la douleur est énorme.
On a même essayé des antibiotiques, des anti je ne sais plus quoi, bref, tout ce à quoi les divers médecins que j'ai vus, autant généralistes que spécialistes des intestins, dans plusieurs hôpitaux, j'ai tout essayé, rien à faire, il n'y a que le
Tramadol qui agit à peu près correctement, de manière à ce que j'ai une vie presque tout le temps normale.
Alors vous voyez pourquoi je ne peux pas abandonner le
Tramadol.
Ca me désespère, j'ai essayé d'arrêter il y a quelques mois, pas pour me sevrer, mais juste pour voir si mon souci intestinal était toujours le même, et oui malheureusement, il l'est.
Qu'est-ce que j'aimerais trouver quelque chose qui ralentisse mon transit et aténue mes douleurs, mais qui ne soit pas une drogue, légale ou illégale, mais juste du naturel!
Je ne veux pas vivre avec une dépendance, j'en ai marre d'avoir tout le temps mal à la tête, et d'être somnolente en journée, alors que je voudrais avoir la patate au boulot, parfois je m'endors en parlant aux gens... Ca m'est arrivé 2 fois de faire vaguement illusion, et une fois, je me suis carrément endormie sur mon bureau
Souvent, j'ai du mal, mais là , au point de me rendre compte que je rêve tout en parlant, surtout qu'une fois ça m'est arrivé quand je m'exprimais devant plus de 20 personne, heureusement, j'ai dit un truc marrant et les gens riaient quand j'ai lutté pour me réveiller un peu, mais c'est franchement lourd.
Et quand je descends en-dessous de 250 mg/ jour, mes symptômes intestinaux reviennent de manière encore tolérable, mais je commence à me sevrer et ce que je déteste le plus, c'est le Syndrome de
Jambes Sans Repos.
Tout le reste (les éternuements, le froid, les douleurs dans la colonne et les membres, la déprime, les larmes, etc.), je supporte, mais le SJSR, je ne peux pas, ça me fait péter les plombs.
Alors voilà où j'en suis.
La lune de miel est définitivement terminée, et depuis très longtemps, et là , c'est plutôt la guerre qui a été déclarée depuis quelques mois. Je vis avec mon ennemi, mais il m'offre une vie tolérable.
J'ai l'impression d'avoir fait un pacte avec le diable.