Blogs » elonnx » 

Un arrêt interminable 



Ce soir c’est l’écriture qui me porte.
Deux bouts de journal.

Dimanche:

J’me réveille avec une putain d’envie de m’allumer un cône. Je sors du plumard sans cogiter, il fait un froid de dingue dans l’appart. J’attrape à l’aveugle un jogging et un pull trop large et titube les yeux encore collés, jusqu’au canapé.

A vue d’oeil c’est six heures et des poussières, faut dire qu’à la longue j’ai appris a reconnaitre l’heure avec la luminosité ambiante, grâce aux insomnies répétées qui me rongent pendant les périodes stressantes.

Le cierge crépite sous mes inhalations précipités et se consume bien trop rapidement mais le hit est là, les oreilles sifflotent un peu. Le constat est implacable: j’suis pas vraiment rassasié du premier et malgré la faim qui me déchire le bide je décide d’en rouler un autre pour me poser avant de m’activer.
C’est dimanche bordel.

Lundi:

Une journée de plus et toujours cette sensation désagréable de me noyer dans une solitude dévorante qui persiste.

Mes foutues douleurs, comme des démons vicieux, dansent leur ballet le long de mes jambes, s’agitent, tirent, brulent.
C’est tous les jours, c’est incessant. Depuis six mois.
Je suis ressorti de chez le docteur, le huitième ce mois ci, la chasse au diagnostique m’épuise. Probablement une piste de moins, une de plus en moins.

Six mois que je m’éclipse de la vie humaine, les rues de nuit, les ivresses, les conneries, les danses endiablées, les dragues d’un soir, autant de luxes perdus. Chaque pas résonne comme une sentence, chaque effort répété éveille l'agonie de mes membres alors pour éviter ça, je reste en arrêt.

L’obsession de savoir ce qui me ronge, d’avoir tout imaginé laisse place à la lassitude suite à chaque nouvelle déception. Une putain de traversée du désert ou les mirages commencent a se faire rares. Inapte à suivre le rythme de la société.

Impossible de me projeter sur la suite et c’est relou. Les douleurs sont là pour obscurcir mes rêveries lorsque je m’autorise a imaginer une vie. Mes mollets, mes chevilles, putain j’sais pas c’que j’ai foutu mais j’ai tout cassé.

Pourtant j’en profite et j’donne tout pour ma passion, le dessin, j’essaie de garder une bonne alimentation, un rythme de vie, de sommeil. De ne pas sombrer complètement et rien que ça c’est chaud. Un match de boxe à l’aveugle. Seuls les paradis artificiels offrent un cours répit. A la longue la boucle d’un quotidien inexistant me happe, l’énergie se barre, le manque de but anéanti tout.

Je cours seul a droite a gauche pour comprendre, docteurs et spécialistes ne savent pas, on dirait un peu ci, un peu ça, un mélange de différentes pathologies mais rien de clair et les examens sont bons jusque là. Les symptômes pourtant diagnostiqués demeurent obscurs et complexes.
Aucun médoc ne me soulage durablement.

La fatigue est une compagne constante et la résignation colle à ma peau.
La lumière vacille, les chats partagent ma solitude silencieuse. Les mots sont mes derniers alliés ce soir, tracent une danse sans fin dans l'ombre des incertitudes.

C’est dans ces moments que je lache prise, je trip sur AL Pacino, dans Scarface.

/forum/uploads/images/1706/illustration_sans_titre.webp

Catégorie : Tranche de vie - 22 janvier 2024 à  21:17



Remonter

Pied de page des forums