La première fois que je suis allé à Barcelone, j’arrêtais l’héroïne, pourtant, dix minutes après avoir quitté la estacio França (gare) j’avais la tête dedans.
Avec ma meuf nous sommes descendu en train de Paris, après avoir raté l’avion. L’ambiance est tendue entre nous car c’est sa faute. Ou la mienne. On arrive donc crevés et l’ami chez qui nous allons est là.
Sur le chemin par les rues pavées, un mec m’appelle, je vais voir ce qu’il veut. On baragouine
hashish oui, fais voir, je dis, il me donne un morceau de
shit, hum bien. Et là il dit «heroïna» et moi, méfiant, «test», il sort de la poudre blanche et un bout d’aluminium et me voilà, déjà, en train de
chasser le dragon avec un gitan. Elle est bonne. C’est le paradis ici?
Mais ma meuf et son pote arrivent, je dis à mon ami accroupi, qui range le truc, de ne surtout pas dire heroïna. Quand ils sont là on leur parle du
shit, énervés ils veulent partir.
Et là, ce con dit tout haut :
‘no te comprar heroïna?’ (tu n’achètes pas d’héro?).
Ils me regardent tout les deux, mauvais. On y va… Ma meuf croit que c’est fini tout ça (et moi aussi..). Du coup j’ai rien payé ni acheté, et j’ai gardé par mégarde le hachis, «ratchisse».
Bon c’est rien.
On arrive à la colocation, et un de ses colocataires, sur le canapé, pique un peu du nez. Lui aussi me grille. C’est un ancien de la génération 80 keupon, saxophoniste dans un groupe de rock alternatif, d’Aubervilliers. Tout ce que j’aime. On parle musique, bloodi, Paris. On parle de blanche et de 30 euros et il me fait voir sa pompe. Le gars n’a qu’une insuline 0,5 et qui traîne dans son tiroir et c’est tout. A l’ancienne.
Mais non, dis-je, j’ai mis le shoot derrière moi (si je savais). Putain chaque fois que je veux décro c’est pareil, je suis même allé sur une île au bout du monde, et un mec m’a donné de la
came, le truc qui n’arrive jamais, surtout quand tu le voudrais. Dans la main, tiens, ça fait plaisir.
Et puis il y a ma meuf bretonne avec moi, et celle de Paris quand je reviens, je vais pas gâcher tout ça.
Le lendemain soir, j’en prend un avec lui, 30e. Mais en
sniff, et là, je dois dire que cette qualité est devenue mon étalon or.
Il s’envoie pas n’importe quoi le gars.
Je me revois piquer du nez dans le bar de Manu Chao. Les amis de ma meuf me voient dormir debout, impossible de lutter, ‘t’es narcoleptique?’ oui c’est ça, j’aurais jamais osé, mais ça marche!
Narcoleptique!
Barcelone n’est pas encore le dysneyland d’aujourd’hui, les colocataires partagent un magnifique appartement ancien avec moulures, et n’ont pas un rond. Les restos ouvriers et africains à 5e existent encore.
Nous longeons les yatchs, voiliers en bois superbes, et puis les boites de nuit, et nous promenons sur la plage, elle n''a rien vu.
C’est le kiff, ne parlons pas de la
cocaïne, qui à Barcelone ne manque pas, on nous l’offre cette fois là, c’est pas mon truc de sniffer de la C. Mais sur une terrasse du vieux quartier de Barcelone, pour une fois, l’effet diffus de la prise, se prête bien à ce week-end romantique.
La
cocaïne, à ce moment là, je n’en prends jamais.
La dernière fois que je suis allé à Barcelone, dix ans après, c’était pourtant pour arrêter la
coke.
Je faisais une cure à côté, dans un bled, mais je n’entravais rien au catalan, imaginez les groupes de parole. Des heures, sans comprendre ni parler…
Trop de
craving, je me casse, ‘tu matar’ ou chépakoi, je vais mourir dans la semaine, si je pars, dit le psychiatre!
Arrivé à Barcelone je prends une pension à 20e et je sors à la pêche à la C. Je veux me shooter. Je trouve un jeune Marocain qui m’emmène dans un appart, un mec vend de l’héro et de la coco, ça tombe bien.
Il laisse la cuisine à disposition, mon accompagnateur cuisine sa
base, on peut se shooter aussi. Deux gars viennent de le faire, et restent pour chiller.
Quant à moi je pars, avec le Marocain, qui, au bout de 500 mètres me passe ce qu’il a sur lui avant que trois flics en civil lui tombent dessus. Un voleur
sûrement. Il n’y a que ça ici.
Quand je veux revenir pécho je ne retrouve plus l’immeuble, toutes ces petites rue se ressemblent…
Qu’à cela ne tienne un couple, sur le côté des Ramblas, me propose du
shit, je leur demande de l’héro, et ils ont ça. J’en ai besoin, sinon je serai en manque, le toubib ne m’a rien donné.
Je les suis et là je suis censé donner l’argent, et rester avec la fille. J’aime pas trop, je n’ai plus rien après, et en pays étranger on est sur ses gardes. J’accepte, mais en bas de l’escalier. Souvent ma confiance m’a perdu, pas cette fois ci. Par contre rien avoir avec la blanche d’il y a quinze ans, leur grise.
Quant au fix en rentrant avec la coco…je me suis fait virer de l’hôtel.
Ces mots là : Barcelona Heroïna Blanca i Cocaïna, résonnent encore en moi.
Barcelone en plus d’être le paradis, ville cosmopolite à la plage, est une ville où trouver des drogues est aisé.
Attention à l’arrache et à l’arnaque mais, dans la rue, le soir, des types sympas te donnent des flyers, te proposent de venir dans leur club privé, un genre de coffe shop. En te soufflant à l’oreille «cocaïna».
si tu vas là-bas n'oublie pas de monter là-haut