Ça y est, je suis dans le train en direction de Rennes. La pause
cigarette que je me suis accordée avec mon meilleur ami a failli m'être fatale ; si j'avais loupé mon train, il aurait fallu que je prenne le suivant.. 3h plus tard, en attendant dans le froid.
Il est 11h06 lorsque j'écris ces lignes, j'arrive à Rennes à 11h57, je mangerai un kebab, et je repartirai avec un autre train qui m'emmènera à Lannion, pour rejoindre mon grand père qui me conduira jusqu'à une petite ville mignonnette en Bretagne, non loin de Perros-Guirec.
J'aime cet endroit, je ressens toujours une certaine sérénité lorsque je suis là bas, je mange bio, je profite de la plage, de l'air pur, et surtout, des étoiles. Ça peut paraÎtre débile, mais je n'ai pas l'habitude de voir un ciel étoilé tous les soirs là où j'habite, à cause de la pollution. Dans mon sac, quelque grammes d'herbe, plusieurs médocs :
Tercian en gouttes et comprimés, mon traitement anti-dépresseur que j'ai débuté il y a maintenant quelques jours, une boÎte de
codéine, et mon irremplaçable anxiolytique. En plus de ça, une commande de quarante grammes de
Kratom et d'un gramme de
Kanna n'attend plus qu'à être expédiée. Tout ça peut paraÎtre énorme pour passer seulement une semaine en Bretagne, dans un endroit tranquille qui plus est. Mais c'est le stricte minimum dont j'ai besoin pour assurer mon stage durant 5 jours. Ce lieu, c'est l'endroit rêvé pour faire un stage d'observation dans le domaine de l'aménagement paysager, et pourtant, j'ai besoin d'herbe et du
Tercian pour dormir, de la
codéine pour être motivé, et de l'anxio pour contrer mon pire ennemi : l'anxiété. C'est d'ailleurs en partie à cause de lui que je n'ai pas pu assurer mon dernier stage ; panne sèche de calmants, et impossible de m'en procurer. C'est décidé, je ne ferais pas la même erreur.
Le plus dur pour un consommateur qui, comme moi, a une conduite addictive, c'est de devoir garder ce stocke de produits. Depuis que je suis levé, du café-clope jusqu'à maintenant, il n'y a pas une minute qui s'est passée sans que je pense à la boÎte de
codéine qui me fait de l'œil depuis le fond de mon sac. D'ailleurs, je pense que je vais la prendre maintenant, puis, je pourrai toujours aller à la pharmacie pour en racheter une.. C'est ce genre de raisonnement qui m'empêche de mener à bien ma consommation.
Depuis ce matin, je n'ai rien pris, il sera bientôt midi, et je commence à me sentir tendu, mal à l'aise, irritable.. Ce n'est pas le manque physique, j'ai de la chance de ne pas être dépendant à une substance en particulier, en revanche, je suis complètement addict à la défonce.
Je suis à Rennes maintenant, dans un petit bar-restaurant, j'y ai commandé un sandwich au poulet ainsi qu'un jus d'orange. Mon train est dans une heure maintenant, j'ai décidé d'avaler ma boÎte de
codéine.
Il est 12h30, je commande un deuxième jus d'orange afin d'avaler les 20 comprimés qui attendent gentiment leur tour dans la boÎte. C'est long d'avaler 20 comprimés à la suite, d'ailleurs, j'ai d'importantes nausées quand je commence à le faire. Là , j'en suis à 10, plus que la moitié !
Les scrupules, ils seront là demain. Pour le moment, je veux juste ressentir l'effet de la
codéine, je veux ressentir ces sensations bien caractéristiques dans le ventre, les picotements aux extrémités du corps et la chaleur que me procure les
opiacés au niveau du crâne et du visage. Je vais planer jusqu'à la fin de la journée, et tout ça en gardant la tête sur les épaules, en gardant une certaine lucidité et une grande détermination. D'ailleurs, mes grands parents ne se douteront de rien, mon oncle non plus, il y a trop peu de signes physique liés à la prise d'opiacé. J'adore les
opiacés, mais j'en ai aussi très peur. Peur de la dépendance, peur de finir sous
TSO.
Après avoir avalé tout mes comprimés, je décide de sortir du restaurant pour aller me fumer une clope. Je tombe alors sur un mec de 40 ans, maigre, pas très grand, avec le visage marqué, des cernes rougeâtres laissant apparaÎtre de tout petits yeux, et un air sympathique. Je voulais lui demander un feu, mais en m'avançant vers lui, il m'aborda avant en me demandant « quelques centimes ». J'accepte, je lui demande son briquet, et sors une pièce de deux euros de ma poche. Il avait l'air soulagé, il m'a remercié plusieurs fois. En discutant avec lui, j'apprends qu'il a vécu durant quinze ans à la rue (à Rennes), et qu'il touche maintenant le RSA, ce qui lui permet de se payer un loyer. Il me parle des squats, des jeunes de mon age qui sont à la rue, des connards à qui il a eu affaire.. Une discutions très instructive ! En partant, il m'a dit de « rester cool », j'ai trouvé ça rigolo.
Je suis dans le train, la
codéine fait son effet mais pas suffisamment à mon goût, légère déception.. Je décide de prendre un anxiolytique par dessus, c'est déconseillé (risque de dépression respiratoire) mais quand j'ai envie de me défoncer, je ne prend pas les risques en compte. C'est d'ailleurs mon plus gros défault, celui qui me jouera certainement des tours par la suite.