Arrêté du 12 juillet 2017 portant modification des exonérations à la réglementation des substances vénéneuses
Article 1
Les exonérations à la réglementation des substances vénéneuses relatives aux médicaments contenant les substances suivantes, telles qu'elles résultent de l'arrêté du 22 février 1990 modifié portant exonérations à la réglementation des substances vénéneuses destinées à la médecine humaine, sont supprimées pour :
- la codéine et ses sels ;
- l'éthylmorphine et ses sels ;
- le dextrométhorphane et ses sels ;
- la noscapine et ses sels.
Guerir le 12 juillet
concretement vous pensez que cela va se passer comment pour les gens qui en prenaient très régulierement ?
marché noir? supplier le medecin pour prescription?
sevrage bourrin pour tout le monde?
cela ne concerne pas que les ados lol...
SickWilliamBoy le 12 juillet
Moi qui suis consommateur "occasionnel-régulier" d'opiacés ( jai commencé par la codéïne, je prends de l'héroïne de temps en temps genre une fois tous les deux ou trois mois) et dernièrement je prenais de la codéïne une fois toutes les deux semaines.
Je dois dire que ce produit m'a fait combler de façon totale le besoin de détente que j'éprouvais, tout en me tenant éloigné de l'addiction physique induite par les opiacés.
Je prenais 400mg d'un coup, sans anti histaminique, j'étais totalement déchiré certes mais après trois ans de consommation à ce rythme cette dernière ne m'a jamais posé de problème. En une prise, j'avais ce que je voulais et c'était reparti pour 10-14 jours sans aucun opiacé.
Mais aujourd'hui, alors qu'en plus de ça cela va faire 2 semaines que je n'en ai pas pris, j'avoue avoir peur des dangereuses alternatives qui s'offrent à moi.
Car bien sur, je n'arrêterai pas de ressentir ce besoin de détente, et je ne veux pas arrêter de consommer des opis, cet arrêt serait pour moi synonyme de déprime c'est certain.
Clairement l'obligation de prescription a fait "sortir du bois" un grand nombre d'usages jusqu'ici mal documentés, a cause d'un arrêté soudain émis par Madame BUZYN, Ministre de la Santé.
The Chesshirecat le 1er septembre
On est très nombreux à se servir de la codéine comme un anxiolytique au quotidien, un ptit coup de pouce qui nous aide dans notre vie de Mr/Mme tout le monde. Je serais intéressé de savoir combien de codéinomanes étaient consommateurs d'autres drogues en parallèle (en excluant tabac et alcool): à mon avis, il y en a peu (je fais partie des peu >>). Comme disait l'autre, et même si c'est un peu cliché : Mother's little helper.
Il y a vraiment un gros fond de "pour vivre heureux, vivons cachés" : combien d'entre nous assumaient vraiment leur consommation avant cet arrêté ?
Notamment parce que pour poursuivre un minimum de consommation (par exemple pour faire un sevrage progressif) les usagers doivent expliquer aux médecins les raisons de leur consommation.
On peut donc faire une typologie approximative des problématiques.
1 ** Les (jeunes) consommateurs de lean, visés prioritairement par la décision ministérielle. Nous n'avons pas eu de retour pour le moment et il est encore impossible de prédire si l'ordonnance les mènera à un arrêt des consommations (peu probable) ou au contraire à la substituer par d'autres consommations, potentiellement plus dangereuses.
2 ** Les consommateurs douloureux. De nombreux usagers consomment de la codéine de façon chronique pour diverses douleurs (céphalées, lombalgies etc..).Il s'agit d'ailleurs d'une population très hétérogène, comportant aussi bien des jeunes consommateurs d'autres produits que des personnes âgées, devenues dépendantes ou des "madame/monsieur tout le monde".
Certains usagers restent dépendants et consommateurs après sédation des douleurs (par difficulté du sevrage de la codéine) , alors que d'autres usagers restent douloureux chroniquement , ce qui rend le sevrage non seulement difficile mais même contre-indiqué tant que les douleurs ne sont pas traitées autrement.
Il faut noter que la codéine était le seul antalgique opiacé disponible sans prescription. Pour calmer les douleurs il ne reste donc plus que le paracetamol et les anti-inflammatoires non steroidiens à doses limitées. Or ceux ci (Les anti-inflammatoires) sont moins efficaces et ont des effets secondaires potentiellement redoutables.
Evidemment la prescription médicale reste en principe "facile" face à des douleurs mais peut demander plusieurs jours (RV chez le médecin, WE etc..). Par ailleurs beaucoup de médecins sont réticents devant une prescription prolongée et/ou à fortes doses. Jusqu'ici la délivrance sans ordonnance n'entrainait pas de conflit sur ce point entre les médecins et les patients mais ce problème devient majeur, surtout en l'absence de consensus médical (du moins il y avait un certain consensus sur la limitation des prescriptions mais cela n'empêchait pas les patients de traiter leur douleur de façon efficace).
Nelson le 25 aout
Coucou… j'ai dû augmenter les doses d'opiacé c'est-à-dire de codéine en passant aux dicodin malheureusement mais c'est vrai que cela fait grave effet. Je suis morte de douleur j'en prends deux et une heure après je suis debout en pleine forme au taf ma douleur endormie et qui passe et je fais ma journée tranquille par contre le revers de la médaille et l'accoutumance et dans mon cas plus j'ai de douleur plus je dois prendre de dicodin et là c'est le problème, car les généralistes ne veulent pas prescrire…
Certains points sont tout de même à préciser, notamment le fait que certains auto-prescriptions sont inappropriés car elles entretiennent la douleur. Notamment pour les céphalées.
https://fr.medipedia.be/migraine/traite … ntalgiques
mais aussi il semble exister un effet "pro-douleur" des opiacés qui mène à une consommation chronique inappropriée car elle entretient le syndrome douloureux.
La consultation d'équipes spécialisées dans la douleur est en général indispensable, car la prise en charge est complexe.
Ofélie Fêlée le 26 aout
La codéine n'est jamais sortie de ma tête....Pendant 10 mois, je me suis passée de codéine... Il me manquait quelque chose, mais ce n'étais pas violent. Quand je me trouvais dans d'autres villes et que je voyais des pharmacies où l'on ne m'avait jamais vue, où je ne retournerais jamais, je disais, comme c'est dommage, voilà une belle pharmacie, voilà une belle occasion de perdue ! Je ne ressentais pas le manque, c'était juste une pensée. Pas un désir.
Tous les jours qui ont suivi ce sevrage à la dure, pendant 4 mois j'ai eu des migraines, je prenais jusqu'à 4 Relpax 40 par jour. Ces prises de Triptans entretenaient l' état migraineux. Quand les migraines dues à la privation de codo ont enfin cessé, elles ont cessé pour de bon...Pas une seule migraine en 6 mois. Je n'ai jamais connu cela depuis des années. J'étais guérie?
Et puis le 14 juillet 2012, sans réel désir, sur un coup de tête, j'achète une boîte de Néocodion. Et je reprends de plus belle, malgré toutes les souffrances qu'elle me cause. Jusqu'à ce maudit 12 juillet. Bien sûr, il m'arrive souvent de penser qu'il FAUT que j'arrête, que cela me TUE à petit feu, que bientôt ce sera trop tard. Alors à quoi bon ? Les migraines sont si douloureuses que j'ai dû maintes fois appeler SOS Médecins, une fois même j'ai dû passer une nuit aux urgences...
Un autre point est que la codéine, comme tous les antalgiques opiacés, ne traite pas la cause de la douleur et que la consommation chronique favorise le non traitement de la cause de la douleur par négligence, quand il existe un traitement bien sûr.
Les consommateurs dont la souffrance psychique est calmée par la codéine. C'est une catégorie reconnue à demi mots par le corps médical et qui ressort clairement des posts reçus par PA. Certains usagers (peut etre avec une génétique particulière) décrivent un "état de grâce" dès la première prise , notamment vis à vis des problématiques anxieuses et dépressives. Evidemment la codéine n' a pas d'AMM sur ce sujet et seule l'auto-médication était jusqu'ici pratiquée (assez largement semble t il). Les premiers posts montrent que, malgré la caractère très "thérapeutique" de la codéine chez ces patients il est difficile d'obtenir une prescription.
Elisa777 Le 31 aout
J'ai dit à mon psy tout à l'heure que la codéine boostait ma confiance en moi je lui ai dit plus précisément :
"C'est pas vraiment que la codéine me donne confiance en moi. En fait elle me fait oublier que je n'ai aucune confiance en moi, je n'ai plus ce sentiment qu'on va me démasquer d'une minute à l'autre. Sous codéine je me fiche de ce qu'on peut penser de moi parce que j'arrive à me dire que je suis comme tout le monde avec mes qualités et mes défauts et que je ne suis pas la pire. Avant c'était horrible, j'osais à peine parler j'étais terrifiée par tout le monde. Bouffée par les phobies sociales et les angoisses. La codéine me donne cette décontraction, ce détachement... Et j'aimerais bien être comme ça sans rien prendre mais c'est pas le cas.".
Thecheshirecat Le 14 juillet
Et me voilà dans la merde ...
Je fais partie de ces milliers de codéinomanes qui ne font pas de vague, bien insérés dans la société. J'ai un bon boulot, une famille aimante, des amis.
Je consomme deux boites par jour depuis plus de cinq ans, je ne fais pas de vague. Je pensais diminuer petit à petit, quand je me sentirais prêt, honnêtement, je suis terrifié. J'ai deux jours de délai avant la dèche. Est ce seulement possible de gérer un manque pareil avec un sevrage "à la dure" et contraint de surcroit ?
La codéine m'a permis de surmonter la mort de ma mère, la dépression de ma copine, mon penchant pour l'alcool. C'était mon point d'équilibre, comme quelqu'un a dit plus haut. Que faire maintenant ? Si je ne veux ni courir les médecins, ni acheter sur le DW, on va sérieusement me mettre sous TSO ? Pour de la codéine ??
3 ** Les consommateurs chroniques "recréatifs". Ils sont un peu dans la position des patients précédents mais chez eux la codéine n'a pas d'effet "miraculeux". Ils consomment souvent d'autres produits.
Flexard le 21 juillet
Salut à tous, je me presente à vous pour pouvoir vous parlez de mes problemes car je ne sais pas à qui m'adresser.
Je suis étudiant à l'université, j'ai 22 ans, et depuis 4 ans je prends de la codeïne. En effet je suis tomber dedans par effet de mode avec la trap music aux Etats-Unis, mais au fur et à mesure j'augmentais mes prises et ce sans me soucier des effets secondaires malgré les avertissements de mon entourage.
Depuis 2 ans et demis je prend une bouteille entiere de sirop Euphon 300 ml accompagné de 15 Phenergans, et ce 5 à 6 fois par semaine. Plus j'en prenais, plus j'en ressentais le besoin d'en prendre, pas par besoin physique, mais par besoin psychologique, c'etait plus devenu une habitude.
Je peux en effet accepté ce sevrage "forcé" mais je ne pense pas tenir physiquement et psychologiquement. Je souhaiterai descendre à 1 ou 2 bouteilles par semaines. Malheureusement je n'ai aucun moyen de me procurer de l'Euphon
J'ai cherché sur internet partout, et j'ai peur que cette envie brusque me pousse à vouloir voler ou meme falsifier des ordonnances, l'envie est trop forte...
4 ** Les usagers d'opiacés qui se servent de la codéine pour éviter le manque en cas d'indisponibilité de leurs opiacés habituels. Là aussi la prescription de TSO demande du temps et la disponibilité de la codéine a évité un manque douloureux à bien des usagers.
Baiala le 14 juillet
Tout ce que je peux dire, c'est que la Codéine m'a grandement aidé dans mon sevrage buprénorphine (Sub).
Le fait qu'elle est une vie assez courte était pile poil ce qui me fallait en comparaison à la buprénorphine, car elle, elle a une longue vie, et cela aurait été à mon avis super long de se sevrer avec elle, et aussi j'aurais trouvé ça compliqué de rester sous sub et de diminuer alors que j'en était fortement accro....
Passer sous codéine m'a permis de y aller malgré tout en douceur, afin de ne pas trop en chier moralement, physiquement, et psychologiquement. Le plus gros du sevrage a duré un bon mois, ensuite, j'ai commencé à pouvoir baisser d'une manière significative ma prise de cachets de codéine....
A la fin, un seul me suffisait, au moment opportun, c'était surtout afin de ne pas trop sombrer dans la déprime de l'ennui, et le manque que peut laisser un prod lorsqu'il s'en va !
Le fait qu'elle n'était pas sur ordonnance mais en vente libre était parfait, car mon médecin n'aurait jamais accepté de me faire brusquement arrêté la buprénorphine à 4mg prescription pour me mettre sous codéine. Et je n'avais pas le temps de toute façon pour envisager de changer de médecin etc.
Non, c'était là, l'opportunité était là, je l'ai saisis.
Signalons aussi que le sevrage ne se limite pas à quelques jours mais qu'il existe souvent des effets prolongés, le PAWS, où la non disponibilité de la codéine peut poser un réel problème (craving, tristesse, apathie, anxiété, dépression, pendant des semaines ou des mois par exemple) .
https://www.psychoactif.org/psychowiki/ … de_sevrage
Les solutions
Rappelons les préconisations de PA, notamment présentées dans ce psychowiki.
https://www.psychoactif.org/psychowiki/ … u_tramadol
Si un usager veut arrêter sa consommation de codéine, la meilleure solution est de baisser très progressivement la codéine (éventuellement en substituant un moment par du Dicodin LP). Le sevrage sec est très douloureux et mène souvent à la rechute.
Toutefois certains usagers n'arrivent pas à baisser la codéine, dans ce cas (donc de poursuite de la consommation) la prescription d'un TSO (Méthadone ou Subutex) permet une consommation avec moins d'effets secondaires et avec la fin des problèmes d'approvisionnement (tournée des pharmacies).
Certains posts laissent entendre que la codéine est un opiacé faible et que, donc, le sevrage est relativement facile. Mais cela dépend entièrement de la personne et on constate souvent que les addicts à la codéine ont du mal à s'en sevrer. Il arrive souvent que ces personnes arrivent mieux à se sevrer d'un TSO, même si c'est beaucoup plus long.
La délivrance sur ordonnance rend potentiellement difficile de suivre ces préconisations, notamment si le médecin ne veut pas prescrire sur la période longue nécessaire au sevrage. La brutalité de la décision ministérielle rend de plus cette gestion du sevrage particulièrement difficile.Il serait regrettable que des prescriptions de TSO non justifiées soient provoquées par la seule décision administrative.
Idem des passages à l'héroine ou la morphine pour les mêmes raisons !!!
Bariolo le 19 juillet
Je commence à vraiment flipper, toujours aucune place pour nouveau patient chez les généralistes proches de chez moi, mon ex médecin traitant qui ne veut pas faire d'ordo par fax... Idem évidemment pour les csapa, et commencer l'héroine me fait presque aussi peur que de passer à 600mg par jour à 0 du jour au lendemain..
Je sais plus quoi faire j'aimerai tellement un TSO pour reprendre ma vie correctement comme avant quand dame codé était à nos cotés, plutot que de passer mes journées à chercher une solution, ou plutot à voir des portes se fermer devant moi.
Bref si demain j'ai rien trouvé, le sevrage à la dure va commencer malgré moi, avec tout ce que celà implique
-Prenez soin de vous les loulous-
Taga'da le 30 aout
Bonsoir à tous,
Pour ma part, me voilà bientôt à 1 mois de buprénorphine...J'ai eu rdv avec l'addicto cet aprem, et il semble approprié pour elle que j'augmente ma dose en passant de 3mg à 4 mg/ jour. Je n'y vois pas d'inconvénients, donc je vais tester.
Je ne ressens pas de symptômes de manque physique, le tso fonctionne à merveille pour cela, mais toujours ce craving en fin de journée...L'addicto pense que c'est peut être un signe de sous dosage...
Je me rends compte que je retrouve peu à peu de l'énergie de manière stable. Mes journées ne sont plus en montagnes russes, avec les rushs et les descentes opiacés.
Le fait de péter la forme pendant 2 à 3h après la prise, puis amorcer un coup de fatigue avant la prise qui fera remonter, c'est finalement physiquement épuisant.
Je n'avais jamais fait le lien entre la codéine et ces vagues d'énergies et de fatigue successives... Je ne pensais qu'au bien être que me procuraient mes cachets, et dans mon esprit, rien de négatif n'était en rapport avec la codéine...
Je perçois les choses différemment aujourd'hui, j'aurai tendance à être plus nuancée. Je ne critiquerai jamais cette molécule, elle m'a tellement aidée, et m'a tellement de fois apaisée!!
Je me rends juste compte, avec stupeur, qu'il semblerait que je sois apte à vivre sans codéine...
Bien consciente de n'être qu'au début d'un long chemin, j'ai découvert que je pouvais rire sans codéine, dormir sans codéine, kiffer sur la musique sans codéine, et aimer sans codéine...C'était inimaginable il y a encore 2 mois...Je suis surprise, mais je reste prudente malgré tout. J'ai toujours été ma pire ennemie, et je ne sais pas encore si je serai capable de faire face aux difficultés, sans codéine.
Le quotidien ne me semble finalement pas si dur à supporter, je m'imaginais que la vie en sevrage serait triste et sans saveur...je sais aujourd'hui que c'est faux.
A tous, je vous envoie du courage, de l'espoir et milles pensées positives car on en a encore et toujours besoin!
Prenez bien soin de vous.
De ce fait, plusieurs posts ont préconisé des méthodes de mensonge, manipulation etc...ou de s'adresser au deal (rue ou DW) pour obtenir la codéine. Si on ne peut pas jeter la pierre à des usagers en grande difficulté, il faut reconnaitre qu'il s'agit de quelques personnes seulement et que, souvent, l''efficacité à moyen terme de ces méthodes est assez limité.
Plusieurs posts font état d'un mouvement de certains pharmaciens, choqués par les conséquences sur leur clientèle, et qui plaident pour un assouplissement raisonnable. Souhaitons qu'ils soient écoutés car, manifestement, de nombreux usagers ne trouvent actuellement pas de soulagement à leurs problèmes de manque ou de douleur.
Syam (animateur) le 21 juillet
Gulz : "Bonjour, perso par chez moi aucune pharmacie n'a accepté de m'en vendre, du coup je suis passé au tramadol.skenan des dealos & un peu de rabla par dessus le marché"
On a sur PA un petit échantillon représentatif des personnes qui étaient dépendantes de la codéine en vente sans ordonnance dans les pharmacies.
J'ai prédit dès le départ ce qui se passerait, parmi ces personnes la codéine est nous le constatons remplacée majoritairement par tout ce qui peut s'acheter sans avoir besoin d'avouer la dépendance.
- Alcool (qui ne remplace qu'à moitié voire même ne remplace pas mais fait taire le problème).
Il est à noter que ce ne sera pas juste pour les jours de manque physique, ça remplacera une dépendance physique par une autre et débouchera sur l'alcoolisme.
- Médicaments obtenus "comme on peut" : au mieux de la codéine mais on voit à quel point les médecins préfèrent contre toute logique prescrire des choses plus dangereuses (tramadol, benzo, AD etc)
- Produits obtenus illégalement : héroïne de rue, skenan, au mieux codéine mais le plus souvent n'importe quoi qu'on peut trouver.
- Une partie va se diriger vers un TSO, dans notre échantillon elle est surreprésentée parce que nous connaissons bien le problème sur PA et avons exposé de façon honnête les avantages du TSO et surtout expliqué de façon honnête la gravité du sevrage sec.
- Des sevrages secs dont on sait qu'une petite partie va fonctionner, tous ceux qui échouent partiront vers une des autres options ci-dessus.
- Dans tous les cas une augmentation d'autres comportements à risques (comme la cigarette, un excès de junk food) et divers problèmes personnels (cette situation mènera sans doute à des ruptures par exemple).
L'impact comparatif sur la santé des divers choix sont presque tous plus dangereux pour la santé que l'était la codéine. Je rappelle par exemple l'hécatombe en France due à la consommation d'alcool, la mesure pour mettre la codéine sous prescription va causer à court terme des accidents de voiture qui auraient pu être évités, mais surtout à long terme toutes les maladies mortelles de l'alcoolisme. Pratiquement personne ne meurt de son addiction à la codéine, mais presque tous les alcooliques meurent de leur alcoolisme.
Tout se passe comme je l'avais anticipé et il clair que cette mauvaise réglementation sera responsable de nombreux décès à court, moyen et long terme. Mais bien entendu ce sera la faute de l'alcool, de l'héroïne, de la dépression... jamais de la loi.
Gulz : "pas envi de prendre de TSO"
Comprends-tu que tu es en train de mettre ta vie en danger, un danger bien réel, concret, celui de mourir... Juste parce que tu n'as pas envie de prendre un TSO?
Il est pas question pour moi de juger de ton choix. Si tu veux partir vers l'héroïne, je ne vais pas te faire la morale, chacun doit suivre son chemin. Par contre j'ai peur qu'en l'état ton choix soit fait sur un coup de tête émotionnel et pas sur une observation rationnelle de la situation. J'ai peur que tu sous-estimes les risques. Et que tu sous-estimes aussi les bienfaits du TSO.
Note que si tu survis à l'usage d'héroïne de rue (qui ne tue pas aussi souvent qu'on voudrait le faire croire pourvu de respecter avec soin les principes de RDR qu'on explique sur Psychoactif, mais encore faut-il se renseigner et appliquer de façon très sérieuse et les personnes comme toi, nouvelles là-dedans sont les plus exposées au danger) alors on peut prédire presque à coup sûr que ta consommation va augmenter et qu'un jour tu auras des difficultés pour t'approvisionner (pour raisons financières, légales ou simplement parce qu'on n'en trouve pas tout le temps et partout) ce qui risque de toutes façons de te mener à un TSO. La plupart des "junkies" modernes (qui n'ont souvent rien du cliché des junkies) s'en sortent mieux que leurs ainés des années 80 parce qu'ils ont presque tous un TSO pour être bien quand ils n'ont pas de came.
Conclusion tu es peut-être en train de te diriger vers un gros TSO pour éviter un petit TSO.
Quel que soit ton choix on est là pour t'aider à prendre le moins de risque dans la mise en pratique, pas pour juger ton choix.
Flex : "Je peux en effet accepté ce sevrage "forcé" mais je ne pense pas tenir physiquement et psychologiquement. Je souhaiterai descendre à 1 ou 2 bouteilles par semaines. Malheureusement je n'ai aucun moyen de me procurer de l'Euphon
J'ai cherché sur internet partout, et j'ai peur que cette envie brusque me pousse à vouloir voler ou meme falsifier des ordonnances, l'envie est trop forte..."
Il existe des tas de façons de se procurer de la codéine de façon illégales assez simplement. Comme les pharmacies en ligne basées dans des pays où la codéine n'est pas sous ordonnance par exemple. Néanmoins le forum Psychoactif n'a pas pour mission d'aider ou même d'encourager à faire des choses illégales. D'autre part un suivi médical est une bonne chose. Donc tu ne trouveras ici aucune information pour t'aider à faire des choses illégales. si tu le fais, c'est à tes risques et périls et sans notre aide, par contre quelle que soit la façon dont tu te procures les produits, on peut te conseiller pour les consommer à moindre risque.
Bref je ne saurais que t'encourager à consulter un médecin compétent et capable de te prescrire ce dont tu as besoin.
La première chose que tu as besoin c'est de comprendre que ton besoin ce n'est pas l'Euphon. C'est son principe actif : la codéine. Elle existe sous de nombreuses nombreuses autres formes.
Tu trouveras toutes les informations sur le forum. Dès lors que tu connaitras ces nombreuses formes il sera beaucoup moins difficile d'en obtenir une, sois certains que l'effet de la codéine ne change pas selon si elle est en sirop violet, en comprimé rouge ou en gélule blanche. Il faut juste éviter que la spécialité contienne d'autres produits inutiles ou néfastes, en particulier le paracétamol (ou alors il faut apprendre à l'enlever).
Les options :
(1) C'est pas facile mais il n'est pas exclu qu'un médecin accepte de prescrire de la codéine ou de la dihydrocodéine/DHC sos prétexte de douleur ou même de TSO. Pour la codéine, padéryl, tussipax, néocodion et plein d'autres existent en comprimés, sirop etc. Il m'est déjà arrivé de me faire prescrire 2cp de padéryl 4x/j pendant un mois pour des douleurs par exemple. Ce n'est pas l'AMM mais c'est possible de le prescrire pour la douleur quand même, dans mon cas j'avais expliqué que je ne supporte pas le paracétamol. Je ne te dis pas de mentir, moi je n'avais pas menti, je n'aime pas mentir. Mais j'admets que dans certains cas il est légitime de mentir, c'est à voir en ton âme et conscience. Pour la DHC le Dicodin est idéal, 2cp équivalent à une grosse dose d'euphon. C'est prescrit pour des douleurs et ça contient pas de paracétamol.
(2) Consulter un CSAPA et demander un traitement du substitution (TSO). En premier lieu la buprénorphine. Il n'y a aucune raison qu'il te soit refusé ce traitement, il suffit d'être dépendant aux opiacés pour pouvoir en bénéficier sans autre justification particulière, sans avoir à rendre de compte ou faire de mea culpa. Normalement il est prescrit sans jugement et sans complication (si on tombe sur un mauvais docteur qui fait la morale on s'en fiche on le laisse parler ondit qu'on a besoin d'opiacés et on a son traitement quand même). Ce traitement peut être donné anonymement et gratuitement si c'est au CSAPA, ou bien prescrit et récupéré en pharmacie avec la carte vitale ou sans.
Et même si l'euphorie est moindre par rapport à ta bouteille d'Euphon, c'est un traitement qui risque de te donner une certaine satisfaction. Que tu pourras utiliser comme tu le souhaites, comme par exemple 3 fois par semaine. Il y a des précautions d'usages etc qui te seront expliquées. On peut à terme si on veut mettre fin à cette consommation en programmant une baisse progressive des doses. Si le TSO buprénorphine échoue, il existe d'autres options, mais on va pas développer ici car il n'y a pas de raison.
(3) Obtenir illégalement les produits. On n'en parlera pas parce que je ne peux pas décemment conseiller ce genre de choses. Surtout que les manières légales sont efficaces. On a la chance en France de pouvoir bénéficier de TSO. Ce serait de la mauvaise foi de prétendre qu'on est laissés à l'abandon, et de nier que le TSO résout la plupart des problèmes efficacement. Donc il me semble qu'il n'y a pas de raison de vouloir obtenir des produits illégalement.
(4) Le sevrage sec et ne plus consommer. On en a longuement parlé, le sevrage sec est dangereux pour une personne dépendante, et peut mener à des choses bien plus graves que la consommation de codéine. Néanmoins il doit être mentionné parce que certaines personnes s'en sortent satisfaites.
Apparemment ton objectif est de continuer à profiter régulièrement des plaisirs opiacés ou bien de te sevrer.
Comme on a déjà largement abordé les bonnes façons de se sevrer (je t'invite à lire le fil de discussion), je passe à l'exploration de l'autre hypothèse : continuer à prendre du plaisir avec les opiacés.
Syam (modérateur) le 21 juillet
GUIDE DU TOXICOMANE OPIACE, CODEINOMANE ETC
Comment tu peux continuer à prendre du plaisir opiacé depuis que la codéine est sous ordonnance?
Depuis des décennies que les usagers récréatifs d'opiacés cherchent des solutions, le sujet a déjà été exploré de fond-en-comble. Si pour quelque raison que ce soit tu ne veux PAS renoncer au plaisir opiacé, voilà les comment une personne aujourd'hui dépendante peut voir l'avenir :
Si les symptômes de manque physique sont difficiles pour toi je crois que des prescriptions occasionnelles ne te satisferont pas. Je vois dès lors se dégager (des milliers de témoignages que Psychoactif recueille) deux trois principaux chemins qui peuvent correspondre à ton aspiration :
A. Diminuer les doses et devenir occasionnel. Parce que si tu arrives à descendre par exemple à une consommation par semaine, tu auras plus de plaisir. Et ce sera comparativement bien plus facile une fois stabilisé de te procurer de temps en temps un dose sympa de codéine pour tes extras. Ce qui est dur c'est d'en avoir beaucoup tous les jours, mais une boite de temps en temps, c'est vraiment pas compliqué.
A.1. Obtenir une prescription de codéine dans le but de parvenir au sevrage par des doses dégressives, et arriver peu à peu après quelques mois au stade ou tu peux consommer une seule fois par semaine, ou deux (ce que tu veux). Ca demande des efforts raisonnables et une certaine détermination, mais une fois bien stabilisé à 1 prise par semaine, tu découvriras que tu profites encore mieux des plaisirs de la codéine sans les inconvénients. Mieux pour la santé, désir sexuel non impacté par la conso.
A.2. Même chose mais TSO : si tu ne trouves pas de médecins capable de te prescrire la codéine il faudra baisser les doses à l'aide du TSO buprénorphine. Ca veut dire que tu renonces au plaisir opiacé quelques mois, mais que tu n'as pas de manque. Lorsque tu arrives à une dose très faible, du genre un prise très petite 2 fois par semaine, alors tu peux cesser le traitement et passer à un usage récréatif de codéine à l'occasion quand tu arrives à te procurer un extra.
-> Cette approche visant le retour à un niveau de consommation occasionnel a pour but de rendre faciles les plaisirs codéinés en s'assurant de rester à une tolérance très faible. C'est le secret pour avoir la possibilité de se "défoncer" avec des doses faciles à obtenir. Mais tout va foirer si tu fais remonter ta tolérance avec un usage trop fréquent, de trop grosses doses, ou plusieurs jours d'affilée.
B. Tu n'as pas le courage de mettre en place ta baisse de tolérance. Il te faut donc des doses élevées, pour un plaisir pas forcément plus grand au contraire, mais bon on fait ce qu'on peut. Dans ce cas il te faudra bien choisir entre le TSO pur ou le mix avec usage illégal :
B.1. Illégalité. Par illégal j'entends du moins grave (mentir à un médecin et simuler de graves douleurs) jusqu'à l'achat de stupéfiants au marché noir. Bref tu deviens un "junkie moderne" qui jongle entre des prescriptions quand il peut en obtenir, des achats dans la rue avec les risques que ça représente, et son TSO. Mais il faut que tu comprennes qu'il y aura toujours un peu de plaisir, mais que tu ne retrouveras jamais l'enthousiasme des débuts. Monter les doses ne fait que reporter et aggraver le problème. Même un junkie s'il veut être heureux a besoin d'être capable de renoncer à toujours plus de plaisir. Et la plupart n'y arrivent pas. Donc ça risque on va pas dire à coup sur mais quand même probablement, de déraper, de mener à des produits de plus en plus fort et une consommation dangereuse. Cette approche est certainement la plus dangereuse, c'est là que se produisent les overdoses etc. Même si on ne touche pas à l'héroïne, ces consommations irrégulières sont dangereuses. Dans ce mix on peut supprimer le TSO uniquement si on a de gros moyens et du temps à perdre pour se procurer ses produits. En revanche le TSO peut éventuellement être la méthadone à la place de la BHD. Attention, c'est beaucoup plus dangereux.
B.2. TSO. Ou alors rester sagement avec un TSO et se contenter de son plaisir limité mais c'est pas si mal. Encore une fois il faut comprendre qu'on ne peut pas avoir du plaisir à volonté, est-ce vraiment utile de prendre tous les risques pour un plaisir qui sera de toutes façons de plus en plus plafonné? Je trouve que choisir le TSO est assez.. 'intelligent'.
Conclusion : Comme le plaisir opiacé est plafonné, savoir rester occasionnel est certainement le plan qui donne le meilleur ration complications/plaisir. Par nature même du fonctionnement de notre cerveau, c'est assez difficile à faire, mais c'est quand même si vous y parvenez d'avoir probablement autant de plaisir que les personnes complètement dépendantes mais avec moins de dangers, moins de difficultés. Même si on ne parvient pas à rester occasionnel, savoir renoncer reste le secret pour ne pas s'engager dans une escalade qui quoi qu'il en soit se heurtera à un plafond. Vous voilà prévenus.
Catégorie : Actualités - 07 septembre 2017 à 09:34
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Mr Ryan says reducing supply does not solve the bigger issue of drug addiction and people are dying because of it.
And he says more lives will be lost unless the national approach to drug addiction changes to a health issue rather than a supply problem.
Mr Ryan dit que réduire la disponibilité (supply) ne résout pas le problème plus large de l'addiction aux drogues et des gens meurent à cause de ça.
Et il dit que d'autres vies seront perdues jusqu'à ce que l'approche nationale sur les addictions devienne un problème de santé et non un problème de lutte contre l'offre.
Plus sur l'institut Penington
http://www.penington.org.au/
et sur l'avis d'une pharmacienne australienne
http://www.dailytelegraph.com.au/newslo … d9c83c665d
Only 2 per cent of people are addicted to codeine and 98 per cent of people are being penalised.
Enfin on constate que l'ANSM local , le TGA, a préparé le changement et fourni de l'info (discutable) aux pharmaciens
https://www.tga.gov.au/sites/default/fi … access.pdf
comme aux usagers
http://www.tga.gov.au/codeine-info-hub
discutable ?
le document pour les usagers précise
The codeine-containing medicines that are currently available over-the-counter are usually combined with either paracetamol or ibuprofen. Long term use of high doses of paracetamol can also result in liver damage and the most severe adverse effects of long term ibuprofen use include serious internal bleeding, kidney failure and heart attack.
les médicaments contenant de la codéine qui sont actuellement disponibles sans ordonnance (OTC) sont habituellement combinés avec du paracetamol ou de l'ibuprofene. L'usage à long terme du paracetamol peut entrainer une atteinte du foie et les effets secondaires les plus sévères de l'usage à long terme de l'ibuprofene incluent des hémorragies internes, une ininsuffisance rénale et des complications cardiaques.
Or, en Australie comme en France, le retrait de la codéine OTC ne laissera comme produit disponible pour calmer la douleur en OTC (sans ordonnance) que le paracetamol et l'ibuprofène ou ses équivalents !
Amicalement
prescripteur a écrit
Oui, mais comment ???
Amicalement
Bonsoir,
Je me.posais une question en rapport avec notre situation et l'actualité relative au Levothyrox (traitement pour les problèmes de thyroïde).
Spoiler
Je me demande si, au vu du nombre de victimes de cet arrêté du 13 juillet, du nombre de témoignages recueillis ici ou ailleurs, il ne serait pas envisageable de constituer un collectif? D'étudier la possibilité d'un dépôt de plainte?
S'il est possible de se mobiliser pour des effets secondaires de médicaments (que je ne minimise pas), qu'en est-il de toutes les mises en danger relatives à cet arrêté?
Les situations de désespoir, le recours à d'autres drogues pour compenser et se soulager comme on peut, les souffrances, le mépris de certains soignants vis à vis de nous, l'incapacité à reprendre une vie normale qui pourrait pousser certains aux solutions extrêmes...
Je m'excuse d'avance si mon post est utopique, stupide ou que sais-je...
Mais pensez-vous qu'aucune action au niveau légal ou politique ne pourrait être envisagée?
Amicalement.
Dernière modification par Littleboy (11 septembre 2017 à 02:49)
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À la Une
Codéine sur ordonnance : la mesure qui fait tousser
Charlotte Demarti, Didier Doukhan
| 14.09.2017
Au début de l'été, un arrêté ministériel rendait la prescription obligatoire pour toutes les spécialités contenant de la codéine. Du jour au lendemain, les pharmacies se sont retrouvées avec des stocks de présentations conseil en attente d'ordonnance. Mais surtout, les officinaux ont été privés, sans véritable alternative, d'un important arsenal thérapeutique adapté au conseil antalgique et antitussif. Deux mois plus tard, état des lieux.
CodéDrill, Tussipax, Codoliprane, Claradol Codéiné, Humex Toux Sèche dextrométhorphane, Néo-Codion… Dans les officines, certaines stars du conseil ont pris cet été comme un « coup de vieux ». Précisément, depuis le 12 juillet, date à laquelle la ministre de la Santé Agnès Buzyn signait un arrêté à effet immédiat rendant tous les médicaments contenant de la codéine, du dextrométhorphane, de l'éthylmorphine ou de la noscapine disponibles uniquement sur ordonnance.
« De nombreuses présentations qui sortaient uniquement grâce au conseil officinal se retrouvent désormais coincées dans nos tiroirs en attente d'une hypothétique ordonnance », déplore une pharmacienne du Val-de-Marne. « Alors parfois, aux clients que nous connaissons bien, nous délivrons une boîte de Codoliprane ou de Sirop Humex Toux sèche sans le nouveau sésame de la prescription », reconnaît-elle. Un geste hors la loi ? « Oui. Mais nous prenons nos responsabilités. Ces médicaments sont précieux à notre conseil. En priver nos clients pour quelques mésusages marginaux me paraît exagéré. Sans compter que les laboratoires qui acceptent de reprendre les stocks commandés avant le listage sont rares… »
Que faire des stocks ?
Cette même mauvaise humeur et les mêmes questions sont exprimées sur le site du « Quotidien » : « Comme toutes les pharmacies, j'ai donc en stock et ne peux plus vendre des produits à base de codéine. Qu'est-ce qu'on en fait ? », s'interroge l'internaute Pascal R., pharmacien dans les Landes.
Comment en est-on arrivé là ? La réponse est à chercher du côté du purple drank. Les premiers signalements de mésusage de médicaments codéinés ont en effet été rapportés au réseau d'addictovigilance de l'Agence nationale de sécurité sanitaire et des produits de santé (ANSM) en 2013. L'agence avait adressé aux professionnels de santé en mars 2016 une mise en garde contre ces redoutables cocktails médicamenteux. La route vers la restriction de l'accès aux codéinés venait de s'ouvrir. Mais les choses se sont sans doute un peu emballées après que la mère de Pauline, 16 ans, décédée le 2 mai 2017 à la suite d'une overdose de médicaments à base de codéine, a lancé une pétition pour l'interdiction de cette « nouvelle drogue des ados ». Aux 50 000 signatures rapidement recueillies, s'est donc ajouté le paraphe d'Agnès Buzyn au bas de l'arrêté abolissant les conditions d'exonération à la réglementation des substances vénéneuses dont ces médicaments bénéficiaient jusqu'alors. C'était écrit : plus 1 milligramme de codéine ne sortirait des officines sans ordonnance.
Au-delà de l'aspect santé publique, la mesure fait aujourd'hui l'effet d'un couvercle sur les stocks des pharmacies. D'autant que, du côté des fabricants, aucune solution commune n’a été mise en place : « il n’y a pas eu de mot d’ordre sur l’attitude à adopter à ce sujet », confirme Daphné Lecomte-Somaggio, délégué général à l’AFIPA*. « Il n’y a pas eu de rappel de lots demandé au niveau des grossistes répartiteurs, et les reprises des unités sont à la discrétion les laboratoires concernés », développe-t-elle. Au final, les reprises d’invendus sont anecdotiques. Seule adaptation, les laboratoires ont jusqu’au 1er novembre pour se mettre en conformité par rapport aux règles concernant le conditionnement des médicaments à base de codéine.
Quelles alternatives thérapeutiques ?
Plus préoccupante que la question des stocks, celle des alternatives thérapeutiques mobilise les pharmaciens depuis l'annonce de la mesure. René Maarek, président de l'Union des pharmaciens de la région parisienne (UPRP), a ainsi adressé dès juillet un courrier à la ministre pour exprimer l'incompréhension face à la mesure et solliciter une entrevue. « Plusieurs problèmes se posent : d'abord celui lié à la prise en charge à l'officine des douleurs intenses. Les rages de dents ou les céphalées violentes se retrouvent au comptoir des pharmacies pour un soulagement rapide. Or depuis la mi-juillet, on ne dispose plus de l'arsenal conseil susceptible de les soulager. S'il ne nous reste plus que le paracétamol pour répondre à ces demandes, nous nous sentirons démunis. » Tel est le principal écueil de la mesure, estime le président de l'UPRP, mais ce n'est pas le seul. Également président de Pharm Addict, association de pharmaciens impliqués dans la prise en charge de la toxicomanie et des addictions, René Maarek craint que la population cible de la nouvelle réglementation, celle des jeunes utilisant la codéine à des fins « festives », ou celle l'utilisant pour stabiliser une addiction antérieure, échappe à l'interdit en s'administrant d'autres molécules, mais sans contact direct avec un professionnel de santé. « Que vont devenir ces patients avec qui nous avons tissé des liens et qui vont se procurer de nouvelles substances sur des marchés douteux ? » demande René Maarek à la ministre.
Lundi, un courrier du cabinet d'Agnès Buzyn accusait réception du message des pharmaciens. À suivre.
*Association française de l'industrie pharmaceutique pour une automédication responsable."
La mise sous ordonnance de la codéine pose deux problèmes différents
1) celui de ceux qui l'utilisent hors AMM, ce qui ne semble pas mobiliser les foules mais les témoignages sur PA montrent de grosses difficultés pour certains
2) celui du traitement de la douleur en population générale.
Les analgésiques sans codéine procureraient un soulagement de la douleur comparable à celui qu’offrent les produits à base de codéine à faible dose vendus sans ordonnance, mentionne Santé Canada, qui se fie à de nombreuses études publiées.
Il faut dire que la douleur est toujours très supportable par ceux qui la croisent ou la soignent, mais pas par ceux qui la subissent.
La mise sous ordonnance de la codéine ne laisse en OTC (Over the Counter = sans ordonnance) que le paracetamol et certains AINS à doses faibles (Anti inflammatoires type ibuprofène).
Or, le paracetamol a des limites évidentes, de même que les AINS qui, en plus ont une toxicité non négligeable. Surtout que l'absence de la codéine va favoriser une augmentation importante des doses pour trouver un effet contre la douleur.
Ce qui veut dire que le traitement de la douleur, même banale, passera assez vite par une consultation médicale obligatoire, avec tous les problèmes que cela va entrainer (délais de RV, surcharge de travail pour les médecins).
Si les pouvoirs publics ne prennent pas des mesures pour proposer des alternatives, je pense que la décision de juillet va entrainer des problèmes chez des millions de français qui consomment de la codéine pour des douleurs. Et ça , ça risque de ne pas passer !!
nb= La codéine est (était avant la mise sous ordonnance) le troisième produit pharmaceutique consommé en France après le paracetamol et l'ibuprofène.
https://in-pharma.fr/les-medicaments-les-plus-vendus/
Je n'arrive pas à trouver le nombre de boites vendues mais globalement la classe des antalgiques (paracetamol, ibuprofène, tramadol, codeine etc..) représente 760 millions de boites par an.
Amicalement