Minuit, une boîte de nuit avec un ami.
Nous sommes assis côte-à-côte, sirotant un cocktail. Très vite, nous nous mettons à parler de drogues. Il m'a fait découvrir la C. quelques semaines plus tôt, à un anniversaire, et depuis je ne pense qu'à en reprendre, même si je n'en ressens pas vraiment les effets. Ce soir-là, on a déjà tapé trois ou quatre fois. Enfin, la
MDMA entre dans la discussion. Je lui demande s'il en a. "Ouais, t'en veux ?". J'hésite, car étrangement, ça me paraît "pire" que la
cocaïne. Il me rassure, me vante ses effets, ce qui me convainc rapidement, et puis, je lui fais confiance. Il sort discrètement le
parachute, me dit "ouvre la bouche" et me le pose sur la langue. Je bois une gorgée pour faire passer le goût amer. Pendant une demi heure, il ne se passe rien.
Puis ça monte d'un coup. Je me sens nauséeuse, perdue, j'ai une sorte de tournis, je regarde autour de moi d'un air inquiet, je dois m'adosser au mur. Qu'est-ce qui m'arrive ? Nous marchons un peu dans la boîte, et tout à coup les images deviennent plus nettes, plus rapides, plus colorées, les sons plus précis, et malgré le volume sonore, j'entends très distinctement toutes les conversations autour de moi. Je touche mes cheveux, et j'ai l'impression d'avoir de la soie sous les doigts. J'ai très chaud, je suis en nage, mais ça ne me dérange pas. Je danse comme jamais je n'avais dansé de ma vie. Mes mouvements sont incontrôlés mais fluides, harmonieux, précis. Je me sens légère, comme si je flottais. Tout me paraît possible, évident. Je souris, vais parler aux gens, ressens de l'empathie pour eux, deviens une philanthrope. Je parle à toute vitesse, j'ai du mal à articuler car mes mâchoires se ferment toute seules, claquent. Les heures tournent et je danse toujours, je ne veux pas m'arrêter, jamais.