Très curieux des drogues depuis l'adolescence, j'ai tout expérimenté en grande quantité (oui, je suis gourmand) et je me suis accroché à l'
héro en
IV quand j'avais 16 ans. Je vous passe le récit de cette période que pas mal de gens sur le forum a du connaitre, mais ce fut vraiment une époque épique. Je vous passe aussi les problèmes de santé : Entre autre Hépatite C chronique pendant 20 ans, 2 traitements et une apparente guérison, etc, etc.
Bref, après de longues années de galères, j'ai eu un raz le bol de l'(la mauvaise)héro et je suis passé à une pseudo-substitution en passant de 2 g à 4 boites de
Neocodion/jours et ça pendant 10 ans, ce qui est un autre type de galère, bien entendu, mais qui eu au moins le mérite de me faire arrêter l'
héro...
J'ai pu ensuite commencer, parmi les premiers à l'époque, un
TSO avec du Temgesic, remplacé un an ou deux après par le fameux
Subutex-mex. Aujourd'hui, ça doit faire 14 ou 15 ans que je suis à 8 mg/jour, vraiment stabilisé avec très peu de rechutes ou d'excès, mais bon voila : Je viens d'avoir 48 ans et j'en ai plus qu'assez d'être dépendant de ce circuit et surtout inquiet des effets à long terme de cette saloperie.
Je me suis donc conditionné pour entreprendre une démarche d'arrêt complet et je viens glaner ici, infos conseils et échanges d'expériences.
Alors voila, j'ai bien peur que la dépendance, surtout quand elle est aussi longue, ne soit irrémédiable.
Je ne garde aucun souvenir de périodes « sans » et aussi loin que je remonte ou presque, j'ai toujours été accro à quelque chose. D'ailleurs, je vois bien dans mes comportements que je suis « un accro ». Aussi bien pour le quotidien que dans ma vie professionnelle ou affective, je me rends bien compte que mes comportements sont guidés par cette « peur du manque » que cache chaque toxico.
Alors, peut-on changer et vivre vraiment sans fils à la patte ?
J'ai vu, au cours de ces années de nombreux psys et pseudos-spécialistes et aucun ne m'a jamais vraiment aidé. Peut-être n'ais-je pas rencontré le bon ?
J'avoue que le dernier que j'ai vu, c'était il y a bien, deux décennies et que le confort du
Subutex repousse cette prise de conscience encore plus durablement.
Peut être aussi qu'aujourd'hui les choses ont changées et que la dépendance est mieux connue et mieux traitée ?
Faut quand même reconnaitre qu'avoir été un « tox » dans les années 80 avait de quoi vous dégoutter de la médecine et de ses apôtres, pharmaciens, psychos, gourous et consorts ;-) Le problème que j'ai, c'est que, même en ayant un médecin traitant qui me suit depuis des années, mon rapport avec lui est celui que j'avais avec mon dealer. Jamais il ne m'a proposé la moindre diminution ou le moindre plan vers une sortie de ce cycle mensuel infernal. 3mn montre en main, c'est le temps qu'il lui faut pour remplir l'ordo et, hop, terminé. Pas de question, pas d'auscultation ni d'examen, un clic pour la Vitale et un autre pour la CB et c'est fini. Merde, j'aurais du faire médecine !
Mon entourage aussi, s'est accommodé de ça, car je suis un garçon raisonnable, capable de beaucoup de self-control, affable en société, et dont très peu de gens connaissent la toxicomanie. Ma femme me tanne quand même depuis des années, mais même elle a baissé les bras…
Cependant, je sais et je sens que la prise de ce produit influence mon comportement et mon rapport aux autres et au monde.
Vous me direz que le fait d'y penser, c'est déjà le premier pas, aussi, aujourd'hui, je veux vraiment essayer d'y voir plus clair et commencer à imaginer un nouveau « moi ». Je ne suis pas pressé et je sais que c'est en prenant mon temps, en échangeant et en en parlant que je pourrais peut être y arriver. Ce blog sera donc mon carnet de bord dans ce voyage vers une vie plus saine et je l'espère meilleure.
Bien à vous.