Consommer un hallucinogène en toute légalité
Trois groupes peuvent importer et consommer de l'
ayahuasca, un puissant hallucinogène pourtant illégal au pays. Santé Canada leur a accordé une dérogation sur la
base de la liberté religieuse.
Par Johanne Faucher d'Enquête
L’appartement de Jessica Rochester ressemble à un musée. On y retrouve des images de la Vierge Marie, une coiffe amérindienne, des cristaux et des images psychédéliques. « Il y a toujours une photographie du maître sur la table, ainsi que la croix de Santo Daime », dit-elle d’une voix douce et rassurante.
Jessica Rochester porte le titre de Madrinha – la marraine – de Céu do Montréal, l’église qu’elle a fondée en 1997. La trentaine d’adeptes a un seul sacrement : l’ayahuasca.
Le groupe n’a pas encore de lieu de culte, mais il loue un local dans la métropole québécoise pour y tenir une cérémonie rituelle toutes les deux semaines. Les messes peuvent durer jusqu’à 14 heures.
Les adeptes portent des uniformes bleu et blanc, avec une étoile jaune épinglée près du coeur. Un « look d’écolier », dit Jessica Rochester, puisqu’ils sont à l’école de la conscience.
Au coeur de la cérémonie, il y a le sacrement de l’ayahuasca, à l’image de l’eucharistie chez les catholiques. Les adeptes boivent ce qu’ils appellent le thé Daime, une boisson brune au goût amer qui provoque souvent des vomissements et qui procure des hallucinations.
Pour la majorité des Canadiens, il s’agit d’une boisson illégale, puisque le thé contient un puissant hallucinogène, le
DMT.
Depuis 2017, Céu do Montréal a l’autorisation d’importer 30 litres d’ayahuasca par mois et d’en servir dans un cadre religieux. L’utilisation d’une drogue pour usage religieux est une première au pays.
« Cela nous permet de voir le meilleur de nous-même : nos forces, notre bonté, la connexion avec notre moi supérieur. Mais cela nous montre aussi le pire de nous-même », explique Jessica Rochester.