comment ça se passe chez Vous ?
Depuis quelques semaines, les personnes à risque de contracter le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) dans la région de Québec peuvent obtenir plus facilement un médicament préventif. La prophylaxie préexposition (PrEP) est réputée pour son taux d'efficacité contre le virus, qui dépasse les 90 %.
Spécialisé dans la lutte contre le sida, l’organisme MIELS-Québec a développé un partenariat avec une clinique qui s’occupe notamment du diagnostic des infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS).
L’idée : permettre aux patients d’obtenir rapidement la
PrEP, sans devoir passer par leur médecin de famille. Car même s’il est homologué depuis 2016 au Canada, le petit comprimé bleu est encore largement méconnu.
Ce que les gens nous disent, c'est que parfois ils en parlent à leur médecin, [mais] les médecins ne sont pas à l'aise de la prescrire, ne connaissent pas bien comment faire le suivi », raconte Patrick Labbé, chargé de projet chez MIELS-Québec.
Ingéré par voie orale, le médicament est généralement pris une fois par jour chez les patients actifs sexuellement.
Même si la
PrEP est perçue comme un outil prometteur pour lutter contre le VIH, certains craignent que son utilisation mène au rejet du condom et favorise ainsi la transmission d'autres ITSS, comme la gonorrhée ou la syphilis.
Il y a des personnes qui ont reçu des discours un peu plus moralisateurs en lien avec leurs pratiques, comme : "tu devrais simplement mettre un condom au lieu de penser à la
PrEP".
Un « corridor d’accès »
Désormais, lorsqu’un patient de la région de Québec ne sait pas vers où se tourner ou qu’il est mal à l’aise d’aborder le sujet avec son médecin de famille, il peut contacter MIELS, où aura lieu une première rencontre d’information.
« La majorité des gens qu'on va voir, c'est principalement des hommes qui vont avoir des relations sexuelles avec d'autres hommes, des travailleurs ou travailleuses du sexe, des personnes qui ont des conjoints ou des conjointes séropositives », énumère M. Labbé.
Si le patient veut poursuivre sa démarche, il est ensuite pris en charge par la Clinique ITSS Sécure, située à Place de la Cité, qui réserve deux rendez-vous par semaine pour cette clientèle.
« À la première consultation, normalement, le patient va voir un médecin et une infirmière. Il va y avoir un bilan initial, des prises de sang, des tests de dépistage et la prescription aussi de la médication », explique la coordonnatrice de la clinique, Stéphanie Michaud.
En un mois, quatre patients sont passés par ce « corridor d’accès » à la
PrEP, signe que le besoin existe.
L'accès [à la
PrEP] au niveau régional pouvait être limité, donc le fait d'avoir une alliance comme ça va permettre justement à certains patients qui n'ont pas pu l'obtenir d'une autre façon, de venir la chercher.
Stéphanie Michaud, coordonnatrice de la Clinique ITSS Sécure
Une approche saluée
Le Dr Réjean Thomas, figure très connue de la lutte contre le sida, est heureux d’apprendre la création de ce partenariat à Québec.
« Il n’y a pas encore assez de gens qui prennent la
PrEP au Québec », estime le fondateur de la Clinique L’Actuel, située dans le village gai de Montréal.
Le Dr Thomas plaide d’ailleurs pour un meilleur accès dans toutes les régions de la province.
C’est clair que ç’a une utilité parce que ce n’est pas normal que moi, je reçoive des gens de Québec pour prescrire la
PrEP et c’est quand même assez fréquent à Montréal, à L’Actuel.
Dr Réjean Thomas, fondateur de la Clinique l'Actuel
Sa clinique a effectué plus de 3000 consultations pour prescrire la
PrEP, ces dernières années. Aucun de ses patients qui utilisent le médicament n’a contracté le VIH, dit-il, comparant son efficacité à celle d’un vaccin.
D’après les estimations de l’Agence de la santé publique du Canada, près de 17 000 Québécois vivaient avec le VIH en 2016.
source
www.radiocanada.ca