Le recours aux
opioïdes d'ordonnance est parfois nécessaire pour les personnes souffrant de douleur chronique. Malheureusement, ces substances ont mauvaise presse, ce qui a des répercussions chez de nombreux patients aux prises avec de la douleur. Honte,
stigmatisation, isolement : la situation actuelle pose un réel problème.
Pourquoi avoir recours aux
opioïdes d'ordonnance ?
En plus d'être un traitement de première ligne pour atténuer la douleur aiguë et un outil incontournable pour réduire la douleur cancéreuse, les
opioïdes médicamenteux sont fréquemment employés pour traiter aussi la douleur chronique. Utilisés à bon escient selon la posologie, ils permettent de calmer les crises de douleur intense et contribuent à améliorer la qualité de vie des patients. Souvent prescrits sur une longue période de temps pour gérer la douleur chronique non cancéreuse, les
opioïdes s'intègrent généralement dans une stratégie globale de traitement de la douleur.
La
stigmatisation des patients
La plupart des patients souffrant de douleur chronique non cancéreuse et ayant recours aux
opioïdes les utilisent judicieusement. Or, dans le contexte actuel où le sujet des
opioïdes est sur toutes les lèvres en raison de l'augmentation des surdoses qui leur sont associées, un sondage publié par le Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire de Montréal démontre qu'un patient sur cinq se dit victime de
stigmatisation. À force de devoir faire face aux préjugés et de ressentir le besoin de se justifier, plusieurs patients ont affirmé éprouver de la honte et de la culpabilité, ajoutant ainsi une souffrance de plus à leur liste de symptômes.
Les préjugés entraînent l'isolement
Les mesures restrictives, la méconnaissance du grand public et la
stigmatisation des patients ont fait en sorte que la prise d'
opioïdes est devenue un sujet tabou. Certaines personnes souffrant d'une maladie chronique décident alors de ne pas informer leurs proches qu'elles prennent des
opioïdes, de cesser la médication par peur d'être jugées, ou même de se tourner vers le marché noir... où le danger les guette. Fabriqués clandestinement, les
opioïdes trouvés sur le marché noir ne sont en effet pas sécuritaires, et ceux qui y ont recours s'exposent à un risque accru de surdose potentiellement fatale.
Plan d'action en cas de surdose
À un moment où on souhaite plus que jamais prévenir les surdoses d'
opioïdes, il serait nécessaire de faire tomber les préjugés envers les personnes qui en consomment. Une consommation non stigmatisante est une consommation sécuritaire qui se fait en présence d'autres personnes ou lorsque les proches en sont informés afin de limiter les risques de décès en cas de surdose.
Chaque utilisateur d'
opioïdes devrait avoir en sa possession de la
naloxone injectable ou intranasale, un antidote spécifique aux
opioïdes, afin que celle-ci puisse être administrée par quelqu'un de son entourage. La
naloxone est offerte gratuitement dans les pharmacies et auprès de certains organismes communautaires du Québec.
Pour savoir où se procurer de la
naloxoneSomnolence extrême ou difficulté à se réveiller, étourdissements et confusion, difficultés respiratoires, aucune réaction au bruit ou à la douleur, lèvres ou ongles bleus... Les signes de surdose d'
opioïdes nécessitent une intervention d'urgence. Si vous croyez être en présence d'une personne en situation de surdose, voici les étapes à suivre :
1. Appelez le 9-1-1.
2. Si la personne est inconsciente, criez son nom et frottez le centre de sa poitrine avec force.
3. Administrez une dose de
naloxone à la personne intoxiquée, si vous en avez sous la main.
4. Si la personne ne réagit pas et que vous connaissez les manoeuvres de réanimation cardiorespiratoire (RCR), faites-les en utilisant un masque barrière.
5. Si la personne ne réagit pas après trois minutes, donnez-lui une seconde dose de
naloxone en utilisant une nouvelle ampoule.
6. Si la personne se réveille, tournez-la sur le côté et demeurez avec elle jusqu'à ce que les secours arrivent.
Des pistes de solution
Professionnels de la santé, patients, familles, grand public : chacun a son rôle à jouer pour contrer la
stigmatisation liée aux
opioïdes. En brisant le silence et en favorisant un usage sécuritaire des
opioïdes médicamenteux, les patients qui souffrent de douleur chronique pourront avoir un peu de répit et davantage de soutien.
POUR EN SAVOIR PLUS SUR LES
OPIOÏDES, consultez le site Québec.ca/opioides
source
www.lapresse.ca