Dans ma cage thoracique annihilée mon cœur s'emballe. A ce stade, c'est physique. Une ligne d'
héro aiderait sûrement à rendre tout cela supportable, à transformer cet état larvaire dépressif en un état mélancolique plus digne et plus poétique, presque Baudelairien... Mais je m'y refuse, l'
héro a le pouvoir de te rendre dégueulasse à voir après une seule ligne. L'
héro, ça te fait te gratter compulsivement, ca te rend le visage rouge et bouffi comme un anglais sorti d'un bistrot miteux et je parle pas des cernes à la Enrico Massias. C'est du vécu hein, je ne construis pas mon expérience sur les éructations de la fange hollywoodienne qui produisent des daubes comme Requiem for a dream, pour les puceaux de la vie avides de sensation, passant par la médiation de l'écran bleuté, bien au chaud dans leur canapé Ikea pour assouvir leur pulsions de mort et leur appétit pour le glauque de façon sécurisée.
Ces mêmes gens qui viennent te faire la morale sur une consommation ponctuelle et récréative sont cent fois plus décadents et malsains en réalité. Ils vivent l'horreur par procuration, cherchant le grand frisson avec des séries netflix à sensation, avec parfois une certaine fascination pour l'infame mais toujours avec distance. Car en plus d'être malsains, ils sont peureux et ne chambouleraient pour rien au monde leur saint-confort.
La religion de la sécurité, corolaire de l'apathie généralisée vient se subordonner à l'ardeur des salutaires instincts qu'on attribue à la fougue de la jeunesse. ''Le culte du vertige, mais le vertige ne se prend que sur les hauteurs'' disait Artaud. C'est quand je vois que les médias apportent la dose d'adrélanine journalière suffisante à la plupart des gens que je constate que non seulement je ne trouverais jamais satisfaction dans le modèle de vie terne à
base de surgelés et d'audiovisuel insipide qu'on propose mais également que cette distance qui me tient éloignée de la multitude demeurera intact, peu importe les années qui défilent.
N'empêche que c'est assez caucasse de me voir critiquer l'aspect larvaire de ces enculés dans mon état actuel. Corps endolori, yeux gonflés, cheveux en bataille digne d'un drag queen atteint d'alopécie sans perruque. Cependant, je constate une amélioration de mon état depuis que j'ai entamé la rédaction de ce billet. La poudre marron ne se frayera pas un chemin dans mes conduits nasaux aujourd'hui. Je resterai vivante, comme dit Houelbecq, à la manière d'un cadavre qu'on galvanise mais vivante. Pour combien de temps, je l'ignore...