Bonjour ,
Je suis inscrite depuis plusieurs années et je lis vos témoignages assidûment.je n’ ai jamais osé intervenir et aujourd’hui hui, j’ ai eu envie.
Envie de partager mon vécu d’ addict avec vous.J’ ai 62 ans,je suis addict aux
opiacés et a l’
alcool.Je suis plutôt en bonne santé physique et psychique.Je suis suivie depuis 15 ans environ pour mes dépendances a l’
alcool et aux
opiacés.Je suis actuellement sous
bupre a 2 mg.
J’ ai un passé d’ heroinomane des l’ âge de 20 ans, j’ ai testé diverses substances a l’ époque:
Lsd,
amphétamines ( époque dinintel et fringanor que je piquais à mon père en surpoids!!),
cocaine,
shit, herbe, huile.. tout ce que l’ on trouvait dans les années 80,
brown et blanche, ma préférée. Mon Roa, c’ est ainsi que l’ on dit maintenant, c’ était l’ injection, le fix, le shoot…J’ ai toujours eu un faible pour l’ injection de blanche, soit seule soit en
speed ball.
Vers 30 ans, j’ ai décidé de tout stopper, j’ai trouvé du travail dans l’ industrie pharmaceutique ( hé oui , on ne se refait pas !!!) et j’ ai quitté ma région, j’ ai coupé les ponts avec beaucoup de gens.Je me suis refait une virginité !, marre de l’ étiquette de junkie infrequentable.C’ est vrai qu’ a l’ époque, j’ avais été incarcérée deux fois pour usage cession détention etc.Ma famille a souffert, moi aussi.Je ne me sentais pas comme une délinquante quant à 20 ans, je me suis retrouvée dans un quartier pour femmes d’ une prison vétuste.Mon amour de l’ époque était dealeur, mais pas comme on voit le dealeur aujourd’hui hui, bref je m’ gare.
On vivait dans un autre monde,en-dehors des codes tout en essayant de poursuivre des études.
Donc,j’ ai changé de vie, d’ homme,de région et j’ ai remplacé l’
heroine par l’
alcool, rien d’ original, l’
alcool est une drogue légale, bien plus dure que toutes celle que j’ avais rencontré auparavant.
J’ étais pas alcoolique à l’ époque.j’ ai eu deux beaux enfants qui sont et ont été ma motivation, ils m’ ont sauvé quelque part de mon autodestruction.
Du fait de mon métier dans l’ industrie pharmaceutique, j’ ai fait la connaissance du
tramadol et j’ en suis devenue dépendante.un jour ,mon médecin, un ami , m’ a dit que j’ étais accro.
J’ ai fait un
sevrage à l’ hôpital, j’ ai arrêté par la force des choses.
La nature a horreur du vide , parait il!Moi aussi !! Donc je me suis mise à courir l’es pharmacie pour acheter de la
codéine, ce qui était facile vu que je travaillais sur plusieurs départements ,j avais un panel de pharmacie étendu, la
codéine était en vente libre à cette époque, je tournais au néon codionet au codoliprane, environ 2 boites/ jour.
Je me débattais entre problèmes d’
alcool et addiction aux
opiacés.Je culpabilisais énormément a cause de mon job, de mes enfants et de la fragilité de mon foie
puisque l’ on m’ avait diagnostiqué une hépatite c en 1993 ,.
Je me suis fait suivre en 2006.j’ ai fait plusieurs cures pour mes addictions .je continuais à travailler.
J’ étais suivie par un psy spécialisé dans les addictions et un infirmier psy .des gens géniaux, a l’ écoute.ce sont eux qui m’ ont proposé un
tso.j’ étais réfractaire.
Je crois que je voulais pas de cette étiquette de tox,ce que je suis, n’ ayons pas peur des mots.
Finalement, j’ ai accepté et je les en remercie.j’ ai arrêté de courir de pharmacie en pharmacie, de me pourrir le foie avec des doses excessives de
paracetamol.je ne connaissais pas votre site et je savais pas que l’ on pouvait extraire et séparer le
paracetamol de la
codéine,.
J’ ai eu de la chance d’ être tombée sur des professionnels de santé à l’ écoute et à la recherche des meilleures solutions pour moi.Ce qui n’ a pas toujours été le cas.
Depuis les années 80, les choses ont évolués .Nous partagions a 4 ou 5 la même seringue car il était très difficile de s’ en procurer.Les
Tso n’ existaient pas .il y a encore beaucoup de choses à faire et PA est à mon avis d’ utilité publique!
Beaucoup de mes amis injecteurs sont décédés d’ une hépatite mal soignée et ayant dégénérée en cancer du foie.
J’ écris un roman et je dis que personne n’ arrivera à me lire jusqu’ au bout.
Tant pis, je continue parce que j’ ai envie de parler de choses dont je ne parle jamais a personne.Je me suis construit une vie d’ apparence soft pour les autres et ma vie a moi est remplie d’ addictions, de contradictions, de culpabilité aussi.
J’ ai aimé les
opiacés mais aujourd’hui hui , je suis sous
bupre sans plaisir mais cela m’ est nécessaire.
J’ ai essayé d’ arrêter pour de multiples raisons, les voyages par exemples avec les passages fréquents à l’ ars pour obtenir une autorisation de détention de stupéfiants,et encore c’ est juste pour Europe..
La culpabilité de se dire que mon bien-être tient à un petit comprimé par jour, mais ce petit comprimé qui n’ a aucun effet
psychotrope est vital, si je ne l’ ai pas, je suis mal.
J’ en ai marre d’ aller voir mon psy tous les 28 jours aussi.
J’ ai essayé de diminuer très progressivement avec l’ aide de mon thérapeute, j’ai eu une consommation d’
alcool qui a remonté en flèche.
Je me suis posé la question suivante:À savoir, ce qui était le plus important à mes yeux à moi ,être bien ou vouloir à tout prix se débarrasser de son passé,du regard des autres.
J’ ai choisi mon équilibre avec mon
tso et ses contraintes.
Pour finir ce pavé,je voulais dire que l’ on peut vivre, avec ses addictions en faisant attention à soi.
La
réduction des risques est primordiale pour se faire plaisir sans se mettre trop en péril.
J’ aurais aimé connaître ça plus jeune,j’ aurais évité certains soucis et mes amis aussi.
Bref, je suis heureuse de ma vie car les expériences que j’ ai vécu ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui, avec mes forces et mes manques!!
J’ espère ne pas vous avoir ennuyé, je ne veux pas passer non plus pour une vieille c…car j’ ai encore beaucoup apprendre et en venant ici, j’ ai énormément appris.
Merci à vous si vous avez eu le courage de me lire ,c’ est la première fois que je me livre sur un forum.