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Chap. 2 



Mesdames et Messieurs, bien le coucou.

2 ans que j'ai pas fréquenté Psychoactif.

Dans mes derniers posts, j'affichais ma fierté quant à l'arrêt de la cocaïne. Je bombais le torse fièrement, comme un chevalier au sabre d'argent. Un héro libre, luisant et reluisant. j'ai vaincu mes démons, par moi-même. Enfin vous savez, quand on est quelqu'un de génial il faut l'assumer, après tout.
Et moi, je suis un homme, un vrai. J'ai 27 piges et aujourd'hui, j'ai un travail, j'ai arrêté de "fermer la porte du frigo tout doucement pour voir si la lumière s'éteint" et les enfants m'appellent "Monsieur"! ça, ça s'appelle le respect. J'ai tout compris à la vie. Et en +, ch'uis sympa donc j'vais vous l'expliquer.

Si je suis revenu sur ce site c'est uniquement pour rassembler quelques informations fortuites sur la consommation de stupéfiants en IV, à titre informatif bien évidemment. Mais ça, pfff ça n'a rien à voir, pour moi la drogue c'est du passé...Pour résumé, j'ai vaincu la drogue et je suis meilleur que vous.

--Tu l'sens le 2ème degré sa mère, là??! --

Bref on verra ça + tard.

Mais avant.... j'vous propose un flashback en 2011.

Il y a 2 ans, dans le chapitre 1, je racontais mes 14-16ans, voici aujourd'hui  mes 16-18ans:


hum hum.



Il était une fois: J'ai 16 ans. (en 2011, donc)

A 16 ans, tu affrontes la réalité. Finis d'être un enfant et d'avoir des excuses. Finis l'innocence. Tu te met au boulot quoi. Tu développes des compétences sociales et une conscience morale et politique qui aideront à forger ta personnalité, basée sur le reflet du regard des autres, qui t'aideront par la suite à trouver ta place dans la société.

A l'adolescence, le cerveau est en pleine ébullition. Les "réglages fins" se mettent en place.

          Bon... Levez la main celles et ceux qui ont merdé à ce moment là...

C'a y est? C'est bon? On est entre cassos ? Ok, on continue...

Dans le 1er chapitre (ça fait un bail mais souvenez-vous) j'avais une meuf, des frères, des rêves, des attentes.....
la fille en question m'a en fait manipulé pendant 2 ans. Elle m'a menti, trahi, trompé, frappé...syndrome typique de l'hainamouration selon Freud (oui, je suis intelligent). Me jugez pas, j'ai tj pardonné parce que j'étais jeune et fou amoureux, j'avais aucune envie de la quitter. Et j'en avais tellement rien à foutre de tout que son sourire était le seul truc qui me touchait pour de vrai à cette époque. Un bon petit chien-chien bien dressé quoi...
Elle a fini par me larguer comme une merde et moins d'1 semaine + tard, je l'ai vue main dans la main avec un autre mec...
Aie. ça pique. Enfin vous connaissez le délire du 1er amour j'imagine, tu te crois dans un conte de fée et d'un coup la réalité t'explique que t'as regardé trop de Disney et elle te crache à la gueule en te proposant de gentiment aller te faire foutre. Classique.

Donc voilà, j'me retrouve à 16ans sur le marché du travail, meurtri, vexé,  drogué, cynique, dépressif, associal, le majeur dressé contre toute forme d'autorité... plus rien à foutre.

Je m'attarderai pas sur l'ambiance familiale mais sachez que l'addiction c'est un genre de tradition chez nous.

Un p'tit gars poli et bien élevé...mais avec un gros trou dans l'cœur et bien trop de poudre dans l'nez...

"La dépression, les emmerdes et la police me font signe de la main
J'y arrive plus, ch'uis fatigué, mon cerveau déraille
vazi laisse tomber, bas les couilles  j'm'en refume 1
Satan me tourne autour et fini par trouver la faille"


Pour ma part, j'ai rencontré une demoiselle nommée cocaïne à mes 16 ans. Quelle beauté! Quelle rencontre! En tout cas, pour le petit abruti naif, introverti et sans confiance en lui que j'étais, ce produit a eu un impact monstre sur ma vie.
La vilaine m'a jeté un sort! Les fêtes étaient intenses et la dopamine battait son plein lorsque, soudain, la danse se transforma en course éreintante...l'étoile ne brilla plus jamais. je me suis laissé prendre par le fameux " piège de la drogue": Ce qui devait être une expérience de liberté transgressive s'est transformé en hobby dévastateur et rancunier.
Si vous êtes là, vous connaissez sans doute très bien cette pulsion d'autodestruction incontrôlable dont je parle.
Je n'sais pas comment vous étiez à cet âge là mais moi, en tout cas, j'étais définitivement un sale petit con qui s'en foutait de tout.

quelques taz pour la couleur, quelques bières mêlées de songes. quelques sourires pour maintenir le masque, et très vite, le gamin triste plonge. La polytoxicomanie se met en place, car il faut équilibrer les humeurs. Pas le temps de réfléchir, juste, tu tapes t'esquive ou tu pleurs. 1 gramme de coke par ci par là, pour faire la teuf et t'amuser de temps en temps... et d'un coup, bim, t'es un camé qui tremble et qui gratte des insectes imaginaires quand il a pas sa dose. Et quand t'as ta dose, tu te contrôle plus, t'en veux tj + et tj +, t'accumule les dettes, tu fais connerie sur conneries, la coke deviens l'enjeu principal de ton existence: tu vis que pour ça, ça devient ton carburant. L'amour propre disparaît. Tu respecte plus rien ni personne, les amis sont des pions.

Les priorités sont plus les mêmes...Au début, tu fais des pauses dans ton taff pour aller tirer des lignes aux chiottes...puis, tu fais des pauses entre 2 lignes pour aller taffer... ça change la donne....et dire que j'avais tiré un carré d'as.....j'ai merdé, là.

Une fois de +, tu te retrouve à 4 du mat' complétement pété a tourner en rond dans ta chambre en plein délire mystique, persuadé que l'esprit de ta petite sœur avortée se balade derrière les murs pour te prévenir que ta famille de sorciers complote un assassinat contre toi (délire perso).  Magie noire, au bûcher! J'ai jamais fait d'hôpital psy ni rien mais... je crois que j'ai une grosse faille niveau mental/psyché . Le mélange drogue dure + dépression c'est un putain de cocktail molotov, j'étais tellement pas prêt! La coke c'était fun au départ... tu parles.... 2ans de fun et 8 ans pour décrocher... et encore décrocher, ça veut tout dire et rien dire...ça veut pas dire ne plus se droguer en tout cas... 

Donc pour résumé, de mes 16ans à mes 18ans, j'étais sur une autre planète: complétement déconnecté de la réalité, de mes amis, de ma famille, .......
J'étais explosé H24 avec des hallucinations auditives permanentes et des délires mystiques complexes et élaborés. Le monde entier m'en voulait, j'me croyais vraiment dans le "true man show". C'était vraiment n'importe quoi et j'en ai gardé des séquelles. La plupart sont invisibles bien sûr. Le seul truc qu'on peut remarquer de l'extérieur c'est des grosse entailles sur mes poignets et un regard froid et distant.
Vous saviez que le cerveau fini de se consolider vers 25ans ? Ca veut dire que tout ceux d'entre nous qui ont commencé à se défoncer avant, jamais notre cerveau n'a pu atteindre son plein potentiel, son 100% d'efficacité. On s'est baisé comme des abrutis pour une récompense immédiate, abstraite et éphémère... et le pire c'est que perso, je regrette rien.

C'est triste et peu glorieux tout ça j'en ai conscience. Mais, ça me semble pertinent. Ch'uis un très mauvais bon exemple mais peut être que je peux être un bon mauvais exemple. A méditer. Ou pas.


Dans le chapitre 3, vous découvrirez que le sale petit con de cette histoire n'a pas voulu comprendre et qu'il a préféré cracké et accueillir une nouvelle héroïne dans son histoire. Subtile, n'est-ce pas? Ca va être fameux.  J'vous écris ça bientôt, promesse de camé.

En attendant, ch'uis curieux, racontez-moi moi la période de vos 16-18ans.

Je vous présente,  Chers copains, Chères copines, l'expression de mes caresses les plus intimes.

paix.

Catégorie : Tranche de vie - 31 août 2022 à  01:15



Commentaires
#1 Posté par : Anonyme2553 31 août 2022 à  02:40
Yo Swissman
A l'adolescence, tout "est en ébullition" (dans certains cas, pas tous), aucun réglage fin dans le cerveau ne se met en place "jusqu'à 25 ans" (la physiologie ne règle pas toute la vie psychique de l'homme), la pensée se balade d'organe en organe et le cerveau se cale sur ces noeuds du corps et de l'esprit. L'adolescence, c'est comme un théâtre, on y rejoue un souvenir (tragique), retour du refoulé, le souvenir d'un désir jadis interdit ou d'un conflit de loyauté envers l'un ou l'autre de nos parents. A l'adolescence, ça flambe ! L'ambiance familiale, voire le roman familial, on y croit fort. Le vrai plaisir de la défonce, mais pour quelle obscure raison qu'on ne veut pas connaître ?
Freud (qui était biologiste avant d'être analyste !) aurait été bien en peine de trouver un calembour aussi tiré par les cheveux que "hainamoration". On doit ce mot à Jacques Lacan qui avait de l'humour et un peu de génie. Haine/amour/élab-oration, "le majeur dressé contre toute forme d'autorité". Mais alors je ne comprends plus entre "p'tit gars poli et bien élevé" à "sale petit con", n'a-t-on jamais d'autre choix que de faire l'ange ou le démon...? A l'inverse de ce qu'on dit habituellement, un individu ne change pas beaucoup à travers les âges, le moi est très homogène, rigide, un brin parano. On répète les mêmes coups de pelle, il est donc logique d'en retirer une certaine rancune. C'est très arrangeant de se traiter a posteriori de sale petit con. On se pense changé mais dans sale petit con il y a "faire le con"; pour tenter de faire rire ou sourire qui ? A la place de quels mots, maux, fait-on le con ?
Mes 16-18 ans, rien de folichon à raconter. Ah si, je faisais le con toute la journée au fond de la classe. Je m'étouffais de rire. Je m'étouffais. J'étouffais. La dope est venue plus tard m'apporter un nouveau souffle.
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