A la découverte du LSD 

11/03/2023

Ce soir c'est le dernier soir, dernier soir où j’ai le droit de fumer d'la weed. Demain c’est lundi, on commence une journée chill à gérer le label, on se laisse sous ne-xa/gugu tu connais. Et vendredi matin 9h pétante, on drop 25µg de LSD et on voit ce qui se passe. On aura deux jours devant nous, on prend du temps pour soi. On fait un peu de son, et on continue d’écrire cette “nouvelle”. T’écris des nouvelles toi maintenant. Fais crari c’est un auteur mdr.

En vrai c’est dingue de se dire qu’actuellement, ma vie elle tient à des molécules. Genre j’ai mes 20 mg de fluoxétine le matin pour éviter d’avoir envie de mourir, mes xanax drop à intervalle régulier pour faire passer les journées de taf plus vite, le petit guronsan qui va bien histoire de pas s’endormir, et le zopiclone le soir histoire d’être en forme pour le lendemain. Sans oublier la codéine quand t'as “mal à la tête”, le petit atarax parce que “tu te fais piquer par les moustiques”. Non non rien à dire, t’es parfaitement sain comme mec.

Est-ce qu’une seule molécule peut remplacer tout ça ? Ou est-ce qu’elle va juste s’ajouter à la liste ?

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“Sans elles je galère à vivre mais quand je les prends c’est pas de la vie, je flotte au dessus d’elle et de mes soucis, moi je suis plus lent, le monde est rapide. Le temps passe peut être plus vite. L’ennui c’est le plus terrible, ça me mène sans cesse aux addictions, le travail aussi c’est pas facile, c’est pour ça que j’ai besoin d’une distraction.”

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Ca me fume de passer de tout à rien, il y a une semaine j’étais persuadé d’aller mieux et d’être enfin guéri de mes vices, et là j’ai envie de me foutre en l’air de nouveau pour que tout s’arrête. A quel moment je vais être tranquille ? Quand est-ce que je vais enfin être en paix ? Mon principal but dans la vie actuellement c’est d’être ni triste, ni angoissé.

Et parfois ça arrive. Comme des fenêtres qui laissent entrer un rayon de soleil dans ma vie, tout va mieux pendant l’espace d’un instant. Parfois ça se compte en jours, mais le plus souvent en heures ou en minutes. Ce sont ces fameux instants qui me font tenir et qui me font comprendre que la vie vaut la peine d’être vécue. Enfin de ce que disent les autres. Selon moi il n’y a pas grand intérêt, mais si j’étais dans cet état psychique tout le temps je pourrais kiffer vivre. Sauf que c’est loin d’être le cas… Je suis fataliste, pessimiste, j’ai envie de crever dès que quelque chose tourne de travers. Hermann parlait des suicidés, j’en suis un. Un mec qui n'a jamais eu les couilles de se buter mais qui y pensera toute sa vie. Un mec qui pensera à la mort comme alternative à chaque difficulté. Un mec qui passera toujours à côté de ce que les autres voient. Un mec comme tant d’autres qui arpente le monde sans en apprécier la couleur et qui attend patiemment le jour de son dernier souffle.

Et pourtant, aujourd’hui était l’un de ces jours, un de ces jours où il fait bon vivre. Rien n’était particulièrement différent, mais le principal était là. Le LSD est beaucoup plus doux que prévu, un demi tonc pour une première c’est pas mal. Assez subtil comme effet. Mais il me renvoie à mes angoisses primaires. Il les exacerbe et les rend palpables. Avec les autres drogues je cherchais à les fuir, avec celle-ci je me confronte à elle. Je me sens travaillé par la substance, et je cherche toujours à atteindre un but inatteignable. Comme dans toutes les autres consommations et même dans tout le reste de ma vie, je cherche à être dans l’instant d’après sans vivre celui qui se présente à moi. A la recherche d’un idéal qui n’est en fait qu’une chimère.

Je ne sais pas vraiment si le LSD va pouvoir remplacer tout le reste, et comme d’habitude je projette beaucoup et je cherche une solution miracle à mes problèmes. Alors qu’elle n’existe pas. La seule solution est en chacun de nous. Même Bouddha n’a pas réussi à montrer le chemin à Siddartha. A cet instant, alors que je suis en train d’écrire, je me projette dans la réalisation finale sans vivre vraiment l’instant. Et c’est le cas pour absolument tout dans la vie. Lorsqu’on sait prendre un moment calme pour être avec soi-même, le monde avance sans nous. Nous ne sommes pas central et il peut se passer de nous.

J’ai l’impression que mon ordi aussi est sous L, il fait des trucs pas comme d’habitude. Mais je pense que l’utilisateur joue quand même pas mal.

Bon recentrons nous, après la phase d’envolée lyrique on peut se parler vrai. Pour le moment ça se passe vraiment bien, la journée a été un vrai bon moment. Il y a eu cette envie de “plus” que tu cherches partout et toujours. Mais elle est en train de redescendre avec la journée, et pour le moment l’angoisse de la nuit arrive petit à petit. Mais en même temps tu es épuisé, comme si cette drogue t’avais réellement vidé. Mais dans le bon sens du terme. Je comprends qu’il ne faut pas le faire tous les jours, mais je pense qu’il y a un vraiment intérêt dans cette molécule. Pour le moment, l'angoisse est toujours là. Omniprésente, et je me suis battu contre elle toute la journée. Et le LSD n’est pas une solution mais un outil. Et je comprends qu’il n’y a que moi qui peut faire le travail et trouver la paix.

Mais le fond du problème reste la, est-ce que j’aime vivre ou pas ? Ou est-ce que je cherche juste à passer le temps ? Mon corps entier me demande des benzo pour m’apaiser, en temps habituel je lui aurais donné. Mais à cause de la perche de L, je ne veux pas, car il était censé tout guérir. Encore une fois. Ce n’est pas la solution absolue, je suis encore en phase de test. Donc si une benzo peut aider on hésite surtout pas. Le but c’est d’être heureux et d’arrêter,
je vais le réécrire,
d’arrêter de vouloir tout contrôler tout le temps.

Les trois prochains mois seront ceux de la découverte et des substances. Le mois de juin celui de la découverte de soi. Et ceux d’après des mois de travail avant de repartir. Toutes ces projections auront lieu, mais quand tu les anticipes, elles te font peur. Mais quoique tu fasse, la vie suit son cours, et ces événements arriveront. Par contre tu pourrais ne pas être là quand ils arrivent, car tu seras obstiné à vouloir regarder plus loin que l’endroit ou tu te trouve déjà.

J’ai pris une benzo, ça va mieux, je me sens triste, vide, seul. Je crois que j’avais beaucoup misé sur cette perche, comme à peu près tout dans ma vie, et forcément la redescente fait mal. Pour le moment on va tenter un bail, on essaye de supprimer les xanax de journée travail pour les remplacer par un microdosage de temps en temps. Le soir, si besoin, on drop des diazepam. Demi vie plus longue, moins d’addiction, et on évite l’alcool. Ce qui nous laisserait théoriquement avec trois drogues : diazepam, LSD et THC. Sans compter sur la fluoxétine du matin. On peut essayer ça pendant quelque temps et voir ce que ça fait.
Quelque soit la décision que tu prends dans ta vie tu penses aux milles répercussions qu'elle pourrait avoir. Mais là le but c’est de vivre en fait. Si t’arrives à faire ça, qu’importe les substances, ça devrait le faire. Il faut reconnaître que t’es un usager de drogue. Certes de “drogues” acceptables socialement mais de drogues quand même. A ce compte là, traite toi comme tel.

Tu parles toujours de suicide et tu sais pas si tu veux vraiment vivre, mais tu passes ton temps à flipper pour ta santé future. Ça n'a pas de sens. Pendant les trois prochains mois, on peut faire le choix de vivre : one life. La vie n’a pas de saveur, alors ballek je vais lui en donner avec ce que je trouve. Stop la psychanalyse, go introspection, méditation et écoute de soi. On à commencé la nouvelle en se disant qu’on allait se sevrer à la fin de celle-ci… Bah il va falloir que t’en écrive des pages mon pote.