- Il y a d’abord eu ce mec très sage, trop sage (grand bien lui fasse d'être sage, simplement, trop sage pour peut-être pouvoir entendre mes aventures) rencontré un peu par hasard, on s’était vus chez lui. Au fil de la discussion, j'ai essayé de sonder en vainc si il avait l'air pas trop choqué de ça, mais il n'a pas l'air d'avoir compris du tout de quoi je parlais. Je crois qu’il a cru que je parlais d’un mélange d’alcool quand j’ai dit le mot « taz », j’ai lâché l’affaire, au pire c’est pas grave, je n’avais pas envie d’expliquer plus, je pense que le mot ecstasy l’aurait effrayé davantage, j’ai préféré partir moi-même avant de le faire fuir.
- J’ai eu un plan co-dodo, très sympa, on discutait et lui-même (je l'en remercie) a brisé la glace sur le sujet. On avait vu par hasard qu'on allait une soirée en commun dans quelques semaines, et il m'a balancé : « Bon, je veux pas que ça te fasse fuir, mais je pense me prendre un taz ce soir-là. Tu sais ce que c’est au moins ? ». J'ai explosé de rire et je lui ai montré ce que j'écrivais ici, c'était drôle. Il a adoré mes trip report.
- Je suis aussi tombée sur un gars qui m'a dit directement qu'il faisait pousser de la weed chez lui, je me suis dit « chouette, un autre pote PUD », j'ai failli me confier, mais d'un coup il a dit quelque chose, m'empêchant de me ridiculiser : « Ouais, tu vois, je tourne qu'à la weed, je comprends pas tous ces tox qui testent de la dure un jour et tombent définitivement dedans. ». Bon, bah, j'ai souri et changé de sujet : pas l'envie de faire un discours sur ce que c'est la RdR et comme quoi la stigmatisation et les idées reçues c'est pas ouf, la hiérarchiser les produits pour descendre ceux qui en consomment d’autres, tout ça, flemme, surtout pour un mec que je connais depuis deux heures et que je ne sais même pas si je vais le revoir, retournons au pieu, ça vaut mieux.
- Une autre fois, je suis tombée sur mon extrême opposé, nous n’avons passé qu’une petite heure ensemble, forcés de voir la réalité des choses : trop de décalage entre nos vies, c’en était particulier et même un peu gênant. Il était banquier, moi étudiante multi récidiviste en constante réorientation, il allait en boîte, moi en teuf, il enchaînait les black-out à l’alcool, et moi je me fais des trip sous produits illicites, il s’habillait en costard cravate et moi avec des jupes colorées à motifs et colliers fantaisie…etc. (note : je n’ai rien contre l’alcool, c’est une substance psychoactive comme une autre, c’est juste quand des personnes me font la morale pour me dire que c’est mieux juste parce que c’est plus socialement acceptable, je sors les crocs.) Vous avez le tableau. Pour tenter de relancer la conversation qui était fade comme une soupe industrielle il avait relevé le sujet de mes tatouages, alors toute fière j’ai lancé : « Oui j’en ai 12 et bientôt 13 ! », en même temps que j’ai énoncé ma phrase, je me suis directement dit « oh non, il faudra que je lui explique le prochain… », et bingo ça n’a pas loupé : il me l’a demandé…Au lieu d’inventer un mensonge, je lui ai dit naturellement la vérité : des champignons. Lorsqu’il a demandé la signification, vu le fossé énorme existant déjà entre nous et ce début de soirée qui était déjà étrange je me suis dit « Foutu pour foutu » et je lui ai dit tranquillement que je faisais pousser des champignons hallucinogènes et que c’était un sujet qui me fascinait. Il a marqué un silence. Enorme blanc dans notre conversation déjà bancale. « Ah, c’est spécial…Je suis pas très drogue moi, tu sais. ». Je respecte qu’il consomme pas mal d’alcool, comme moi je consomme d’autres produits, ok, mais sous prétexte de non légalité, je suis une déviante à ses yeux, c’était le dernier test pour savoir si on allait continuer, perdu mon grand. Comme si nous avions passé un accord non verbal, il s’est inventé un truc à faire et moi un coup de barre pour le virer au plus vite de mon humble logis, allez ouste. Cette rencontre d’un autre type aura été une expérience sociologique riche, je préfère le voir de la sorte.
- Et puis, un autre mec avec qui je parlais par messages, on ne s’était pas enconre vus dans la vraie vie, et je l’ai croisé par hasard en soirée avec de belles pupilles : on se sait. Je n'avais rien consommé ce soir-là, mais ça m'a bien fait rire, j'aurai pu être à sa place. J'ai donc moi-même abordé le sujet le lendemain en lui envoyant un petit message : « Alors, pas trop dur la redé ? », il m'a dit être soulagé de ne pas avoir à le cacher avec moi, même si je ne suis que de passage fugace dans sa vie, ça lui retire une épine du pied, et moi aussi, je pourrais ne pas avoir à me fatiguer à devoir penser à me retenir d'en parler avec lui.
- Pour finir, j’ai pu discuter avec un mec très sympa, entre deux câlins il m’a dit qu’il se considérait comme un ancien PUD* malgré son jeune âge. Il avait connu très jeune les taz, mais qu’il avait arrêté et que désormais il s’autorisait juste des champi ou du LSD de temps en temps. C’est drôle parce qu’il a dit ça un peu au hasard pour parler de son passé, mais il était pas tombé sur n’importe qui. Il m’a dit : « Ah ouais ?? T’as pas l’air d’être une consommatrice, c’est drôle ! Bon au moins t’es pas choquée. ». On a ensuite parlé des heures de nos trip, c’était sympa.
—
Conclusion :
Rencontrer des nouvelles personnes m'a rappelé quelque chose d’évident que j'ai failli oublier : il y a plus de PUD* qu'on ne le croit, et être une PUD ne se voit pas forcément au faciès. Et surtout le fait de juste voir des personnes avec qui je sais que je ne m’engage pas sur un couple, me permet de me laisser plus libre d’en parler sans avoir peur des conséquences. Je vois ces rencontres comme des expériences sociologiques pour la sociologue en carton que je suis.
Voilà, je voulais faire un billet rapide sur ça, c'est tout, rien de plus.
Douce journée à vous, merci de m’avoir lue
—
PUD : Personne Utilisatrice de Drogues
TDAH : Trouble Déficitaire de l’Attention avec Hyperactivité
TSA : Trouble du Spectre Autistique
Catégorie : Tranche de vie - 20 janvier 2024 à 12:45
1
sijafi5026 a écrit
Oui ce n'est pas évident, en tout cas tu as l'air de faire pas mal de rencontres donc tu vas trouver à un moment!
Ce sont des personnes que tu rencontres dans la vraie vie ou par des appli?
Je trouve que c'est plus simple de ce coté dans la vraie vie (soirées, amis d'amis...) car on est dans un certain milieu...
Hey ! Merci pour ton retour :)
C’est surtout via des appli mais un peu dans la vraie vie ou des amis d’amis des fois. Mais c’est justement le dépaysement que je recherche, limite faire comme une sorte expérience sociologique avec ces personnes pour la plupart que je ne reverrais pas, je ne cherche pas à trouver la bonne personne juste à rencontrer des gens que je n’aurai pas connu autrement, un peu de compagnie, d’entrainement a la socialisation pour ma timidité et parfois de l’inspiration pour écrire. J’aime beaucoup voir les réactions et points de vue différents de chaque personne quand je parle de substances c’est mon loisir du moment disons haha.
C.S. a écrit
Une collègue consomme de la C.. Je lui parle de mes trips au L, puis de mes candyflip... Elle me prend pour un gros taré !! Et me dit de faire très attention !
Elle a juste pris un seul taz dans toute sa vie, qui l'a naturellement scotchée.. Donc pour elle, c'est voyant rouge allumé, et couplé au L j'te raconte pas !
Oui c’est toujours curieux de voir comme chacun a son barème personnel de la déviance :,)
Mais justement pour ça que je pars du principe que je ne juge pas la consommation des autres et en échange je leur demande de faire de même
Mais je te comprends étant du bord LSD/taz j’ai souvent ce type de réaction (et pourtant dans mon entourage proche ça consomme des produits que je ne consomme pas et vice versa mais on ne se juge pas entre nous ca va)
aidee a écrit
C.S. a écrit
Une collègue consomme de la C.. Je lui parle de mes trips au L, puis de mes candyflip... Elle me prend pour un gros taré !! Et me dit de faire très attention !
Elle a juste pris un seul taz dans toute sa vie, qui l'a naturellement scotchée.. Donc pour elle, c'est voyant rouge allumé, et couplé au L j'te raconte pas !Oui c’est toujours curieux de voir comme chacun a son barème personnel de la déviance :,)
Mais justement pour ça que je pars du principe que je ne juge pas la consommation des autres et en échange je leur demande de faire de même
Mais je te comprends étant du bord LSD/taz j’ai souvent ce type de réaction (et pourtant dans mon entourage proche ça consomme des produits que je ne consomme pas et vice versa mais on ne se juge pas entre nous ca va)
Grave
Le LSD possède un image très forte au yeux des gens... Mais souvent, ils sont entre effroi et envie, quand je leur raconte ce que je vois et ce que je ressens sous prods !
Après, tout le monde n'est pas au courant non plus..
La sociologie... Belle science, et le monde actuel REGORGE de cas concrets
C'est fou de voir comment les rapports humains ont changés en l'espace d'une décennie..Tu vas avoir du boulot !