Catégorie : Témoignages - 29 octobre 2015 à 08:20
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Caïn a écrit
Ciao WD,
Wastedreamor, ça veut dire "gâcheuse de rêve", non ?
Biz
Plutôt l'inverse, que j'ai gâché un rêve ou deux. Sinon rêveur "ravagé", j'ai du mal à traduire, ou que je rêve de gâchis/détritus . Elle est loin l'époque où je faisais des versions aussi vite que je peux écrire.
Sinon, oui parfois je me vautre dans mon mal être, mais j'arrive à reprendre le dessus d'un jour sur l'autre. Ca me sauve et m'évite de trop stagner au final même si ça n'avance pas comme je voudrais, mais je mets pas toutes les chances de mon côté non plus. Je suis lucide.
@ Stella,
je n'avais pas du voir ton poste.
Mon histoire avec mon copain (dix ans de relation) est ambivalente.
Il est bien plus vieux que moi (17ans). Je l'ai connu a 24ans, je venais de finir mes études. Lui avait un long passif de junkie, le vrai, qui vit pour sa gratte sous une coupe à la Keith Richards, et tox depuis ses 16ans, à l'aiguille 2ans plus tard. je l'aime de toutes mes forces, mais faut le dire, il est marqué, il fait pas son âge par contre mais ça se voit qu'il a vécu dans la came. J'ai jamais pu le cacher à personne
On m'a déjà dit
"Tu sais à quoi on voit que t'es toxicomane?"
"Non"
"A ton mec"
A côté de ça il est inséré, il a un taff et gagne sa vie. En mm temps il est fonctionnaire, les arrêts maladie ne risquent pas de lui sucrer son poste et ça permet de se remettre des orgies...
Son "prétexte" pour venir me voir était de m'acheter de la c. 6mois plus tard j'ai emménagé chez lui, 2 de plus on sortait ensemble, encore trois et j'ai compris qu'il se shootait dans mon dos, je voulais être sur la même planète que lui, et j'en avais ras le bol de supporter ses descentes sans être dans le même état ni comprendre. J'ai supplié, juré que je ne lui en voudrais jamais, il a fini par céder en 3mois encore. Ttes façons c'était moi qui ramenait la c, j'aurais fini par lui couper les vivres sinon.
Et là le début de la fin on va dire. On s'est transformé en deux monstres. On s'en et balancé plein la gueule. Je l'ai envoyé à l'hosto pour qu'on finisse morts de rire deux minutes après que je lui ait défoncé l'arcade. J'étais tellement jetée à l'époque que j'ai déserté notre appart que je croyais envahi par les puces, après l'avoir saccagé. On a vécu à l'hôtel 3mois. Je vivais avec des pompes chargées dans le sac que je me suis envoyé dans bcp d'hôtels parisiens. J'ai eu un épisode de folie pure, j'ai failli me faire amputer, j'ai porté plainte pour coups et blessures contre lui alors qu'il était au chevet de son père avec un cancer dans une autre ville. Après que les flics l'aient incendié j'ai du leur expliquer ordo à l'appui que j'étais cinglée pour retirer ma plainte ( j'av réussi à lui mettre 7 j d'ITT quand même, étant fonctionnaire il aurait perdu son taff si condamnation).
Epoque cauchemardesque. On s'est entraînés l'un l'autre.
Je suis sûre d'une chose, il m'aime, je l'aime, on n'est jamais allé voir ailleurs depuis une décennie... Je ne suis pas proche de ma famille, même si mes parents l'adorent quand ils ne le traitent pas de junkie,... mais...
Que ce soit mon généraliste, mon ex psy, mes copines de prepa ou d'école de commerce, la " famille" dès qu'y a une embrouille,
me ressassent qu'on s'en sort pas à deux. Une fois j'étais chez mon père, il me sort " de ttes façons t'attend pas à revoir ce que tu as laissé à Paris, il aura tout revendu pour de la came". Non, il n'a jamais revendu que SON matis. Des toubibs ont déjà fait la morale à mes parents comme quoi tant que je resterais avec lui je ne décrocherais jamais. je crois que les gens restent bloqués sur le fait qu'il m'ait fait mon premier shoot, moi je ne lui en veux pas, j'étais un bras on ne peut plus volontaire, j'ai une attirance pour les seringues de mon grand pere depuis ma tendre enfance, je le sais depuis longtemps que les paradis artificiels occuperaient une bonne partie de ma vie.
Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, et malgré tout, c'est la seule relation dans laquelle je me sois sentie aimée. Depuis le temps il sait tout de moi et des miens (et c est un putain de fardeau ma famille et mes émotions fac à eux à gérer avec). Il a toujours été là .
A chaque visite possible à l'hosto ( et y en a eu ), il était là , quand il n'avait pas le droit de me rendre visite ( une psy d HP l'avait banni), il restait en bas à attendre la fin de la visite de ma mère. Même au quotidien, je peux compter sur lui pour n'importe quoi. Sauf peut être pour arrêter complètement de se défoncer.
En même temps je ne pense pas être capable de vivre ou m'intéresser à quelqu'un qui soit complètement étranger à la défonce.
C'est le discours des autres qui me fait douter et le fait qu'autour je vois les protagonistes de ma vie "d'avant", tous ces "amis Facebook", qui étalent leurs gosses, leur taff de rêve chez Deloitte ou L'Oréal qui ne leur permet pas de voir la lumière du jour, leur appart, les photos du mariage. C'est la vie sur laquelle j'ai craché plusieurs fois pourtant, en fait le truc qui m'embête vraiment c'est le fait de pas avoir d'enfant. De ne pas en avoir eu avant qu'une personne très aimée ne disparaisse.
Je suis paumée depuis qu'elle est partie, et c'est elle qui m'aidait le mieux à réfléchir.